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Croix de Cong

La croix de Cong (en irlandais : Cros Chonga, « le baculum jaune ») est une croix de procession chrĂ©tienne irlandaise ornementĂ©e du dĂ©but du XIIe siĂšcle, qui a Ă©tĂ©, comme l'indique une inscription, rĂ©alisĂ©e pour Tairrdelbach Ua Conchobair (dĂ©cĂ©dĂ© en 1156), roi du Connacht et haut roi d'Irlande pour faire un don Ă  la cathĂ©drale de l'Ă©poque qui Ă©tait situĂ©e Ă  Tuam, dans le comtĂ© de Galway, en Irlande. La croix a ensuite Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e vers l'abbaye de Cong Ă  Cong, dans le comtĂ© de Mayo, d'oĂč elle tire son nom. Elle a Ă©tĂ© conçue pour ĂȘtre placĂ©e sur une hampe et est Ă©galement un reliquaire, prĂ©vu pour contenir un prĂ©tendu fragment de la Vraie Croix. Cela lui a donnĂ© une importance supplĂ©mentaire en tant qu'objet de rĂ©vĂ©rence et a sans aucun doute Ă©tĂ© la raison de la splendeur Ă©laborĂ©e de l'objet.

Croix de Cong
Image illustrative de l’article Croix de Cong
MatĂ©riau variĂ©s (chĂȘne, or, argent, niello, cuivre, bronze, laiton, Ă©mail,verre)
PĂ©riode XIIe siĂšcle
Culture
Lieu de découverte
Conservation National Museum of Ireland, Dublin

La croix est exposée au National Museum of Ireland de Dublin, aprÚs avoir été au Musée de la Royal Irish Academy de Dublin. Il est considéré comme l'un des plus beaux exemples de ferronnerie et d'art décoratif de son époque en Europe occidentale.

Description

La croix se compose d'une croix en chĂȘne, recouverte d'or, d'argent, de niello, de cuivre, de bronze, de laiton, d'Ă©mail, de verre colorĂ© et d'autres ornements[1]. En plus des caractĂ©ristiques de conception irlandaises traditionnelles de l'art insulaire, la croix prĂ©sente Ă©galement des influences vikings et romanes y compris une dĂ©coration de strapwork dans le style Urnes. Il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que les Ă©lĂ©ments stylistiques insulaires plus anciens pourraient ĂȘtre un renouveau dĂ©libĂ©rĂ©. La dĂ©coration comprend un minutieux travail en filigrane dorĂ© dans un motif entrelacĂ© appelĂ© Ă  l'avant et Ă  l'arriĂšre. Les tĂȘtes des bĂȘtes de base de chaque cĂŽtĂ© saisissent la croix dans leur bouche, c'est une caractĂ©ristique Ă©galement trouvĂ©e dans les croix allemandes. La forme gĂ©nĂ©rale de la croix Ă©tait considĂ©rĂ©e comme romane, mais des dĂ©couvertes rĂ©centes ont montrĂ© des formes trĂšs similaires dans des piĂšces irlandaises beaucoup plus anciennes[2]. Certaines des pierres prĂ©cieuses originales et des morceaux de verre qui ont Ă©tĂ© cloutĂ©s sur la croix sont maintenant manquants.

Il y a un grand morceau de cristal de roche poli au centre de la croix. Sous celui-ci se trouvait la relique (envoyĂ©e de Rome vers l'an 1123) de ce que l'on croyait Ă  l'Ă©poque ĂȘtre la Vraie Croix. La relique est depuis perdue et n'Ă©tait qu'un petit fragment de bois. Le cristal est semi-transparent, permettant Ă  la relique d'ĂȘtre partiellement vue par le public.

DĂ©tail de notes sur la croix de Cong (Stokes 1895)

La croix mesure 76 cm de haut et les bras sont 48 cm de largeur[3].

En tant que croix de procession, elle Ă©tait portĂ©e montĂ©e sur sa hampe Ă  la tĂȘte d'une procession religieuse par l'un des membres du clergĂ© officiant ou des servants d'autel. Souvent, ces croix ont ensuite Ă©tĂ© retirĂ©es de leurs mĂąts et placĂ©es sur l'autel pendant la cĂ©rĂ©monie.

