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Code de procédure civile suisse

Le Code de procédure civile suisse[N 1] (CPC) du contient l'essentiel des règles de procédure civile applicables en Suisse. Il est entré en vigueur le .

Code de procédure civile suisse
Autre(s) nom(s) (de) Schweizerische Zivilprozessordnung
(it) Codice di diritto processuale civile svizzero
(rm) Cudesch da procedura civila svizzer
(en) Swiss Civil Procedure Code
Présentation
Titre Code de procédure civile suisse
AbrĂ©viation (fr + it) CPC
(de) ZPO
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
Langue(s) officielle(s) (fr + de + it)
Branche Procédure civile
Adoption et entrée en vigueur
Rédacteur(s) Assemblée fédérale
Adoption 19 décembre 2008
Entrée en vigueur 1er janvier 2011
Version en vigueur 1er juillet 2020

Lire en ligne

Code de procédure civile sur admin.ch

Historique

Situation avant son adoption

Jusqu'à l'entrée en vigueur du Code de procédure civile (CPC), la procédure civile suisse était régie par le droit cantonal, c'est-à-dire que vingt-six lois de procédure civiles coexistaient en parallèle, en plus de la loi de procédure civile fédérale (applicable devant les instances fédérales uniquement). Outre ces nombreuses lois, le droit fédéral contenait également quelques garanties de procédure (voir par l'exemple l'art. 29 de la Constitution fédérale) ainsi que des dispositions de procédure civile éparses (par exemple, les art. 135-149 du code civil suisse concernant la procédure de divorce, ou l'art. 259i du code des obligations qui régissait la procédure devant l'autorité de conciliation en matière de baux à loyer).

Le , le peuple et les cantons suisses acceptèrent une modification des articles 122 et 123 de la Constitution fédérale. Par ces amendements, la Confédération reçut la compétence d'adopter des lois de procédure civile et pénale unifiées, c'est-à-dire applicables dans l'ensemble du pays.

Cette révision de la Constitution eut lieu principalement dans le but de mettre un terme au morcellement du droit, source d'insécurité juridique[1]. Ce processus d'unification sur le plan suisse s'inscrit dans un contexte d'harmonisation internationale du droit de la procédure civile. Ainsi, le , de nombreux États européens avaient adopté la Convention de Lugano qui fixe des règles communes afin de déterminer la compétence des tribunaux en matière internationale et les conditions de la reconnaissance de jugements étrangers.

La première étape de l'unification de la procédure civile suisse fut l'adoption de la loi sur les fors en matière civile (LFors), le . Cette loi, principalement destinée à adapter le droit interne au contenu de la Convention de Lugano[2], fut abrogée lors de l'entrée en vigueur du CPC en 2011, le contenu de la LFors ayant été transféré aux articles 9-46 CPC.

Premier projet et procédure de consultation

Le , une commission d'experts fut mise sur pied par la Confédération suisse afin d'élaborer un projet de code[3]. La commission rendit son projet début 2003, accompagné d'un rapport explicatif. Ce projet était fondé avant tout sur les codes cantonaux préexistants, tout en assurant un certain degré de compatibilité avec le droit des autres pays européens[4].

Une procédure de consultation eut lieu entre l'été 2003 et l'automne 2004, permettant de rassembler les avis de diverses institutions, des cantons, des partis politiques et de diverses autres organisations. À la suite de cela, le Conseil fédéral chargea le Département fédéral de justice et police d'élaborer un message destiné à éclairer les débats parlementaires ultérieurs. Le Conseil fédéral approuva ce message le , transmettant ainsi le projet au parlement suisse[5].

DĂ©bats parlementaires

Le projet du Conseil fédéral fut examiné en premier lieu par le Conseil des États, lors de la session parlementaire d'été 2007. Un an après, le Conseil national traita à son tour le projet. Les quelques divergences entre les Conseils furent aplanies lors des sessions parlementaires d'automne et d'hiver 2008, de sorte que le vote final approuvant le CPC - à la quasi-unanimité - put avoir lieu le [6].

Absence de référendum et entrée en vigueur

Après le vote de l'Assemblée fédérale, le code fut publié dans la Feuille fédérale[7]. Le délai référendaire, fixé au , expira sans avoir été utilisé. Par la suite, le code fut publié au Recueil officiel du droit fédéral[8] et la date de l'entrée en vigueur fut fixée au par le Conseil fédéral.

