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Cinque storie ferraresi

Cinque storie ferraresi est un recueil de cinq nouvelles écrit en 1956 par Giorgio Bassani qui a été récompense par le Prix Strega la même année.

Nouvelles

Les histoires des nouvelles se situent à Ferrare pendant la période de l'Italie fasciste au cours de la première moitié du XXe siècle.

Titres et personnages

  • Lida Mantovani : Lida Mantovani et Oreste Benetti ,
  • La passeggiata prima di cena : Gemma Brondi et le docteur Elia Corcos,
  • Una lapide in via Mazzini : Geo Josz,
  • Gli ultimi anni di Clelia Trotti : Bruno Lattes et Clelia Trotti,
  • Una notte del '43 : Pino Barilari et Carlo Aretusi dit « Sciagura ».

Trames des nouvelles

Lida Mantovani

Lida Mantovani est une jeune fille qui vient d'accoucher d'un garçon nommé Ireneo. Quand Lida se rend compte que le père de l'enfant, David les a abandonnés, elle quitte la chambre où le couple a vécu et retourne chez sa mère Maria, qui habite une petite maison via Salinguerra, près des mura di Ferrara. Trois années plus tard, Lida est remarquée par Oreste Benetti, un relieur de livres, un peu plus âgé qu'elle. Oreste rend visite à Lida et sa mère tous les soirs à la même heure, conversant avec elles de religion (Oreste est catholique pratiquant), de politique et de Ireneo, auquel l'homme s'affectionne comme s'il était son fils. Il ne s'adresse que très rarement à Maria, la mère de Lida. Il rappelle à celle-ci le fameux hiver où le Pô fut pris par les glaces à la suite d'un hiver très rigoureux .... l'hiver "17" pense-t-il. Oreste est amoureux de Lida, mais n'ose pas la demander en mariage. Toutefois, le temps passant, Oreste prend de plus en plus soin des deux femmes et après la mort de Maria Mantovani il se fiance avec Lida et finit par l'épouser. Le couple vit heureux jusqu'à la mort prématurée d'Oreste neuf ans après les noces. À ce moment, Lida se pose la question à savoir si Oreste a vraiment été heureux avec elle. En effet, ils n'ont pas eu l'enfant que Oreste désirait plus que tout au monde, mais sa mort a peut-être évité que son espoir déçu ne se transforme finalement en désespoir.

La passeggiata prima di cena

Une vieille carte postale est le prétexte de l'histoire. Celle-ci représente le Corso della Giovecca (it) à Ferrare, pendant « ce moment de la journée qui précède l'heure du dîner ». Parmi les personnes qui se promènent le long de la rue, le narrateur s'arrête sur une jeune fille, Gemma Brondi, modeste en apparence. Elle apprend le métier d'infirmière à l'hôpital de Ferrare et vit chez ses parents avec trois frères et sa sœur Luisa dans une maison simple, près des bastions de la ville.

Gemma n'a pas «une beauté qui la fait remarquer à l'heure de la plus grande affluence dans une rue quelconque», néanmoins, le docteur Elia Corcos tombe amoureux d'elle. Ce dernier est un médecin d'origine juive d'humble origine qui a fini par obtenir la considération de la haute bourgeoisie citadine grâce à ses capacités qui lui ont permis de devenir médecin chef à l'hôpital de Ferrare et médecin personnel de la riche duchesse Costabili. Gemma et le docteur Corcos se fiancent en 1888, se marient et ont aussitôt un enfant, Jacopo, suivi de Ruben qui meurt en 1902 à l'âge de huit ans des suites d'une méningite). La famille déménage via Ghiara, considérée par le docteur Corcos son buen retiro (coin de paradis). Ils reçoivent peu de visites de la famille, seule la sœur de Gemma, Luisa restée célibataire continue à fréquenter la maison, se sentant liée à son beau-frère par un sentiment secret et estimée par le père de celui-ci. Gemma meurt en 1926 et Luisa s'établit dans la maison du docteur Elia Corcos et de son fils Jacopo, en qualité de gouvernante de maison. Luisa serait restée dans cette maison même après l'automne 1943, date à laquelle le médecin israélite et son fils ont été déportés en Allemagne.

