Commanderie de Barletta
Maison du Temple de Barletta
Commanderie de Barletta | |
Présentation | |
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Fondation | 1169 |
Géographie | |
Pays | Italie |
Région | Pouilles |
Province | Barletta-Andria-Trani |
Ville | Barletta |
Géolocalisation | |
Coordonnées | 41° 19′ 00″ nord, 16° 17′ 00″ est |
La commanderie de Barletta est une commanderie templière. Il s'agissait de la principale commanderie de cet ordre militaire dans la région des Pouilles
Emplacement
La localisation exacte de cette commanderie est incertaine.
Pour la plupart des historiens, son siège se trouvait à l'emplacement de l'église Sainte-Marie-Madeleine[1]. Cette église, contiguë de la basilique Saint-Dominique, fut détruite peu après 1531 après avoir été confiée aux dominicains qui préférèrent agrandir la basilique[2].
Les templiers possédaient également l'église Saint-Léonard à l'extérieur de la ville et une thèse publié en 2002 par Oronzo Cilli avance l'hypothèse qu'il s'agissait du siège de la commanderie et que l'ancienne église Sainte-Marie-Madeleine (intra-muros) avait été donnée aux chanoines réguliers du Saint-Sépulcre de Jérusalem et non aux templiers[3]. Depuis, d'autres historiens ont également remis en cause cette attribution[4] - [5] - [6].
L'église Saint-Léonard, qui se trouvait à proximité de l'ancien port, fut également détruite en 1528 par Renzo di Ceri et son emplacement exact n'est pas connu[2].
Les hospitaliers étaient installés à Barletta où ils établirent un prieuré avant les templiers. Les teutoniques, qui y étaient également implantés, profitèrent largement de la confiscation des biens hospitaliers et templiers par Frédéric II du Saint-Empire en 1229[7]. Contrairement à ce qui s'est généralement produit lors de la dévolution des biens de l'ordre du Temple, l'église Sainte-Marie-Madeleine ne passa pas entre les mains des hospitaliers[2], alors que ce fut bien le cas pour l'église Saint-Léonard[8] - [N 1].
Histoire
L'ordre du Temple semble présent à Barletta à partir de 1158 mais son expansion ne débuta vraiment qu'en 1169 avec le don de l'église Sainte-Marie-Madeleine par Bertrand, archevêque de Trani[N 2]. Cette donation fut faite en présence des frères templiers Richard et Rainier, le premier précepteur attesté étant frère Guillaume[9].
Initialement, il s'agissait d'un hospice destiné à accueillir les pèlerins mais la tenue en 1196 d'un chapitre atteste l'importance prise par cet établissement avant la fin du XIIe siècle. Cette maison était devenue alors le chef-lieu (commanderie principale, baillie) des templiers dans la terre de Bari. En 1200, cette maison est mentionnée officiellement dans un document concernant la reddition de la ville de Canne[9].
L'expansion des templiers dans les Pouilles s'intensifia et cette commanderie devint au XIIIe siècle le chef-lieu de la province des Pouilles et le lieu de résidence des maîtres de la province. Barletta était également avec Brindisi l'un des principaux ports qui leur permettait d'envoyer des ressources en Terre sainte et le précepteur de cette maison avait pour principale charge de gérer l'acheminement de ces marchandises et notamment leur mainlevée vis-à-vis du royaume de Sicile[9].
Cette commanderie avait de nombreuses dépendances y compris jusqu'en Basilicate et en Calabre et dont voici une liste non exhaustive[9]:
- Une maison à Trani donnée en 1278 par Andrea Strino di Barletta.
- Une maison à Alberona et un droit de pâturage à Tora attestés en 1282.
- L'église Saint-Nicolas à Melfi qui apparaît dans un inventaire demandé par Robert d'Anjou en 1308.
- La maison du Temple d'Alibrando di Melfi et son vignoble.
- La maison du Temple de Lavello qui comprenait également un vignoble et de nombreuses terres.
