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Conditionnement classique

Le conditionnement classique (aussi appelé conditionnement répondant, conditionnement de type I ou conditionnement pavlovien) est proposé par Ivan Pavlov en 1903[1]. La publication de son livre « Conditioned Reflexes: an Investigation of the Psysiological Activity of the Cerebral Cortex » en 1927 a laissé un impact majeur sur le développement de la psychologie.

Cette théorie s'intéresse aux résultats d'un apprentissage dû à l'association entre des stimuli de l'environnement et les réactions inconditionnelles de l'organisme. Cette notion de réaction non volontaire est le principal point qui la différencie du conditionnement opérant. À la suite des études de Pavlov, John Watson s'intéressa aussi à ce conditionnement. Il croyait que tous les comportements complexes étaient des chaînes de comportements conditionnés. L'apprentissage par conditionnement classique serait la cause de nombreuses phobies.

Concept

L'apprentissage pavlovien transforme les perceptions. Par conséquent, il transforme les réflexes ou (et) les émotions.

Cet apprentissage comporte 6 termes, 3 concernent les stimuli (abrégés par la lettre S), et 3 les réponses aux stimuli (abrégés par la lettre R).

(Note : stimuli est le pluriel de stimulus)

  • SN : stimulus neutre → RN : rĂ©ponse neutre (aucun rĂ©flexe, aucune Ă©motion)
  • SI : stimulus inconditionnel (inconditionnĂ©) → RI : rĂ©ponse inconditionnelle (inconditionnĂ©e) (rĂ©flexe ou Ă©motion attendus et appropriĂ©s ne nĂ©cessitant aucun apprentissage)

Apprentissage appelé conditionnement

  • SC = SN + SI : stimulus conditionnel (conditionnĂ©) formĂ© de deux stimuli: neutre + inconditionnel → RI : rĂ©ponse inconditionnelle (rĂ©flexe ou Ă©motion attendus et appropriĂ©s ne nĂ©cessitant aucun apprentissage) consĂ©cutive au stimulus inconditionnel

RĂ©sultat du conditionnement

  • SN : stimulus neutre → RC : rĂ©ponse conditionnelle provoquĂ©e par la mĂ©morisation de l'association avec l'autre stimulus.

C'est la réponse voulue du conditionnement classique.

Pavlov en déduit :

  • Avant conditionnement :
    • Stimulus neutre → RĂ©ponse neutre
    • Stimulus inconditionnel → RĂ©ponse inconditionnelle
    • Stimulus neutre + Stimulus inconditionnel (Stimuli conditionnels) → RĂ©ponse inconditionnelle
  • Après conditionnement :
    • Stimulus neutre → RĂ©ponse conditionnelle

Exemple

Le sucre provoque par automatisme, par réflexe, une libération d'insuline. Le cola (sans sucre) n'en provoque pas. Le conditionnement consiste à présenter ces deux substances ensemble, une libération d'insuline aura lieu à chaque fois.

Après répétition, le corps interprétera par un nouveau « réflexe », celui-ci appris (conditionné), à libérer de l'insuline avec du cola uniquement. Le corps, par apprentissage, aura associé le sucre au cola, et donc changé de comportement.

  • Cola (SN) → Pas de libĂ©ration d'insuline (RN)
  • Sucre (SI) → LibĂ©ration d'insuline (RI)
  • (SC) : Cola (SN) + Sucre (SI) → LibĂ©ration d'insuline (RI)
  • Cola (SN) → LibĂ©ration d'insuline (RC)

RĂ©flexe de Pavlov

Un des chiens de Pavlov au Pavlov Museum.

Explication des expériences

Le rĂ©flexe de Pavlov, souvent appelĂ© « conditionnement pavlovien », est un rĂ©flexe conditionnel mis en Ă©vidence par Ivan Petrovitch Pavlov.

Ă€ partir de 1889, le physiologiste Ivan Pavlov effectuait une recherche sur la salivation des chiens pour un programme de recherches sur la digestion. Pour ce faire, il pratiquait une incision dans la joue d’un chien et y insĂ©rait un tuyau qui rĂ©coltait la salive produite par la glande salivaire de l’animal. Ensuite, il mettait de la viande en poudre dans la gueule du chien et observait l’effet. Il remarqua qu’un chien qui revenait dans le laboratoire de recherches après plusieurs fois, se mettait Ă  saliver avant mĂŞme qu’on le nourrisse. Le chien salivait Ă  voir simplement la pièce, le plat oĂą on mettait la nourriture, la personne qui la lui donnait ou encore Ă  sentir l’odeur de la viande. Le chien anticipe : il associe la situation prĂ©sente Ă  la situation qui va suivre.