Una lapide in via Mazzini

Geo Josz, déporté en 1943 au camp de Buchenwald rentre à Ferrare au mois d'août 1945. Geo Josz a été déporté par les allemands avec 182 membres de la communauté juive et beaucoup de personnes «les considéraient depuis longtemps et à juste titre comme exterminés dans les chambres à gaz ».

Pour cette raison, une stèle commémorative comportant 183 noms est réalisée, mais juste à l'instant où l'ouvrier allait l fixer à la Synagogue via Mazzini, Geo Josz s'avance, seul survivant de la communauté déportée, petit et gras semblant être gonflé d'eau, vêtu d'un kolbak et de vêtements chiffonnés.

Geo Josz rencontre sous la stèle son oncle Daniele avec lequel il reprend possession progressivement du palais via Campofranco, qui avant la Seconde Guerre mondiale Ă©tait la maison de Josz et qui est dĂ©sormais occupĂ©e par la section provinciale de l'ANPI. D'abord il s'installe dans la petite tour, mais grâce Ă  son insistance et Ă  la mauvaise conscience ressentie par les occupants depuis son retour, Geo Josz finit par obtenir le dĂ©part de l'organisation. Il est dĂ©cidĂ© Ă  redĂ©marrer l'activitĂ© de son père Angelo, marchand de tissu et disposĂ© Ă  rĂ©intĂ©grer la sociĂ©tĂ© mais un fait finit par changer ses projets. Un soir Geo Josz gifle sans motif apparent via Mazzini le comte Lionello Scocca, un espion de l'OVRA. Le vrai motif selon certains tĂ©moins serait Ă  chercher dans le fait que le comte lui aurait posĂ© des questions sur sa famille. Depuis ce moment-lĂ , il se montre dans les lieux les plus frĂ©quentĂ©s de Ferrare chaque jour plus maigre et portant les mĂŞmes vĂŞtements qui l'habillaient lors de son retour. Tout le monde l'Ă©vite comme si c'Ă©tait un pestifĂ©rĂ©. Daniele s'Ă©tonne alors que Geo n'Ă©prouve aucun sentiment d'enthousiasme après la libĂ©ration de la ville et en mĂŞme temps aucune animositĂ© vis Ă  vis de Geremia Tabet, fasciste Ă©mĂ©rite de la citĂ©. Seulement, celui-ci est aussi le beau-frère de son père. ConviĂ©s chez Geremia de nuit, alors que Daniele s'Ă©tait promis de ne jamais y remettre les pieds, il tĂ©moigne du pacte proposĂ© Ă  son neveu par le patriarche Tabet :" Geo ne ferait aucune allusion, mĂŞme indirectement, aux fautes politiques de son oncle, et celui-ci de son cĂ´tĂ©, Ă©viterait de demander Ă  son neveu de lui parler de ce qu'il avait vĂ©cu en Allemagne, oĂą lui aussi, Geremia Tabet, sauf preuve du contraire, avait perdu une sĹ“ur, un beau-frère et un petit-neveu qu'il aimait beaucoup"; Finalement, en 1948 Geo Josz disparaĂ®t. Pourquoi ? Il a entièrement rĂ©cupĂ©rĂ© son palais via Campofranco, il peut redĂ©marrer l'activitĂ© paternelle, il peut «rĂ©-engranger» en somme, mais Ă  cause de ces humiliations, on ne sait plus rien de lui.