- Un vignoble à Venosa
À la suite des vêpres siciliennes, les templiers de Barletta étendirent leur influence vers le royaume de Naples et leur position fut renforcée par le passage sous domination aragonaise du royaume de Sicile[N 3].
L'arrestation des templiers à Barletta n'est intervenue qu'en mars 1308 et leur procès ne se tint à Brindisi qu'à partir de mai 1310[9].
Commandeurs
Il faut distinguer le commandeur (précepteur) de la maison de Barletta des maîtres de la province des Pouilles dont le lieu de résidence fut, tout au moins au XIIIe siècle, à Barletta.
Commandeur | Période | Commentaires |
---|---|---|
frère Guillaume | 1169 [2] | Commandeur de Sainte-Marie-Madeleine |
fr. Pierre de Saint-Grégoire | 1196 [2] | Commandeur de Saint-Léonard |
fr. Giovanni Salvagio da Genova | 1202 [10] - [11] | Commandeur de Barletta Commandeur de Ruvo (1204)[12] |
fr. Pietro Catalmo | 1256 [11] | Commandeur de Barletta |
fr. Sabino | 1271 [13] - [14] | Maître de Barletta |
Guillaume de Beaujeu | 1272-1273 | Maître de la province du royaume de Sicile et des Pouilles |
fr. Arnoul de Ursumali, « de Wisemale » | 1274 | Commandeur de Barletta ou commandeur de la baillie des Pouilles ?. Il n'était pas maître de la province du royaume de Sicile[N 4] |
fr. Pierre de Griffier | 1275 [16] | Commandeur de Barletta, originaire d'Auvergne[N 5]. |
fr. Pietro de Genua | 1279 [17] | Commandeur de Barletta |
fr Guillaume de Barolo | 1303 [2] | Commandeur de Barletta |
Notes et références
Notes
- Constat qui permet d'étayer l'hypothèse soulevée par Oronzo Cilli.
- Cette date pourrait être remise en cause si l'hypothèse d'Oronzo Cilli s'avérait exacte.
- Les templiers bénéficiaient d'une forte légitimité auprès de la couronne d'Aragon grâce à leur participation active dans la reconquista.
- N'a pas de titre exact dans la charte où il apparaît[15], cité également en 1271. L'historien Alain Demurger pense qu'il était maître des Pouilles et qu'il s'agit du dignitaire que l'on retrouve ensuite à la cour du roi de France, cf. Alain Demurger, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (1re éd. 2005), 664 p., poche (ISBN 978-2-7578-1122-1), p. 334. Peut-être simplement de passage pour acheminer des vivres à Acre.
- (la) Petrus de Griferio. Il a reçu dans l'ordre le frère Guillaume d'Avril, auvergnat également en ce lieu cette année là. cf. (en) Helen J. Nicholson, The Proceedings Against the Templars in the British Isles, vol. 2, Ashgate Publishing, Ltd., , 653 p. (lire en ligne), p. 31, 171. Voir aussi (la) Jules Michelet, Procès des Templiers, vol. 2, Imprimerie royale, (lire en ligne), p. 236-237.
Références
- (it) Chiesa Santa Maria Maddalena (Notice de l'institut des technologies de la construction, organisme rattaché au Conseil national de la recherche).
