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Charrette (expression)

Le mot charrette et l'expression être charrette sont aujourd'hui entrés dans la conversation courante. Ils viennent du vocabulaire utilisé par les élèves architectes[1] de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.

Arrivée d'une charrette tirée par les élèves architectes dans la cour des Beaux-Arts, Gazette de St-Germain-des-Prés, septembre 1965

Origine

Cette expression est apparue après 1830, date de l'installation de l'École des beaux-arts au 14 de la rue Bonaparte à Paris.

Jusqu'en 1968, il existe deux catégories d'ateliers pour l'enseignement de l'architecture : les ateliers dits officiels (ou intérieurs) et les ateliers dits libres (ou extérieurs)[2]. La pédagogie y est la même et est rythmée par les rendus de projets et les divers concours (admission, émulation, Rougevin, Godeboeuf, Rome, etc.). Les jurys des rendus se déroulent la plupart du temps le vendredi en salle Melpomène. Afin de pouvoir être jugés et notés, les rendus sont enregistrés à leur arrivée sur place avant midi, dernier délai, par le surveillant chef.

Les ateliers extérieurs étant souvent éloignés de l'École, et les projets se rendant sur de très grands formats difficilement transportables à dos d'étudiant, les élèves allaient chez un bougnat du coin réserver et louer la charrette avec laquelle il effectuait habituellement ses livraisons de sacs à charbon[3]. Avant le départ de la charrette, il règne dans les ateliers une ambiance survoltée où tout le monde « est charrette » ou « fait charrette », et s'invective à grand coup de « charrette au cul ! ». Puis un peu avant midi, les rendus (ou panets) sont descendus sur la charrette, tirée par les nouveaux élèves de l'atelier (ou nouvôs), direction la salle Melpomène de l'École des beaux-arts où ils seront exposés et jugés.

Durant l'entre-deux-guerres, il y eut de temps en temps des courses de charrettes[4] - [5] organisées entre les ateliers d'architecture et qui portaient le nom de course du Charett Club.

Cette tradition des charrettes traversant le quartier latin les jours de rendu perdura jusqu'en 1968, lorsqu'intervint la réforme[6] du fonctionnement de l'École des beaux-arts qui scinda l'unité des disciplines des beaux-arts : architecture, peinture et sculpture.

Signification

Une « charrette » est une tâche devant être accomplie dans un temps mesuré.

Donc « être charrette » veut d'abord dire que le temps restant avant le rendu est compté. Par extension, cela signifie que le projet auquel on est attelé doit être terminé dans un délai forcément trop court.

Cette expression a été adoptée dans les pays anglophones[7].

Dans certaines régions du Valais, on trouve une expression proche mais au sens et à l'origine différents, « être une charrette », pour désigner quelqu’un qui fait des bêtises.

Notes et références

  1. Voir définition de charrette (II) sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. « Alors... Charrette ? », sur grandemasse.org, (consulté le )
  3. René Beudin, Charrette au cul les nouvôs !, Paris, Horay, , 108 p. (ISBN 2705804382)
  4. « 3 avril 1927, quartier latin, course de charrettes, départ au carrefour de l'Observatoire. », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
  5. « 3 avril 1927, quartier latin, course de charrettes, passage rue Bonaparte, devant l'académie de médecine. », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
  6. Amandine Diener, « Relire Mai 68 et l’enseignement de l’architecture. La longue gestation d’une crise », sur metrpolitiques.eu, (consulté le )
  7. Voir notamment (en) l'article en anglais sur ce sujet.

Voir aussi

Bibliographie

  • RenĂ© Beudin, Charrette au cul les nouvĂ´s ! Le parler des architectes, Paris, Éditions Horay, coll. « Cabinet de curiositĂ© », 2006, 104 p. (ISBN 2705804382).
  • Guy Fichez, Le cru des Beaux-Arts, rĂ©coltes 1964 et suivantes, Edilivre, 2013, 414 p. (ISBN 9782332561671).
  • Annie Jacques (Ă©diteur scientifique), Emmanuel Schwartz (collaborateur), Les Beaux-Arts, de l'acadĂ©mie aux Quat'z'arts, Anthologie historique et littĂ©raire, Paris, ENSBA, coll. « Beaux-Arts histoire », 2001, 600 p. (ISBN 2-84056-096-8).

Articles connexes

Liens externes

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