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Chicken Ranch (Texas)

Le Chicken Ranch, littĂ©ralement en français : le ranch du poulet, est une maison close clandestine, mais tolĂ©rĂ©e, ouverte de 1844 Ă  1973 et situĂ©e Ă  environ km Ă  l'est du centre-ville de La Grange, dans le comtĂ© de Fayette, au Texas, aux États-Unis. L'Ă©tabissement est fondĂ© par Mlle Jessie Williams et est Ă©voquĂ© dans la chanson La Grange, du groupe amĂ©ricain ZZ Top mais aussi la comĂ©die musicale Ă  Broadway, en 1978, The Best Little Whorehouse in Texas (en), en français : Le meilleur petit bordel du Texas[1] et Ă  son adaptation cinĂ©matographique, La Cage aux poules, de 1982.

Histoire

Le bordel, qui deviendra le Chicken Ranch, ouvre ses portes à La Grange en 1844. Dirigé par une veuve connue sous le nom de Mme Swine, le bordel est exploité dans un hÎtel, prÚs du saloon, et met en vedette trois jeunes femmes de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane[1]. Les dames utilisent le hall de l'hÎtel pour l'accueil et louent une chambre à l'étage pour faire leurs affaires[1]. Le lupanar connaßt le succÚs pendant plus d'une décennie, mais doit fermer ses portes pendant la guerre de Sécession, lorsque Mme Swine et une de ses prostituées doivent quitter la ville, à l'approche des Yankees et des unionistes. AprÚs la guerre, la prostitution est endémique dans les saloons locaux, mais aucun registre officiel n'a été conservé[1].

Miss Jessie Williams

En 1905, Jessie Williams, connue sous le nom de Miss Jessie, achĂšte une petite maison, le long de la rive du fleuve Colorado et ouvre un bordel. Jessie Williams entretient de bonnes relations avec les forces de l'ordre locales et s'assure que son Ă©tablissement soit respectable en excluant les ivrognes et en y admettant les politiciens et les hommes de loi. AprĂšs avoir appris l'imminence d'une croisade contre le quartier chaud, Jessie Williams vend sa maison et achĂšte 10 acres (40 000 m2) Ă  l'extĂ©rieur des limites de La Grange, Ă  deux pĂątĂ©s de maisons de l'autoroute Houston-Austin. Ce sera l'emplacement final du Chicken Ranch[1].

En 1917, le Chicken Ranch commence Ă  faire de la publicitĂ©. Sous la direction de deux sƓurs, qui travaillent Ă  la maison, les prostituĂ©es envoient des colis et des lettres aux hommes de la rĂ©gion qui combattent pendant la PremiĂšre Guerre mondiale. La publicitĂ© et l'augmentation du nombre de propriĂ©taires d'automobiles ont augmentĂ© le flux de circulation vers le bordel. De nouvelles piĂšces sont ajoutĂ©es pour rĂ©pondre Ă  la demande[1]. Le bordel « ressemblait Ă  une ferme typique du Texas, avec un parement blanchi Ă  la chaux et quelques bĂątiments latĂ©raux », qui contenait les poulets. L'entrĂ©e Ă©tait situĂ©e Ă  l'arriĂšre de la maison et menait Ă  une maison de quatorze piĂšces. Aucune lumiĂšre ou enseigne n'indiquait que l'Ă©difice abritait un bordel[2].

Chaque soir, le shĂ©rif local, Will Loessin, se rendait au Chicken Ranch pour apprendre les derniĂšres rumeurs et savoir si les clients s'Ă©taient vantĂ©s de leurs crimes. De nombreux crimes locaux ont Ă©tĂ© rĂ©solus grĂące aux informations obtenues lors de ces visites. À l'intĂ©rieur de la maison, Williams s'assure qu'aucun autre crime ne soit commis. Elle fait souvent les cent pas dans les couloirs, et si elle entendait quoi que ce soit qui suggĂ©rait que l'un des clients dĂ©rangeait une prostituĂ©e, Williams l'Ă©jectait avec une barre de fer[1].

Pendant la Grande DĂ©pression, Jessie Williams est forcĂ©e de baisser les prix pratiquĂ©s. À mesure que la dĂ©pression se prolonge, le nombre de clients diminue et Mme Williams a des difficultĂ©s Ă  joindre les deux bouts, pour ses employĂ©s. Elle applique la « norme sur la volaille », en facturant un poulet pour chaque acte sexuel. Le nombre de poulets au bordel explose, et bientĂŽt l'endroit est devient connu sous le nom de Chicken Ranch. Jessie Williams complĂšte ses revenus en vendant des poulets et Ɠufs excĂ©dentaires[1].

En 1946, un nouveau shérif, Jim T. Flournoy, prend ses fonctions. Il fait immédiatement installer une ligne téléphonique directe au Chicken Ranch afin de pouvoir continuer la tradition de son prédécesseur et obtenir des informations du bordel, sans se donner la peine de se rendre au bordel chaque soir[1].

