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Circulation avec le cheval

La circulation à cheval désigne, dans de nombreux pays, les règles de circulation et les dispositions du code de la route à l’égard des cavaliers, de leur monture, des meneurs et de leurs animaux ainsi que des véhicules à traction animale, comme pour n'importe quel usager.

« Pegasus crossing », un feu de circulation destiné à permettre aux cavaliers de traverser la route, à Hyde Park, Londres.

Histoire

Origines

En France, la réglementation routière est antérieure à la naissance de l'automobile. La notion de « code de la route et de roulage » a été considérée dès 1828. La circulation attelée hippomobile était régie par la « loi sur la police du roulage et des messageries publiques » du 30 mai 1851 et ses nombreux décrets d’application.

Convention de Genève de 1949

La convention de Genève de 1949[1] prévoit dans les pays qui l'appliquent, que « les animaux et les bêtes de trait, de charge ou de selle doivent avoir un conducteur et, sauf dans les zones exceptionnelles signalisées à leurs points d'entrée, les bestiaux doivent être accompagnes. (...) Les conducteurs doivent constamment avoir le contrôle de leur véhicule ou pouvoir guider leurs animaux. »

Selon l'article 9 « Les animaux doivent être maintenus le plus près possible du bord de la route dans les conditions prévues par la législation nationale. »

De nos jours

De nos jours, la circulation de véhicules hippomobiles et de cavaliers sur les routes aux côtés de véhicules à moteur n'est pas sans poser de problèmes. Certaines capitales européennes ont interdit la circulation des cavaliers et des attelages afin de prévenir les accidents. En Roumanie, l'article 71 du code de la route interdit aux attelages hippomobiles de circuler sur les routes nationales depuis 2008[2], en raison de leur implication dans 10 % des accidents de la route[3]. Elle a été étendue en 2010 à toute la ville de Bucarest[2].

Contrairement à une idée répandue, la circulation des cavaliers et des attelages est autorisée (et réglementée) à Paris, tout comme elle l'est à Londres, Vienne, Rome, Moscou, Prague et Madrid[4].

La modification de la place du cheval dans les pays où les déplacements sont largement motorisés a entraîné l'inclusion de certaines règles spécifique dans code de la route. En France, la loi R. 413-17 dit clairement que l'automobiliste doit réduire sa vitesse lorsqu'il croise ou dépasse des animaux, et laisser au minimum un mètre et demi d'écart avec son véhicule[5].

Règles de circulation

Panneau accordant la priorité aux chevaux aux abords du Cadre noir de Saumur.
  • Le cheval montĂ© est assimilable Ă  un vĂ©hicule, sans moteur et non soumis Ă  immatriculation, tout comme le cycliste. Il doit, comme tel, se conformer Ă  toutes les dispositions du code de la route qui lui sont applicables.
  • Lorsque le cavalier mène son cheval en main, le meneur doit alors se placer entre son cheval et la circulation[5].
  • Comme les autres conducteurs, il doit ĂŞtre constamment en mesure d’effectuer toutes les manĹ“uvres qui lui incombent. Il lui appartient donc de pouvoir maĂ®triser sa monture si elle prend peur.
  • L'article R412-44 (France) prĂ©cise que tout cheval, isolĂ© ou en groupe (au mĂŞme titre qu'un chien), doit avoir un conducteur (sur le cheval ou Ă  cĂ´tĂ©), et ne doit pas ĂŞtre laissĂ© en libertĂ© sur la voie publique, sous peine d'amende (interdiction de laisser divaguer un animal sur la voie publique)[6].
  • En Belgique, un cavalier doit avoir 14 ans rĂ©volus pour circuler Ă  cheval sur la voie publique (12 ans s'il est accompagnĂ© d’un cavalier d’au moins 21 ans) et 16 ans pour conduire un vĂ©hicule attelĂ©.
  • Le cavalier est civilement responsable de tout accident causĂ© par le cheval et sera tenu de dĂ©dommager la (ou les) victime(s) en cas d’accident.
  • Aucun permis n'est exigĂ© pour circuler Ă  cheval sur la voie publique. Toutefois, une licence (carte de cavalier...) est conseillĂ©e, car elle inclut l'assurance responsabilitĂ© civile cavalier. Elle s'obtient auprès d'une fĂ©dĂ©ration sportive couvrant les activitĂ©s Ă©questres. Pour les propriĂ©taires de leurs chevaux, il est Ă©galement recommandĂ© de souscrire Ă  une assurance ResponsabilitĂ© Civile PropriĂ©taire d’ÉquidĂ©s. D'autres assurances proposent ce genre de couverture.
Marquage au sol Ă  Guernesey.
  • Le cavalier doit se tenir Ă  droite de la chaussĂ©e[5], près du bord. Les cavaliers et animaux ne doivent pas reprĂ©senter une entrave Ă  la circulation des autres usagers et doivent pouvoir ĂŞtre dĂ©passĂ©s en toute sĂ©curitĂ©[5].
  • Tout arrĂŞt ou stationnement, gĂŞnant ou dangereux, sont interdits, comme avec n'importe quel vĂ©hicule : notamment en cĂ´te, sur ou sous un pont ou dans un tunnel.
  • Tout changement d’allure ou de direction doit ĂŞtre anticipĂ©. Le cavalier doit alors avertir les autres usagers notamment lorsqu’il veut tourner Ă  gauche, traverser la voie, reprendre la marche après un arrĂŞt ou reprendre sa place dans le courant de la circulation. Comme n'importe quel usager le cavalier doit impĂ©rativement respecter les feux, stops, giratoires, prioritĂ©s Ă  droite, sens interdits etc.
  • L'usage du tĂ©lĂ©phone portable tenu en main interdit.
  • En cas d’arrĂŞt prolongĂ©, le cavalier doit s'assurer que son cheval ne reprĂ©sente pas un danger pour les autres usagers.

