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Chapelle de Lorette (monastère de Muri)

La chapelle de Lorette (en allemand : Loretokapelle) de l'ancien monastère de Muri dans le canton d'Argovie en Suisse, est un lieu de dĂ©votion mariale, comme d'autres chapelles construites sur le modèle du sanctuaire de Lorette. Elle se trouve dans l'aile nord du cloĂ®tre de l'ancienne abbaye bĂ©nĂ©dictine[1]. Depuis 1970, elle sert de lieu de sĂ©pulture Ă  la Maison de Habsbourg-Lorraine pour les descendants de l'ancienne dynastie de l'empire austro-hongrois.

Chapelle de Lorette
Vue de la chapelle de Lorette dans l'aile nord du cloître.
Vue de la chapelle de Lorette dans l'aile nord du cloître.
Présentation
Culte Catholique romain
Fin des travaux 1698
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
RĂ©gion Argovie
Ville Muri
CoordonnĂ©es 47° 16′ 31″ nord, 8° 20′ 16″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)
Chapelle de Lorette
GĂ©olocalisation sur la carte : canton d'Argovie
(Voir situation sur carte : canton d'Argovie)
Chapelle de Lorette

Histoire

La chapelle de Lorette a Ă©tĂ© construite Ă  la fin du XVIIe siècle en l'honneur de la Sainte Maison de Lorette, sur ordre de l'abbĂ© Plazidus Zurlauben et consacrĂ©e par lui le [2].

Architecture

Autel de la Chapelle de Lorette

On pĂ©nètre dans la chapelle par l'accès sud de l'abbatiale. La tracerie gothique du cloĂ®tre est particulièrement prĂ©cieuse et ses vitraux remontent Ă  la seconde moitiĂ© du XVIe siècle[1].

Le dĂ©cor artistique de la chapelle est simple et sobre, avec ses ogives de pierre qui se dĂ©tachent sur un plafond peint en bleu reprĂ©sentant le firmament. Les clĂ©s de voĂ»te portent les armoiries de l'abbĂ© et du couvent. L'autel possède un Ă©lĂ©gant cartouche. Derrière une grille de bois, quatre anges encadrent une statue de la Mère de Dieu, provenant des ateliers de sculpture de Johann Baptist Wickart[2].

La caveau de la dynastie Habsbourg

Le monastère de Muri a Ă©tĂ© fondĂ© en 1027 par Radbot de Habsbourg et son Ă©pouse Ita de Lorraine, Ă  une trentaine de kilomètres du château de Habsbourg. Jusqu'en 1260, cinq gĂ©nĂ©rations successives y ont trouvĂ© leur lieu de sĂ©pulture[3]. Les liens du monastère avec la famille fondatrice se sont renouĂ©s en 1415, après la fin de la domination des Habsbourg, en Suisse. 

Dans un contexte de répression religieuse, le monastère de Muri a été fermé en . En 1845, les moines ont trouvé refuge à Bolzano, où ils ont fondé une nouvelle maison, l'abbaye de Muri-Gries.

En 1970, la famille de Habsbourg-Lorraine en exil a Ă©tĂ© invitĂ©e par les catholiques de la paroisse et de la commune de Muri Ă  y trouver un lieu de sĂ©pulture pour le dernier empereur d'Autriche Charles Ier. Depuis la fin de la monarchie en 1918, l'accès aux nĂ©cropoles de la dynastie comme la crypte des Capucins Ă  Vienne, Ă©tait interdit Ă  la famille[4].

Un accord sur l'accueil du caveau familial dans la chapelle de Lorette pour la dynastie de Habsbourg-Lorraine a Ă©tĂ© signĂ© en , Ă  l'hospice du monastère, dans le cadre d'une cĂ©rĂ©monie scellĂ©e[5]. Le paragraphe III du contrat rĂ©digĂ© sur un parchemin manuscrit[6] prĂ©voit que « le droit Ă  l'enterrement est limitĂ© Ă  l'Ă©pouse du dĂ©funt empereur Charles Ier d'Autriche, Ă  leurs descendants directs, ainsi qu'Ă  leurs enfants », et ce « pour une durĂ©e illimitĂ©e ». Pour cela, l'espace de la chapelle a dĂ» ĂŞtre repensĂ© car aucune crypte n'existait jusque-lĂ [7]. L'archiduc Rodolphe († 2010) a signĂ© le contrat au nom de la famille de Habsbourg pour la chapelle mortuaire de Muri, et l'ancien prĂ©sident et plus tard conseiller national Dr Leo Weber, a signĂ© au nom des autoritĂ©s civiles. En tant que tĂ©moins Ă©taient prĂ©sents le comte Paul Forni de Bolzano, le syndic Arthur Christen, et Karl Kron, du journal local, le FreischĂĽtz[8]. Le dĂ©partement fĂ©dĂ©ral des Affaires Ă©trangères a acceptĂ© cet accord dans le respect neutralitĂ© perĂ©tuelle de la Suisse.

Accès à la Crypte

La crypte, sous la chapelle de Lorette, accueille actuellement un total de quatorze sĂ©pultures. L'accès est constituĂ© d'une trappe sous la forme d'une grille en fer forgĂ©e dont le haut est marquĂ© de l'emblème impĂ©rial de l'aigle bicĂ©phale avec le blason autrichien. 

Depuis sa crĂ©ation, la crypte accueille rĂ©gulièrement les membres de la famille de Habsbourg-Lorraine, Ă  l'occasion d'une messe annuelle de requiem. L'ancienne impĂ©ratrice Zita s'y rendait en pèlerinage  chaque annĂ©e le 1er avril – jour anniversaire de la mort de son mari.

