AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Commission Moisan

La commission Moisan est une enquĂȘte instituĂ©e par le Directeur gĂ©nĂ©ral des Ă©lections du QuĂ©bec pour faire la lumiĂšre sur certaines allĂ©gations de financement illĂ©gal de partis politiques actifs sur la scĂšne quĂ©bĂ©coise. DirigĂ©e par le juge Ă  la retraite Jean Moisan[1] - [note 1], elle fait suite aux rĂ©vĂ©lations de Jean Brault devant la Commission Gomery.

La commission Moisan a conclu que certaines contributions totalisant 96 400 dollars ($) avaient Ă©tĂ© versĂ©es au Parti quĂ©bĂ©cois par des personnes associĂ©es au groupe Groupaction entre 1995 et 2000[2]. Les conclusions de Me Moisan ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es Ă  plusieurs reprises par le chef du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec Jean Charest lors des dĂ©bats des chefs de la campagne Ă©lectorale de 2012 du QuĂ©bec[3].

Contexte

La crĂ©ation de la Commission Moisan fait suite au tĂ©moignage de Jean Brault, prĂ©sident de la firme de publicitĂ© Groupaction, devant la commission d'enquĂȘte Gomery en avril 2005. Lors de sa comparution, M. Brault a affirmĂ© devant le commissaire que sa sociĂ©tĂ© avait fait d'importantes contributions au Parti quĂ©bĂ©cois par l'entremise de son personnel[4].

Bien que son tĂ©moignage de six jours Ă  la commission ait surtout portĂ© sur les contributions de son entreprise au Parti libĂ©ral du Canada en Ă©change de contrats d'une valeur de plus de 60 millions de dollars entre 1996 et 2002, M. Brault a aussi indiquĂ© qu'il avait contribuĂ© Ă  la caisse des partis politiques actifs sur la scĂšne quĂ©bĂ©coise. Le prĂ©sident de Groupaction a ainsi indiquĂ© qu'il avait versĂ© 50 000 dollars au groupe de publicitĂ© Everest en 1998 afin d'aider la campagne du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec par un systĂšme de fausses factures en plus de tĂ©moigner que sa firme avait versĂ© 100 000 dollars en deux ans au Parti quĂ©bĂ©cois, en utilisant 17 employĂ©s comme prĂȘte-noms[5].

Les allĂ©gations de M. Brault sur le financement du Parti quĂ©bĂ©cois ont Ă©tĂ© confirmĂ©s par Alain Renaud, dĂ©marcheur pour le compte de la mĂȘme sociĂ©tĂ©[4]. M. Renaud, ancien membre de la commission des finances du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec entre 1996 et 1999, avait affirmĂ© dans des entrevues aux mĂ©dias que le Parti quĂ©bĂ©cois avait reçu 100 000 dollars Ă  la fin des annĂ©es 1990 afin de conserver un contrat de publicitĂ© de la SociĂ©tĂ© des alcools du QuĂ©bec d'une valeur de 4 millions de dollars. MalgrĂ© tout, Groupaction, qui dĂ©tenait le mandat depuis 1989, a perdu le contrat aprĂšs un appel d'offres en 1998[6].

EnquĂȘte

La crĂ©ation de la commission d'enquĂȘte a Ă©tĂ© annoncĂ©e le 29 novembre 2005 par le Directeur gĂ©nĂ©ral des Ă©lections du QuĂ©bec, Me Marcel Blanchet. Le commissaire enquĂȘteur, Me Jean Moisan, s'est vu confier le mandat de faire la lumiĂšre sur des allĂ©gations de contravention Ă  la loi Ă©lectorale quĂ©bĂ©coise de « bĂ©nĂ©ficiaires des commandites dĂ©couvertes Ă  l'occasion des recherches » et de formuler des recommandations afin d'Ă©viter des situations semblables, dans le but « de maintenir la confiance du public dans le processus Ă©lectoral»[4].

Le mandat du commissaire enquĂȘteur, qui devait prendre fin le 31 mars 2006, a Ă©tĂ© prolongĂ© de deux mois. Pendant son enquĂȘte, Me Moisan et son Ă©quipe d'enquĂȘteurs ont rencontrĂ© 42 personnes qui ont tĂ©moignĂ© oralement ou par Ă©crit. 14 personnes ont dĂ©posĂ© en sĂ©ance d'audition. Me Moisan a Ă©galement obtenu copie de diffĂ©rents Ă©crits en relations avec son mandat en plus d'une copie de la documentation rendue publique par la Commission Gomery[4].