Principales nouveautés apportées

Le code Ă©tant une synthèse de diffĂ©rents droits cantonaux, le caractère « nouveau Â» de certaines dispositions variera selon le canton d'origine de l'observateur. On peut toutefois Ă©voquer, parmi divers Ă©lĂ©ments innovants[9] :

  • l'accent mis sur le règlement extrajudiciaire des conflits (notamment la conciliation et la mĂ©diation). Aussi l'art. 197 CPC prĂ©voit-il qu'en principe, « la procĂ©dure au fond est prĂ©cĂ©dĂ©e d'une tentative de conciliation devant une autoritĂ© de conciliation »[10]. L'art. 198 CPC contient toutefois une liste d'exceptions Ă  ce principe ; les parties au procès peuvent Ă©galement y renoncer dans les conditions dĂ©crites Ă  l'art. 199 CPC.
  • l'utilisation de la procĂ©dure simplifiĂ©e (dans laquelle la plainte peut aussi ĂŞtre dĂ©posĂ©e oralement (art. 244 CPC)) dans des causes dites sociales (art. 243 al. 2 CPC), c'est-Ă -dire des litiges portant essentiellement sur :
    • l'application de la loi sur l'Ă©galitĂ©.
    • les cas de menaces et de harcèlement au sens de l'art. 28b CC.
    • les baux Ă  loyer.
    • le droit d'accès Ă  des donnĂ©es personnelles.
    • l'information et la consultation des travailleurs dans les entreprises.
    • les assurances-maladie complĂ©mentaires Ă  l'assurance-maladie de base.
  • la reconnaissance du droit d'action des associations et des organisations, qui peuvent faire valoir en leur propre nom les intĂ©rĂŞts de leurs membres (art. 89 al. 1 CPC). Toutefois, ces associations et organisations ne peuvent demander au juge qu'une interdiction des atteintes causĂ©es aux intĂ©rĂŞts de leurs membres, mais non des dommages-intĂ©rĂŞts (art. 89 al. 2 CPC). Le droit suisse ne reconnaĂ®t pas ainsi les class actions Ă  l'amĂ©ricaine.

Plan général

  • Partie 1 : Dispositions gĂ©nĂ©rales (art. 1-196)
    • Titre 1 : Objet et champ d'application
    • Titre 2 : CompĂ©tence des tribunaux et rĂ©cusation
    • Titre 3 : Principes de procĂ©dure et conditions de recevabilitĂ©
    • Titre 4 : Litispendance et dĂ©sistement d'action
    • Titre 5 : Parties et participation de tiers au procès
    • Titre 6 : Actions
    • Titre 7 : Valeur litigieuse
    • Titre 8 : Frais et assistance judiciaire
    • Titre 9 : Conduite du procès, actes de procĂ©dure et dĂ©lais
    • Titre 10 : Preuve
    • Titre 11 : Entraide judiciaire entre tribunaux suisses
  • Partie 2 : Dispositions spĂ©ciales (art. 197-352)
    • Titre 1 : Conciliation
    • Titre 2 : MĂ©diation
    • Titre 3 : ProcĂ©dure ordinaire
    • Titre 4 : ProcĂ©dure simplifiĂ©e
    • Titre 5 : ProcĂ©dure sommaire
    • Titre 6 : ProcĂ©dures spĂ©ciales en droit matrimonial
    • Titre 7 : ProcĂ©dure applicable aux enfants dans les affaires de droit de la famille
    • Titre 8 : ProcĂ©dure applicable en matière de partenariat enregistrĂ©
    • Titre 9 : Voies de recours
    • Titre 10 : ExĂ©cution
  • Partie 3 : Arbitrage (art. 353-399)
    • Titre 1 : Dispositions gĂ©nĂ©rales
    • Titre 2 : Convention d'arbitrage
    • Titre 3 : Constitution du tribunal arbitral
    • Titre 4 : RĂ©cusation, rĂ©vocation et remplacement des arbitres
    • Titre 5 : ProcĂ©dure arbitrale
    • Titre 6 : Sentence
    • Titre 7 : Recours contre la sentence
  • Partie 4 : Dispositions finales (art. 400-408)
    • Titre 1 : ExĂ©cution
    • Titre 2 : Adaptation de la lĂ©gislation
    • Titre 3 : Dispositions transitoires
    • Titre 4 : RĂ©fĂ©rendum et entrĂ©e en vigueur

Systématique

Champ d'application

Champ d'application matériel

Le code de procédure civile suisse s'applique aux décisions judiciaires uniquement si le droit fédéral matériel prescrit une autorité judiciaire[11].

