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Crise de l'eau en Guadeloupe

La crise de l'eau en Guadeloupe perdure depuis des décennies en Guadeloupe. Un réseau de distribution vétuste, un manque d'entretien, de multiple opérateurs et un déséquilibre financier ont sinistré la distribution de l'eau de manière durable.

Carte de la Guadeloupe

Historique

L’eau distribuée par le réseau d’eau potable de Guadeloupe provient principalement de la Basse Terre, pour 70 % de prises d’eau en rivière et pour 20 % de captages de sources. Les 10 % restants proviennent de forages qui exploitent les eaux souterraines de la Grande Terre et de Marie-Galante[1].

Entre 1945 et le début des années 1990, l’État français organise et finance les grands travaux d’adduction, développe le réseau. Il crée également le principal acteur : le SIAEAG, le syndicat intercommunal de l’eau et de l’assainissement, celui-ci étant chargé de s’assurer de la collaboration des collectivités locales de la Côte au vent (la partie à l’Est de l’île, où se trouve l’eau) avec celles de Grande-Terre, davantage peuplées mais sans accès suffisant à la ressource[2]. En 1997, Amélius Hernandez, soutenu par les formations autonomistes, est élu président du syndicat, à la tête duquel il demeure jusqu’à sa démission forcée en 2014[2].

L'accès Ă  l’eau et l'assainissement sont problĂ©matiques du fait de la vĂ©tustĂ© du rĂ©seau provoquant Ă©normĂ©ment de perte dans le système d'adduction. Depuis des annĂ©es, les coupures d’eau se font rĂ©currentes, imposant des « tours d'eau », principalement dans les communes de la Grande-Terre qui sont les plus touchĂ©es avec des consĂ©quences pour les particuliers mais aussi les activitĂ©s agricoles[3]. En 2021, un quart de la population guadeloupĂ©enne – soit près de 100 000 habitants - ne dispose plus d’un accès quotidien Ă  l’eau potable[4].

D’après les statistiques de l’Office de l’eau (donnĂ©es de 2020), 61 % de la production d’eau potable est gâchĂ©e, soit près de 50 millions de mètres cubes d’eau par an, en raison de canalisations vĂ©tustes. D'autre part, 70 % des stations de traitement des eaux usĂ©es ne sont pas aux normes[5]. Cet Ă©tat « catastrophique » des stations d’épuration aurait pour consĂ©quence que celles-ci rejettent « trop souvent » dans la nature ou en mer des eaux usĂ©es non traitĂ©es. De ce fait, de nombreuses plages ou rivières sont interdites Ă  la baignade et la situation s’aggrave[4].

Selon le mĂ©dia en ligne Blast, le principal responsable de l’effondrement du système guadeloupĂ©en de distribution des eaux est le SIAEAG, dont la gestion sur la pĂ©riode 2005/2011 a Ă©tĂ© qualifiĂ©e d’« abracadabrantesque » par la chambre rĂ©gionale des comptes. Celle-ci cite notamment les dĂ©penses cumulĂ©es de communication Ă©levĂ©es Ă  6,9 millions d’euros, dont la moitiĂ© pour l’organisation des « fastueuses journĂ©es de l’eau »[2]. Son ancien prĂ©sident de 1997 Ă  2014, AmĂ©lius Hernandez, a Ă©tĂ© condamnĂ© en novembre 2019 Ă  trois ans de prison (dont deux avec sursis) et 150 000 euros d’amende pour « dĂ©tournement de fonds et favoritisme »[2].

Le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale rendu en juillet 2021 pointe du doigt la responsabilité des élus locaux « ayant sciemment organisé l’incapacité de leurs propres services à contrôler Veolia ou les autres acteurs privés à qui ils avaient délégué la production et la distribution de l’eau potable. » Pour Blast, « la corruption de certains et le clientélisme généralisé, sur lequel repose le système politique guadeloupéen », ont également constitué une combinaison permettant au plus grand nombre de profiter du système pendant des années[4]. Le média en ligne met également en avant la passivité de l’État français durant des années avant de réagir à cette situation, les acteurs privés ayant profité de cet état de fait. Confrontée à l'apparition des problèmes, Veolia décide de quitter l’île en 2014[4].

En mars 2023, Emmanuel Macron s'engage à « débloquer 35 millions d’euros supplémentaires par an pour l’eau en outre-mer », en complément des 180 millions annuels prévus pour aider les collectivités locales à réparer les canalisations[6].

Références

  1. Guadeloupe (paragraphe « enjeux ») BRGM, 5 mars 2018
  2. Guadeloupe, l’île sans eau : La faillite d'une autorité, blast-info.fr, 28 janvier 2022
  3. « Guadeloupe : protestation contre les coupures répétées d’eau », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. « Guadeloupe, l’île sans eau : la grande colère », sur Blast,
  5. Marion Lecas, « Panorama d'une Guadeloupe à l'abandon où les services de base ne sont même plus assurés », sur Bastamag,
  6. Jean-Michel Hauteville, « Crise de l’eau en Guadeloupe, avec des coupures et des contaminations à répétition », Le Monde,‎ (lire en ligne)
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