La réincarnation de techniques irlandaises de travail des métaux séculaires, telles que la juxtaposition d'émaux rouges et jaunes, est visible sur la Croix de Cong et le sanctuaire de Manchan[4].

Histoire

Selon les annales irlandaises, appuyĂ©es par les inscriptions sur la croix elle-mĂȘme (qui font rĂ©fĂ©rence Ă  des personnages historiques connus), la croix a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e dans le comtĂ© de Roscommon. Dans les annales, la croix est parfois appelĂ©e dans la langue irlandaise un Bacall Buidhe, qui se traduit par « le bĂąton jaune » - une rĂ©fĂ©rence Ă  sa couleur dorĂ©e.

Ruines de l'abbaye de Cong, comté de Mayo.

La croix a été commandée par le roi Tairrdelbach Ua Conchobair.

En l'an 1123, selon ce que prĂ©tend les annales irlandaises, un fragment de la Vraie Croix est arrivĂ© en Irlande et a Ă©tĂ© consacrĂ© Ă  Roscommon[n 1]. La croix semble alors s'ĂȘtre dĂ©placĂ©e vers Tuam. À une date prĂ©coce, probablement au milieu du XIIe siĂšcle, la croix a Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e de Tuam Ă  l'abbaye de Cong, une abbaye fondĂ©e par les Augustins sur un site chrĂ©tien beaucoup plus ancien.

Au cours des siÚcles suivants, l'emplacement exact de la croix dans la région de Cong est incertain, mais elle semble avoir été cachée par les habitants et les ecclésiastiques dans leurs maisons en raison de la persécution religieuse contre les catholiques, qui a atteint son apogée en Irlande en vertu des lois pénales.

En 1680, RuaidhrĂ­ Ó Flaithbheartaigh, l'historien du comtĂ© de Galway, a vu la croix (qu'il appelait « l'abbĂ© de la croix de Cong ») et en a copiĂ© les inscriptions. Edward Lhuyd du Pays de Galles[n 2], ami de Ó Flaithbheartaigh, a enregistrĂ© ce fait dans son "Archaeologia Britannica", publiĂ© en 1707[5].

James MacCullagh (1809-1847).

Au XIXe siĂšcle, George Petrie, l'antiquaire irlandais, savait que le livre de Lhuyd mentionnait la croix, bien qu'il ait mal interprĂ©tĂ© en partie les dĂ©tails. En 1822, Petrie avait lui-mĂȘme vu la croix en passant par Cong lors d'une visite qu'il avait faite de la province de Connacht[6]. Petrie a parlĂ© Ă  son ami, le professeur James MacCullagh (du Trinity College, Dublin), de la croix et de sa valeur historique[6]. MacCullagh, qui n'Ă©tait pas un homme riche a utilisĂ© son propre argent pour acheter la croix du curĂ© de Cong au pĂšre Michael Waldron[n 3] qui avait succĂ©dĂ© au PĂšre Patrick Prendergast comme curĂ© de Cong. Quand le pĂšre Prendergast dĂ©cĂšde en 1829, MacCullagh dĂ©couvre la croix parmi ses biens. Le pĂšre Patrick Prendergast, un Augustin, Ă©tait Ă©galement considĂ©rĂ© comme le dernier abbĂ© de l'abbaye de Cong. Il avait dĂ©couvert la croix cachĂ©e dans un vieux coffre en chĂȘne conservĂ© dans une maison du village, oĂč elle aurait Ă©tĂ© conservĂ©e depuis le milieu du XVIIe siĂšcle (Ă  l'Ă©poque de la conquĂȘte cromwellienne de l'Irlande). Il a ensuite gardĂ© la croix dans sa maison, appelĂ©e «Abbotstown», situĂ©e dans une ferme du bourg de Ballymagibbon (ou Ballymacgibbon), qui est proche de Cong[7]. William Wilde, qui Ă©tait originaire de cette partie de l'Irlande, avait vu la croix dans son enfance en possession du pĂšre Prendergast et a dĂ©clarĂ© qu'Ă  cette Ă©poque (au dĂ©but du XIXe siĂšcle), la croix Ă©tait utilisĂ©e Ă  la chapelle Cong lors des fĂȘtes de NoĂ«l et de PĂąques, lorsqu'elle Ă©tait placĂ©e sur l'autel pendant la messe[8]. MacCullagh a prĂ©sentĂ© la croix en 1839 Ă  la Royal Irish Academy, oĂč elle a Ă©tĂ© pendant longtemps l'un de ses artefacts les plus prĂ©cieux[9] - [10].