Edna Milton

Jessie Williams commence à souffrir d'arthrite aiguë, dans les années 1950 et, en 1952, elle confie l'exploitation du ranch à une jeune prostituée nommée Edna Milton. AprÚs la mort de Jessie Williams, en 1961, Edna Milton achÚte la propriété[1], qu'elle rebaptise officiellement Edna's Fashionable Ranch Boarding House[2]. Elle maintient plusieurs des rÚgles de Jessie Williams pour les filles. Il leur est interdit de boire ou de se faire tatouer, et elles n'ont pas le droit de fréquenter les bars ou les cafés de la ville. DÚs le début de leur emploi, le shérif relÚve les empreintes digitales des prostituées et il les photographie. Elles font également l'objet d'une vérification de leurs antécédents judiciaires. AprÚs avoir commencé à travailler, on leur demande de consulter le médecin en ville, chaque semaine pour un bilan de santé[2]. Pour encourager le soutien des habitants de la ville, les fournitures sont achetées, à tour de rÎle, dans les magasins locaux. Edna Milton contribue également à des causes civiques locales, devenant l'une des plus grands philanthropes de La Grange[1].

Le Chicken Ranch connait un grand succĂšs. Dans les annĂ©es 1950, le ranch emploie seize prostituĂ©es. Les fins de semaine, il y a souvent une file d'hommes, surtout des Ă©tudiants ou des soldats, des bases militaires voisines, Ă  la porte. Une base fournit mĂȘme un hĂ©licoptĂšre pour que les soldats l'utilisent pour se rendre au ranch. Les Ă©tudiants de l'universitĂ© A&M du Texas ont Ă©galement pour tradition non officielle d'envoyer des Ă©tudiants de premiĂšre annĂ©e au Chicken Ranch, pour leur initiation[2] - [3].

Chaque prostituĂ©e aurait eu entre cinq et vingt clients par jour. Dans les annĂ©es 1950, elles facturaient 15 $ pour 15 minutes, soit 140 $ d'aujourd'hui[1]. Les employĂ©es Ă©taient tenues de reverser 75 % de leur gains Ă  Edna Milton, qui payait tous leurs frais de subsistance et leurs frais mĂ©dicaux. À son apogĂ©e, dans les annĂ©es 1960, le ranch gagnait plus de 500 000 $ par an, soit 3,98 millions de dollars d'aujourd'hui et les prostituĂ©es gardaient une prime supplĂ©mentaire de 300 $ par semaine pour elles (2 400 $ d'aujourd'hui)[2].

Edna Milton Chadwell est décédée à Phoenix (Arizona), à l'ùge de 82 ans, le [4].

Fermeture

En , le ministĂšre de la SĂ©curitĂ© publique du Texas (en) (DPS) surveille le Chicken Ranch, pendant deux jours, documentant l'entrĂ©e de 484 personnes dans le bordel rural. À la demande d'un membre de l'Ă©quipe de renseignement de la DPS, les forces de l'ordre locales ferment le ranch pendant une courte pĂ©riode. Il rouvre ses portes et, en , Marvin Zindler (en), journaliste Ă  la tĂ©lĂ©vision de Houston, entreprend une enquĂȘte sur le Chicken Ranch. Il prĂ©tend, pendant de nombreuses annĂ©es, qu'il a commencĂ© son enquĂȘte Ă  cause d'un tuyau anonyme. Le gouverneur Dolph Briscoe met fin Ă  l'Ă©tablissement, mais le rouvre au bout de quelques mois. Puis Zindler intervient Ă  nouveau pour faire la lumiĂšre sur le Chicken Ranch, ce qui conduit Ă  sa fermeture dĂ©finitive[5]. En 2005, lors d'une interview sur KTRK News Ă  Houston, Zindler dĂ©clare : « Il y a 25 ans, j'ai racontĂ© un petit mensonge en disant que j'Ă©tais entrĂ© en scĂšne, grĂące Ă  un tuyau anonyme. Il s'agissait en fait d'un appel tĂ©lĂ©phonique du bureau du procureur gĂ©nĂ©ral du Texas, John Hill (en). Celui-ci a demandĂ© au chef de sa division du crime organisĂ©, Tim James, de m'impliquer dans la fermeture du Chicken Ranch ». Tim James Ă©tait au bureau lorsque le procureur gĂ©nĂ©ral John Hill a demandĂ© au procureur du comtĂ© de Fayette, Oliver Kitzman, de fermer le Chicken Ranch. John Hill a expliquĂ© l'intĂ©rĂȘt que le DPS et le procureur gĂ©nĂ©ral avaient Ă  voir Ă  ce qu'il soit mis fin Ă  tout crime organisĂ©. La rĂ©ponse de Kitzman est : « Il n'y a rien que les gens de ce comtĂ© veuillent faire, monsieur Hill. Il n'y a rien qu'on puisse faire. Cela ne prĂ©occupe pas beaucoup les gens qui m'ont Ă©lu ». Hill dit ensuite Ă  Zindler qu'il paraphrasait un peu, mais essentiellement ce que Kitzman a dit Ă  Hill Ă©tait « et si vous ou vos hommes descendez ici, c'est moi qui enquĂȘterai sur vous ! ». C'est alors que le procureur gĂ©nĂ©ral Hill a suggĂ©rĂ© que Zindler soit appelĂ©[6].