Toute infraction commise par un cavalier à cheval est passible des mêmes peines que si elles avaient été commises avec une voiture ou moto (exception faite du retrait de points sur le permis)

Casque

En France, le port d'un casque conforme aux normes en vigueur est obligatoire pour tout mineur dans le cadre des activités organisées par les centres équestres, à l'exception de la pratique de la voltige ou lorsque le pratiquant est à pied (Art. A. 322-121 du code du sport)[7].

Cependant, la plupart des centres équestres ont prévu dans leur règlement intérieur l'obligation du port d'un casque homologués dans leurs enceintes et en extérieur pour tous les cavaliers membre de leur club, quel que soit le terrain d'évolution (manège, carrière, extérieur...) et quel que soit le niveau du cavalier, débutant ou très expérimenté. Les accidents les plus fréquents sont les chutes, avec des traumatismes crâniens dus au non port du casque. Ces accidents peuvent être parfois mortels. Là encore, au même titre qu'à vélo ou à moto, le port du casque permettrait de sauver des vies.

Obligations des véhicules motorisés à l’égard des cavaliers et des meneurs

  • Avant de dĂ©passer tout conducteur doit s’assurer qu’il peut le faire sans danger. Lors du dĂ©passement ou d’un croisement avec un animal sa vitesse doit ĂŞtre rĂ©duite. Il doit, en outre, avertir de son intention l'usager qu'il veut dĂ©passer (mais ne surtout pas klaxonner ni mĂŞme faire ronfler son moteur pour ne pas risquer d'effrayer l'animal). Pour effectuer le dĂ©passement, il doit se dĂ©porter suffisamment pour ne pas risquer de heurter l'usager qu'il veut dĂ©passer. Il ne doit pas en tout cas s'en approcher latĂ©ralement Ă  moins d'un mètre en agglomĂ©ration et d'un mètre et demi hors agglomĂ©ration s'il s'agit d'un vĂ©hicule Ă  traction animale, d'un engin Ă  deux ou Ă  trois roues, d'un piĂ©ton, d'un cavalier ou d'un animal. Il est interdit d’effrayer les animaux par le bruit : klaxon, ronflement moteur, auto-radio qui dĂ©passe le seuil de dĂ©cibels autorisĂ©, etc.
  • Le point n°11 de l'article R413-17[8] du Code de la route impose que le conducteur d'un vĂ©hicule Ă  moteur « rĂ©duise sa vitesse lors du croisement ou du dĂ©passement d'animaux ». S'il croise ou dĂ©passe un animal Ă  la vitesse limite autorisĂ©e par la voie (80 km/h sur route dĂ©partementale par exemple), ce conducteur est donc en infraction manifeste et encourt une amende prĂ©vue pour les contraventions de la quatrième classe.

