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Coup d'État bulgare de 1923

Le coup d’État du , aussi appelĂ© coup d’État bulgare de 1923 (Bulgare: ДДĐČĐ”Ń‚ĐŸŃŽĐœŃĐșĐž прДĐČрат, Devetoyunski prevrat), est un putsch orchestrĂ© par la Ligue militaire[1] dans la nuit du 8 et . Le rĂ©gime agrarien d’Alexandre Stambolijski, premier ministre du Royaume de Bulgarie, est renversĂ© et remplacĂ© par un gouvernement conservateur dirigĂ© par Alexandre Tsankov.

Dirigeants du coup d'État du 9 juin au domicile d'Ivan Rusev (reconstitution ultĂ©rieure). De gauche Ă  droite : Dimo Kazasov, Kimon Georgiev, Nikola Rachev, Yanaki Mollov, Ivan Valkov, Alexander Tsankov, Hristo Kalfov, Ivan Rusev, Petar Todorov, Tsviatko Boboshevski

Les circonstances

Fort du succĂšs Ă©lectoral de son parti aux lĂ©gislatives de mars 1920, le Premier ministre Alexandre Stambolijski forme, dans le mois qui suit, un nouveau gouvernement composĂ© uniquement de membres du parti agraire. L’objectif de ce parti est de transformer entiĂšrement les structures politiques, Ă©conomiques et sociales du pays en faveur des plus dĂ©munis. De nombreuses mesures sont ainsi rĂ©alisĂ©es en ce sens, dont la plus significative est la rĂ©forme agraire. Toutefois, les milieux traditionnels aisĂ©s, dĂ©savantagĂ©s par ces rĂ©formes, protestent contre les mesures du nouveau rĂ©gime.

Se sentant menacĂ©, Stambolijski radicalise les mĂ©thodes brutales de son rĂ©gime et a recours Ă  la Garde orange, la milice du rĂ©gime. Se transformant peu Ă  peu en vĂ©ritable dictateur, Stambolijski arrĂȘte sans mĂ©nagement ses principaux opposants en 1922. La fonction publique, l’armĂ©e, la police sont au fur et Ă  mesure purgĂ©es de ses membres hostiles au rĂ©gime. Intellectuels, anciens officiers, bourgeois, riches paysans et opposants s’unissent alors ensemble pour faire face au gouvernement. Mais aprĂšs les Ă©lections d’avril 1923, oĂč les agrariens remportent 87 % des siĂšges, l’opposition comprit qu’elle ne pourrait pas renverser Stambolijski par la voix parlementaire.

Le coup d’État

L’opposition dĂ©cide de profiter des vacances de Stambolijski pour passer Ă  l’action. C’est la Ligue militaire du gĂ©nĂ©ral Ivan Valkov (en) qui dirige l’opĂ©ration. Cette organisation secrĂšte fondĂ©e en 1919, avait cachĂ© aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale une partie des munitions et des armes de l’armĂ©e, avant que le traitĂ© de paix ne dĂ©sarme la Bulgarie.

Dans la nuit du 8 au et dans une improvisation complĂšte, des patrouilles militaires commencent Ă  bloquer les rues de la capitale Sofia. Ils arrĂȘtent tous les ministres, qui n’opposent pas de rĂ©sistance, et forcent les habitants Ă  rester Ă  leur domicile. Ce n’est qu’à 11 heures, aprĂšs la levĂ©e du blocus, que les Sofiotes apprennent par des affiches placardĂ©es dans la rue qu’un coup d’État a eu lieu dans la nuit et qu’un nouveau gouvernement vient d’ĂȘtre formĂ©. C’est un civil de droite conservatrice qui prit la tĂȘte du pays, le professeur Alexandre Tsankov ; la Ligue militaire savait qu’un gouvernement militaire ne serait ni populaire en Bulgarie, ni acceptĂ© par ses voisins et vainqueurs.

Le coup d’État est relativement bien acceptĂ© par la population, du fait du fossĂ© qui s’était creusĂ© entre elle et le gouvernement agrarien. Il reçoit Ă©galement l’approbation de nombreuses organisations et syndicats, mais Ă©trangement, pas celui du tsar Boris III de Bulgarie qui, pourtant, Ă©tait devenu le quasi-prisonnier d’Alexandre Stambolijski.

MalgrĂ© ce que put dire les Éditions de Sofia de la pĂ©riode communiste, Boris III n’était pas de connivence avec les putschistes. Alors que Tsankov se rend au palais de Vrana pour recevoir l’aval du tsar au coup d’État, Boris III, ayant appris la nouvelle, s’isole pour rĂ©flĂ©chir de la situation. Ce n’est qu’aprĂšs six heures d’attente que le tsar accepte de le recevoir afin que Tsankov lui expose les causes et les raisons du putsch. Mais Boris III refuse de soutenir le mouvement, soulignant que le coup porte atteinte aux prĂ©rogatives du chef de l’État et qu’il est dirigĂ© contre les prescriptions de la constitution. AprĂšs une longue discussion, Tsankov explique que son refus serait fatal pour la dynastie et que mĂȘme en cas de veto, le coup d’État sera accompli. Boris III finit par cĂ©der et signe les dĂ©crets lĂ©gitimant le nouveau gouvernement. ImmĂ©diatement aprĂšs cela, le tsar ajoute : « Prenez toutes les mesures, Messieurs, pour que la vie de tous soit conservĂ©e. Nous ne devons pas verser une goutte de sang bulgare ! »

Quant au Premier ministre dĂ©chu, Alexandre Stambolijski, en vacances dans son village natal de Slavovitsa, il tente d’organiser la rĂ©sistance mais, capturĂ©, il est torturĂ© et tuĂ© d’une maniĂšre rĂ©pugnante.

Les conséquences

Au lendemain de la chute des agrariens, le Parti Communiste Bulgare (PCB) est une des organisations qui condamnent le plus sĂ©vĂšrement le rĂ©gime de Stambolijski. En effet, les communistes sous ce dernier furent persĂ©cutĂ©s, du fait de leur diffĂ©rend sur la propriĂ©tĂ© privĂ©e que les agrariens soutenaient fermement. Mais la direction du Kominterm, Ă©tonnĂ©e par cette rĂ©action, accuse alors le PCB d’inertie et lui demande d’y remĂ©dier. Suivant les conseils de Moscou, les communistes s’allieront avec les agrariens et fomenteront l’insurrection du 23 septembre 1923.

Notes et références

  1. Organisation secrÚte nationaliste fondée par des officiers de réserve aprÚs la défaite de la Bulgarie en 1918 pendant la premiÚre guerre mondiale. Leur but s'émanciper des contraintes militaires imposées à la Bulgarie par le traité de Neuilly

Sources

  • ASLANIAN Dimitrina, Histoire de la Bulgarie de l’AntiquitĂ© Ă  nos jours. Éditions Trimontium, 2e Ă©dition, Versailles, 2004. 510 p.
  • NIKOLAEV N. P., La destinĂ©e tragique d’un roi. Éditions Uppsala. 1952, 232 p.
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