Pavlov vit dans ce phénomène la base de l’apprentissage et désigna ce phénomène par le nom de réflexe conditionnel (ou conditionné) ou réflexe de Pavlov. Par la suite, il se pencha sur cette découverte le reste de sa vie. Il élabora ainsi tout le concept du conditionnement répondant (qui ne fut appelé ainsi qu’à partir de Skinner).

Dans sa deuxième expérience sur le sujet, il présenta de la nourriture à un autre chien. Cette fois, le SI était la nourriture qui provoquait toujours la salivation du chien (RI). Conséquemment, Pavlov commença à faire un stimulus (SN) chaque fois qu’il se préparait à lui servir son repas. Après peu de temps, il réalisa que le chien salivait (RI ⇒ RC) dès qu’il entendait un stimulus (SN ⇒ SC) et ce, même dans un cas où il ne lui apportait pas la nourriture. Ce stimulus pouvait être des sifflets, des métronomes, des fourchettes qu'il faisait résonner, en plus des stimulus visuels habituels[2].

Pavlov a fait considérablement avancer les recherches sur les réflexes conditionnels. Ces réflexes peuvent s’apparenter à une réaction involontaire, non innée, provoquée par un signal sonore extérieur. Pavlov a développé la théorie selon laquelle les réactions acquises par apprentissage et habitude deviennent des réflexes lorsque le cerveau fait les liens entre le signal sonore et l’action qui suit.

Prônant la voie de l'expérimentation, il fut l'un des premiers scientifiques à imposer l'utilisation d'animaux intacts ou n'ayant subi que de faibles interventions.

Le rĂ©flexe de Pavlov a Ă©tĂ© dĂ©couvert en 2007 chez la blatte par deux chercheurs japonais[3]. Leur recherche dĂ©montre au passage que le glucose, dont l'action chimique sur le cerveau n'est plus Ă  dĂ©montrer (plaisir, association, etc.), pouvait aussi agir ailleurs que chez les mammifères.

D'après Joël Ignasse de Sciencesetavenir.fr, Pavlov aurait remarqué qu'au fil des générations, ses chiens auraient besoin de moins de séances de conditionnement pour se mettre à saliver en entendant le signal sonore[4].

Expérience de Watson

Peu après que le conditionnement classique ait été défini et théorisé par Pavlov, et avant la traduction anglaise en 1927 de ses travaux, Watson fit une expérience sur les comportements qui relevaient de ce type de conditionnement.

Watson avait tenté une expérience sur un jeune enfant, à une époque où les règles d'éthique n'étaient pas d'actualité en recherche en psychologie. C'est « l'expérience du Petit Albert ». Le psychologue avait d'abord présenté une petite souris blanche à l'enfant (SN). Jusqu'à ce moment, le garçon se réjouissait de la présence du petit animal. D'un autre côté, lorsque Watson frappait deux bâtons de métal ensemble (SI) afin de créer un son fort, celui-ci paniquait et se mettait à pleurer (RI).

Ainsi, lorsque le jeune garçon s'approchait pour jouer avec la souris blanche, Watson frappait les deux bâtons (SI) et l'enfant se mettait à pleurer (RI). En agissant de la sorte de façon fréquente et répétitive, Watson créait chez l'enfant une peur envers la (les) souris blanche(s). Après un certain temps, l'enfant craignait (RC) la souris blanche (SC) et pleurait (RC) lorsqu'elle s'approchait de lui. Watson put aussi constater qu'il était aussi devenu un SC pour l'enfant qui avait la même réaction face à lui. De plus, la peur que l'enfant avait de la souris blanche se généralisa autant envers les lapins blancs et les autres animaux à poil blanc mais aussi envers les manteaux de fourrure blanche.

Traitement des phobies

Il existe plusieurs techniques comportementales afin de traiter les phobies qui peuvent, entre autres, être le résultat d'un conditionnement classique. Soit :

  • Le contre-conditionnement : il est possible d’associer progressivement un stimulus conditionnel (SC) (dĂ©clenchant une rĂ©ponse conditionnelle (RC)) Ă  un nouveau stimulus dĂ©clenchant une rĂ©ponse incompatible ou opposĂ©e Ă  cette rĂ©ponse conditionnelle (RC).
  • DĂ©sensibilisation systĂ©matique : faire disparaĂ®tre graduellement la rĂ©ponse conditionnelle (RC) de peur en prĂ©sentant, au rythme de la personne, des reprĂ©sentations du stimulus conditionnel (SC), de la moins phobique Ă  la plus phobique.
  • Immersion : il s’agit d’affronter directement le stimulus conditionnel (SC).
  • Il existe dĂ©sormais les stimulus kinĂ©stĂ©siques qui consistent Ă  stimuler l'hĂ©misphère droit et l'hĂ©misphère gauche en simultanĂ© sur la base de l'EMDR. Une sĂ©ance suffit pour dĂ©sactiver le stimulus inconditionnel (SI). NĂ©anmoins, l'EMDR n'a pas fait preuve d'une efficacitĂ© scientifique.

