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Cocooning

Le cocooning, coconnage[1] ou coucounage ou coucougnage[1] est un terme inventĂ© en 1987[2] par la consultante en marketing et prĂ©visionniste de tendances autoproclamĂ©e Faith Popcorn[3] pour prĂ©dire les tendances de la dĂ©cennie Ă  venir. Elle dĂ©signe l’attitude consistant Ă  se trouver si bien chez soi qu’on n’est guère poussĂ© Ă  en sortir exceptĂ© pour les nĂ©cessitĂ©s vitales. L’idĂ©e est assez proche de ce que l’on nomme en français plus classique un comportement « casanier Â» (de casa, « maison Â»).

Étymologie

Issu, à l'origine, du provençal coucoun signifiant « coque d'un œuf », mot qui a donné ensuite « cocon » en français, et enfin, plus directement, le terme cocoon en anglais avec son dérivé cocooning[1].

Historique

Le terme est mal connu et, par consĂ©quent, très peu utilisĂ© dans le pays qui l’a vu naitre en considĂ©ration des critiques, voire des railleries, que le concept de Popcorn a pu susciter aux États-Unis. Dans son ouvrage, The Fortune Sellers: The Big Business of Buying and Selling Predictions[4], William A. Sherden a dĂ©montĂ© les affirmations de Popcorn selon lesquelles le cocooning allait prĂ©dominer, et qui se sont rĂ©vĂ©lĂ©es entièrement fausses. De 1989 Ă  1994, contrairement Ă  ses prĂ©dictions, la frĂ©quentation des lieux de restauration a augmentĂ© de 25 % tandis que celle des parcs et des centres de loisir et des musĂ©es augmentait de 61 % ; le nombre de voyages a augmentĂ© de 21 %, la participation aux clubs de sport de 22 % et l’achat de billets de cinĂ©ma de 20 %[5] pour conclure que ses prĂ©dictions n’étaient que des balivernes[5]. Il s’est ensuite moquĂ© de ses prĂ©tentions Ă  un QI de 180[5], notant que celui des gĂ©nies commence Ă  140[5], ainsi que de sa prĂ©tention Ă  ne s’être jamais trompĂ©e[5] alors que les chiffres dĂ©montrent sans ambigĂĽitĂ© que ses prĂ©dictions sont entièrement fausses[5]. Il se moque mĂŞme du surnom de « Nostradamus du marketing Â» dont l’avait affublĂ©e le magazine Fortune en Ă©crivant que Popcorn avait en effet en commun avec ce dernier d’avoir changĂ© son nom de Plotkin en Popcorn pour « vendre beaucoup de sornettes Ă  l’élite naĂŻve[5] Â». Ruth Shalit a Ă©tĂ© plus dure encore. Dans un article dans le magazine New Republic intitulĂ© « Faith Popcorn's CEO Scam Â», elle a Ă©crit que « le rap familier sur Faith Popcorn est qu’elle est une bonne vieille escroqueuse qui arnaque les sociĂ©tĂ©s et les journalistes[5] Â».

Un précurseur

Le premier auteur à avoir prévu une attitude généralisée de cocooning dans son futur semble être l'auteur britannique Edward Morgan Forster (Route des Indes, Two cheers for democracy) dans sa nouvelle de science-fiction La machine s’arrête. Il y imagine une humanité dont chaque individu vit à demeure dans sa cellule hexagonale, peu désireux de contacts humains directs ou de voyages, et qui ne communique que par le truchement d'appareils électroniques. Forster décrit une humanité qui va à sa perte parce que les systèmes fonctionnent de plus en plus mal et qui, ayant perdu le goût de l'action, assiste à cette dégradation avec fatalisme, voire indifférence.

Époque moderne

Le XXe siècle a semblé donner tort à Forster, car les voyages ne cessaient au contraire de se multiplier. En revanche, le début du XXIe siècle, qui voit se généraliser les appareils électroniques qu'il décrit (visioconférence, Internet, appareils multimédia divers dans le même temps que les coûts du carburant, la crainte d'attentats et les difficultés financières commencent à diminuer l'enthousiasme d'une partie de la population pour les voyages), voit apparaître une certaine tendance au cocooning.

Ce terme est repris volontiers par les services de marketing des fabricants de meubles ou d'accessoires pour désigner tout ce qui touche à l'environnement intérieur. Son sens dérive lentement vers une identité commerciale, de sorte qu'une personne achetant du matériel pour améliorer son intérieur, pratique le cocooning. On pourra noter l'analogie avec le tuning pour les voitures.

Notes et références

  1. « coconnage », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française (consulté le ).
  2. (en) Michael Tortorello, « Trendspotting »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur citypages.com, (consulté le ).
  3. Newsweek, vol. 126, 1995, p. 66.
  4. New York, John Wiley, 1998, 308 p. (ISBN 978-0-47118-178-1).
  5. (en) William A. Sherden, The Fortune Sellers: The Big Business of Buying and Selling Predictions, New York, John Wiley, , 308 p. (ISBN 978-0-47118-178-1, lire en ligne), p. 220-225.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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