Château de Luna (Mairena del Alcor)
Le château de Luna est une ancienne forteresse située à Mairena del Alcor, dans la province espagnole de Séville, en Andalousie. Bâti au XIVe siècle après la reconquête de Séville, il fut agrandi et remodelé au siècle suivant. Restauré au cours du XXe siècle, il présente aujourd'hui un bon état de conservation, et veille sur la ville située à ses pieds.
Château de Luna | |||
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Nom local | Le Castillo de Luna. | ||
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PĂ©riode ou style | Moyen Ă‚ge | ||
Type | château | ||
Début construction | XIVe siècle | ||
Destination initiale | château de défense | ||
Protection | Classé BIC (1993) | ||
Coordonnées | 37° 22′ 21″ nord, 5° 44′ 44″ ouest | ||
Pays | ![]() |
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Communauté autonome | ![]() |
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Province | ![]() |
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Commune | Mairena del Alcor | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
GĂ©olocalisation sur la carte : Andalousie
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Le château de Luna illustre parfaitement l'organisation du territoire sévillan à la fin du Moyen Âge et représente un bel exemple d'architecture castrale andalouse à cette période. En 1993, le ministère de la culture l'a classé monument historique[1].
Historique

Le site de l'actuelle ville de Mairena del Alcor est occupé depuis la Préhistoire, les hommes de la région ayant vite décelé la richesse et la fertilité des terres du territoire de Los Alcores. Les fouilles archéologiques ont permis de révéler à l'emplacement du château de Luna la présence d'un carrière romaine, utilisée par la suite comme nécropole[2]. À l'époque musulmane est bâtie une tour. Celle-ci, entourée de quelques habitations, participe à la défense des environs de Séville et est intégrée à un réseau de surveillance et de communication. Elle ne constitue pas un élément propre à résister à des agressions extérieures, mais offre un refuge bienvenu en cas de pillages ou de razzias.
Alors que, Ă la suite de la conquĂŞte de JaĂ©n, Ferdinand III de Castille prĂ©pare le siège de SĂ©ville qui ne s'achèvera qu'en novembre 1248, le territoire de Mairena del Alcor est intĂ©grĂ© au domaine castillan en 1246. Après la chute de SĂ©ville commence le repeuplement organisĂ© Ă travers une rĂ©partition des terres de la taifa. Cette rĂ©partition, connue sous le nom de Repartimiento de Sevilla, est mise en place en 1253 par Alphonse X de Castille. La tour arabe de Maharana ainsi que des parcelles de terre, le tout relevant de la juridiction municipale d'Alcalá de GuadaĂra, sont confiĂ©es Ă l'Ordre de Calatrava, collaborateur efficace dans les opĂ©rations militaires contre Al Andalus. La tour revient assez rapidement dans le giron de la couronne, après son abandon par les chevaliers de Calatrava. Mairena est, Ă la suite de ce retrait et Ă une date indĂ©terminĂ©e, placĂ©e sous la juridiction de la ville de Carmona. Quoi qu'il en soit, c'est sans doute Ă proximitĂ© de l'emplacement de cette tour, aujourd'hui disparue et dont l'existence n'est attestĂ©e que par les sources de l'Ă©poque, qu'est dĂ©cidĂ©e au XIVe siècle l'Ă©dification d'un château en bonne et due forme.
La construction se déroule en deux phases : la première a lieu au XIVe siècle, la deuxième une centraine d'années plus tard[3]. En 1342, le roi Alphonse XI de Castille détache le hameau de Mairena de Carmona et le remet à Pedro Pérez Ponce de León, chef d'un illustre lignage nobiliaire. Ce geste vise à le remercier de son aide au cours du siège d'Algésiras [4]. Le roi confirme sa décision en 1345, en délimitant avec précision le territoire donné à Pedro Ponce de León. Ce dernier fait alors bâtir le château initial autour d'une grande place d'armes carrée de 700 m², dont l'enceinte est flanquée aux quatre angles de tours de sept mètres de hauteur.
La seconde phase de travaux survient au cours de la deuxième moitiĂ© du XVe siècle. Alors que le royaume de Castille est plongĂ© dans d'incessantes luttes opposant la noblesse et la monarchie, Rodrigo Ponce de LeĂłn, qui joue dans ces conflits un rĂ´le de premier plan Ă l'Ă©chelon andalou, est expulsĂ© de SĂ©ville entre 1471 et 1474. C'est vraisemblablement Ă cette pĂ©riode qu'est menĂ©e Ă bien l'extension du château[3]. La forteresse originelle est alors ceinte d'un fossĂ© et d'une muraille extĂ©rieure percĂ©e de meurtrières pour l'artillerie. Cette dĂ©cision rĂ©pond certainement Ă des exigences stratĂ©giques dans le cadre des conflits permanents opposant la famille des Ponce de LeĂłn, ducs d'Arcos, et les ducs de Medina Sidonia. Ces luttes trouvent leur origine dans la volontĂ© des deux camps de contrĂ´ler les villes de SĂ©ville, Carmona et Alcalá de GuadaĂra. Eu Ă©gard Ă la position idĂ©ale de Mairena par rapport Ă ces trois citĂ©s, il est aisĂ© de comprendre la volontĂ© de la part des Ponce de LeĂłn de disposer en ces lieux d'une robuste forteresse, apte Ă contenir une garnison et Ă rĂ©sister Ă un siège [2].
