Columbia (houblon)
Le Columbia est une variété américaine de houblon (Humulus lupulus) ; destiné à la production de bière, avec un profil plutôt aromatique[2], il n’a jamais été commercialisé. Il est également connu sous le code international CBA[3] (ou CB[2]), ainsi que sous son identifiant de développement 6761-61, et celui de commercialisation USDA 21040 — où « USDA » désigne le département américain de l’Agriculture qui a rendu la variété publique en 1975-1976.
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Historique
Contexte et origines
Après la fin de la Prohibition américaine en 1933, le département américain de l’Agriculture (USDA) rétablit un programme de sélection du houblon[N 1] au campus de Corvallis du Oregon State College[4], historiquement consacré à l’agriculture et future université d’État de l’Oregon (OSU).
Les brasseries importent alors des houblons aromatiques « nobles » européens[5], bon marché, utilisant le Cluster pour amériser. Les recherches de l’USDA visent donc, outre la lutte contre certains parasites, à développer des variétés locales plus aromatiques[4], ou au meilleur rendement.
Anheuser-Busch en 1967
En 1967, l’entreprise Anheuser-Busch, plus gros brasseur américain[6], demande dans ce contexte à Alfred Haunold, nouveau directeur du département américain de l’Agriculture, de développer une variété de remplacement du Fuggle (nl) britannique[7] ; l’objectif est notamment d’obtenir une variété avec un meilleur rendement dans les champs des États du Nord-Ouest[7] (le Fuggle étant l’une des principales variétés cultivées là alors, avec le Brewer’s Gold[8]), et de contourner les difficultés d’importation du Fuggle depuis le Royaume-Uni (ou des plants de Yougoslavie, devenus le Styrian de Slovénie)[8].
Columbia et Willamette
Le croisement no 6761, entre du Fuggle tétraploïde et du Fuggle historique diploïde, est réalisé dès 1967[9], et la sélection de plusieurs variétés en 1969[9]. En 1975, six cultivars sont présentés[8]. Le Columbia, alors connu comme 6761-61, est plébiscité par le groupe de test, mais le choix du brasseur en chef d’Anheuser-Busch, Frank Schwaiger, se porte sur le cultivar 6761-117, qui deviendra le très important Willamette (nl)[7] - [8] - [N 2]. Les quelques surfaces de test du Columbia, dont surtout un petit hectare (2 acres[9]) planté par Goschie Farms dans la vallée de la Willamette[10], sont détruites dans la foulée[8].
Columbia et Meridian
En 2006, Anheuser-Busch recontacte Goschie Farms pour faire des tests avec différentes variétés de houblons, dont le Columbia ; une petite surface est replantée[8]. Mais la vente d’Anheuser-Busch à InBev en 2008 entraîne l’abandon de l’expérimentation, et de fait la destruction des plants[8].
Le groupe Indie Hops est intéressé par la variété[8] ; et Goschie Farms garde des rhizomes sous l’identifiant W12244[11]. Une culture est lancée et commercialisée en 2011, mais il est découvert qu’il ne s’agit pas de Columbia[11], mais d’un croisement sauvage. La variété est baptisée Meridian[12] - [13].
Caractéristiques
Du fait de son historique, les caractéristiques connues du Columbia sont celles qui ont été publiées à son enregistrement.
Amertume et conservation
Mesure | Min. | Moy. | Max. |
---|---|---|---|
Acides alpha | 6,8 % | 8,8 % | 11,5 % |
Acides bĂŞta | 2,9 % | 4,0 % | 5,6 % |
La variété a un taux moyen de cohumulone, autour de 40 % des acides alpha générés[14] ; cet acide alpha est tenu usuellement responsable d’une amertume « dure », et son taux varie selon les variétés d’environ 20 % à 65 %.
Le Columbia a été considéré comme très facile à stocker[14], plus que le Willamette (nl)[15]. Le rapport des acides alpha par bêta, largement supérieur à 1, indique une certaine perte d’amertume avec le vieillissement de la bière.
ArĂ´mes
Huile | Moy. |
---|---|
Myrcène | 54,6 % |
Humulène | 16,7 % |
Caryophyllène | 7,3 % |
Farnésène | 4,1 % |
Autres | 17,3 % |
L’arôme du Columbia est plutôt terreux[1] et fruité[1], proche de celui de son parent le Fuggle (nl)[14] ou de sa variété sœur le Willamette (nl). Son taux d’humulène (16,7 % en moyenne) avoisine celui des houblons « nobles » européens.