Gli ultimi anni di Clelia Trotti

L'histoire se dĂ©roule en 1939, l'Italie s'apprĂŞte Ă  entrer en guerre et les lois raciales sont promulguĂ©es depuis un an. Le jeune Bruno Lattes, fils d'un riche propriĂ©taire terrien est intelligent et Ă©rudit et essaye de s'affranchir de son isolement social. StimulĂ© par une intense curiositĂ© culturelle, il veut faire la connaissance de Clelia Trotti, institutrice âgĂ©e, rĂ©volutionnaire socialiste « qui a vu de ses propres yeux Anna Kuliscioff et Andrea Costa Â». L'approche est compliquĂ©e. Il obtient d'abord l'adresse incomplète par l'honorable Bottecchiari, puis celle exacte par Cesare Rovigatti un cordonnier ami intime de l'institutrice mais est renvoyĂ© par la sĹ“ur Giovanna CodecĂ  qui craint d'ĂŞtre surveillĂ©e par l'OVRA. Finalement, les deux finissent par se rencontrer frĂ©quemment et Bruno semble partager les idĂ©es de libertĂ© et renaissance du socialisme de la vieille institutrice.

Puis vient la cassure dont la cause est l'Ă©pigraphe de Italo Svevo: « Les personnes dont on obtient l'affection par la tromperie ne s'aiment jamais sincèrement... Â». Bruno n'est pas la personne imaginĂ©e par Clelia. En effet, en 1943 il abandonne brusquement Ferrare et part pour l'AmĂ©rique pour enseigner la littĂ©rature italienne. Les suggestions de Clelia, l'incitant Ă  prendre contact avec les principaux reprĂ©sentants citadins de l'anti fascisme, les rĂ©publicains historiques, les libĂ©raux, les catholiques, les communistes sont tombĂ©es dans le vide. Leur dernière rencontre se dĂ©roule Ă  proximitĂ© du cimetière de Ferrare, sur le prĂ© de piazza Certosa.

Clelia meurt en prison en 1943 à l'âge de 60 ans.

La nouvelle s'ouvre, de fait, sur une description du quartier du cimetière de Ferrare et de l'enterrement civil de Clelia par Bruno à l'automne 1946. Bruno qui a débuté une carrière universitaire et est sur le point de devenir citoyen américain, se sent désormais étranger dans sa ville natale[1].

La nouvelle publiée par l'éditeur Nistri-Lischi en 1955 a remporté le Prix littéraire international Veillon de Lugano.

Una notte del '43

L'histoire s'inspire d'un fait historique : l'assassinat du fasciste Igino Ghisellini. Sous le nom de console Bolognesi, le fait est déplacé de novembre à , construisant une histoire privée à l'intérieur du contexte historique.

Pino Barilari est paralysé des deux jambes et passe son temps à résoudre des énigmes et mots croisés assis sur le balcon de sa maison corso Roma a Ferrare, juste au-dessus de la pharmacie qu'il a hérité de son père. La nuit du onze personnes toutes anti-fascistes sont arrêtées et assassinées corso Roma et leurs corps abandonnés sur le trottoir à proximité de la pharmacie Barilari où le matin suivant des soldats tiennent à l'écart les personnes qui veulent s'approcher des cadavres.

Au cours de l'été 1946, une enquête pour identifier le coupable de l'opération est lancée. Le principal suspect est Carlo Aretusi, surnommé « Sciagura » un fasciste qui a participé à la Marche sur Rome. Pino Barilari est le seul témoin craint par Sciagura car selon toute probabilité assis comme toujours à son balcon, il a assisté à l'action du et pourrait citer les noms des coupables. Mais quand il est interrogé sur le fait, Pino Barillari répond seulement « Je dormais ».

En réalité, ce soir là, Pino a assisté à l’exécution. C'est Anna son ex-épouse qui nous l'affirme lors d'une conversation privée en 1950 : Alertée par les bruits de la fusillade, elle est obligée de découcher plus tard que prévu. Elle dit avoir presque vu simultanément : " ... et les cadavres enfin, qui, de l'endroit où elle les regardait, ressemblaient à des ballots de chiffons, ..." et Pino : " ... là-haut, immobile, derrière les carreaux de la salle à manger : une ombre à peine visible qui l'observait."