La voie publique

Ce sont les routes nationales, départementales ou communales. Les cavaliers peuvent les emprunter, sauf indication matérialisée. Les principales dispositions sont les suivantes :

  • Il est strictement interdit de circuler sur les autoroutes[6], les bretelles d’autoroutes, les routes pour automobiles ainsi que sur les voies rapides.
  • Il est interdit de s'engager sur un passage Ă  niveau sans ĂŞtre certain de ne pas reprĂ©senter un risque pour la circulation des trains ou convois ferroviaires. Il est strictement interdit de s’immobiliser sur un passage Ă  niveau. Le cavalier doit ĂŞtre Ă  mĂŞme de pouvoir interrompre très rapidement le franchissement par son animal du passage Ă  niveau.
  • Les aires et voies piĂ©tonnes sont strictement rĂ©servĂ©es aux piĂ©tons.
  • Les trottoirs sont interdits Ă  la circulation des chevaux. En revanche, hors agglomĂ©ration, il est autorisĂ© de circuler sur l'accotement, dans le sens de la marche. Attention doit ĂŞtre portĂ©e aux autres usagers.
  • Les bandes et pistes cyclables sont Ă©galement interdits aux cavaliers, sauf si un panneau ou panonceau les autorise.
  • Les voies vertes sont rĂ©servĂ©es Ă  la circulation des vĂ©hicules non motorisĂ©s, les cavaliers et meneurs ainsi que leurs animaux peuvent donc les emprunter en respectant la circulation des autres usagers.
  • Il est autorisĂ© sur une chaussĂ©e de circuler de front Ă  deux chevaux. La file indienne doit nĂ©anmoins ĂŞtre prĂ©conisĂ©e.
  • Il est interdit de galoper en agglomĂ©ration.

En forĂŞt

L'équitation est un sport de nature et la forêt son cadre naturel d'évolution. Avant d'emprunter les chemins forestiers, les cavaliers et meneurs doivent connaître leurs propriétaires : État, collectivités locales ou propriétaires privés. Deux cas de figure sont possibles :

  • ForĂŞts ou espaces boisĂ©s publics (forĂŞt domaniale, parc urbain...) : Les cavaliers peuvent les emprunter sauf interdiction matĂ©rialisĂ©e. Ils sont gĂ©nĂ©ralement interdits Ă  la circulation des vĂ©hicules motorisĂ©s.
  • Chemins et forĂŞts privĂ©s : Les cavaliers ne peuvent les emprunter que si le propriĂ©taire les y autorise. En gĂ©nĂ©ral, les chemins et forets privĂ©s oĂą l'accès est interdit sont gĂ©nĂ©ralement signalĂ©s par des panneaux, voire clĂ´turĂ©s.

Principaux panneaux français

  • Danger passage de cavaliers
    Danger passage de cavaliers
  • Chemin ou piste cavalière obligatoire
    Chemin ou piste cavalière obligatoire
  • Fin de piste cavalière
    Fin de piste cavalière

Cavaliers

En France l'article R313-1 interdit les dispositifs d'Ă©clairage ou de signalisation non prescrits par le code.
La législation n’oblige pas les cavaliers à cheval à porter un équipement réglementaire. En revanche, un meneur à pieds à l'obligation de se signaler à l'arrière par un éclairage rouge dès la chute du jour.
Dans tous les cas, à la tombée du jour, il est fortement recommandé de porter de façon très visible une lampe type "vélo" rouge à l’arrière et blanc à l’avant ainsi que gilets et des bandes réfléchissantes. En agglomération, lampes et feux de nuit ne sont pas requis si l’éclairage de la chaussée permet de voir distinctement de loin.

Cheval attelé

Interdiction de circulation des attelages en Bavière.

Les conditions d’éclairage spécifiques aux véhicules à traction animale s'applique :