Phénomènes liés au conditionnement classique

  • GĂ©nĂ©ralisation : la rĂ©ponse conditionnelle (RC) est non seulement obtenue avec un stimulus prĂ©cis, mais avec des Ă©lĂ©ments qui ont une certaine ressemblance avec ce stimulus conditionnel (SC).
  • Discrimination : la rĂ©ponse conditionnelle (RC) est obtenue dans une situation avec des stimuli bien spĂ©cifiques et ne l’est pas dans d’autres semblables.
  • Extinction : la rĂ©ponse conditionnelle (RC) peut diminuer et disparaĂ®tre lorsque le stimulus conditionnel (SC) est prĂ©sentĂ© trop souvent sans le stimulus inconditionnel (SI).
  • RĂ©cupĂ©ration spontanĂ©e : une rĂ©ponse conditionnelle (RC) rĂ©apparaĂ®t après une pĂ©riode d’extinction.
  • Acquisition : dans le conditionnement classique, l'acquisition reprĂ©sente le temps pendant lequel une première RC apparaĂ®t et augmente en frĂ©quence.

Chez les végétaux

Le conditionnement classique existerait également chez les plantes. En 2016, une équipe de chercheurs a publié une étude dans laquelle ils mettaient en évidence l'apprentissage par association chez le « petit pois »[5] - [6].

Lors de cette série d’expériences, les auteurs ont soumis des petits pois à deux types de stimuli, de la lumière et du vent. La lumière jouait le rôle de la nourriture (SI) et le vent celui du son (SN), relativement à l’expérience de Pavlov. Les plantes poussent vers la lumière (RI) alors que le flux du vent n'affecte pas la direction de la croissance. Les petits pois ont ensuite été cultivés dans des tubes présentant une bifurcation (appelés "labyrinthe en Y" par analogie aux outils utilisés pour l'étude du comportement animal). Une condition expérimentale consistait à associer plusieurs heures par jour lumière et vent dans l'un des bras du labyrinthe. Lorsque les petits pois arrivaient au point de bifurcation, ils étaient alors soumis uniquement au flux du vent dans l'un des bras. Les auteurs constatèrent que les pois ayant été entraînés à associer le vent et la lumière avaient tendance à croître préférentiellement dans le bras avec le vent. Les plantes non entraînées croissaient de manière aléatoire. Les auteurs en conclurent que les plantes possédaient une capacité d'apprentissage en associant une valeur prédictive au vent[5].

Si ces expériences suggéraient que les plantes possédaient une forme « d'esprit » non encore décrite et impliquaient donc de reconsidérer la distinction existant entre monde animal et végétal[7], une étude récente est venue nuancer ces conclusions[8]. Un autre chercheur n'est en effet pas parvenu à reproduire les résultats initiaux et ce bien que la taille des échantillons soit plus importante et que l’expérimentateur soit aveugle quant au statut expérimental des groupes testés[9].

Notes et références

  1. (en) Nobel Media AB, « Ivan Pavlov – Biographical », sur NobelPrize.org, (consulté le ).
  2. article de Pavlov en ligne et commenté, « Le réflexe conditionnel », sur Bibnum Education (consulté le ).
  3. Science et Vie - N°1079 - Août 2007.
  4. « La mémoire du danger transmise à la descendance chez les souris », sur Sciences et Avenir, .
  5. (en) Gagliano M, Vyazovskiy VV, Borbély AA, Grimonprez M et Depczynski M., « Learning by Association in Plants. », Sci Rep., vol. 6,‎ , p. 38427 (PMID 27910933, PMCID 5133544, DOI 10.1038/srep38427, lire en ligne Accès libre [PDF], consulté le )
  6. « Les plantes sont capables d’apprendre par association », Sciences et Avenir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Monica Gagliano, « The mind of plants: Thinking the unthinkable », Commun Integr Biol., vol. 10, no 2,‎ , e1288333 (PMCID 5398210, DOI 10.1080/19420889.2017.1288333, lire en ligne Accès libre [PDF], consulté le ).
  8. (en) « P(ea) is for Pavlov », eLife,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Markel K., « Lack of evidence for associative learning in pea plants. », Elife, vol. 9,‎ , e57614 (PMID 32573434, PMCID 7311169, DOI 10.7554/eLife.57614, lire en ligne Accès libre, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (fr) Le rĂ©flexe conditionnel, article de Pavlov en ligne et commentĂ© sur le site BibNum
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