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Criodrilus

Criodrilus, dont le nom commun français serait « Criodrile »[1] est le genre unique de la famille des Criodrilidae. Ces vers sont dits « limicoles » (fouilleurs de vase), mais ils sont parfois trouvés dans des amas denses de bryophytes, entre des feuilles mortes ou entre une écorce décollée et son tronc de bois mort immergé. Ils semblent fuir la lumière ou les milieux sans protection, mais certaines espèces s'aventurent parfois en pleine lumière (sur des substrats durs notamment).

Ce genre regroupe des vers proches du ver de terre (lombric) mais qui ont un mode de vie aquatique, dont il n'existe qu'une seule espèce en Europe : Criodrilus lacuum.

Découverte et classification des « lombrics aquatiques »

Dans les années 1960, seules trois ou quatre espèces de vers proches du lombric, et aquatiques avaient été décrites, rarement remarquées par le grand public, mais 25 ans plus tard (en 1984) le biologiste italien Pietro Omodeo citait 12 espèces de « vers de terre aquatiques » scientifiquement décrites dans les eaux douces européennes[2]) , dans des environnements différents : Deux espèces ne vivent que dans le sapropèle (boue noire fétide et anoxique). Quatre étaient trouvés soit dans le sapropèle, soit dans le gyttja (sédiment plus oxygéné), les autres préférant ce dernier substrat, mais Eisenia spelaea ne semble vivre en Italie vit que dans la litière immergé de ruisseaux de montagne[2].

Les criodriles ont été un temps placés dans la famille des vers de terre Glossoscolecidae puis Almidae, mais ils sont à l'heure actuelle considérés comme constituant une famille à part entière.

Caractéristiques

Ces vers sont aquatiques mais peuvent survivre un certain temps hors de l’eau dans l’air humide. Leur peau est plus fine et beaucoup plus translucide que celle des vers de terre.

Selon M Bouché[3] comme toutes les espèces limicoles et comme beaucoup d’espèces hygrophiles, ils présentent des organes de copulation spécialisés avec des spermatophores (comme chez les vers du genre Alma, également aquatiques ou hydrophiles), mais pas de branchies, alors que les Almas en ont).
Ils sont caractérisés par l’absence de néphridies (organe excréteur typique des invertébrés) sur les segments antérieurs (cf. Pontodrilus) et par un tube digestif simplifié (sans gésier et sans typhlosole).
À part cela, ils sont très semblables aux « vers de terre » ; comme eux dotés d’un clitellum pluricellulaire, ainsi que d’un système vasculaire complexe, avec des capillaires.

Les pores mâles sont situés derrière les pores femelles.

Habitats

Comme tous les criodrilidés, ils vivent principalement dans la vase ou la boue ou d'autres types de sédiments riches en matière organique ou dans des sols saturés en eau proximité de lacs ou de cours d'eau (à la manière des Sparganophilus en Amérique du Nord). Certaines de ces espèces survivent dans des environnements hautement pollués (ex : Criodrilus lacuum)[4]. On en trouve aussi dans les racines de plantes palustres et dans des eaux courantes propres mais eutrophes (y compris au niveau de cascades ou chutes d’eau très oxygénées, mais alors dans des zones de contre-courant et dans des anfractuosités où ils peuvent se protéger dans les racines de certaines plantes[5].

RĂ©partition

Comme les autres lombricidés aquatiques, ils n'ont été trouvés que dans l’hémisphère nord et actuellement seulement connus en Europe et au Japon (avec Criodrilus miyashitai, découvert et décrit en 1937[6]).

Cependant Criodrilus lacuum a été introduit en Amériques (au Nord et au Sud) où on la trouve parfois dans la terre de pots de plantes palustres et de certaines rizières. Des aquariophiles en découvrent parfois dans leurs aquariums, sans doute introduit avec le substrat de plantes aquatiques.

Pathologies, parasitoses

Ils peuvent être porteurs de larves de trématodes, de cestodes, de nématodes[7].

Exemples d'espèces

  • Criodrilus bathybates (le lombric aquatique du lac Biwa)
  • Criodrilus ghaniae
  • Criodrilus laccum (le seul lombric aquatique d'Europe)
  • Criodrilus miyashitai
  • Criodrilus ochridensis[8]

Notes et références

  1. attesté ds Lar. 19eSuppl. 1890 et Nouv. Lar. ill. selon Criodrilus, subst. masc ; Source : Cnrtl, consulté 2015-06-01
  2. Omodeo, P. (1984). “On aquatic Oligochaeta Lumbricomorpha in Europe“. In Aquatic Oligochaeta (pp. 187-190). Springer Netherlands (résumé)
  3. Marcel B. Bouché (1984) Les modalités d'adaptation des lombriciens à la sécheresse, Bulletin de la Société Botanique de France. Actualités Botaniques, 131:2-4, 319-327, DOI:10.1080/01811789.1984.10826672
  4. Valchovski H (2013), Contribution to the knowledge for distribution of Criodrilus lacuum (Annelida: Oligochaeta: Criodrilidae) from Bulgaria. ZooNotes. 44:1-3, (ISSN 1313-9916)
  5. Ă–rley, L. (1887). Morphological a. Biological Observations on Criodrilus lacuum, Hoffmeister (MĂ©moire). QJM Sc. (Quarterly Journal of Microscopical Science), 2(108), 551-560.
  6. Nagase I & Nomura E (1937). « On the Japanese aquatic Oligochaeta Criodrilus miyashitai, n. sp”. Sci. Rep. Tohoku Imp. Univ, 11(4), 361-402
  7. Karmanova E.M (1960) « The helminth fauna of Criodrilus lacuum ». The helminth fauna of Criodrilus lacuum., 10, 117-123 (résumé)
  8. Georgevitch J (1949), [Studies on the fauna of the lake Ochrid; Criodrilus ochridensis nov. spec]. Bulletin. Srpska akademija nauka i umetnosti, Belgrad. Odeljenje medicinskih nauka, 1(1), 75-83

Voir aussi

Articles connexes

Références taxonomiques

Bibliographie

  • Benham W.B.(1887) Memoirs: Studies on Earthworms: No. III. Criodrilus lacuum, Hoffmeister. Quarterly Journal of Microscopical Science, 2(108), 561-572 (rĂ©sumĂ©).
  • Bergh, R. S. (1888). Zur Bildungsgeschichte der Exkretionsorgane bei Criodrilus..
  • Rota, E., & Omodeo, P. (1992). Phylogeny of Lumbricina: re-examination of an authoritative hypothesis. Soil Biology and Biochemistry, 24(12), 1263-1277 (rĂ©sumĂ©).
  • Tirala, L. G. T. (1912). Regeneration und transplantation bei Criodrilus. Development Genes and Evolution, 35(3), 523-554 (rĂ©sumĂ©).
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