Crise constitutionnelle russe
La crise constitutionnelle russe est une crise politique et un conflit post-soviétique ayant eu lieu en 1993 entre le président de Russie Boris Eltsine et le Congrès des députés du peuple.
- Partisans du Soviet Suprême sur un camion volé
- Maison-Blanche détruite après les événements
- Combattants du Soviet SuprĂŞme
- Intérieur de la Maison-Blanche durant la crise, après une coupure d'électricité
Date |
- (13 jours) |
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Lieu | Moscou, Russie |
Casus belli | Dissolution du Congrès des députés du peuple et du Soviet Suprême par Boris Eltsine |
Issue |
Victoire d'Eltsine et du gouvernement
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Président de la fédération de Russie
Protestataires et mouvements pro-Eltsine | Parlement de la fédération de Russie
Vice-président de la fédération de Russie (en) Opposition anti-Eltsine
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Boris Eltsine Viktor Tchernomyrdine Alexandre Korjakov (en) Pavel Gratchiov Viktor Erine (en) Anatoli Koulikov (en) | Alexandre RoutskoĂŻ Rouslan Khasboulatov Albert Makachov (en) SergueĂŻ Babourine Alexandre Barkachov Viktor Anpilov (en) |
entre 187 et 1500 morts |
Les relations dégradées entre les deux entités aboutissent à une crise ouverte lorsqu'en mars 1993, le Congrès annule le projet de référendum visant à adopter le nouveau projet de constitution, préparé par Eltsine et le gouvernement russe. Un point majeur de discorde a par ailleurs été le train de réformes économiques entreprises par Eltsine en 1992, connu sous le nom de thérapie de choc et caractérisé par de nombreuses privatisations et une réduction des dépenses publiques. Elles avaient généré une inflation de 2 600 %, l’augmentation des taxes et une chute brutale de l’espérance de vie.
Contexte
La dislocation de l'URSS en a déclenché une période tumultueuse de transition économique et politique.
Sur le plan Ă©conomique
À partir l'introduction de la Perestroïka en , l'inflation en Russie devient un problème croissant[A 1].
En alors que la Russie vient tout juste de déclarer son indépendance, elle est confronté à une crise économique sans précédent. Les prix augmentent de 108% par rapport à l'année précédente[B 1], les exports chutent de 33%[A 2], et le budget de l'état se trouve en déficit de 150 milliards[A 2] de roubles selon les statistiques officielles[N 1]. On parle d'hyperinflation[B 3].
DĂ©roulement
Evènements de Septembre - Octobre
Eltsine annonce la dissolution du Congrès le 21 septembre, ce qui n'est pas permis par la constitution de 1978, invoquant pour sa légitimité le résultat favorable du vote de confiance lors du référendum d'avril 1993. Cela est considéré par de nombreux observateurs comme un coup d'état[1].
Le Parlement riposte en annonçant que Boris Eltsine est démis de ses fonctions, et en installant le vice-président Alexandre Routskoï comme président intérimaire.
Après dix jours d’affrontements meurtriers dans les rues de Moscou, et malgré les réticences de certaines unités militaires à intervenir contre la population civile, le Parlement est mis au pas avec l'aide de l'armée, qui assiège et envahit la Maison blanche le . Dix chars sont déployés devant la Maison blanche, qui est pilonnée et partiellement incendiée, tandis que les forces spéciales ALFA et Vympel pénètrent dans le bâtiment[2].
Un nouveau parlement est élu en décembre, et un référendum sur la Constitution aboutit à son adoption officiellement par 58,4 % des voix.
Immédiatement après cette crise politique, Eltsine fait bannir les partis nationalistes et communistes par décret ainsi que les journaux de l'opposition (Den, Sovetskaïa Rossia et Pravda) et les groupes paramilitaires, afin de renforcer son pouvoir. Le Congrès des députés du peuple est dissous et est remplacé par la Douma. Dans la foulée de cette attaque spectaculaire et des combats de rue, une chasse aux « illégaux » est lancée dans tout Moscou, en particulier contre les Caucasiens, arrêtés en masse. Ces rafles, qui ajoutent à la confusion, auraient concerné vingt-cinq mille personnes[3].
Perception de la crise
Selon un sondage de l'institut VTsIOM détenu par l'État, 41 % des citoyens russes auraient approuvé l'usage de la force militaire par Eltsine. La crise est vue comme une revanche des communistes et la volonté d'Alexandre Routskoï de consolider son pouvoir personnel. Après 10 ans, le soutien à l'utilisation de la force militaire par Eltsine parmi les personnes interrogées est tombé à 20%, tandis que le nombre d'opposants a augmenté à 57%. Comme raison de la crise, les répondants citent les réformes économiques d'Eltsine, en particulier la privatisation, qui répartit les ressources russes entre les oligarques, auxquelles le Soviet suprême s'oppose.
Les gouvernements et médias occidentaux saluent le comportement d'Eltsine dans le déroulement de la crise[4].
Bilan
Il s'agit du plus sanglant événement dans les rues de Moscou depuis la révolution d'Octobre 1917. Selon les estimations du gouvernement, 187 personnes ont trouvé la mort et 437 autres ont été blessées, tandis que Vladimir Fédorovski évoque clairement 1500 morts (sur Europe1 le 25 juin 2023)[5].
Notes et références
Références
- The Soviet Hyperinflation: Its Origins and Impact throughout the Former Republics, Soviet Studies, 1992
- Filatochev et Bradshaw 1992, p. 1.
- Filatochev et Bradshaw 1992, p. 7.
- L'hyperinflation russe, Revue d'économie financière, 1992
- Despres et Tartarin 1992, p. 11.
- Despres et Tartarin 1992, p. 23.
- Despres et Tartarin 1992, p. 1.
- Autres:
- « Russie, le coup d’Etat de 1993, préliminaire à régime autocratique ? », sur Les blogs d'Alternatives Économiques, (consulté le )
- Lecomte Bernard et Chevelkina Alla, « L'OCTOBRE ROUGE DE BORIS ELTSINE », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Le libéralisme russe au son du canon », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Juste un peu de sang », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « La rébellion de Wagner est « une sorte de mascarade» pour Vladimir Fédorovski » (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Igor Filatochev et Roy Bradshaw, « The Soviet Hyperinflation: Its Origins and Impact throughout the Former Republics », Soviet Studies, no 5,‎ (ISSN 0038-5859, lire en ligne)
- Laure Despres et Robert Tartarin, « L'hyperinflation russe », Revue d'économie financière, no 21,‎ (ISSN 0987-3368, lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
- La crise constitutionnelle russe sur dph
- La crise constitutionnelle en Russie sur Infotek