Chronologie de Salé
Cette chronologie de Salé liste les principaux événements de l'histoire de la ville de Salé au Maroc.
Époque pré-islamique
- XVe siècle av. J.-C.: L'archéologue français J. Joube prouve l’existence d'une civilisation phénicienne à l'embouchure du Bouregreg à l'instar des cites de Lixus et de Mogador. D'après Ibn Ali Doukkali le site s'appelait Koudis
- Ve siècle av. J.-C.: Fondation de la colonie romaine Sala Colonia
- Ier siècle av. J.-C.: Pline l'Ancien décrit Sala comme infestée d'éléphants et de barbares.
- : Décret émis par les décurions de Sala Colonia. Ils votent l'érection d'une statue en l'honneur du préfet M. Sulpicius Felix qui a pacifié la région et entouré la ville de murailles[1]. Début d'une série de campagnes de l'armée romaine en Maurétanie (fin en 152)[2].
Âge d'or islamique
- IXe siècle: Le fils d'Idris II, Aïssa Ben Idriss gouverne la ville avant de partir pour Grenade.
- Xe siècle: Fondation de la ville islamique par les Ifrenides. La ville est proclamée capitale[3]. Sous leur règne plusieurs familles andalouses s'installeront dans la ville comme les Beni Khayoun et les Beni Achara.
- 1028-1029: Construction de la Grande Mosquée de Salé par Temim Ibn Ziri[4]
- 1042: Construction des palais des Banou Achara autour de la Grande Mosquée[5].
- 1056: Mort du chef des Benou Ifren Temim Ibn Ziri à Salé
- 1068: Laghouat membre influent des Maghraouas tué à Salé par Youssef Ibn Tachfin. Prise de la ville par les Almoravides
- XIe siècle: Les Banou Achara gouvernent la ville sous Ibn Tashfine. Leur ancêtre a été nommé par le califat omeyyade au Xe siècle gouverneur du Maghreb. Son fils aîné Abou El Abbas B. Al Qasim (l'un des Achr dix frères, d'où le nom de Banou Achara) construit son palais à Salé qui sera plus tard utilisé par le Sultan almohade Abdel Moumin[6].
- 1075: Les Almoravides construisent la mosquée Achahbae de Salé.
- [7] : En Espagne, les Almoravides sont écrasés à Arnisol, près de la ville juive de Lucéna[8]. Les chrétiens rendus responsables de cette défaite sont déportés au Maroc, dans les villes de Salé et de Meknès.
- XIIe siècle : prise de la ville par les Almohades, elle ne restera que 90 ans entre les mains des Almoravides. Développement de la ville sous les Almohades du fait de sa position stratégique sur la voie terrestre Fès/Marrakech, et grâce à son port, important centre d’échanges entre l’Europe et le Maroc.
- 1132 : destruction de la partie sud des remparts par le sultan almohade Abdel Moumin.
- Vers 1145 : décès du marabout Sidi Aboul Abbas (Sidi Belabbès)
- Vers 1155 : décès du marabout Sidi Moussa Doukkali
- 1163 : Abdel Moumin meurt à Salé
- Vers 1165 : décès du marabout Sidi Hajj Abdellah
- 1196 : le sultan Abu Yusuf Yaqub al-Mansur restaure les remparts de Salé qui sont parmi les plus anciens et les plus imposants du Maroc et fait de la Grande Mosquée l'une des plus belles du Maroc, mais celle-ci perdit ses décors initiaux[5].
- XIIIe siècle : prise de Salé par les Mérinides sous lesquels la ville connaîtra son apogée et deviendra le deuxième pôle commercial et culturel après Fès.
- 1260 : prise de Salé[N 1] par Alphonse X de Castille. Bien que le Sultan Abu Yusuf Yaqub ben Abd al-Haqq en sort victorieux, l’évènement demeure le plus grand massacre de la ville[9]. Dans la même année, le Sultan fera appel à l'architecte sévillan Mohamed Ben Ali qui construira l'arsenal de Salé et la plus imposante porte fortifiée du royaume Bab Lamrissa pour relancer la lutte armée pour Al-Andalus[10].
