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Ciprì et Maresco

Daniele Ciprì (Palerme, ) et Franco Maresco (Palerme, 1958) sont deux réalisateurs, scénaristes, monteurs, directeurs de la photographie et musiciens italiens, originaires de Palerme, en Sicile, qui travaillent en commun et signent leurs films sous le nom Ciprì et Maresco.

Ciprì et Maresco
Membres Daniele Ciprì et Franco Maresco

Biographie

Ciprì et Maresco réalisent ensemble, à partir de 1986 et pendant plus de vingt ans, trois longs-métrages, des documentaires et de très nombreux courts-métrages. Leurs films, en noir et blanc, accordent une très grande importance au cadrage et au rythme, étiré.

Ils se disent « fermement rĂ©voltĂ©s contre la mĂ©diocritĂ© du cinĂ©ma italien contemporain, ses comĂ©dies hypocrites et narcissiques au flot ininterrompu de paroles, et surtout ses films politiques qui se veulent dĂ©nonciateurs de l'injustice. »

Le cinéma classique hollywoodien constitue leur influence majeure. Ils citent souvent John Ford, Howard Hawks, Laurel et Hardy, Buster Keaton ou les Marx Brothers. Et dans les réalisateurs plus récents, Kubrick, Scorsese ou Coppola. Mais on note également dans leurs films l'importance de réalisateurs comme Pasolini ou Buñuel et du cinéma d'avant-garde.

Après avoir travaillé pour des programmes de cinéma et de jazz à la radio et à la télévision, Franco Maresco s'occupe d'un ciné-club puis fonde en 1983 la coopérative Rosebud qui propose différentes activités culturelles et abrite un vidéo-club. C'est là qu'il rencontrera Daniele Ciprì.

Ils abordent ensemble la réalisation en autodidactes, tournant des courts-métrages en vidéo et des programmes expérimentaux pour une télévision privée palermitaine. En 1990, Enrico Ghezzi leur propose de participer à Fuori orario, un programme tardif de la Rai 3. Suivront deux autres émissions : Avanzi et Blob. Puis vient la série Cinico TV, extrême et provocante, qui bouleversera profondément la télévision italienne et recevra en 1992 le prix Aristophane, récompensant le meilleur programme télé satirique . En 1995, Ciprì et Maresco se lancent dans le long-métrage cinéma avec L'Oncle de Brooklyn (1995). Le film est produit par Dino De Laurentiis qui pense que la réputation de Ciprì et Maresco sera un bon atout. Mais les réalisateurs refusent toute compromission et le film est un échec commercial.

Leur second long-mĂ©trage, Totò qui vĂ©cut deux fois (1998) sera privĂ© de visa d'exploitation pour « outrage au sacrĂ© et violation de la Constitution ».

En 1999, Maresco tourne, seul, un documentaire sur Duke Ellington, Noi e il Duca - Quando Duke Ellington suonò a Palermo, puis le duo se reforme pour Enzo, domani a Palermo!, un documentaire sur Enzo Castagna, le parrain du cinéma sicilien.

Suivront des films un peu différents, plus dans la norme, un long-métrage (Le Retour de Cagliostro, 2003) et un documentaire consacré au duo comique sicilien Franco et Ciccio (Come inguaiammo il cinema italiano - La vera storia di Franco e Ciccio, 2004). Puis chacun décidera de suivre sa propre route: Daniele Ciprì en tant que réalisateur (Mon père va me tuer, 2011) ou chef opérateur, notamment pour Marco Bellocchio ; et Franco Maresco en tant que réalisateur de documentaires (Io sono Tony Scott, ovvero come l'Italia fece fuori il più grande clarinettista del jazz, 2010), ou un film actuellement en cours de montage sur Berlusconi : Belluscone. Una Storia siciliana.

Ciprì et Maresco à propos de Palerme

« Palerme est un observatoire exceptionnel. D'un point de vue crĂ©atif, Palerme offre un scĂ©nario unique, oĂą tout est amplifiĂ©. D'un point de vue esthĂ©tique, on y voit des contrastes extraordinaires, tant physiques qu'humains. Bizarreries, folies, cruautĂ©, tel est Palerme. Palerme offre une sorte d'anticipation du jugement universel. Nous sommes liĂ©s Ă  cette ville et nous ne rĂ©ussissons pas Ă  nous dĂ©faire d'elle. C'est un rapport fondamental pour notre travail, et en mĂŞme temps un rapport douloureux. Palerme est en train d'effacer sa propre mĂ©moire pour devenir quelque chose d'informe, une ville sans plus aucune personnalitĂ©. Nous voulons parler non seulement de sa disparition matĂ©rielle (les maisons, les lieux…), mais aussi de la disparition de son humanitĂ©. »

Ciprì et Maresco à propos du rythme dans leurs films

« Un des Ă©lĂ©ments fondamentaux de notre style est le piano-sequenz [le plan sĂ©quence avec gag Ă  retardement]. Construire un gag en le fondant sur la dilatation temporelle est très important. D'ailleurs, nous ne sommes pas pressĂ©s. Le spectateur est lĂ  pour regarder. Pour quel motif devrions-nous courir, dĂ©baller, couper, faire trente cadrages ? Nous sommes dĂ©sireux de retrouver une dimension humaine, de longues temporisations rythment notre cinĂ©ma. »

Ciprì et Maresco à propos de l'amour et les femmes

« L'amour est futile parce qu'il nous empĂŞche de nous prĂ©parer Ă  la mort, il nous distrait. Dans notre cinĂ©ma, la prĂ©sence de la femme reprĂ©senterait une contradiction, l'illusion de revenir Ă  la vie. C'est quasiment une motivation d'ermite qui explique l'absence de femmes dans notre travail. Nous voulions habituer le spectateur Ă  ce que disait SĂ©nèque : Se prĂ©parer pour une bonne mort. Le refoulement de la mort est immoral. En ce sens, nous sommes des moralistes. Nous montrons la mort comme une nĂ©cessitĂ© libĂ©ratoire. »

Ciprì et Maresco et les acteurs non professionnels

Les deux réalisateurs ont travaillé avec des acteurs non seulement non professionnels (des amis qu'ils connaissaient parfois depuis longtemps ou des personnes rencontrées dans la rue), mais aussi et surtout des gens dont le corps est un élément fondamental. Cela faisait partie intégrante d'un cinéma qui ne voulait pas plaire à tout prix, d'un cinéma qui allait dans la direction opposée à celle du cinéma commercial privilégiant les beaux corps et dans lequel chacun est censé s'identifier.

Citations

Ce que j'aime chez Ciprì et Maresco, cʼest le courage avec lequel ils parlent dʼune Italie barbare. Mario Monicelli

J'adore Ciprì et Maresco, qui sont selon moi des génies. Ils sont "malades" et visionnaires, profondément originaux. Marco Bellocchio

Je pense que dans lʼavenir on regardera le travail de Ciprì et Maresco non seulement d'un point de vue cinématographique, mais aussi comme un véritable essai d'anthropologie sociale. Toni Servillo

Liens externes

  • : Ciprì et Maresco : deux trublions du cinĂ©ma et de la tĂ©lĂ©vision, propos de Franco Maresco recueillis et traduits par Éric Biagi.
  • ED Distribution : distribution des films de Ciprì et Maresco en France

Sources

  • Dossier de presse français de L'Oncle de Brooklyn.
  • Propos tirĂ©s du catalogue de L'Étrange Festival, qui avait prĂ©sentĂ© en 2000 une rĂ©trospective des films de Ciprì et Maresco Ă  Paris.
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