Le ratio entre humulène et caryophyllène n’est en moyenne que de 2,26[14] (donc inférieur à celui du Willamette (nl), de 2,89[15]) ; ce ratio est souvent jugé important pour l’aromatique, notamment pour un côté floral ou herbeux[16].
Culture et résistances
La variété arrive à maturité entre milieu et fin de saison[14], un peu après le Willamette (nl)[15]. Les cônes sont plutôt petits, et les feuilles vert foncé[14]. Le Columbia est considéré comme vigoureux[14], et ayant un bon rendement[14].
Les tests ont montré qu’il était (comme le Willamette (nl)[15]) résistant au mildiou[14] et plutôt résistant à la verticilliose[9], et aucune infection aux virus des taches annulaires[14] et de la mosaïque du houblon[14] n’a été répertoriée alors.
Bibliographie
- (en) Alfred Haunold, S. T. Likens et C. E. Horner, 1975 Annual Report : Hop Breeding, Genetics, Chemistry and Pathology [« Rapport annuel de 1975 : Sélection, génétique, chimie et pathologies du houblon »], (lire en ligne). Notons que le lecteur de document semble avoir un souci, donc il faut télécharger le fichier pour le lire correctement.
- (en) Alfred Haunold, S. T. Likens et C. E. Horner, 1976 Annual Report : Hop Breeding, Genetics, Chemistry and Pathology [« Rapport annuel de 1976 : Sélection, génétique, chimie et pathologies du houblon »], (lire en ligne).
Notes et références
Notes
- Le programme sera rattaché au service de Recherches agricoles (ARS) à sa création en 1953.
- Les noms des deux houblons proviennent de cours d’eau de la région[8] : le Columbia est le fleuve dans lequel se jette la Willamette.
Références
- (en) « Hop flavour guide » [« Guide des flaveurs de houblons »], sur abouthops.com (consulté le ).
- (en) « Columbia », sur abouthops.com (consulté le ).
- (en) « Columbia Hop » [« Houblon Columbia »], sur beermaverick.com (consulté le ).
- (en) Roger Worthington, « Cascade : How Adolph Coors helped launch the most popular US Aroma Hop and the craft beer revolution » [« Cascade : Comment Adolph Coors a participé au lancement du houblon aromatique américain le plus populaire et à la révolution des bières craft »], sur inhoppursuit.blogspot.com, (consulté le ).
- (en) Nick Carr, « Cascade Hops : The Variety that Launched a Craft Beer Revolution » [« Le houblon Cascade : la variété qui a lancé la révolution des bières craft »], sur learn.kegerator.com, (consulté le ).
- Haunold, Likens et Horner 1976, p. 16.
- (en) Nick Carr, « How to Grow & Brew Willamette Hops : History of Willamette Hops » [« Comment faire pousser et brasser du houblon Willamette : Historique du houblon Willamette »], sur kegerator.com, (consulté le ).
- (en) Roger Worthington, « HopTalk with Hopmeister Al Haunold, Part VIII : If You Like Willamette, You’re Going to Love its Forgotten Sister, Columbia » [« Échange avec le maître brassicole Alfred Haunold, partie 8 : Si vous aimez le Willamette, vous allez adorer sa variété sœur oubliée, le Columbia »], sur inhoppursuit.blogspot.com, (consulté le ).
- (en) Notice of Release of the New Hop Variety Columbia [« Notice de publication de la nouvelle variété de houblon Columbia »], , reproduite dans Haunold, Likens et Horner 1976, p. 83-85.
- Haunold, Likens et Horner 1977, p. 33.
- (en) Nick Carr, « Meridian: The Mistaken Hop » [« Meridian : erreur sur le houblon »], sur kegerator.com, (consulté le ).
- (en) « Meridian® (from cultivar W12244) » [« Meridian (du cultivar W12244) »], sur crosbyhops.com (consulté le ).
- (en) « Meridian », sur indiehops (consulté le ) : « Meridian was an accident of propagation–we thought we were propagating USDA variety Columbia, but ended up with a rogue seedling. » (« Le Meridian a été une erreur de propagation : nous pensions avoir planté la variété Columbia de l’USDA, mais c’était en fait un houblon sauvage. »)
- (en) « 21040 », sur ars.usda.gov (consulté le ).
- (en) « 21041 », sur ars.usda.gov (consulté le ).
- (en) Thomas Shellhammer, « Humulene » [« Humulène »], sur beerandbrewing.com (consulté le ).