- 1333-1341 : construction de la Médersa mérinide de Salé entreprise par Abu al-Hasan ben Uthman et achevée par son fils Abu Inan Faris.
- 1340 : construction de Sour laqwass (le mur d'arcades), l'aqueduc par Abu al-Hasan ben Uthman
- 1345 : construction du Maristane de Salé par Abu al-Hasan ben Uthman.
- 1360-1363 : le poète andalou Ibn al-Khatib vit Salé sous le règne de Abu al-Hasan ben Uthman et décrit la cité comme étant « une ville impressionnante par sa beauté et sa splendeur, une ville mariant avec harmonie les traits de l'urbanité et de la vie de campagne »[11]
- 1356 : fondation de Zaouiya Annoussak par Abu Inan Faris.
- Vers 1364 : décès du marabout Sidi Ben Acher al-Andaloussi
- Vers 1369 : décès du marabout Sidi Ali Ben Ayoub
- Vers 1376 : décès de l'Imam Ibn Al-Mejrad
- Vers 1421 : Abu Zakariya Yahya gouverne Salé
- Début du XVIe siècle : Léon l'Africain visite Salé
- 1530 : prise d'une caravelle portugaise par les corsaires de Salé-le-Vieil[12].
- 1579 : sous l’impulsion du Sultan saâdien Ahmed al-Mansur Saadi, Salé fête sa première procession des cierges[13].
- Vers 1604 : décès du marabout et Saint Patron de Salé Sidi Abdellah Ben Hassoun
République du Bouregreg : Salé-le-Vieux
- 1627 : Raid des pirates salétins en Islande. Le village de Grindavík est pillé et plusieurs habitants sont emmenés comme esclaves.
- : Assassinat du marabout Sidi M'hamed al-Ayachi, maître de Salé-le-Vieux, lors des luttes intestines qui déchirent la république du Bouregreg[14]. Les marabouts de Dila, près de Khénifra, sont maîtres du Nord du Maroc après avoir vaincu le chérif saadien et les partisans du marabout Al-Ayachi.
- 1643 : Le renégat Al-Qaïd Said Djanoui est nommé par les Dilaïtes à la tête de la ville.
- 1659 : Brahim Maâninou se rend à La Haye pour parlementer avec les Hollandais.
- Vers 1661 : Décès du marabout Sidi M'Hamed M'Fadel (surnommé « Moul l'Gomri »), ouléma et descendant du cheikh M'Hamed Charqui, patron de Bejaâd.
- Vers 1662: Décès du marabout Sidi Ahmed Taleb.
- 1663 : Salé échappe au contrôle des Dilaïtes et est gouvernée par l'ancien lieutenant d'Al-Ayachi, Khadir Ghailane.
- 1681 : Le marabout Sidi Ahmed Hajji expulse les Espagnols des côtes de Mehdia.
- 1691 : Décès de Sidi Ahmed Hajji.
Temps modernes
- 1709 : Construction de la kasbah des Gnaouas près de Sidi Moussa par Moulay Ismail
- 1719 : Décès du marabout Sidi Al-Hassan Al-Aydi Sjiri
- 1738 : Construction du Borj Bab Sebta (porte de Ceuta) par le pacha Abdelhaq Fennich[15].
- Milieu du XVIIIe siècle : Prise et destruction de la Kasbah des Gnaouas par Fennich à la suite du viol d'une proche par les Abid al-Bukhari.
- 1755 : la ville est affectée par le Tremblement de terre de Lisbonne. Le port est disloqué.
- 2 - : une escadre française, commandée par le comte du Chaffault bombarde Salé en répression contre les prises de navires marchands par les corsaires[16].
- 1785 : construction de Borj Adoumoue par le Sultan alaouite Sidi Mohamed ben Abdellah
- Ahmad ibn Khalid al-Nasiri rédige l'Histoire du Maroc dans sa célèbre encyclopédie Al-Istiqsa
- : Bombardement de Salé par le contre-amiral Dubourdieu[17] pendant le mandat du Pacha Abdelhadi Zniber[18]
- 1853 : construction du Borj Roukni ou Sqalla Kdima[N 2] par le Sultan alaouite Abd ar-Rahman ibn Hicham.
