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Courbe de Wöhler

La courbe (ou diagramme) de Wöhler est une façon de reprĂ©senter des rĂ©sultats d'essais de fatigue en science des matĂ©riaux. Elle est appelĂ©e courbe S-N (Stress vs Number of cycles, c'est-Ă -dire « contrainte en fonction du nombre de cycles Â») dans les pays anglo-saxons. Dans l'industrie et le gĂ©nie civil, elle est d’un emploi courant pour estimer le degrĂ© d’endommagement liĂ© Ă  la fatigue des matĂ©riaux.

La courbe de Wöhler (ici pour un alliage d’aluminium Ă  320 MPa de rĂ©sistance statique Ă  la rupture) donne la contrainte de rupture pour un nombre de cycles donnĂ©.

Principe

Divers types de sollicitations sinusoĂŻdales.

La courbe de Wöhler est le plus ancien diagramme qui permette de visualiser la tenue de la piĂšce ou des matĂ©riaux dans le domaine de fatigue. Cette courbe dĂ©finit une relation entre la contrainte appliquĂ©e σ (sigma parfois notĂ©e S) et le nombre de cycles Ă  la rupture NR (en fait nombre de cycles pour lesquels on observe P% de ruptures). En pratique, la courbe de Wöhler est gĂ©nĂ©ralement donnĂ©e pour une probabilitĂ© de rupture P = 0,5.

Pour la tracer, on rĂ©alise gĂ©nĂ©ralement des essais simples qui consistent Ă  soumettre chaque Ă©prouvette Ă  des cycles d’efforts pĂ©riodiques, d’amplitude de chargement constante Sa fluctuant autour d’une valeur moyenne fixĂ©e et Ă  noter le nombre de cycles au bout duquel l’amorçage d’une fissure est observĂ©, appelĂ© ici nombre de cycles Ă  rupture NR ; ceci est fait pour plusieurs valeurs de l'amplitude alternĂ©e Sa et de R ; le rapport de charge R est le rapport de la contrainte minimum Ă  la contrainte maximum du cycle pĂ©riodique. Pour plus de commoditĂ©, ce nombre NR est reportĂ© en abscisse sur une Ă©chelle logarithmique, et l’amplitude de contrainte Sa est reportĂ©e en ordonnĂ©e sur une Ă©chelle linĂ©aire ou logarithmique pour plusieurs valeurs de R. R=-1 correspond Ă  un cycle symĂ©trique alternĂ©, R=0 correspond Ă  un cycle rĂ©pĂ©tĂ©, R>0 correspond Ă  des contraintes ondulĂ©s. La dĂ©composition du chargement (par la mĂ©thode de comptage rainflow) permet d'exprimer celui-ci en cycles simples caractĂ©risĂ©s par une contrainte alternĂ©e Sa et un rapport de charge R. Ainsi, Ă  chaque structure essayĂ©e, correspond donc un point du plan (NR, Sa) et Ă  partir d’un certain nombre d’essais Ă  contrainte gĂ©nĂ©ralement dĂ©croissante, on peut Ă©tablir la courbe de Wöhler.

La caractĂ©risation d'un matĂ©riau dans le domaine de la fatigue conventionnelle peut ĂȘtre faite par les courbes de Wöhler, en fonction du rapport de charge R, issues d'essais sur Ă©prouvettes lisses. On peut aussi effectuer des essais sur Ă©prouvettes entaillĂ©es pour valider les mĂ©thodes de calcul en fatigue des structures.

On définit généralement :

  • la fatigue conventionnelle dite « Ă  grand nombre de cycles » au-delĂ  de 50 000 cycles, les courbes de Wöhler obtenues avec des essais de fatigue en effort imposĂ© sont pertinentes.
  • la fatigue oligocyclique en deçà de 50 000 cycles, domaine dans lequel il y a interaction entre deux modes de ruine, la fatigue et l'instabilitĂ© ductile.

La modélisation des courbes de Wöhler exige donc la représentation des deux modes de ruine couplés.

Limite d'endurance

On remarque que la courbe prĂ©sente une asymptote horizontale pour N tendant vers +∞. Cela signifie que pour les amplitudes de contrainte σa faibles, on ne peut pas avoir de rupture en fatigue dans des dĂ©lais raisonnables (plusieurs annĂ©es
).

Certains matĂ©riaux, comme les alliages d'aluminium, semblent avoir une asymptote nulle, d'autres une asymptote positive appelĂ©e limite d'endurance et notĂ©e σD ou SaD.

La dĂ©termination de la limite d'endurance se fait par des mĂ©thodes d'essais tronquĂ©s, c'est-Ă -dire que l'on se positionne Ă  un nombre de cycles donnĂ© — typiquement un Ă  cent millions (106 Ă  108) — et que l'on fait des essais Ă  plusieurs niveaux d'amplitude de contrainte σa.

Modélisation de la courbe de Wöhler

On utilise habituellement trois modÚles pour représenter la courbe de Wöhler de maniÚre analytique :

  • le modĂšle de Basquin : il dĂ©crit la partie centrale de la courbe, comme une droite dans un diagramme log-log
    N⋅σam = C
    σa = (C/N)1/m
    log(N) = log(C) - m⋅log(σa)
    oĂč C et m sont des paramĂštres dĂ©terminĂ©s par rĂ©gression linĂ©aire dans l'Ă©chelle log-log ; 1/m est de l'ordre de 0,1[1] ;
  • le modĂšle de Strohmeyer, qui dĂ©crit la partie centrale ainsi que l'asymptote finale,
    N⋅(σa - σD)m = C

    avec C = Am
    ;
  • le modĂšle de Bastenaire qui dĂ©crit Ă©galement le comportement oligo-cyclique,
    .

On remarque que la courbe de Wöhler est une courbe σa = ƒ(N), alors que les modĂšles sont souvent prĂ©sentĂ©s sous la forme N = ƒ(σa).

Le fait de disposer d'un modÚle mathématique permet de réduire le nombre d'essais nécessaire pour déterminer la courbe. En particulier, pour une classe de matériau donné, on peut avoir un paramÚtre fixe, typiquement la pente m de la loi de Basquin, ce qui permet de réduire encore le nombre d'essais nécessaire.

Voir aussi

Notes et références

  1. Phi 2002, p. 925

Bibliographie

  • Norman E. Dowlings, Mechanical behavior of materials, Englewood Cliffs (NJ), Prentice Hall, , 780 p. (ISBN 0-13-026956-5)
  • J. Lemaitre J.-L. Chaboche, MĂ©canique des matĂ©riaux solides, Paris, Dunod, , 544 p. (ISBN 2-04-018618-2)
  • (en) Jean Philibert et al., MĂ©tallurgie : du minerai au matĂ©riau, Paris, Dunod, , 2e Ă©d., 1177 p. [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 2-10-006313-8), « IV-7, V-11 », p. 913-928, 1104-1110
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