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Colonne de distillation Ă  bande tournante

Une colonne de distillation à bande tournante est un dispositif permettant de séparer par distillation des produits dont les températures d'ébullition sont proches. Son principe est d'avoir (à la place des pointes d'une colonne de Vigreux, des garnitures de colonne, ou des plateaux) un dispositif tournant rapidement pour projeter sur les parois de la colonne le liquide descendant et le gaz montant afin de favoriser leur contact et donc les échanges de matières. Ce dispositif est dû à Harold Clayton Urey qui l'a appliqué à la séparation isotopique[1].

Colonne de distillation Ă  bande tournante (hauteur environ 1 m) en utilisation Ă  l'ENS.

Description

La distillation avec une colonne à bande tournante favorise l'échange entre liquide et gaz en les projetant, au moyen d'une bande tournante, sur la paroi de la colonne. Une unité de distillation avec une colonne à bande tournante est constituée :

  • d'un bouilleur contenant le mĂ©lange Ă  distiller (un ballon rodĂ© par exemple, non reprĂ©sentĂ© sur la photo) ;
  • d'un système de chauffage Ă  tempĂ©rature contrĂ´lĂ©e (chauffe-ballon) ;
  • d'une colonne constituĂ©e d'un tube qui contient un dispositif constituĂ© d'un matĂ©riau chimique inerte qui peut ĂŞtre mis en rotation (bande mĂ©tallique, hĂ©lice en tĂ©flon). Ce tube est la partie du dispositif oĂą la sĂ©paration des constituants du mĂ©lange a lieu ;
  • ce tube est thermiquement isolĂ©, par exemple en Ă©tant enchâssĂ© dans une partie Ă  double paroi sous vide ;
  • d'une tĂŞte de distillation qui contient un système permettant le prĂ©lèvement du distillat ;
  • d'un condenseur, placĂ© au-dessus de la colonne, qui permet de faire refluer les vapeurs dans la colonne.
  • DĂ©tails des principaux Ă©lĂ©ments de la colonne de distillation Ă  bande tournante
  • Bande tournante.
    Bande tournante.
  • TĂŞte de distillation.
    TĂŞte de distillation.
  • Condenseur.
    Condenseur.
  • Fil d'acier assurant la liaison entre la bande tournante et le moteur.
    Fil d'acier assurant la liaison entre la bande tournante et le moteur.

Histoire

La distillation est une technique qui remonte à la nuit des temps sous différentes formes, alambic, cornue, mais qui a été développée pour la chimie du XIXe siècle et théorisée à la fin de ce siècle par les experts en génie chimique. Le but de cette théorisation était de comprendre comment séparer les constituants d'un mélange pour optimiser ce procédé, soit pour les grandes quantités (distillation industrielle) soit pour séparer des composés dont les températures d'ébullition sont proches. Une des idées essentielles pour atteindre ce but est de favoriser l'échange entre le gaz montant dans une colonne à distiller et le liquide qui en descend.

Harold Clayton Urey, qui a eu son prix Nobel pour la sĂ©paration isotopique, a Ă©laborĂ© la technique de la distillation avec bande tournante pour, en particulier, sĂ©parer les diffĂ©rentes compositions isotopiques de l'eau. Il avait en effet remarquĂ© que l'eau H2O n'avait pas la mĂŞme pression de vapeur saturante suivant qu'un de ces atomes d'hydrogène Ă©tait un deutĂ©rium ou que l'oxygène Ă©tait l'isotope 16 ou l'isotope 18. Il en dĂ©duisit donc une distillation minutieuse devrait permettre de sĂ©parer les trois constituants H2O, HDO et H218O puisque ce dernier avait une pression de vapeur entre 0,8 et 1,2 % plus faible que l'eau lĂ©gère. Il put ainsi accroĂ®tre la concentration en H218O d'un facteur 4,5[1].

La technique de distillation sur colonne Ă  bande tournante a ensuite Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e pour son pouvoir sĂ©parateur Ă  l'occasion de distillations normales (non isotopiques)[2]. Par exemple, la distillation d'un mĂ©lange de n-heptane et de mĂ©thylcyclohexane (tempĂ©ratures d'Ă©bullition 98,4 °C et 100,86 °C, respectivement) a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e et comparĂ©e Ă  d'autres techniques de distillation, comme la colonne Ă  garnissage (colonne de Fenske[3]). Les rĂ©sultats montrent la large supĂ©rioritĂ© de la colonne Ă  bande tournante :

  • 19,7 plateaux thĂ©oriques (en) pour une hauteur 44 cm tandis que les autres colonnes atteignent 5 plateaux thĂ©oriques pour de bien plus grandes hauteurs ;
  • un volume de liquide de chaque plateau thĂ©orique bien plus faible : 0,12 cm3 tandis que les autres en ont entre 0,3 et 0,5 cm3. Ce point est important car le volume par plateau thĂ©orique est liĂ© Ă  la quantitĂ© de matière minimale qui doit ĂŞtre prĂ©sente dans la colonne et qui n'est pas rĂ©cupĂ©rĂ©e dans le distillat.

Caractéristiques

Dispositif de mise sous vide de la colonne.
Bande métallique (à gauche) et hélice en téflon (à droite) pour une colonne de distillation à bande tournante.

Le nombre de plateaux théoriques est une donnée importante, mais il n'est qu'une valeur indicative puisque ce nombre dépend de la forme du fuseau du diagramme de phase, et donc du mélange considéré. L'article Distillation fractionnée justifie cette dépendance avec un diagramme de McCabe-Thiele. Un tel diagramme montre également que ce nombre de plateaux dépend de la quantité de liquide prélevée par unité de temps. Plus grand est ce prélèvement, plus faible est le nombre de plateaux théoriques. Dans un cas particulier, ce nombre de plateaux est passé de 70 à 48 lorsque le prélèvement est passé de 2,7 à 5 cm3 par minute[2].

La rotation est typiquement Ă  1 000 tr/min, et le nombre de plateaux thĂ©oriques n'est pas sensiblement modifiĂ© si la vitesse de rotation est augmentĂ©e Ă  1 900 tr/min[2]. La difficultĂ© est d'obtenir un système sans vibrations indĂ©sirables Ă  ce type de vitesse. Un brevet de 1955 dĂ©crit un dispositif permettant d'atteindre une rotation de 6 000 tr/min sans vibrations[4].

La bande tournante peut ĂŞtre une bande mĂ©tallique (par exemple 6 mm de large sur 50 cm de haut) ou une hĂ©lice de tĂ©flon (par exemple 0,8 tr·cm-1).

Une distillation avec bande tournante peut être conduite sous vide moyennant un dispositif adapté[5].

Notes et références

  1. Milton H. Wahl et Harold C. Urey (1935), J. Chem. Phys. 3, 411, The Vapor Pressures of the Isotopic Forms of Water.
  2. Robert Baker, Chas Barkenbus, C. A. Roswell (1940), A large Spinning-Band Fractionating Column For Use with Small Quantities of Liquids, Industrial and Engineering Chemistry, vol. 12, no 8, p. 468.
  3. M. R. Fenske, C. O. Tongberg, D. Quiggle (1934), Ind. Eng. Chem. 26, p. 1169.
  4. (en) « Head for spinning band fractionator », sur google.fr, (consulté le ).
  5. K. E. Murray (1951), A Modified Spinning Band Column for Low Pressure Fractionation, J. Am. Oil Chem. Soc., p. 235.
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