  • La nuit, ou le jour lorsque la visibilitĂ© est insuffisante, tout vĂ©hicule Ă  traction animale doit ĂŞtre muni Ă  l'arrière de deux catadioptres arrière. Lorsque, chargement compris, la longueur du vĂ©hicule dĂ©passe 6 mètres ou sa largeur 2 mètres, ces dispositifs doivent ĂŞtre situĂ©s Ă  la limite du gabarit du vĂ©hicule. Ces dispositifs doivent ĂŞtre placĂ©s de telle sorte qu'aucune partie du vĂ©hicule ou de son chargement n'en dĂ©truise l'efficacitĂ© en les cachant d'une façon totale ou partielle.
  • La nuit, ou le jour lorsque la visibilitĂ© est insuffisante, tout vĂ©hicule Ă  traction animale, dont, chargement compris, la longueur dĂ©passe 6 mètres ou la largeur 2 mètres, doit ĂŞtre muni Ă  l'avant, Ă  la limite du gabarit, de deux catadioptres avant, rĂ©flĂ©chissant une lumière blanche.
  • La nuit, ou le jour lorsque la visibilitĂ© est insuffisante, tout vĂ©hicule Ă  traction animale doit ĂŞtre muni des dispositifs suivants :
    • Ă€ l'avant, un ou deux feux Ă©mettant vers l'avant une lumière blanche ou jaune ;
    • Ă€ l'arrière, un ou deux feux Ă©mettant vers l'arrière une lumière rouge.
  • Ces lumières doivent ĂŞtre visibles la nuit par temps clair Ă  une distance de 150 mètres sans ĂŞtre Ă©blouissantes pour les autres conducteurs.
  • S'il y a deux feux Ă  lumière blanche ou jaune ou deux feux Ă  lumière rouge, ils doivent ĂŞtre placĂ©s symĂ©triquement. S'il n'y a qu'un seul feu Ă  lumière blanche ou jaune ou un seul feu Ă  lumière rouge, chacun d'eux doit ĂŞtre placĂ© Ă  la gauche du vĂ©hicule si ce dernier est en mouvement et du cĂ´tĂ© opposĂ© au trottoir ou Ă  l'accotement s'il est en stationnement.
  • Toutefois, peuvent n'ĂŞtre signalĂ©s que par un feu unique, placĂ© du cĂ´tĂ© opposĂ© Ă  l'accotement ou au trottoir, Ă©mettant vers l'avant une lumière blanche ou jaune et vers l'arrière une lumière rouge :
    • Les vĂ©hicules Ă  traction animale Ă  un seul essieu ;
    • Les vĂ©hicules Ă  traction animale Ă  usage agricole ; le feu doit alors ĂŞtre fixĂ© au vĂ©hicule ou portĂ© Ă  la main par un convoyeur se trouvant immĂ©diatement Ă  cĂ´tĂ© et Ă  gauche du vĂ©hicule ;
    • Les autres vĂ©hicules Ă  traction animale en stationnement, Ă  la condition que leur longueur ne dĂ©passe pas 6 mètres.
  • Quand plusieurs vĂ©hicules Ă  traction animale circulent en convoi, le premier vĂ©hicule de chaque groupe de deux ou trois vĂ©hicules se suivant sans intervalle doit ĂŞtre muni du ou des feux Ă©mettant une lumière blanche ou jaune et le dernier vĂ©hicule du ou des feux Ă©mettant une lumière rouge prĂ©vus ci-dessus. Le vĂ©hicule intermĂ©diaire, s'il existe, est dispensĂ© de tout Ă©clairage.

Règles particulières pour la circulation de groupes de cavaliers

Ces règles s’appliquent en Belgique pour les groupes d’au moins 10 cavaliers [9] :

  • Les groupes sont obligatoirement accompagnĂ©s par un responsable de plus de 21 ans. Il est responsable de l’évolution du groupe et est censĂ© porter au bras gauche un brassard aux couleurs nationales.
  • Le chef de groupe est autorisĂ© Ă  arrĂŞter la circulation automobile aux carrefours sans feux de signalisation au moyen d'un signal disque C3 pour faciliter le passage du groupe. Lors de la traversĂ©e le groupe ne doit pas ĂŞtre sĂ©parĂ©. Les automobilistes doivent respecter cette règle et ne pas chercher Ă  franchir la ligne de cavaliers, mĂŞme s’ils ne sont que deux.

Exemple d'infraction courante

  • Circulation sur la route d'animal sans conducteur ; article R 412/44 du code de la route : 22 euros d'amende.
  • Circulation d'animal Ă©loignĂ© du bord droit de la chaussĂ©e en marche normale ; article R 412/45 du code de la route : 22 euros d'amende.
  • Conduite d'un animal dans des conditions entravant la circulation publique ; article R 412/46 du code de la route ; 22 euros d'amende.
  • Changement de direction dans la conduite d'animaux, effectuĂ© sans avertissement prĂ©alable des autres usagers ; article R 412/47 du code de la route : 22 euros d'amende.
  • Conduite d'animaux, de nuit, non signalĂ© par une lanterne ; article R 412/48 du code de la route ; 90 euros d'amende.

Impact sur le permis de conduire et peine complémentaire

Quelle que soit l'infraction commise par un cavalier, il ne peut être retiré aucun point sur le permis de conduire, le retrait de point n'étant possible que si l'infraction a été commise avec un véhicule terrestre à moteur pour lequel un permis est exigé. En revanche, une suspension de permis peut être décidée par un juge lorsqu'elle est prévue par le code de la route (circulation en sens interdit, feux ou stop grillé, etc.)

En cas d'infraction commise avec un cheval, ce dernier peut être confisqué. En cas d’infraction majeure il est même possible de prononcer l'interdiction de détenir temporairement ou définitivement un animal, de suspendre ou d'annuler le permis de conduire, etc.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Manuel Carius, « RandonnĂ©e Ă©questre et code de la route », dans Le droit du cheval et de l'Ă©quitation, Paris, France Agricole Éditions, (ISBN 2855571278 et 9782855571270), p. 157-163 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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