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Compactata

Les Compactata sont un accord conclu entre une partie des Hussites et les négociateurs du Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome en 1436 dans lequel, pour la première fois l'église catholique reconnaissait l'existence en matière de religion d'un « double peuple » en Bohême.

Arrivée du messager tchèque au concile de Bâle, par Věnceslav Černý (en) (1865-1936).

Historique

De longues controverses permettent en 1420 à toutes les tendances hussites de fixer les points fondamentaux d'un programme : les « Quatre Articles » de Prague. Les hussites réclament[1] :

  • L'égalité de tous les participants à la messe et donc la communion sous les deux espèces : pain et vin. Avec le temps l'usage du calice prend la première place parmi les 4 articles.
  • L'interdiction et la punition de tous les péchés mortels et flagrants, donc des crimes comme des peccadilles.
  • La liberté de prêcher la parole de Dieu en langue populaire, en l'occurrence en tchèque.
  • Le rejet du pouvoir temporel des prêtres.

À partir de 1432 des dirigeants hussites acceptent après des entretiens préliminaires à Cheb de négocier avec des représentants du Concile qui se réunit à Bâle. Le , la décisive bataille de Lipany voit la défaite des Taborites et des « Orphelins »[2] face aux autres « hussites modérés » et pragois du futur archevêque non reconnu Jean de Rokycana, alliés temporairement aux catholiques.

Les négociations entre les hussites et les délégués de Bâle se poursuivent encore pendant deux ans. Elles aboutissent finalement le 29 février 1436 sur l'adoption des « articles de Prague » aménagés par les représentants du concile de Bâle. Le 5 juillet 1436 sont proclamés à Jihlava les « Compactata » que Sigismond de Luxembourg reconnait par serment. L'accord prévoit d'autoriser la communion sous les deux espèces et sous une forme atténuée les trois autres articles (par exemple la lecture en tchèque de l’épître et de l’Évangile) dans le royaume de Bohême et le margraviat de Moravie, pour les seuls Hussites[3].

À partir de 1448, Georges de Poděbrady, administrateur du royaume, puis régent et enfin roi de Bohême en 1458 sous le nom de Georges de Bohême, tente d'organiser sur cette base une coexistence pacifique entre les catholiques et les utraquistes dans le royaume. Toutefois le pape Pie II dénonce les Compactata le sous le prétexte que la papauté n'avait jamais reconnu l'accord de Jihlava. Son successeur Paul II jette en l'anathème sur le roi Georges de Bohême, qu'il déclare déchu de son royaume. Le roi de Bohême réussit à vaincre les catholiques de l'Union de Zelená Hora en 1467 et même à repousser au printemps 1468 son ancien gendre et allié Matthias Corvin, qui, bien que vaincu dans les Monts Métallifères slovaques en , se fait élire roi de Bohême par les catholiques de Moravie à Olomouc le [4]. La mort de Georges de Bohème le et l'accession au trône du catholique Vladislas IV de Bohême, fils du roi Casimir IV de Pologne, permet de mettre fin au conflit.

Notes et références

  1. D'après « Jan Hus (1369-1415) et les guerres hussites (1419-1436) », sur Musée protestant (consulté le )
  2. Une faction hussiste extrémiste qui s'était nommée ainsi après la mort de Jan Žižka.
  3. Bělina, Čornej et Pokorný 1995, p. 137.
  4. Bělina, Čornej et Pokorný 1995, p. 142-144.

Bibliographie

  • Jörg K. Hoensch, Histoire de la Bohême, Paris, Payot, (ISBN 2-228-88922-9)
  • Pavel Bělina, Petr Čornej et Jiří Pokorný, Histoire des Pays tchèques, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire » (no U 191), (ISBN 2020208105)

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