- 1854 : arrivée du choléra à Salé qui emporte le Pacha Abdelhadi Zniber.
Époque contemporaine
Protectorat français et résistance
- : construction de la Maison de convalescence par Inès de Bourgoing épouse du Maréchal Lyautey pour les légionnaires et soldats convalescents [19]
- 1927 : création du Club littéraire islamique de Salé «Annadi Al Adabi Al Islami»
- 1928 : création de Association sportive de Salé;
- : rédaction de la pétition contre le dahir berbère par Abu Bakr Zniber.
- : l’appel au « latif » lancé à Salé par Abdellatif Sbihi, Ahmed Maâninou et Haj Abdelkrim Hajji.
- : remise de la pétition au Sultan Mohammed ben Youssef par le biais du grand vizir Al-Moqri ainsi qu'au Résident général.
- : le cadi de Salé Mohamed ben Driss Alaoui a l'idée de commémorer l'intronisation de Sa Majesté le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef à l'instar de la Grande-Bretagne. Salé sera la première ville à célébrer la fête du trône.
- 1934 : à 20 ans, Boubker el-Kadiri fonde l'école An-Nahda (La Renaissance) pour s'opposer au protectorat français.
- : signature par de nombreux Salétins du Manifeste de l'indépendance.
- 1947 : Larbi Zniber et Mustapha Belhaj fondent le club de football Najah de Salé.
De l'indépendance à nos jours
- 1967 : fondation de la Bibliothèque Sbihi par hajj Mohamed Sbihi (1882-1969) et hajj Abdellah Sbihi (1914-1995).
- 1986 : création de l'Association Bouregreg par Mohamed Aouad
- 1994 : création du Musée ethnographique Dar Belghazi
- 2010 : mise en service du Tramway de Rabat-Salé (La ville avait déjà bénéficié d'un premier tramway dans les années 1910 à l'époque coloniale)
Notes et références
Notes
- Le raid a eu lieu en 1260 selon Ibn Khaldoun et en 1263 selon Luis del Mármol Carvajal signale « l'encyclopédie Imago Mundi, à l'article Les Almoades », sur cosmovisions.com
- Skalla (اسقالة), emprunté de l'espagnol Scala, désigne un bastion fortifié du XVIIIe siècle (voir Lexique de l'arabe salétin)
Références
- Antonio Ibba et Giusto Traina, L'Afrique romaine : De l'Atlantique à la Tripolitaine (69-439 ap. J.-C.), Rosny-sous-Bois, Éditions Bréal, , 206 p. (ISBN 978-2-7495-0574-9, présentation en ligne)
- David Lee Bomgardner, The story of the Roman amphitheatre, Routledge, , 276 p. (ISBN 978-0-415-16593-8, présentation en ligne)
- Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères
- (ar) وزارة الأوقاف و الشؤون الإسلامية
- (ar) Histoire de Salé, revue "Daouat Al-Haqq", site officiel du Ministère des Habous et des Affaires Islamiques: www.habous.net
- Les premiers habitants de la ville dans Salé: Cité Millénaire
- Recherches sur l'histoire et la littérature de l'Espagne pendant le Moyen Âge, par Reinhart Pieter Anne Dozy
- A History of the Maghrib in the Islamic Period, par Jamil M. Abun-Nasr
- Qantara, centre de recherche historique méditerranéen, Version de Ibn Khaldoun sur la prise de Salé
- Henri Terrase, Les portes de l'Arsenal de Salé, ed. Hespéris, 1999 p. 357-371
- Visite de Ibn AL-Khatib à Salé dans Salé: Cité Millénaire
- Leila Maziane 2007, p. 37
- Mrini et Alaoui p. 75 à 78
- Roger Coindreau, Les Corsaires de Salé, , 243 p. (ISBN 978-9981-896-76-5, lire en ligne)
- Mrini et Alaoui p. 40
- Publications de l'Institut des hautes études marocaines, vol. 42, E. Leroux, (présentation en ligne)
- « Biographie », sur stratisc.org
- Brown, p. 29, 73, 74, 177-180
- « Biographie de la Maréchale Lyautey », sur memoireafriquedunord.net
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Ismaïl Alaoui et Driss Mrini (dir.), Salé : Cité millénaire, Rabat, Éclat, coll. « Trésors d'une ville », , 199 p. (ISBN 9981-9995-0-4)
- (ar) Jean Cousté (trad. Abu al-Kacem Achach), Bouyoutat Madinat Sala (Les Maisons de Salé) [« Les Grandes Familles indigènes de Salé »], Imprimerie officielle de Rabat, diffusion de la bibliothèque Sbihi, , 152 p., p. 77 à 123 « Informations », sur books.google.co.ma sur l'ouvrage original en français, publié en 1931.