Tim James appelle Marvin Zindler dans l'espoir que la personnalitĂ© de la tĂ©lĂ©vision pourrait exercer le bon type de pression afin de faire fermer le ranch. Zindler interviewe Oliver Kitzman, qui admet connaĂźtre l'existence du Chicken Ranch, mais affirme qu'il n'a jamais essayĂ© de fermer le bordel parce que ModĂšle:Citatio[5]. Le shĂ©rif Jim T. Flournoy, qui surveille la rĂ©gion de La Grange, depuis 27 ans, nie que le Chicken Ranch soit impliquĂ© dans le crime organisĂ© et nie aussi qu'il avait Ă©tĂ© soudoyĂ© pour garder l'endroit ouvert. Zindler contacte le gouverneur Dolph Briscoe Ă  ce sujet. AprĂšs une trĂšs brĂšve enquĂȘte, qui n'a trouvĂ© aucune preuve d'un lien avec le crime organisĂ©[1], Briscoe et Hill ordonnent la fermeture permanente du Chicken Ranch[5].

La fermeture est trĂšs mal vĂ©cue. Le , le shĂ©rif Jim T. Flournoy appelle Edna Milton et lui indique qu'elle n'est plus autorisĂ©e Ă  exercer. Une enseigne, faite Ă  la main, est apposĂ©e sur le bĂątiment et rend Marvin Zindler responsable de la fermeture[5]. Jim T. Flournoy se rend plus tard Ă  Austin pour rencontrer le gouverneur, muni d'une pĂ©tition contre la fermeture et portant 3 000 signatures. Dolph Briscoe refuse de le rencontrer[1].

HĂ©ritage

Pendant deux ans, aprĂšs la fermeture du Chicken Ranch, les clients potentiels continuent d'affluer. La maison est rachetĂ©e par deux avocats de Houston. En 1977, une partie de la maison et le mobilier d'origine sont transfĂ©rĂ©s Ă  Dallas, oĂč est ouvert un restaurant, avec Edna Milton comme hĂŽtesse[1].

En 1979, Edna Milton ouvre un bar sur Lemmon Avenue à Dallas, également appelé Chicken Ranch. Les affaires ne sont pas bonnes et le bar ferme en 1980.

Le Chicken Ranch a inspiré la comédie musicale The Best Little Whorehouse in Texas (en) jouée à Broadway en 1978 et son adaptation cinématographique, La Cage aux poules, de 1982. Il a également inspiré la célÚbre chanson du groupe ZZ Top, La Grange[7].

Références

  1. (en) Walter F. Pilcher, « Chicken Ranch », sur le site Texas State Historical Association (consulté le ).
  2. (en) Laura Hensley, « Best little kept secret Countless Aggie boys became men at the Chicken Ranch in La Grange », sur le site The Eagle.com (consulté le ).
  3. (en) Jim Dent, The Junction Boys : How 10 Days in Hell with Bear Bryant Forged a Champion Team, Macmillan, , 336 p. (ISBN 978-1-4299-7284-0, lire en ligne), p. 165.
  4. (en) Freemantle Tony, « Last madam of infamous Chicken Ranch has died », sur le site chron.com, (consulté le ).
  5. (en) « Chicken Ranch (or, The Best Little Whorehouse in Texas) », sur le site barrypopik.com, (consulté le ).
  6. (en) Ralph Blumenthal, « Marvin Zindler, 85, Crusader in ‘Whorehouse in Texas’ Case, Is Dead », The New York Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  7. (en) Victoria Miller, « Billy Gibbons Talks ZZ Top’s Hit ‘La Grange’ During AXS TV’s ‘The Big Interview with Dan Rather’ » [vidĂ©o], sur le site axs.com, (consultĂ© le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Blaschke Jayme Lynn, Inside the Texas Chicken Ranch : The Definitive Account of the Best Little Whorehouse., Charleston, The History Press, (ISBN 978-1-4671-3563-4).
  • (en) Hutson Jan, The Chicken Ranch : The True Story of the Best Little Whorehouse in Texas, San Jose, Authors Choice Press, 1980-2000, 120 p. (ISBN 978-0-595-12848-8 et 0-595-12848-3, lire en ligne).
  • (en) Agris Joseph M.D., White Knight in Blue Shades : The Authorized Biography of Marvin Zindler, Houston, A-to-Z Publishing, (ISBN 0-9712348-1-7).
  • (en) King Larry L., The Whorehouse Papers, New York, Viking Press, (ISBN 0-670-15919-0).
  • (en) King Larry L., Of Outlaws, Con Men, Whores, Politicians and Other Artists, New York, Viking Press, (ISBN 0-14-005755-2).
  • (en) Joy Jones, The Last Madam : A Legend of the Texas Chicken Ranch, Treaty Oak Publishers, , 240 p. (ISBN 978-1-943658-06-0).
  • (en) Jayme Blaschke et Lisa Blaschke, Ghosts of the Chicken Ranch, Lisa On Location, , 42 p. (ISBN 978-0-9895972-1-0).

Articles connexes

Liens externes

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