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Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey

Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey, né le à Salins-les-Bains et mort à Sainte-Menehould le [1], est un dramaturge français.

Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey
Gravure sur papier de Fenouillot d’après Jollain.
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités

Biographie

« Pour moi seul sur la terre il n'est plus de beaux jours !
Que sert le calme, hélas ! quand on a fait naufrage ?
J'ai tout perdu ; l'espoir m'est ravi pour toujours. » (acte I, scène 1)
« Grand Dieu, qu'allais-je dire ?
Ô mon Père, mon Père ! » (acte IV)
Gravure par Jean-Charles Levasseur.

Ayant obtenu un emploi dans les finances[2] - [3] - [4], il se lance dans le théâtre en s'inspirant de la Poétique française de Jean-François Marmontel, lequel se proposait de rajeunir la tragédie en y introduisant des héros bourgeois et en y représentant des événements modernes. Marmontel avait cité comme exemple d'un tel sujet l'histoire de Jean Fabre[5], un protestant qui s'était fait mettre aux galères pour épargner ce supplice à son vieux père. Fenouillot écrit alors L'Honnête Criminel. Jouée pour la première fois dans le théâtre privé de l'hôtel de la duchesse de Villeroy en 1768, la pièce est interdite de représentation à Paris par le ministre Louis Phélypeaux de Saint-Florentin. Considérée dès lors comme une protestation contre l'intolérance, elle attire une attention considérable. Voltaire fait son éloge[6] et la princesse Marie-Antoinette la fait jouer en sa présence, en 1769. Par la suite, la pièce est acclamée à Bruxelles, à Maastricht, à Toulouse et en Italie et fait l'objet d'une imitation par Gaspar Melchor de Jovellanos.

La deuxième pièce de Fenouillot de Falbaire, une comédie intitulée Les Deux Avares et accompagnée de la musique d'André Grétry, remporte en 1770 un succès honorable à Fontainebleau et à Paris, mais elle est mise en pièces par la critique. « Hélas ! écrit le baron Grimm, ce pauvre Fenouillot n'a qu'un malheur et un tort, c'est d’être un peu bête[7] ». Viennent ensuite : Le Fabricant de Londres, qui tombe à Paris dès sa première représentation en 1771 mais qui est applaudie à Venise et à Vienne ; Sémire et Mélide ou le Navigateur, agrémentée de la musique de Philidor, qui est répétée à l'Opéra de Paris mais jouée seulement à Bruxelles ; L'École des mœurs, qui tombe lors de la première à la Comédie-Française en 1776, mettant ainsi fin à la carrière théâtrale de son auteur.

Fenouillot de Falbaire subit vers cette époque un autre revers de fortune lorsque sa femme, de vingt-six ans sa cadette, devient la maîtresse du financier Nicolas Beaujon. Il se fait alors nommer régisseur des salines de Salins, puis, en 1782, inspecteur général des salines de Franche-Comté, de Lorraine et des Trois-Évêchés. Ses fonctions l'ayant amené à se heurter aux intérêts des fermiers généraux, il est destitué en 1787. Il publie cette année-là ses Œuvres, deux volumes dans lesquels il réunit ses pièces, dont plusieurs n'ont jamais été jouées, ainsi que quelques poésies et écrits théoriques.

Lors de la Révolution, L'Honnête Criminel triomphe enfin à Paris au Théâtre de la Nation le . Cette pièce, disent Charles-Guillaume Étienne et Alphonse Martainville, est « écrite en vers souvent très heureux ; les situations en sont attachantes ; elle fait couler de douces larmes et, en admettant le genre des drames, il faut convenir que celui-ci est un des meilleurs qui aient paru sur le théâtre[8] ». Ce nouveau succès de L'Honnête Criminel, qui connaît une centaine de représentations jusqu'en 1799, vaut à Fenouillot de Falbaire d'être nommé « commissaire du gouvernement près le Théâtre de l'Odéon ». En 1795, il se voit accorder un modeste pécule en récompense de ses travaux littéraires, mais, ayant échoué à obtenir un poste de quelque importance, il meurt, amer et ruiné, en 1800.

