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Courant des Aiguilles

Le courant des Aiguilles est un courant marin de l'océan Indien. Il tire son nom du cap sud-africain des Aiguilles.
Il semble s'être renforcé depuis le début du XXe siècle, peut-être en lien avec les dérèglements climatiques attendus à la suite de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

Carte du gyre de l'océan Indien. Le courant des Aiguilles est situé sur la gauche de la carte, le long de l'extrême sud-est du continent africain.

Localisation

Le courant des Aiguilles s'écoule le long de la côte est sud-africaine, vers le sud-ouest. Il subit ensuite au large de l'Afrique du Sud, au sud-ouest de la ville du Cap, une rétroflexion vers l'est pour former le courant de retour des Aiguilles, recirculant dans l'océan Indien.

Caractéristiques

Le courant des Aiguilles est l'un des courants de surface les plus forts et les plus réguliers que l'on connaisse. Il subit peu de variations de volume (préciser) au cours de l'année et sa vitesse maximum est supérieure à 5 km/h. Sa rétroflexion est causée par la rencontre de courants plus froids dans l'océan Atlantique, à l'ouest (courants de Benguela et circumpolaire antarctique).

Effets

La rencontre du courant des Aiguilles avec les courants plus froids de l'Atlantique sud provoque de vastes tourbillons dans le sud de l'Atlantique. Ce mécanisme induit et contrôle les proportions d'un certain retour d'eau chaude de l'océan Indien et d'eau froide polaire vers l'océan Atlantique.

La rétroflexion de ce courant crée un mélange de masses d'eaux chaudes et froides expliquant l'agitation permanente de la mer dans ces parages[1] ; les vents d'ouest, souvent très puissants, s'opposent à la direction principale du courant marin de surface en entretenant une houle et des vagues atteignant des hauteurs impressionnantes, à l'origine de nombreux naufrages. Ceci se traduit plus globalement par :

  • un phĂ©nomène cyclique (cycle trimestriel) de formation de vastes et puissants tourbillons (de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre chacun), dans une zone dite "Anneau des Aiguilles". Ces tourbillons contribuent au mĂ©lange des couches plus ou moins froides et salĂ©es, tout en contribuant Ă  leur oxygĂ©nation. Ces courants et tourbillons ou « gyres » imposent aussi aux dĂ©chets flottants en surface ou entre deux eaux et Ă  certains polluants un cheminement cyclique et des zones de concentration de dĂ©chets ;
  • une circulation d'eau chaude et plus salĂ©e[2] de l'ocĂ©an Indien vers l'Atlantique.

Actuellement, le courant des Aiguilles est la principale source de chaleur mais aussi de sel pour la branche de surface du courant Atlantique « MOC » ('meridional overturning circulation')[3], ce qui le fait interagir avec le Gulf Stream et le climat global.

Modifications anthropiques ?

Le courant des Aiguilles joue un rôle crucial[2] dans la circulation thermohaline océanique globale, dont il serait un des moteurs.
Il influe donc sur l'évolution du climat à moyen et long terme, et sur les systèmes écologiques marins qui y sont liés, affectant probablement secondairement les ressources halieutiques et les capacités de puits de carbone des océans.

Selon les données disponibles, depuis le milieu des années 1970, on observe un déplacement de cet anneau de courant, qui semble lié à des activités de forçage anthropogénique du climat.
L'hypothèse de modifications importantes en cours modifiant la « MOC » été confirmée par :

  • des preuves palĂ©oclimatiques : dans le passĂ©, lors des pĂ©riodes glaciaires-interglaciaires, des modifications significatives de ce courant (changements de latitude dans l'hĂ©misphère sud) ont toujours Ă©tĂ© corrĂ©lĂ©es avec des variations des assemblages de populations de foraminifères [2] ;
  • les modèles climatiques : selon un modèle Ă  haute rĂ©solution prĂ©sentĂ© en 2009 dans la revue Nature, le transport des eaux de l'ocĂ©an Indien vers l'Atlantique Sud a bien augmentĂ© au cours des dernières dĂ©cennies. Et ce serait une rĂ©ponse au changement dans le forçage des zones de vents d'ouest (qui tendent Ă  se dĂ©caler vers le pĂ´le sud) ;
  • des mesures historiques faites ailleurs qu'en AmĂ©rique du Sud ; elles suggèrent que les autres eaux de l'ocĂ©an Indien ont effectivement bien commencĂ© Ă  s'engager dans l'Atlantique Nord, avec des implications potentielles pour l'Ă©volution future des courants de l'Atlantique Sud, via la « MOC » [2].

Conséquences :

  • Le dĂ©placement de la ceinture de vents dominants d'ouest (vers le sud) a contribuĂ© Ă  Ă©largir le « couloir marin » qui au sud de l'Afrique permet Ă  l'eau de l'ocĂ©an Indien d'entrer dans l'Atlantique.
  • Les perspectives climatiques laissent penser que ce forçage pourrait s'accroĂ®tre dans le futur, avec un dĂ©placement accru de masses d'eau froides qui saliniseront les eaux de la thermocline de l'Atlantique Sud.
  • Des modifications planctoniques et de la faune marine Ă  attendre.
  • Des effets diffĂ©rĂ©s sur le climat europĂ©en littoral : tout en participant au dĂ©règlement climatique, cette remontĂ©e de sel pourrait provisoirement et paradoxalement - provisoirement au moins et dans une certaine mesure - stabiliser le Gulf Stream (en diminuant l'accentuation des prĂ©cipitations et la fonte des glaces polaires).

De nouvelles simulations numériques et des études in situ sont encore nécessaires pour prédire durant combien de temps et dans quelle mesure et où les changements observés dans le courant des Aiguilles pourraient plus ou moins limiter si ce n'est compenser le réchauffement du climat dans la zone de l'Atlantique Nord irriguée par le Gulf stream (façade ouest européenne)[4].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. « Le renforcement des vagues dans le courant des Aiguilles: Aviso+ », sur www.aviso.altimetry.fr (consulté le )
  2. Biastoch, A., C.W. Böning, F.U. Schwarzkopf et J.R.E. Lutjeharms, 2009 : Increase in Agulhas leakage due to poleward shift of Southern Hemisphere westerlies Résumé en anglais). Nature, 462 (7272), doi:10.1038/nature08519
  3. A. Biastoch1, C. W. Böning, F. U. Schwarzkopf & J. R. E. Lutjeharms Increase in Agulhas leakage due to poleward shift of Southern Hemisphere westerlies ; Nature 462, 495-498 (2009 11 26) ; Doi:10.1038/nature08519 (Consulté 2009 12 05)
  4. Institut de recherche pour le développement (IRD), « Le courant des Aiguilles atténuerait l'effet de la fonte des glaces », sur www.ird.fr, (consulté le )
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