Conclusions et recommandations

Allégations de Jean Brault

Dans sa conclusion, Me Moisan confirme que Groupaction a versĂ© 94 600 $ au Parti quĂ©bĂ©cois et 8 325 $ au Parti libĂ©ral du QuĂ©bec. Dans le cas du Parti quĂ©bĂ©cois, la commission juge que le parti Ă©tait au courant de ces actions et qu'« il fermait les yeux ». Dans le cas du Parti libĂ©ral, le rapport indique que « rien ne permet d'Ă©tablir que le parti connaissait cette situation ». Par ailleurs, l'enquĂȘte n'a pu confirmer les allĂ©gations selon lesquelles la campagne de Jean Charest dans la circonscription de Sherbrooke aurait reçu 50 000 dollars de Groupaction en 1998[7].

RĂ©forme du financement

Me Moisan fait neuf recommandations afin d'amĂ©liorer la transparence du systĂšme. permettre aux personnes morales de financer les partis politiques et de fixer la contribution maximale annuelle Ă  15 000 dollars et que ces contributions soient versĂ©es aux partis politiques au prorata des votes obtenus lors de l'Ă©lection prĂ©cĂ©dente; de hausser la limite des contributions Ă  5 000 dollars et d'augmenter le crĂ©dit d'impĂŽt Ă  75 % de 700 dollars d'exiger que chaque contribution soit accompagnĂ©e d'une dĂ©claration signĂ©e du donateur Ă©tablissant que ce don ne sera pas remboursĂ© par qui que ce soit ; que ces contributions soient envoyĂ©es aux partis par la poste ; que chaque donateur indique le nom de son employeur ; d'intensifier les enquĂȘtes, d'augmenter les amendes et de standardiser les rapports qui doivent ĂȘtre transmis par les partis au directeur gĂ©nĂ©ral des Ă©lections[8].

RĂ©actions politiques

Le chef du Parti quĂ©bĂ©cois, AndrĂ© Boisclair, n'a reconnu aucune faute de la part de sa formation politique, ajoutant toutefois que le parti rembourserait la totalitĂ© des contributions jugĂ©es illĂ©gales. « Nous ne voulons d'aucune façon ĂȘtre associĂ©s Ă  cette firme, Ă  M. Jean Brault et ses acolytes » a-t-il affirmĂ©. Il a par ailleurs ajoutĂ© que le PQ et son chef d'alors, Lucien Bouchard, n'Ă©taient pas au courant de cette pratique, qu'il a condamnĂ©e[3].

Le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, a exigé du Parti québécois l'exclusion des personnes impliquées dans l'opération, ajoutant que le remboursement des contributions illégales était un geste symbolique. « Le PQ a gagné des comtés, a vécu des succÚs électoraux avec de l'argent sale, et ça, ça ne se rembourse pas »[3].

Notes et références

Notes

  1. Nommé juge à la Cour supérieure du Québec en 1975.

Références

  1. Le Devoir, « En bref: EnquĂȘte sur le volet quĂ©bĂ©cois », Le Devoir, MontrĂ©al,‎ (lire en ligne)
  2. Kathleen LĂ©vesque, « Rapport Moisan - Le PQ a sciemment fermĂ© les yeux », Le Devoir, MontrĂ©al,‎ (lire en ligne)
  3. Jean-François Cliche, « Le rapport Moisan: un scandale qui fait encore des vagues », Le Soleil, QuĂ©bec,‎ (lire en ligne)
  4. Moisan 2006, p. 2
  5. Brian Myles, « Le tĂ©moignage de Jean Brault », Le Devoir, MontrĂ©al,‎ (lire en ligne)
  6. Tommy Chouinard, « Commission Gomery: des remous jusqu'Ă  QuĂ©bec », Le Devoir, MontrĂ©al,‎ (lire en ligne)
  7. Moisan 2006, p. 21
  8. Moisan 2006, p. 21-22

Bibliographie

  • Jean Moisan, Rapport: Commission d'enquĂȘte, QuĂ©bec, Directeur gĂ©nĂ©ral des Ă©lections du QuĂ©bec, , 23 p. (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Rapport Moisan dans le site du Directeur gĂ©nĂ©ral des Ă©lections du QuĂ©bec.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.