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Chiara Lubich

Chiara Lubich, (Trente, - [1], Rocca di Papa), est une militante catholique italienne, fondatrice et présidente du Mouvement des Focolari. Elle promut une nouvelle évangélisation et la fraternité universelle. L'Église catholique a engagé un procès pour sa béatification[2] et la considère depuis comme servante de Dieu.

Chiara Lubich
Image illustrative de l’article Chiara Lubich
Servante de Dieu
Naissance
Trente, Italie
Décès
Rocca di Papa, Italie
Nationalité Drapeau de l'Italie Italie Italienne
Ordre religieux Mouvement des Focolari (fondatrice)
BĂ©atification cause en cours

Biographie

Jeunesse

Silvia (elle adopte ultérieurement le prénom de Chiara)[3] Lubich est née à Trente en 1920. Son père, socialiste, perd son travail à cause de ses idées politiques et sa famille tombe dans l'extrême pauvreté. Elle doit donc, très jeune, travailler pour financer ses études à l'université : au début des années 1940, elle devient enseignante dans une école primaire de sa ville natale et s’inscrit à la faculté de philosophie de l’université de Venise.

Le , elle décide de consacrer sa vie à Dieu. Face aux exactions et destructions de la Seconde Guerre mondiale, elle a l'intime conviction que c’est le seul idéal qui ne s’écroule pas. Cette date est le début officiel du Mouvement des Focolari, qui aura un impact spirituel et social à dimension mondiale. À partir de ce moment, le but de sa vie est de réaliser les paroles prononcées par Jésus dans l'Évangile selon Jean, « Que tous soient un », c’est-à-dire, de rassembler tous les hommes dans la fraternité.

La nuit du , sa maison est détruite par le bombardement sur Trente. Pendant que sa famille se réfugie dans les montagnes près de chez eux, elle reste à Trente, et avec ses compagnons du focolare, elle essaie de suivre l’Évangile « à la lettre » au milieu des pauvres de sa ville, et pense qu’il s’agit d’une révolution sociale[4].

Fondation

En 1948, elle rencontre pour la première fois Igino Giordani au Parlement italien. Député, écrivain, journaliste et père de quatre fils, il sera le cofondateur du mouvement dont il contribuera grandement à développer l'aspect social et spirituel. Pasquale Foresi, dont elle fait la connaissance en 1949, sera le premier prêtre focolarino.

En 1956, elle forme les « Volontaires de Dieu », qui sont des personnes se consacrant aux activités les plus variées dans la politique, dans l'art, dans la religion ou l'économie, dans le but de répandre la fraternité dans la société. Le Mouvement "Gen" (Génération Nouvelle), formé dix ans plus tard, s'adresse quant à lui spécifiquement aux jeunes auquel il propose « une vision radicale de l'Évangile ».

Économie de communion

Chiara Lubich en 2004

En 1991, alors qu'elle est en visite au Brésil, Chiara Lubich constate que les pratiques de partage des membres du mouvement ne suffisent pas aux immenses besoins des personnes animées par leur esprit de fraternité[5] ; elle propose de créer ou de développer des entreprises qui partageront une part de leurs bénéfices, et donneront la priorité à la relation, tendant à la réciprocité et à la communion. Cette initiative devient par la suite l'économie de communion.

Maladie et mort

Hospitalisée le 2 novembre 2006, elle reçoit le 7 du même mois une lettre du pape Benoît XVI lui disant sa bénédiction et l'assurance de sa prière.

Le , Chiara Lubich est accueillie d'urgence à l'hôpital Gemelli de Rome pour de graves difficultés respiratoires. À son chevet, elle reçoit une lettre personnelle du pape Benoît XVI et la visite du Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier (à Rome à l'occasion de sa rencontre avec le pape au Vatican). Le , elle demande et obtient une décharge pour rentrer à sa maison de Rocca di Papa où elle s'éteint sereinement le lendemain, à l'âge de 88 ans[6] - [7]. Elle est enterrée par le Cardinal Bertone[8].

Distinctions

À partir de la seconde moitié des années 1990 pour élargir son image de mouvement spirituel catholique à celle d'une organisation internationale humanitaire, et afin d'accroître son influence dans la société civile, la fondatrice du Mouvement des Focolari a été désignée, avec l'appui d'amis influents de l'organisation, pour de nombreuses distinctions[9] :

En outre, elle a reçu de nombreux doctorats honoris causa (en théologie, philosophie, psychologie, etc.) dans différentes universités européennes, sud-américaines et asiatiques.