Vers 1890, la croix a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e au MusĂ©e national des sciences et des arts de Dublin, rĂ©cemment inaugurĂ©, qui a prĂ©cĂ©dĂ© le MusĂ©e national d'Irlande. Il est restĂ© dans le mĂȘme bĂątiment lorsque le MusĂ©e national d'Irlande a Ă©tĂ© fondĂ© en 1925. Aujourd'hui, la croix reste au National Museum of Ireland, bien qu'elle soit exposĂ©e au National Museum of Ireland - Country Life, Ă  Turlough Park, Castlebar, depuis le 31 mars 2010 pendant un an, alors que le musĂ©e de Dublin Ă©tait en cours de rĂ©novation. C'Ă©tait la premiĂšre fois que la croix quittait Dublin depuis les annĂ©es 1830.

Inscriptions

La croix comporte des inscriptions[1], qui sont toutes en langue irlandaise, Ă  l'exception d'une qui est en latin.

Latin

L'inscription latine est répétée deux fois, une fois de chaque cÎté de la hampe, dans un cas, les lettres du sixiÚme mot sont PAHUS et dans l'autre, PASUS ; on devrait lire PASSUS. Une gravure en fac-similé (obtenue à partir d'un frottement) d'une de ces inscriptions est présentée ci-dessous,

En latin moderne, cela se traduit par « Hāc cruce crux tegitur quā pas [s] us conditor orbis »[11], qui a été traduit par « Avec cette croix est recouverte la croix sur laquelle a souffert le Créateur du Monde »[1] ou, avec une signification similaire, comme « Dans cette croix est préservée [ou conservée] la croix sur laquelle le Fondateur du monde a souffert »[11].

irlandais

Réplique au musée d'Ulster

De plus, les inscriptions en langue irlandaise traduites se lisent comme suit :

« Une priÚre pour Tairrdelbach Ua Conchobair, pour le roi d'Irlande, pour qui ce reliquaire a été réalisé[12].

Priez pour Muireadhach Ua Dubhthaigh, l'aßné d'Erin.

Priez pour Domnall mac FlannacĂĄin Ua Dubthaig, Ă©vĂȘque de Connacht et Comarb [successeur] de [saints] Comman et Ciaran, sous la direction desquels ce reliquaire a Ă©tĂ© fait[13].

Priez pour Mael Isu mac Bratdan O Echan, qui a fait ce reliquaire[3]. »

Création

Les similitudes techniques et stylistiques avec la « Croix du groupe Cong[n 4] », confirme sans aucun doute que la Croix de Cong a Ă©tĂ© fabriquĂ©e dans un atelier actif « bien dĂ©fini » et « original » de mĂ©tal fin dans le comtĂ© de Roscommon du XIIe siĂšcle[14] - [15] - [16] - [17] - [18] - [19] - [20]. La croix a probablement Ă©tĂ© commandĂ©e par l’évĂȘque Domnall mac Flannacain Ui Dubthaig, d’Elphin, l’un des plus riches siĂšge Ă©piscopal en Irlande mĂ©diĂ©vale[20], et crĂ©Ă© par le maĂźtre orfĂšvre irlandais nommĂ©: Mael Isu Bratain Ui Echach (Mailisa Macegan), dont O’Donovan dit qu’il Ă©tait l’abbĂ© de Cloncraff, dans le comtĂ© de Roscommon[21] - [20], bien qu’il manque des preuves solides de cette identification[22]. Le fondateur et patron de cet atelier, aurait pu ĂȘtre Saint Assicus d’Elphin[23]. RuaidrĂ­ Ua Conchobair Ă©tait patron de la relique[24], mais c'est peut-ĂȘtre un monastĂšre plutĂŽt qu'un diocĂšse qui aurait commandĂ© ces reliquaires mĂ©talliques[25].