- Ricci 2009
- Cilli 2002
- Houben 2002, p. 259
- (it) Hubert Houben, Pellegrinaggio e Kulturtransfer nel Medioevo europeo : atti del 1° Seminario di studio dei Dottorati di ricerca di ambito medievistico delle Università di Lecce e di Erlangen, Lecce, 2-3 maggio 2003, Congedo, , 171 p. (présentation en ligne), p. 21
- (it) Belli d'Elia, « Segni e immagini delle Crociate nel Mezzogiorno-Svevo », dans Giosuè Musca, Il Mezzogiorno normanno-svevo e le crociate : atti delle quattordicesime giornate normanno-sveve, Bari, 17-20 ottobre 2000, vol. 14, Edizioni Dedalo, coll. « Atti del Centro di studi normanno-svevi dell'Università degli studi di Bari », , 417 p. (ISBN 978-8-8220-4160-9, lire en ligne), p. 346-347
- Jean Richard, « Le Midi italien vu par les pèlerins et les chroniqueurs de Terre Sainte », dans Giosuè Musca, Il Mezzogiorno normanno-svevo vista dall'Europa de dal mondo mediterraneo : atti delle tredicesime giornate normanno-sveve, Bari, 21-24 ottobre 1997, vol. 13, Edizioni Dedalo, coll. « Atti del Centro di studi normanno-svevi dell'Università degli studi di Bari », , 372 p. (ISBN 978-8-8220-4157-9, lire en ligne), p. 356
- (it) Enzo Coli, Maria De Marco et Francesco Tommasi, Militia sacra : gli ordini militari tra Europa e Terrasanta, Società Ed. S. Bevignate, , 248 p. (lire en ligne), p. 171
- (it) Vito Ricci, « La presenza dei Templari nelle province Pugliesi - Terra di Bari », dans I Templari nella Puglia Medievale, mondimedievali.net, (lire en ligne)
- (en) Elena Bellomo, The Templar order in north-west Italy (1142-c.1330), Leiden /Boston, Brill, , 464 p. (ISBN 978-90-04-16364-5, lire en ligne), p. 252
- (it) Cristian Guzzo, Templari in Sicilia : la storia e le sue fonti tra Federico II e Roberto d'Angiò, vol. 2, Name, coll. « Insigna e arma », , 122 p. (ISBN 978-88-87298-58-1, présentation en ligne), p. 45
- Bellomo 2008, p. 374 ; Guzzo 2003, p. 95 (note 67)
- Bagnarini et Guzzo 2008, p. 127
- (it) Riccardo Filangieri, I registri della Cancelleria angioina, vol. 7, L'Accademia Pontaniana, (présentation en ligne), p. 45 (note 198)
- (it) Riccardo Filangieri, I registri della Cancelleria angioina, vol. 11, L'Accademia Pontaniana, (présentation en ligne), p. 122, 136
- Marcellin Boudet, Dans les montagnes d'Auvergne de 1260 à 1325, E. Bancharel, , 219 p. (présentation en ligne), p. 125
- Bellomo 2008, p. 379
Annexes
Bibliographie
- (it) Nadia Bagnarini et Cristian Guzzo, I templari nell'Italia centro-meridionale : storia ed architettura, Tuscania, Penne e papiri, , 206 p. (ISBN 978-88-89336-35-9, présentation en ligne)
- (it) Bianca Capone, Loredana Imperio et Enzo Valentini, Guida all'Italia dei Templari : gli insediamenti templari in Italia, Edizioni Mediterranee, , 327 p. (ISBN 978-88-272-1201-1, lire en ligne), p. 239-258
- (it) Bianca Capone, Loredana Imperio et Enzo Valentini, Italia Templare : guida agli insediamenti dell'ordine del tempio in Italia, Edizioni Mediterranee, , 244 p. (ISBN 978-88-272-2126-6)
- (it) Oronzo Cilli, I Templari a Barletta : Nuove acquisizioni, CRSEC Puglia,
- (it) Hubert Houben, « Templari e Teutonici nel Mezzogiorno normanno-svevo », dans Giosuè Musca, Il Mezzogiorno normanno-svevo e le crociate : atti delle quattordicesime giornate normanno-sveve, Bari, 17-20 ottobre 2000, vol. 14, Edizioni Dedalo, coll. « Atti del Centro di studi normanno-svevi dell'Università degli studi di Bari », , 417 p. (ISBN 978-8-8220-4160-9, lire en ligne), p. 251-288
- (it) Vito Ricci, I templari nella Puglia medievale, Bari, Edizioni Dal Sud, , 144 p. (ISBN 978-88-7553-046-4, présentation en ligne)