Premièrement, le CPC définit la procédure applicable devant les juridictions cantonales aux affaires civiles contentieuses (art. 1 let. a CPC). Le Tribunal fédéral a déterminé la notion d'"affaire civile" par l'usage de critères, tels que le critère fonctionnel ou le critère de subordination. Une affaire contentieuse suppose l'existence d'un conflit basé sur des rapports de droit privé entre au moins deux parties[12].

Deuxièmement, la présente loi a également pour objet les décisions judiciaires de la juridiction gracieuse (art. 1 let. b CPC). Ces décisions ne concernent pas des affaires contentieuses, car une modification ultérieure est possible et le demandeur n'a aucune partie adverse. Ainsi, le jugement rendu permet d'obtenir un simple concours des autorités afin de créer, modifier ou supprimer un droit privé : lors d'une requête en changement de nom par exemple (art. 30 CC)[12].

Troisièmement, le CPC prévoit la procédure applicable aux décisions judiciaires en matière de droit de la poursuite pour dette et la faillite (art. 1 let. c CPC). L'exécution de telles décisions relèvent de la LP (art. 335 al. 2 CPC). Toutefois, les plaintes à l'autorité de surveillance et les décisions d'exécution des offices des poursuites et faillites ne sont pas soumises au CPC[11].

Finalement, le CPC s'applique à l'arbitrage interne (art. 1 let. d CPC), réglé aux art. 353 ss CPC. L'arbitrage international n'entre pas dans le champ d'application du CPC et est soumis aux art. 176 à 194 LDIP[11].

Notes et références

Notes

  1. Dans la législation et les communications du gouvernement et de l'administration fédérale, la désignation des codes suisses s'écrit avec une minuscule et sans date (cf. Chancellerie fédérale suisse, Directives de la Confédération sur la technique législative, Berne, , 167 p. (lire en ligne), no 106).

Références

  1. « Unifier la procédure civile pour mettre fin au morcellement du droit », sur admin.ch (consulté le ).
  2. Message du Conseil fédéral (MCF) à l'appui du projet de loi sur les fors en matière civile, publié dans la Feuille fédérale 1999, p. 2591.
  3. La procédure d'adoption du CPC est décrite dans la page consacrée à l'unification de la procédure civile sur le site de l'Office fédéral de la Justice (consultée le 12 mai 2011).
  4. Jacques Haldy, La nouvelle procédure civile suisse, Helbing Lichtenhahn, Bâle, 2009, p. 1 (ISBN 978-3-7190-2829-9).
  5. Le message est disponible dans la Feuille fédérale 2006 pp. 6841.
  6. Voir l'ensemble des débats parlementaires dans le Bulletin officiel de l'Assemblée fédérale.
  7. Feuille fédérale, 2009, pp. 21 et suivantes.
  8. http://www.admin.ch/ch/f/as/2010/1739.pdf
  9. Ces points ont notamment été évoqués par le député Pierre Bonhôte à tribune du Conseil des États avant l'entrée en matière sur le projet de CPC.
  10. Texte de l'art. 197 CPC.
  11. Heinzmann Michel et Isabelle Chabloz, Compendium de procédure civile suisse, Fribourg, Onlex Sàrl, (ISBN 978-2-8399-3394-0), p. 6
  12. Michel Heinzmann et Isabelle Chabloz, Compendium de procédure civile suisse, Fribourg, Onlex Sàrl, (ISBN 978-2-8399-3394-0), p. 6

Bibliographie

  • François Bohnet, Code de procĂ©dure civile, 2e Ă©d., Bâle, Helbing Lichtenhahn, 2019.
  • François Bohnet, ProcĂ©dure civile, 3e Ă©d., Bâle/Neuchâtel, Helbing Lichtenhahn/FacultĂ© de droit de l'UniversitĂ© de Neuchâtel, 2021.
  • David Hofmann et Christian LĂĽscher, Le Code de procĂ©dure civile, Berne, Stämpfli, , 281 p. (ISBN 9783727298486)
  • Fabienne Hohl et Ombline de Poret, ProcĂ©dure civile, en 2 tomes, 2e Ă©d., Berne, Stämpfli, 2010-2016.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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