Personne n'a été condamné pour ces assassinats. Néanmoins, à partir de cette nuit de , Pino Barilari perd son intérêt pour les revues de mots croisés et d’énigmes. Abandonné par son épouse, son unique occupation est désormais de se placer sur le balcon de sa maison, observant les passants et murmurant un « Ehi! » ou « Attention! », comme s'il voulait être remarqué par les gens qui passent à proximité de l'endroit où a eu lieu l’exécution.

La nouvelle a inspiré le film La Longue Nuit de 43 (La lunga notte del '43), réalisé en 1960 par Florestano Vancini.

Éditions

  • La passeggiata prima di cena, Collana Biblioteca di Paragone, Sansoni, Florence, I ed. 1953,
  • Gli ultimi anni di Clelia Trotti, Nistri-Lischi, Pise, 1955,
  • Cinque storie ferraresi, Collana Coralli, Einaudi, Turin, I ed. , Prix Strega 1956 ; PrĂ©face de Cesare Segre, Collana SuperCoralli, Einaudi, Turin, 2003 (ISBN 978-88-06-16389-1),
  • Una notte del '43, Collana Coralli n.119, Einaudi, Turin, 1960,
  • Le Storie ferraresi di Giorgio Bassani. Il muro di cinta. Lida Mantovani. La passeggiata prima di cena. Una lapide in via Mazzini. Gli ultimi anni di Clelia Trotti. Una notte del '43. Gli occhiali d'oro. In esilio, Collana SuperCoralli, Einaudi, Turin, 1960-1964-1971,
  • Il Romanzo di Ferrara - I. Dentro le mura, Collana Scrittori Italiani e Stranieri, Mondadori, Milan, 1973,
  • il romanzo di Ferrara, Mondadori, Milan, I ed. 1974,
  • Cinque storie ferraresi, prĂ©face de Guido Fink, Collana Oscar n.780, Mondadori, Milan, 1977,
  • Il Romanzo di Ferrara. Libro primo. Dentro le mura, Collana Oscar n.654, Mondadori, Milan, 1978-1987 (ISBN 88-04-14109-3); Collana Oscar Scrittori del Novecento, Mondadori, 1994-1999,
  • il romanzo di Ferrara, Mondadori, Milan, 1980 (Ă©dition dĂ©finitive)
  • il romanzo di Ferrara, 2 voll. Collana Oscar Narrativa n.1133, Mondadori, Milan, 1990 (ISBN 88-04-34345-1),
  • Opere, a cura e con un saggio di Cotroneo (it), Collana I Meridiani, Mondadori, 1998 (ISBN 978-88-04-42261-7),
  • Una notte del '43, Collana Einaudi tascabili.Scrittori, Einaudi, Turin, 2003 (ISBN 978-88-06-16392-1),
  • Cinque storie ferraresi. Dentro le mura. PrĂ©face de Eraldo Affinati. La complessitĂ  della Ferrara fascista vista attraverso lo sguardo giĂ  maturo del primo Bassani, Collana Einaudi Tascabili n.1362, Turin, 2005 (ISBN 978-88-06-16390-7),
  • Cinque storie ferraresi. Premio Strega 1956, PrĂ©face de Benedetta Centovalli, Collezione I 100 Capolavori Premio Strega, UTET- Fondazione Maria e Goffredo Bellonci, Turin, 2007 (ISBN 978-88-02-07510-5),
  • Cinque storie ferraresi. Dentro le mura, Collana Universale Economica n.2338, Feltrinelli, Milan, 2012 (ISBN 978-88-07-72338-4),
  • Il Romanzo di Ferrara, a cura di Cristiano Spila, Collana Le Comete, Feltrinelli, Milan, 2012 (ISBN 978-88-07-53023-4).

Source de traduction

Voir aussi

Notes et références

  1. Adele Marini, Clelia, l'affetto non ammette imbrogli. Libri rari, lundi 22 juillet 2013, Il Fatto Quotidiano
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