Procès de béatification et critiques

Maria Voce présidente des Focolari, annonçait, le 7 décembre 2013, qu’elle demandait l’ouverture de la cause de béatification de Chiara Lubich auprès de l’évêque de Frascati, Mgr Raffaello Martinelli, l’ouverture est fixée le 27 janvier 2015. L'enquête diocésaine récoltant les témoignages sur sa vie se clôturera le 10 novembre 2019, puis sera envoyée à Rome pour y être étudiée par la Congrégation pour les causes des saints. Si les différentes commissions jugent digne de sainteté les éléments de sa vie, elle pourrait être déclarée vénérable.

Critiques

Des voix s'élèvent pour mettre en garde contre une béatification trop rapide. Des éléments de son discours semble prêter à la justification d'abus spirituels : « Il n’y a pas d’Unité, sinon là où il n’existe plus de personnalité »[10] ou plus encore des extraits d'une lettre du : « Chaque âme des Focolari doit être une expression de moi et rien d’autre. Ma Parole contient toutes celles des Focolarines et des Focolari. Je les synthétise tous. Lorsque j’apparais ainsi ils doivent donc se laisser générer par moi, communier avec moi. Moi aussi, comme Jésus, je dois leur dire : 'Celui qui mange ma chair...'. Pour vivre la Vie que Dieu leur a donnée, ils doivent se nourrir du Dieu qui vit dans mon âme. Leur attitude devant moi doit être un rien d’amour qui appelle mon amour. »[11] Une enquête cherchant si ces expressions de la fondatrice ont été considérées comme des principes et si cela aurait pu être à la source des dérives qui peuvent exister au sein de son mouvement, serait profitable. Si l'unité nie l'altérité des personnes, alors l'obéissance sera vécue de façon infantile et le gouvernement peut devenir totalitaire.

C'est ce qu'a expliqué Renata Patti dans son livre Dieu, les Focolari et moi, la libération d'une duperie paru en 2020[12]. Elle y explique les quarante ans de sa vie au sein de ce mouvement et les nombreux abus spirituels qu’elle y a subi, la conduisant à la dépression. René Poujol, journaliste chrétien commente : « On trouve dans ce récit, tous les ingrédients constitutifs des dérives sectaires telles qu’on les identifie ailleurs, dans d’autres communautés nouvelles qui ont eu leur 'heure médiatique' leurs victimes accusatrices et parfois leurs procès canoniques pouvant aller jusqu’à la destitution du fondateur. Absence de discernement vocationnel, rupture avec le milieu familial jugé 'incapable de comprendre', journées harassantes privant de tout temps libre, tyrannie domestique, harcèlement et vexations, obéissance totale envers la responsable cumulant les fonctions de supérieure de la communauté, enseignante, organisatrice de la vie quotidienne de chacun, unique confidente et accompagnatrice spirituelle… , référence permanente et exclusive aux écrits de la fondatrice, incitation à donner tous ses biens à la communauté par esprit de pauvreté sans garantie aucune de restitution en cas de départ, censure des lectures et des films projetés, contrôle sur les moindres faits et gestes de chaque membre à travers la rédaction quotidienne, en fin de journée, des 'schemetti' »[13]. Cette vision semble soutenue par le cardinal Martini à la fin de sa vie : il reçoit Renata Patti, en janvier 2012, puis en mars 2013[14].

Filmographie

Notes et références

  1. « Hommage à Chiara Lubich », sur Zenit.org, Zenit, (consulté le )
  2. « Ouverture de la cause de béatification de la fondatrice des Focolari », Radio Vatican,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Gordon Urquhart, « Focolari », dans Encyclopædia Universalis (lire en ligne).
  4. Evlyne Montigny, « Chiara Lubich, une spiritualité de l'unité », sur croire.la-croix.com (consulté le )
  5. « Économie de communion : vers plus de solidarité et de responsabilité dans les entreprises. | Centre Avec », sur www.centreavec.be (consulté le )
  6. « Les adieux à Chiara Lubich, la fondatrice du Mouvement des Focolari », sur Zenit.org, Zenit, (consulté le )
  7. (it)https://www.repubblica.it/2008/03/sezioni/persone/chiara-lubich/chiara-lubich/chiara-lubich.html#up
  8. « Benoît XVI prend spirituellement part aux funérailles de Chiara Lubich », sur Zenit.org, Zenit, (consulté le )
  9. Article FOCOLARI en ligne sur le site payant http://www.universalis.fr/, rédigé par Gordon Urquhart.
  10. (it) Judith Marie Povilus, GesĂą in mezzo nel pensiero di Chiara Lubich, CittĂ  Nuova, , p. 67
  11. Jean-Marie Hennaux, s.j., « La conception de l'unité chez Chiara Lubich » [PDF]
  12. « Dieu, les Focolari et moi - La libération d'une duperie »
  13. René Poujol, « Dérives : les Focolari dans l’œil du cyclone », (consulté le )
  14. Sandro Magister, « Jésuites contre Focolari. La béatification de Chiara Lubich remise en question », (consulté le )

Liens externes

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