À la demande de son ami Denis Diderot, Fenouillot de Falbaire a par ailleurs contribué à trois articles de l'Encyclopédie, dont le plus notable est celui qu'il a consacré aux « salines »[9].

Notes, sources et références

  1. Acte de décès à Sainte-Menehould, vues 265-266/296.
  2. Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, t. VIII, Paris, , p. 61.
  3. Frank A. Kapker, The Encyclopedists as a group : a collective biography of the authors of the Encyclopédie, Voltaire Oxford, Voltaire Foundation, , p. 164-165.
  4. François Jacob, « Fin de partie pour Fenouillot de Falbaire », Orages, Paris,‎ s.d. (lire en ligne, consulté le ).
  5. Jean Fabre (1727-1797), condamné aux galères à Montpellier en 1756 et libéré en 1762, est l'oncle d'Antoine Fabre d'Olivet.
  6. « La pièce n'est pas bien faite, mais il y a des endroits touchants ; l'auteur me l'a envoyée ; je l'ai loué sur ce qu'il y a de louable. » Voltaire, Lettre à Chabanon, 25 décembre 1767.
  7. Melchior Grimm, Correspondance littéraire, philosophique et critique, décembre 1770, Garnier, Paris, 1879, vol. IX, p. 190.
  8. Charles-Guillaume Étienne et Alphonse Martainville, Histoire du Théâtre-français, depuis le commencement de la Révolution jusqu'à la réunion générale, Barba, Paris, 1802, p. 67. Cité par François Jacob, op. cit.
  9. Frank A. Kafker, op. cit., p. XIX. Article Salines en ligne :

Ĺ’uvres

Théâtre
  • L'HonnĂŞte Criminel, ou l'Amour filial, drame en 5 actes et en vers, publiĂ©e en 1767 et jouĂ©e Ă  Paris, chez M. de Villeroy, ComĂ©diens français, ; Paris, Théâtre de la Cour, ComĂ©diens ordinaires du Roi, . Texte en ligne
  • Les Deux Avares, comĂ©die en 2 actes, mĂŞlĂ©e d'ariettes, Fontainebleau, devant Sa MajestĂ©, et ; Paris, Théâtre Italien,
  • Les Jammabos, ou les Moines japonois, tragĂ©die dĂ©diĂ©e aux mânes de Henri IV, et suivie de remarques historiques (1779) Texte en ligne
  • Le Fabricant de Londres, drame en 5 actes et en prose, Paris, ComĂ©die-Française,
  • SĂ©mire et MĂ©lide ou le Navigateur, Bruxelles, Grand Théâtre de la Monnaie,
  • L'École des mĹ“urs, ou les Suites du libertinage, drame en 5 actes et en vers, Paris, ComĂ©die-Française,
  • L'HonnĂŞte Homme, ou l'Innocence reconnue, drame en cinq actes & en vers (1790) Texte en ligne
Varia
  • Avis aux gens de lettres contre les prĂ©tensions des libraires (1770) Texte en ligne
  • Ĺ’uvres de M. de Falbaire de Quingey (2 volumes, 1787)
  • La Rencontre d'auberge, ou le DĂ©jeuner breton (1789)
  • MĂ©moire adressĂ© au Roi et Ă  l'AssemblĂ©e nationale, sur quelques abus et particulièrement contre une vexation de M. DoĂĽet de La Boullaye (1789)
  • MĂ©moire de l'auteur de l'HonnĂŞte criminel contre les ComĂ©diens français ordinaires du roi, suivi de la dĂ©libĂ©ration du comitĂ© des auteurs dramatiques (1790)
  • Lettre adressĂ©e le Ă  M. Necker, et suivie de quelques rĂ©flexions, tant sur sa retraite que sur la continuation de l'existence ministĂ©rielle de M. Lambert, encore Ă  prĂ©sent contrĂ´leur gĂ©nĂ©ral des finances (1790)

Liens externes

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