Coup d'Ătat bulgare de 1923
Le coup dâĂtat du , aussi appelĂ© coup dâĂtat bulgare de 1923 (Bulgare: ĐĐ”ĐČĐ”ŃĐŸŃĐœŃĐșĐž ĐżŃĐ”ĐČŃĐ°Ń, Devetoyunski prevrat), est un putsch orchestrĂ© par la Ligue militaire[1] dans la nuit du 8 et . Le rĂ©gime agrarien dâAlexandre Stambolijski, premier ministre du Royaume de Bulgarie, est renversĂ© et remplacĂ© par un gouvernement conservateur dirigĂ© par Alexandre Tsankov.
Les circonstances
Fort du succĂšs Ă©lectoral de son parti aux lĂ©gislatives de mars 1920, le Premier ministre Alexandre Stambolijski forme, dans le mois qui suit, un nouveau gouvernement composĂ© uniquement de membres du parti agraire. Lâobjectif de ce parti est de transformer entiĂšrement les structures politiques, Ă©conomiques et sociales du pays en faveur des plus dĂ©munis. De nombreuses mesures sont ainsi rĂ©alisĂ©es en ce sens, dont la plus significative est la rĂ©forme agraire. Toutefois, les milieux traditionnels aisĂ©s, dĂ©savantagĂ©s par ces rĂ©formes, protestent contre les mesures du nouveau rĂ©gime.
Se sentant menacĂ©, Stambolijski radicalise les mĂ©thodes brutales de son rĂ©gime et a recours Ă la Garde orange, la milice du rĂ©gime. Se transformant peu Ă peu en vĂ©ritable dictateur, Stambolijski arrĂȘte sans mĂ©nagement ses principaux opposants en 1922. La fonction publique, lâarmĂ©e, la police sont au fur et Ă mesure purgĂ©es de ses membres hostiles au rĂ©gime. Intellectuels, anciens officiers, bourgeois, riches paysans et opposants sâunissent alors ensemble pour faire face au gouvernement. Mais aprĂšs les Ă©lections dâavril 1923, oĂč les agrariens remportent 87 % des siĂšges, lâopposition comprit quâelle ne pourrait pas renverser Stambolijski par la voix parlementaire.
Le coup dâĂtat
Lâopposition dĂ©cide de profiter des vacances de Stambolijski pour passer Ă lâaction. Câest la Ligue militaire du gĂ©nĂ©ral Ivan Valkov (en) qui dirige lâopĂ©ration. Cette organisation secrĂšte fondĂ©e en 1919, avait cachĂ© aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale une partie des munitions et des armes de lâarmĂ©e, avant que le traitĂ© de paix ne dĂ©sarme la Bulgarie.
Dans la nuit du 8 au et dans une improvisation complĂšte, des patrouilles militaires commencent Ă bloquer les rues de la capitale Sofia. Ils arrĂȘtent tous les ministres, qui nâopposent pas de rĂ©sistance, et forcent les habitants Ă rester Ă leur domicile. Ce nâest quâĂ 11 heures, aprĂšs la levĂ©e du blocus, que les Sofiotes apprennent par des affiches placardĂ©es dans la rue quâun coup dâĂtat a eu lieu dans la nuit et quâun nouveau gouvernement vient dâĂȘtre formĂ©. Câest un civil de droite conservatrice qui prit la tĂȘte du pays, le professeur Alexandre Tsankov ; la Ligue militaire savait quâun gouvernement militaire ne serait ni populaire en Bulgarie, ni acceptĂ© par ses voisins et vainqueurs.
Le coup dâĂtat est relativement bien acceptĂ© par la population, du fait du fossĂ© qui sâĂ©tait creusĂ© entre elle et le gouvernement agrarien. Il reçoit Ă©galement lâapprobation de nombreuses organisations et syndicats, mais Ă©trangement, pas celui du tsar Boris III de Bulgarie qui, pourtant, Ă©tait devenu le quasi-prisonnier dâAlexandre Stambolijski.
MalgrĂ© ce que put dire les Ăditions de Sofia de la pĂ©riode communiste, Boris III nâĂ©tait pas de connivence avec les putschistes. Alors que Tsankov se rend au palais de Vrana pour recevoir lâaval du tsar au coup dâĂtat, Boris III, ayant appris la nouvelle, sâisole pour rĂ©flĂ©chir de la situation. Ce nâest quâaprĂšs six heures dâattente que le tsar accepte de le recevoir afin que Tsankov lui expose les causes et les raisons du putsch. Mais Boris III refuse de soutenir le mouvement, soulignant que le coup porte atteinte aux prĂ©rogatives du chef de lâĂtat et quâil est dirigĂ© contre les prescriptions de la constitution. AprĂšs une longue discussion, Tsankov explique que son refus serait fatal pour la dynastie et que mĂȘme en cas de veto, le coup dâĂtat sera accompli. Boris III finit par cĂ©der et signe les dĂ©crets lĂ©gitimant le nouveau gouvernement. ImmĂ©diatement aprĂšs cela, le tsar ajoute : « Prenez toutes les mesures, Messieurs, pour que la vie de tous soit conservĂ©e. Nous ne devons pas verser une goutte de sang bulgare ! »
Quant au Premier ministre dĂ©chu, Alexandre Stambolijski, en vacances dans son village natal de Slavovitsa, il tente dâorganiser la rĂ©sistance mais, capturĂ©, il est torturĂ© et tuĂ© dâune maniĂšre rĂ©pugnante.
Les conséquences
Au lendemain de la chute des agrariens, le Parti Communiste Bulgare (PCB) est une des organisations qui condamnent le plus sĂ©vĂšrement le rĂ©gime de Stambolijski. En effet, les communistes sous ce dernier furent persĂ©cutĂ©s, du fait de leur diffĂ©rend sur la propriĂ©tĂ© privĂ©e que les agrariens soutenaient fermement. Mais la direction du Kominterm, Ă©tonnĂ©e par cette rĂ©action, accuse alors le PCB dâinertie et lui demande dây remĂ©dier. Suivant les conseils de Moscou, les communistes sâallieront avec les agrariens et fomenteront lâinsurrection du 23 septembre 1923.
Notes et références
- Organisation secrÚte nationaliste fondée par des officiers de réserve aprÚs la défaite de la Bulgarie en 1918 pendant la premiÚre guerre mondiale. Leur but s'émanciper des contraintes militaires imposées à la Bulgarie par le traité de Neuilly
Sources
- ASLANIAN Dimitrina, Histoire de la Bulgarie de lâAntiquitĂ© Ă nos jours. Ăditions Trimontium, 2e Ă©dition, Versailles, 2004. 510 p.
- NIKOLAEV N. P., La destinĂ©e tragique dâun roi. Ăditions Uppsala. 1952, 232 p.