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Crise constitutionnelle tuvaluane de 2013

La crise constitutionnelle tuvaluane de 2013 est un différend politique ayant eu lieu aux Tuvalu, entre le gouvernement, dirigé par le Premier ministre Willy Telavi, et l'opposition, dirigée par Enele Sopoaga. La cause immédiate de cette crise est le décÚs du ministre des Finances, le député Lotoala Metia, le , qui prive le gouvernement de la majorité absolue au Parlement. Le conflit est finalement résolu en par une motion de censure à l'encontre de Willy Telavi, à la suite de laquelle Enele Sopoaga est élu Premier ministre.

Le Premier ministre des Tuvalu, Willy Telavi (2011), est confronté à une crise constitutionnelle aprÚs la mort de son ministre des Finances en .

Contexte

L'État des Tuvalu est une dĂ©mocratie parlementaire et un royaume du Commonwealth. La reine Élisabeth II est le chef de l'État en tant que reine des Tuvalu. Elle est reprĂ©sentĂ©e dans le pays par un gouverneur gĂ©nĂ©ral nommĂ© par elle sur avis du Premier ministre. Le Premier ministre est Ă©lu par les membres du Parlement, mais le gouverneur gĂ©nĂ©ral a le pouvoir de le rĂ©voquer unilatĂ©ralement[1].

Le diffĂ©rend commence Ă  la mort de Lotoala Metia, dĂ©putĂ© de Nukufetau et ministre des Finances dans le gouvernement de Willy Telavi, le . Le gouvernement et l'opposition se retrouvent tous deux avec sept dĂ©putĂ©s au Parlement[2]. MalgrĂ© les protestations de l'opposition, le gouvernement retarde de plus de six mois la tenue d'une Ă©lection partielle Ă  Nukufetau, jusqu'en , date Ă  laquelle la Haute Cour des Tuvalu dĂ©cide que l'Ă©lection partielle doit ĂȘtre organisĂ©e dans un dĂ©lai de 28 jours[3].

Cette décision est rendue à la suite de deux recours juridiques distincts, l'un intenté par le gouvernement et l'autre par l'opposition, visant à déterminer le ministre chargé de la tenue des élections[4]. Elle donne à l'opposition les avis nécessaires pour entamer le processus d'élection partielle dans la circonscription, ce qui lui permettrait d'obtenir une majorité au Parlement et, théoriquement, de faire adopter une motion de censure contre le gouvernement[4].

DĂ©roulement

Élection partielle

L'Ă©lection partielle a finalement lieu le . Le candidat de l'opposition, Elisala Pita, l'emporte face au candidat du gouvernement, Petely Niuatui, par 537 voix contre 264, donnant Ă  l'opposition une majoritĂ© de huit siĂšges au Parlement[5].

Élection partielle de Nukufetau
Faction Candidat Voix % Issue
Opposition Elisala Pita 537 67,04 Élu
Gouvernement Petely Niuatui 264 32,96 Battu
Suffrages exprimés 801 100

La crise constitutionnelle se poursuit alors que le Premier ministre affirme qu'en vertu de la Constitution des Tuvalu, il n'est tenu de convoquer le Parlement qu'une fois par an et qu'il n'a donc aucune obligation de le convoquer avant [6]. L'opposition demande alors au gouverneur général, Sir Iakoba Italeli, d'intervenir contre la décision du Premier ministre[7]. Le , Sir Iakoba Italeli fait usage de ses prérogatives constitutionnelles en ordonnant au Parlement de se réunir, contre la volonté du Premier ministre, le [8]. L'opposition annonce alors son intention de déposer une motion de censure à l'encontre du Premier ministre sortant[8].