- (ar) Mohamed Ben Ali Doukkali, L'Histoire des Deux Rives [« Al-Ithaf Al Wajiz, Tarikh Al-Adwatayn »], Editions Maârif de Rabat, diffusion de la bibliothèque Sbihi, 1996 (2nd édition), 400 p., p. 335 à 354
- (en) Michael Dumper et Bruce E. Stanley, Cities of the Middle East and North Africa : a historical encyclopedia, Oxford, ABC-CLIO, , 439 p., relié (ISBN 978-1-57607-919-5, LCCN 2006027503, lire en ligne)
- (en) Kenneth L. Brown, People of Sale : Tradition and Change in a Moroccan City, 1830-1930, Cambridge (Massachusetts), Harvard University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-674-66155-4) Ouvrage « publié en français », sur books.google.fr au Maroc en 2011.
- (en) Charles Lee Lewis, Admiral De Grasse and American Independance, Ayer Publishing, , 404 p. (ISBN 978-0-405-13042-7, lire en ligne)
- Leïla Maziane, « Course salétine et contre-course européenne en Méditerranée atlantique aux XVIIe et XVIIIe siècles », Ibla, no 202,
- Leïla Maziane (préf. André Zysberg), Salé et ses corsaires, 1666-1727 : Un port de course marocain au XVIIe siècle, Mont-Saint-Aignan/Caen, Publications des universités de Rouen et du Havre/Presses universitaires de Caen, , 362 p. (ISBN 978-2-84133-282-3) [table des matières] [aperçu en ligne]
- Roger Coindreau (préf. Mohamed Zniber), Les Corsaires de Salé, La Croisée des chemins, , 2e éd. (1re éd. 1948) [détail des éditions] [aperçu en ligne]
- Samuel Pickens, Françoise Peuriot et Philippe Ploquin, Maroc : Les Cités impériales, Courbevoie, ACR Édition, , 311 p. (ISBN 978-2-86770-075-0), ?
- Robert Chastel, « Les corsaires du Bou Regreg : de la naissance à la fin de la course », dans Rabat-Salé : Vingt siècles de l’oued Bou Regreg, Rabat, La Porte, (ISBN 9981-889-07-5), p. 75-94
- Jacques Caillé, « Le dernier exploit des corsaires du Bou Regreg », dans Hespéris : Archives berbères et bulletin de l'Institut des hautes études marocaines, t. XXXVII, (lire en ligne), p. 429-437
- Henry de Castries, « Le Maroc d'autrefois : Les corsaires de Salé », Revue des deux Mondes, (lire en ligne)
- Pierre Dan, Histoire de Barbarie et de ses corsaires, , 2e éd. (1re éd. 1646) (lire en ligne), « Des corsaires de la ville et république de Salé »
- M'hammed Aouad et Maria Awad, Les Trente Glorieuses ou l'Âge d'or du nationalisme marocain : 1925-1955 Témoignage d'un compagnon de Mehdi Ben Barka, Rabat, LPL, , 391 p. (ISBN 9981-110-08-6, lire en ligne), p. 24, 27 Ouvrage « publié en français », sur books.google.co.ma au Maroc en 2006.
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