Stèle derrière l'autel de la Chapelle contenant les Ă©crins des cĹ“urs du couple impĂ©rial Charles Ier († 1922) et Zita († 1989) d'Autriche

Après la mort de Zita le , son corps a reposĂ© près d'un mois et demi dans la chapelle de Lorette[9] avant que, le suivant, il soit translatĂ© Ă  la crypte des Capucins Ă  Vienne, oĂą Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©s les funĂ©railles de membres de l'ancienne cour d'Autriche-Hongrie. Le cĹ“ur de Zita est restĂ© auprès de celui de son mari. Les deux Ă©crins d'argent avec les cĹ“urs du dernier couple impĂ©rial sont conservĂ©s derrière l'autel de la chapelle[10] - [11]. Les deux Ă©crins portent l'inscription d'un chronogramme. Sur l'Ă©crin du cĹ“ur de l'empereur Charles est inscrit Â«CAROLI AVSTRIAE DANSPERATORIS AC HVNGARIAE REGIS COR IN DEO QVJESCAT »[12]. L'Ă©crin du cĹ“ur de l'impĂ©ratrice Zita porte l'inscription « ZITAE AVSTRIAE DANSPERATRICI, S, H, VNGARIAE REGINAE COR INSEPERABILITER CONIVGIS CORDI IVNGATVR».

Sur une stèle près de l'autel, on peut lire en allemand : « Plus pour vous que pour moi (en français dans le texte), derrière cet autel repose, dĂ©sormais, en Dieu, la Paix, le cĹ“ur de sa majestĂ© l'impĂ©ratrice et reine Zita, princesse de Bourbon-Parme, nĂ©e Ă  Pianore le , heureuse dans le Seigneur, dĂ©cĂ©dĂ©e le , rĂ©unie, après 67 ans de sĂ©paration avec le cĹ“ur de son Ă©poux le , dĂ©cĂ©dĂ© sur l'Ă®le de Madère, l'empereur Charles Ier d'Autriche, roi apostolique de Hongrie, roi de BohĂŞme, de Croatie, de Galicie, de la Dalmatie, etc., etc. »[13]. Sur les murs de la chapelle se trouvent d'autres inscriptions gravĂ©es dont la liste des noms de membres dĂ©funts de la famille.

Dans le cloître, à l'entrée de la chapelle de Lorette se trouve un buste de bronze du bienheureux Charles Ier, installé en 2004[14].

SĂ©pultures 

Stèles derrière l'autel de la chapelle

  • Écrin du cĹ“ur de l'empereur Charles Ier († 1922). Son cĹ“ur a Ă©tĂ© translatĂ© Ă  la chapelle de Lorette en 1971, tandis que son corps reste inhumĂ© en l'Ă©glise Nossa Senhora do Monte Ă  Madère.
  • Écrin du cĹ“ur de l'impĂ©ratrice Zita († 1989), Ă©pouse de Charles Ier, son cĹ“ur est conservĂ© dans la chapelle de Lorette depuis 1989, mais son corps repose dĂ©sormais dans la crypte des Capucins Ă  Vienne.

SĂ©pultures de la crypte

  • L'archiduchesse Xenia (nĂ©e comtesse de Czernichew-Besobrasow, 1929-1968), première Ă©pouse de l'archiduc Rodolphe († 2010). Morte d'un accident de la route en 1971 Ă  Bruges en Belgique.
  • La comtesse Marie-ThĂ©rèse Sidonia de Korff, appelĂ© Schmising-Kerssenbrock (1888-1973). De longue date, nourrice de la famille impĂ©riale, enterrĂ©e ici en hommage Ă  sa fidĂ©litĂ© (ainsi qu'avait Ă©tĂ© accueilli le tombeau de la comtesse Fuchs dans la crypte des Capucins).
  • L'archiduc Jean (Jean-Carl Ludwig ClĂ©ment Marie Joseph Marcus d'Aviano LĂ©opold; nĂ© le Ă  Bruxelles, mort le Ă  paris), fils de l'archiduc Rodolphe († 2010) et de Xenia († 1968).
  • L'archiduc Robert (1915-1996), 3e fils de Charles Ier et de Zita.
  • L'archiduchesse Anne-EugĂ©nie (nĂ©e duchesse d'Arenberg, 1925-1997), Ă©pouse de l'archiduc FĂ©lix († 2011).
  • L'archiduc Rodolphe (1919-2010), 6e fils de Charles Ier et de Zita, mari de Xenia († 1973) et père de Jean († 1975).
  • L'archiduc FĂ©lix (1916-2011), 4e fils de Charles Ier et de Zita, Ă©poux d'Anne-EugĂ©nie.
  • La princesse Margherita de Savoie-Aoste, veuve de l'archiduc Robert d'Autriche-Este, est la dernière Ă  avoir Ă©tĂ© inhumĂ©e dans la chapelle, le 29 janvier 2022[15].

Bibliographie

  • (de) Georg Germann: Die Kunstdenkmäler des Kantons Aargau. Hrsg.: Gesellschaft fĂĽr Schweizerische Kunstgeschichte. Band V, Bezirk Muri. Birkhäuser, Basel 1967.
  • (de)  Peter Felder: Das Kloster Muri. Hrsg.: Gesellschaft fĂĽr Schweizerische Kunstgeschichte. Schweizerische KunstfĂĽhrer, Band 692. Bern 2001, (ISBN 3-85782-692-4)
  • (de)  Stefan von Bergen: Neun Plätze sind noch frei. Die Familiengruft des Hauses Habsburg im Kloster Muri. in: Die Presse, Spectrum – Zeichen der Zeit (26. ), S. 3.

Liens

Notes et références

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