Charlotte de Robespierre
Marie Marguerite Charlotte de Robespierre, née le à Arras et morte à Paris le , est la fille de François de Robespierre et de Jacqueline Marguerite Carraut et la sœur des révolutionnaires Maximilien et Augustin de Robespierre.
Biographie
Jeunesse
À la mort de sa mère et lorsque son père disparut, elle fut confiée, ainsi que sa jeune sœur Henriette, à ses tantes paternelles[1] (Maximilien et Augustin de Robespierre furent confiés à leurs grands-parents maternels). À l'âge de huit ans, elle entra, avec sa sœur, comme boursière dans une institution chargée d'éduquer les jeunes filles venant de bonnes familles, mais pauvres.
Elle quitta cette institution à l'âge de vingt-et-un ans et emménagea avec son frère aîné, Maximilien, qui venait d'obtenir sa licence de droit au collège Louis-le-Grand (à Paris)[1]. Ils vécurent ensemble jusqu'au début de la Révolution.
Lorsque Maximilien de Robespierre fut élu député du Tiers État et partit aux États généraux de Versailles, elle demeura à Arras et vécut avec son frère Augustin qui venait d'achever ses études.
Révolution française
En 1792, Maximilien de Robespierre, qui avait emménagé chez les Duplay en 1791, proposa à sa sœur et son frère de le rejoindre chez le menuisier. Les relations entre la sœur de l'Incorruptible et l'épouse de Maurice Duplay se gâtèrent rapidement.
Charlotte convainquit son frère aîné de quitter la famille du menuisier et d'emménager avec elle dans un appartement situé rue Saint-Florentin. Maximilien de Robespierre accepta, mais tomba rapidement malade. Selon les mémoires de Charlotte, Madame Duplay serait alors intervenue et l'Incorruptible regagna le logement des Duplay rue Saint-Honoré.
Vers la même époque, Fouché aurait proposé à Charlotte de Robespierre de l'épouser, mais ce projet ne se concrétisa pas, car Maximilien s'y opposa. Dans ses mémoires, Charlotte évoque comme raison de leur rupture les exactions commises par Fouché dans les départements où il avait été envoyé.
Charlotte accompagna son frère Augustin lorsque celui-ci fut envoyé en tant que représentant de l'Assemblée nationale à Toulon et à Nice.
C'est d'ailleurs lors de ce voyage qu'elle se brouilla totalement avec son frère cadet.
Elle fut ramenée à Arras sur la demande de son frère aîné, Maximilien. Elle revint pourtant de son propre gré à Paris et alla s'installer chez une amie.
Se croyant menacée après la chute de son frère, elle changea de nom et se cacha ailleurs. Découverte, elle fut arrêtée. Lors de son interrogatoire, invitée à dire si elle était au courant de la conjuration, elle s'empressa de déclarer qu'elle « ignorait totalement cette infernale conspiration » et que « si elle se fût doutée du complot infâme qui se tramait, elle l'eût dénoncé plutôt que de voir perdre son pays ». Elle fut libérée au bout d'une quinzaine de jours d'emprisonnement par le Comité de sûreté générale thermidorien.
Une fois sortie de prison, elle alla habiter chez des amis, le citoyen Mathon et sa fille qui, comme l'affirme Laponneraye dans la préface des Mémoires de Charlotte Robespierre, aimait Charlotte comme si elle eût été sa mère[1].
Dernières années
À partir de 1803, elle perçut, non une pension, mais une aide périodique sur décision de Bonaparte qui l'imputa aux débits des comptes spéciaux du ministère de la Police générale dirigé par Fouché, et sur instigation de ce dernier. Bien que diminuée, cette aide fut maintenue par les gouvernements successifs.
Elle mourut chez ceux qui l'hébergeaient depuis messidor an II, le citoyen Mathon puis sa fille, à qui elle légua quelques modestes meubles et effets personnels : « point d'immeubles, point de rentes sur l'État, point de capitaux ».
Ses obsèques eurent lieu le dimanche . Elle fut enterrée au cimetière du Montparnasse. À l'issue de la période trentenaire, sa tombe fut relevée.
Ayant survécu quarante ans à ses deux frères, elle s'acharna à reconstruire après coup ce qui n'existait plus en l'an II. Elle écrivit notamment pendant des années ses mémoires et celles de ses deux frères, pour les faire revivre dans l'histoire.
Albert Laponneraye la transfigura en prĂŞtresse du robespierrisme.
Dans la fiction
Charlotte de Robespierre apparaît comme personnage du film Les Visiteurs : La Révolution (2016), sous les traits de Sylvie Testud.
Publication
- Charlotte Robespierre, Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères, Paris, au Dépôt central, , 183 p. (lire en ligne). Réédition : Nouveau Monde éditions, 2006.
Notes et références
- Charlotte (1760-1834) Auteur du texte Robespierre, Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères (2e édition) : précédés d'une introduction par Laponneraye et suivis de pièces justificatives, (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
- Hector Fleischmann, Charlotte Robespierre et ses mémoires, Paris, Albin Michel, , 374 p. (lire en ligne).
- Hector Fleischmann, « Charlotte Robespierre et Guffroy », Annales révolutionnaires, t. 3, no 3,‎ , p. 321-340 (JSTOR 41920269).
- Jean Gaumont, « Mélanges : le testament de Charlotte Robespierre », Annales révolutionnaires, t. 11, no 4,‎ , p. 535-537 (JSTOR 41921164).
- Jacques Godechot, « Mélanges : Laponneraye, historien de Robespierre », Annales historiques de la Révolution française, no 251,‎ , p. 154-156 (JSTOR 41913696).
- Bernard Hautecloque, « Charlotte Robespierre, fiancée de Fouché », dans Dictionnaire Fouché, Éditions Sutton, 2019, p. 456.
- Albert Mathiez, « Mélanges : Charlotte Robespierre et le 9 thermidor », Annales révolutionnaires, t. 12, no 6,‎ , p. 502-504 (JSTOR 41921252).
- Gabriel Pioro et Pierre Labracherie, « Charlotte Robespierre et ses amis », Annales historiques de la Révolution française, no 165,‎ , p. 327-348 (JSTOR 41929693).
- Gabriel Pioro et Pierre Labracherie, « Charlotte Robespierre et ses amis (suite et fin) », Annales historiques de la Révolution française, no 166,‎ , p. 469-492 (JSTOR 41929711).
- (de) Gabriel Pioro et Pierre Labracherie, « Charlotte Robespierre, ihren Memoiren und ihre Freunde », dans Maximilien Robespierre, Berlin, éditions Markov, .