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Crime de solidarité

Le crime de solidaritĂ© ou dĂ©lit de solidaritĂ© est une notion issue de dĂ©fenseurs des droits de l'homme pour dĂ©signer un ensemble de lois visant a priori Ă  lutter contre les rĂ©seaux organisĂ©s d'immigration clandestine, mais dont la formulation est Ă©galement susceptible de limiter l'aide humanitaire (hĂ©bergement, soins de santé ) pouvant ĂȘtre accordĂ©e aux clandestins.

Affiche symbolisant l'abrogation du délit de solidarité le 19 avril 2013 à Bobigny lors du parrainage de RESF 93

L'expression a été popularisée par un groupe d'associations françaises, emmenées par le GISTI (organisation de défense des droits des étrangers en France) pour désigner la répression de l'aide au séjour des étrangers en situation irréguliÚre (voir Dépénalisation de l'aide à l'entrée et au séjour irréguliers des étrangers en France).

Origine et application

Cette notion a vu le jour dans le contexte de la crise migratoire en Europe. Selon l'ONG Actionaid, elle concerne la France, l'Italie, l'Espagne et la GrĂšce[1] - [2].

Initialement, ces lois visaient à s'opposer aux trafiquants, mais peuvent viser tout militant ou homme politique prenant publiquement position en faveur des migrants et des demandeurs d'asile ainsi que ceux qui protestent contre les expulsions par avion et ceux qui cherchent à sauver les migrants échoués en mer[3].

Selon Abigail Taylor, chercheuse doctorant en thĂ©orie politique, bien que visant Ă  lutter contre les rĂ©seaux organisĂ©s d'immigration clandestine (traite des ĂȘtres humains et passeurs), leur formulation se prĂȘte Ă  une association entre aide humanitaire « dĂ©sintĂ©ressĂ©e » avec des objectifs lucratifs de traite des ĂȘtres humains[4].

Les intimidations, poursuites et condamnations en cours ont déclenché un mouvement collectif de « délinquance solidaire », ou délits de solidarité[4].

LĂ©gislation

Lois européennes

Les délits de solidarité, pour reprendre l'expression employée par les militants et les organisations de défense des droits de l'homme, sont définis et poursuivis conformément à la directive européenne de 2002 qui prévient et sanctionne « l'aide à l'entrée, au transit et au séjour irréguliers » des migrants[5].

Lois françaises

Le dĂ©lit de solidaritĂ© n’a pas d’existence juridique en France. L’expression serait apparue en 1995, Ă  l’initiative du Groupe d’information et de soutien des immigrĂ©s (GISTI). Elle dĂ©signe le risque, pour les militants des associations d’aide aux immigrĂ©s ou pour les particuliers, de se voir mis en examen et condamnĂ© pour aide au sĂ©jour irrĂ©gulier, tout comme les organisateurs de filiĂšres d’immigration clandestine[6].

Le 6 juillet 2018, le Conseil constitutionnel a jugé que le communément appelé « crime de solidarité » ou « délit de solidarité » qui incrimine toute personne qui facilite l'entrée ou le séjour irrégulier d'un étranger en France est partiellement inconstitutionnel[7].

Dans le cas de CĂ©dric Herrou, le tribunal a accusĂ© Herrou d'aider les migrants afin de promouvoir son programme politique. Benjamin Boudou, auteur de Le dilemme des frontiĂšres : Ă©thique et politique de l'immigration, publiĂ© en 2018, considĂšre que le tribunal doit ĂȘtre capable de faire la distinction entre un motif purement activiste pour une action humanitaire et l'activisme en tant que pur sous-produit d'une action humanitaire[7].

Cas des migrants de Calais

Selon Charlotte Kwantes, coordinatrice d'Utopia 56 à l'échelle nationale, citée dans un rapport publié en octobre 2021 par Human Rights Watch autour de l'immigration illégale à la frontiÚre franco-britannique, le gouvernement français cherche à viser les gens faisant acte de solidarité, et ce bien que le délit de solidarité n'existe pas dans la législation française[8].

Bibliographie

Articles

(en) Liz Fekete, « Europe: crimes of solidarity », Race & Class, vol. 50,‎ , p. 83 (lire en ligne [PDF])

(en) Tazzioli Martina, « Crimes of solidarity: migration and containment through rescue », Radical Philosophy,‎ (ISSN 0300-211X, lire en ligne [PDF])

(en) Olivia MĂŒller, «  â€˜Solidarity Crime’ at the Border: A Lesson from France », dans Maurizio Ambrosini, Manlio Cinalli et David Jacobson, Migration, Borders and Citizenship: Between Policy and Public Spheres, Springer Nature Switzerland AG, , 309 p. (ISBN 3030221563)

Blogs universitaires

Roxane de Massol de Rebetz, 14 dĂ©cembre 2017, « The ‘crime of solidarity’ On the symbolism and the political message behind Court rulings », Leiden University

Articles connexes

Notes et références

  1. (it) « La solidarietà non Ú reato. », sur ActionAid (consulté le )
  2. (it) « Il “crimine di solidarietà” in Francia, Spagna e Grecia. », sur ActionAid (consultĂ© le )
  3. (en) Liz Fekete, « Europe: crimes of solidarity », Political Science,‎ (DOI 10.1177/0306396809103000, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. (en) Abigail Taylor, « Crimes of solidarity: libertĂ©, Ă©galitĂ© and France’s crisis of fraternitĂ© », sur The Conversation (consultĂ© le )
  5. (en-US) Martina Tazzioli, « Martina Tazzioli: Crimes of solidarity / Radical Philosophy », sur Radical Philosophy (consulté le )
  6. « Du délit de solidarité au principe de fraternité : lois et controverses », sur Vie publique.fr (consulté le )
  7. Benjamin Boudou, « The Solidarity Offense in France: EgalitĂ©, FraternitĂ©, SolidaritĂ©! », Verfassungsblog,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. (en) « Enforced Misery: The Degrading Treatment of Migrant Children and Adults in Northern France », Human Rights Watch, Human Rights Watch,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
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