Convocation du Parlement

Pour tenter d'Ă©viter un vote de dĂ©fiance, le Premier ministre Willy Telavi dĂ©pose une motion de dissolution du Parlement, mais celle-ci est rejetĂ©e par l'opposition par 8 voix contre 5[9]. Quelques minutes plus tard, Taom Tanukale, ministre de la SantĂ©, annonce qu'il dĂ©missionne de son poste, rĂ©duisant ainsi le nombre de dĂ©putĂ©s du gouvernement de cinq Ă  quatre, en l'absence du ministre de l'Éducation, Falesa Pitoi, pour cause de maladie[9]. Le dĂ©putĂ© de l'opposition Finikaso indique que cette dĂ©mission a « choquĂ© » le Parlement[9].

Ajournement

À la suite de la dĂ©mission du ministre de la SantĂ©, le prĂ©sident du Parlement des Tuvalu, Sir Kamuta Latasi, annonce le qu'il ajourne le Parlement pour six semaines afin de permettre la tenue d'une Ă©lection partielle dans la circonscription de Nui[10]. L'ajournement suscite une nouvelle hostilitĂ© de la part de l'opposition, qui espĂ©rait proposer un vote de dĂ©fiance Ă  l'Ă©gard de Willy Telavi, affirmant que le prĂ©sident n'a pas « Ă©coutĂ© l'avis du procureur gĂ©nĂ©ral »[10]. En rĂ©ponse, Sir Kamuta Latasi dĂ©clare que la Constitution ne permet pas de voter si une circonscription n'est pas reprĂ©sentĂ©e[10].

Or, selon le procureur gĂ©nĂ©ral, le vote d'une motion de censure pourrait toujours avoir lieu malgrĂ© la dĂ©mission du ministre de la SantĂ©[11]. L'opposition demande alors une deuxiĂšme fois l'aide du gouverneur gĂ©nĂ©ral pour que le Parlement puisse ĂȘtre reconvoquĂ©[11]. De son cĂŽtĂ©, le Premier ministre n'annonce aucune Ă©lection partielle Ă  Nui[11] - [12].

Destitution de Willy Telavi

Le , le Premier ministre Willy Telavi publie un communiquĂ© informant qu'il a demandĂ© Ă  la reine des Tuvalu, Élisabeth II, de dĂ©mettre le gouverneur gĂ©nĂ©ral de son poste[13]. En rĂ©ponse, Sir Iakoba Italeli, agissant au nom de la reine, envoie une proclamation dĂ©mettant Willy Telavi de son poste de Premier ministre des Tuvalu[13]. La reine choisit de retarder l'acceptation officielle de la demande du Premier ministre, bien qu'elle ne puisse la rejeter constitutionnellement[13]. Dans le mĂȘme temps, le gouverneur gĂ©nĂ©ral, toujours en fonction, nomme le chef de l'opposition Enele Sopoaga en tant que Premier ministre par intĂ©rim[13] - [14].

En effet, si la reine ne peut refuser d'accĂ©der Ă  la demande du Premier ministre, celle-ci doit l'accepter ou la sanctionner officiellement pour qu'elle entre en vigueur. Aussi, le bureau du gouverneur gĂ©nĂ©ral affirme qu'Élisabeth II n'ayant pas encore acceptĂ© la rĂ©vocation de Sir Iakoba Itelali, celui-ci Ă©tait toujours le gouverneur gĂ©nĂ©ral en exercice au moment de la rĂ©vocation de Willy Telavi[15]. L'ancien Premier ministre, pour sa part, dĂ©fend sa dĂ©cision de ne pas organiser d'Ă©lection partielle et de ne pas convoquer le Parlement, et attribue la responsabilitĂ© de la crise constitutionnelle Ă  Sir Iakoba Italeli[16].

