Commission Agranat
La Commission Agranat, du nom de son président Shimon Agranat, est la commission créée par l'état israélien afin d'enquêter sur les manquements des Forces de défense d'Israël (Israel Defense Forces ou IDF) à la suite des attaques égyptiennes et syriennes en ayant mené à la guerre du Kippour.
La guerre du Kippour
Le , profitant de la période fériée pour les juifs du Yom Kippour, l'Égypte et la Syrie lancent une attaque coordonnée contre Israël. Les forces égyptiennes traversent le canal de Suez afin d'établir des têtes de pont sur la rive Est dans le but à terme de reprendre le Sinaï, conquis par les Israéliens lors de la guerre des Six Jours. Les forces syriennes quant à elles lancent une attaque sur le plateau du Golan, territoire syrien occupé militairement depuis par l'État hébreu. Les forces israéliennes, mal renseignées sur les intentions des deux pays arabes avant le déclenchement des hostilités, ne sont pas préparées à ces attaques soudaines et furent complètement débordées, notamment dans le Sinaï où les forces égyptiennes balayèrent les défenses de la ligne Bar-Lev, censées protéger Israël d'une attaque par le canal. S'ensuivirent des contre-attaques des deux côtés, la Résolution 338 de l'ONU et l'intervention des super-puissances américaine et soviétique pour mettre fin au conflit. L'Égypte signera en 1978 les accords de Camp David avec les Israéliens, en récupérant par la même le Sinaï, mettant ainsi un terme officiel aux tensions entre les deux nations.
Composition de la commission
La commission était composée de 5 membres. Elle fut présidée par le juge Shimon Agranat, alors président de la Cour suprême d'Israël. Ses autres membres étaient le juge Moshé Landau, le contrôleur de l’État Itshak Neventsal et les chefs de l’état major à la retraite Haïm Laskov et Ygal Yadin.
Rapport
- La commission rend un premier rapport intermédiaire en . Celui-ci met en cause uniquement les renseignements et les militaires israéliens. Il est précisé que le Renseignement pensait que l'Égypte attaquerait Israël dès qu'elle aurait acquis une supériorité aérienne incontestable sur les Israéliens[1]. Et la Syrie elle n'attaquerait que si l'Égypte le faisait aussi. L'Égypte n'ayant pas donné de signe outre mesure d'une augmentation de ses capacités militaires, le Mossad n'a pas jugé qu'un danger imminent menaçait l'État hébreu. Le rapport recommande aussi la démission de responsables militaires, à savoir le chef d'état-major David Elazar, du responsable du Commandement Sud, le major-général Shmuel Gonen, ainsi que d'autres officiers et responsables du renseignement israélien. La commission par contre ne met pas en cause le ministre de la Défense Moshe Dayan ou le Premier ministre de l'époque Golda Meir[2].
- Un deuxième rapport intermédiaire est publié en . Il contient alors 400 pages et seule l'introduction est rendue publique. Il contient des témoignages additionnels non disponibles dans le premier rapport[2].
- Le rapport final remis en est composé de 1 500 pages, dont seulement une quarantaine est rendue publique, le reste étant placé sous le sceau du secret défense. Yitzhak Rabin autorise la diffusion publique d'une grande partie du document en 1995 hormis 48 pages jugées encore trop sensibles pour la sécurité d'Israël[2]. La totalité est finalement rendue publique en 2005 par un vote de la Knesset[3].
Critiques
Le rapport de la commission a été très critiqué par l'opinion publique israélienne à sa sortie, car ne mettant en cause que des responsables militaires et du renseignement, tout en omettant les responsabilités des politiques, comme celle du ministre de la Défense Moshe Dayan ou le Premier ministre de l'époque Golda Meir[2]. Toutefois, devant la crise de confiance du public vis-à-vis de ses dirigeants politiques à la suite du rapport, Golda Meir se trouva dans une situation inconfortable et démissionna de son poste le , laissant la place à un nouveau gouvernement emmené par Yitzhak Rabin. Quant à Moshe Dayan, il ne fut pas reconduit dans le nouveau gouvernement[2].