Notes et références

Notes

  1. The Annals of Tigernach note the arrival of "Christ's Cross," from which Toirdhealbhach Ó Conchobhair requested a piece. Historians, however, almost universally dismiss such claims that pieces of the True Cross were ever found. Most Medieval relics are considered not to be genuine, though many Medieval chroniclers doubtless considered them to be so.
  2. (Petrie 1850) mistakenly calls him Humphrey Lloyd and incorrectly gives the publication date as 1709. Petrie stated that he thought that the cross must have been seen by Lloyd (meaning Lhuyd) on a tour he made of Connacht at the beginning of the 18th century. However, it appears that it was Ruaidhrí Ó Flaithbheartaigh who supplied Lhuyd with the details for his book by sending him copies of his own notes that he had made in 1680.
  3. He paid 100 guineas for it.
  4. The 'Cross of Cong', 'the Aghadoe crosier', ' shrine of the Book of Dimma' and the 'Shrine of Manchan' are grouped as originating at the same Roscommon workshop. The Smalls Sword (c. 1100), recently discovered in Wales, has similar Urnes ornamentation.

Références

  1. K&SEoIAS 1855, p. 417.
  2. Karkov, Farrell et Ryan 1997, p. 257.
  3. Stokes 1887, p. 109.
  4. Harbison 2001.
  5. Lhuyd 1707, p. 432.
  6. Petrie 1850, p. 574.
  7. Wilde 1867, p.174 (footnote).
  8. Wilde 1867, p. 195.
  9. Hall et Hall 1843, p. 368.
  10. Wilde 1867, p. 196.
  11. Wilde 1867, p. 194.
  12. K&SEoIAS 1855, p. 418.
  13. Stokes 1887.
  14. (en) Marie De Paor, Aspects of Ireland 3, Early Irish Art, (ISBN 0906404037), p. 49-50
  15. (en) Raghnal Ó Floinn, In Ireland and Insular Art A.D. 500–1200, Royal Irish Academy, Ryan, Michael, (ISBN 9780901714541), p. 179-187
  16. (en) Griffin Murray, Lost and Found: The Eleventh Figure on St Manchan's Shrine, Londres, The Journal of the Royal Society of Antiquaries of Ireland, (lire en ligne), p. 178
  17. (en) Colum Hourihane, The Cross of Cong, The Grove Encyclopedia of Medieval Art and Architecture, OUP USA, Volume 2,, (ISBN 9780195395365), p. 225
  18. (en) Nancy Edwards, The Archaeology of Early Medieval Ireland, Routledge, (ISBN 9781135951498), p. 147
  19. (en) Catherine E Karkov, The Insular Tradition, SUNY Press, Ryan, Michael, eds, (ISBN 978-0-7914-3455-0), p. 269
  20. (en) J. J. Kelly, The Catholic Encyclopedia (online) (Volume 5 ed., New York,, Robert Appleton Company New York, NY, (lire en ligne), p. 1
  21. (en) G.F. Mitchell, Treasures of Early Irish Art, 1500 B.C. to 1500 A.D., Dublin, The Collections of the National Museum of Ireland, Royal Irish Academy, Trinity College, Dublin, (ISBN 0870991647), p. 190
  22. (en) Griffin Murray, The Cross of Cong and some aspects of goldsmithing in pre-Norman Ireland, The Art of the Early Medieval Goldsmith ed, (lire en ligne), p. 53
  23. (en) J.J. Kelly, "St.Assicus" The Irish Ecclesiastical Record, Dublin, A monthly journal, under Episcopal Sanction, 4th, Browne & Nolan, Limited,, , XI: P.291-292 (lire en ligne)
  24. (en) John O'Donovan, Annála Rioghachta Éireann. Annals of the Kingdom of Ireland by the Four Masters... with a Translation and Copious Notes. 7 vols (2nd ed.), Dublin, Royal Irish Academy., ([https://celt.ucc.ie/publishd.html https://archive.org/details/annalsofkingdomo01ocleuoft/page/n6/mode/2up lire en ligne])
  25. (en) Peter Harbison, From Ireland Coming: Irish Art from the Early Christian to the Late Gothic Period and Its European Context, Department of Art and Archaeology, Princeton University Press, 4, (ISBN 069108825X)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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