Nomination d'Enele Sopoaga

Le , Willy Telavi fait l'objet d'une motion de censure, laquelle est adoptĂ©e par 8 votes pour, 4 votes contre et une abstention (celle du prĂ©sident du Parlement)[17]. Le gouverneur gĂ©nĂ©ral convoque Ă  nouveau le Parlement la semaine suivante pour Ă©lire un nouveau Premier ministre[18]. Le scrutin est remportĂ© par le chef de l'opposition par 8 voix contre 5. Enele Sopoaga prĂȘte serment en tant que Premier ministre des Tuvalu le [19]. Il nomme le nouveau Cabinet le mĂȘme jour[19], et Ă©crit au palais de Buckingham pour demander Ă  la reine de ne tenir aucun compte de la demande de rĂ©vocation du gouverneur gĂ©nĂ©ral formulĂ©e par Willy Telavi[20]. Une contestation de la destitution de Willy Telavi devant la Haute Cour a Ă©tĂ© envisagĂ©e, mais n'a jamais abouti[21].

Articles connexes

Références

  1. (en) « The Constitution of Tuvalu — 2008 Revised Edition » [PDF], sur ilo.org, (consultĂ© le ).
  2. (en) Robert Matau, « Another by-election for Tuvalu soon? », sur islandsbusiness.com, (version du 2 mai 2014 sur Internet Archive).
  3. (en) « Regina v Prime Minister and Minister Responsible for Elections, ex parte Sakaio [2014] TVHC 15; Civil Case 1.2013 (24 May 2013) », sur paclii.org (consulté le ).
  4. (en) Robert Matau, « Tuvalu’s high court orders by-election to be held », sur islandsbusiness.com, (version du 21 septembre 2013 sur Internet Archive).
  5. (en) Robert Matau, « Tuvalu’s former PM Sopoaga has another shot », sur islandsbusiness.com, (version du 21 septembre 2013 sur Internet Archive).
  6. (en) « Parliament needs one yearly meeting only says defiant Tuvalu PM », sur rnz.co.nz, (consulté le ).
  7. (en) Geraldine Coutts, « Tuvalu opposition demands parliament be allowed to sit after weekend by-election », sur radioaustralia.net.au, (version du 21 septembre 2013 sur Internet Archive).
  8. (en) Robert Matau, « Tuvalu’s parliament convenes July 30 », sur islandsbusiness.com, (version du 21 septembre 2013 sur Internet Archive).
  9. (en) Robert Matau, « Tuvalu govt bombshells », sur islandsbusiness.com, (version du 29 avril 2014 sur Internet Archive).
  10. (en) « Tuvalu Speaker defends adjournment for six weeks », sur islandsbusiness.com, (version du 9 novembre 2013 sur Internet Archive).
  11. (en) Robert Matau, « Opposition seeks Tuvalu’s GG’s help again », sur islandsbusiness.com, (version du 9 novembre 2013 sur Internet Archive).
  12. (en) « Tuvalu speaker blocks no-confidence motion », sur abc.net.au, (consulté le ).
  13. (en) Robert Matau, « GG appoints Sopoaga as Tuvalu’s caretaker PM », (version du 10 octobre 2014 sur Internet Archive).
  14. (en) « Dismissal crisis rocks Tuvalu », sur smh.com.au, (consulté le ).
  15. (en) « Tuvalu crisis as prime minister and governor-general try to sack each other » AccÚs payant, sur telegraph.co.uk, (consulté le ).
  16. (en) « Former Tuvalu PM defends role in political crisis », sur abc.net.au, (consulté le ).
  17. (en) « Tuvalu parliament elects new prime minister », sur abc.net.au, (consulté le ).
  18. (en) « Motion of no confidence debate underway in Tuvalu », sur islandsbusiness.com, (version du 24 décembre 2013 sur Internet Archive).
  19. (en) Robert Matau, « Enele Sopoaga Sworn-in Today as Tuvalu's New PM », (version du 21 septembre 2013 sur Internet Archive).
  20. (en) Robert Matau, « PM Sopoaga: ‘My govt is ready to lead’ », (version du 5 avril 2014 sur Internet Archive).
  21. (en) « New Tuvalu government waits on a legal decision », sur rnz.co.nz, (consulté le ).
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