Las, le château est abandonné au cours des décennies suivantes, car devenu inutile avec les progrès de l'artillerie et surtout l'affermissement du pouvoir monarchique, et l'affaiblissement conséquent de la noblesse. N'ayant pas subi de transformations propres à en faire une résidence nobiliaire adaptée aux usages du XVIe siècle, il est laissé à la charge d'un ou deux lieutenants symbolisant la propriété éminente de la forteresse. Il tombe progressivement en ruines. En 1780, le château de Luna passe dans le domaine des ducs d'Osuna, puis est définitivement abandonné au XIXe siècle.
Ă€ la mort de Mariano TĂ©llez GirĂłn, duc d'Osuna et d'Arcos (entre autres titres), la forteresse est saisie par ses crĂ©anciers, qui le revendent en 1897. Le monument est rachetĂ© en 1902 par un archĂ©ologue anglais du nom de Georges Bonsor Saint-Martin. Celui-ci rĂ©alise entre 1903 et 1906 divers travaux de restauration, et y installe sa rĂ©sidence et son cabinet. Après son dĂ©cès en 1930, sa veuve prend en charge l'entretien du château, jusqu'Ă sa mort en 1979. En 1985, la Junta de AndalucĂa rachète le bien Ă la famille. C'est le dĂ©partement de la culture du gouvernement rĂ©gional qui en est depuis lors propriĂ©taire[3].
Le château

Le château de Luna se dresse sur un petit promontoire de 140 mètres d'altitude, situé au sud de la ville historique qui s'étend à ses pieds. De l'autre côté de cette colline, la forteresse est entourée d'une oliveraie. Le château, dont l'architecture s'adapte au dénivelé du terrain, se présente en deux parties. Le fort central de plan plus ou moins carré est composé d'une place d'armes carrée ceinte d'une muraille mal conservée flanquée à chaque angle de tours carrées à deux étages. Cet ensemble est entouré d'une muraille extérieure consistant en une robuste barbacane doublée d'un fossé, construite au XVe siècle, soit un siècle après le noyau initial[2]. L'organisation interne du château a été bousculée lors de la restauration effectuée au début du XXe siècle par Bonsor, qui aménagea diverses habitations dans les tours.
Les quatre tours du corps principal présentent les mêmes caractéristiques matérielles. Placées à chaque angle de l'enceinte de la place d'armes centrale, elles diffèrent uniquement par leur état de conservation et l'avancée de la restauration. Chacune d'entre elles porte un nom : Tour du duc, Tour étêtée, Tour de la cloche et Tour démolie. D'une hauteur d'environ sept mètres, elles s'élèvent sur deux étages totalement indépendants. On parvenait donc aux étages à travers des échelles, ce qui avait pour conséquence de compliquer l'entrée d'éventuels assaillants. Elles étaient toutes percées d'archères, aujourd'hui bouchées.
Des quatre, la tour Mocha (étêtée, arasée, ou encore sans tête) est la moins bien conservée, ayant perdu avec le temps le deuxième niveau. Elle présente donc une élévation bien moins importante que les autres, caractéristique renforcée par la hauteur de la muraille contigüe. La tour derruida (détruite), quoique abîmée, est quant à elle la moins affectée par les restaurations de Bonsor : on peut donc y apprécier la construction dans son état original.
La muraille qui unit ces quatre tours s'organise en quatre pans d'une trentaine de mètres chacun. L'ouvrage a connu une importante restauration à l'époque de Bonsor, en raison de l'état de ruine prononcée dans lequel elle se trouvait. Tous les segments n'ont pas été relevés. L'emplacement de la place d'armes contenue dans le périmètre de l'enceinte intérieure est occupé depuis les réformes de Bonsor par un vaste jardin.
On accède au château par une des tours. Cet accès a été créé par Bonsor, qui perça la tour et combla le fossé à cet endroit pour y placer une rampe. La porte d'origine était en réalité placée sur le flanc est de la muraille, dans une tour utilisée par l'architecte anglais pour y installer son cabinet. L'accès était protégé par un corps de garde encore en place, quoique dégradé, complété par un pont-levis disparu.
Enfin, la seconde ligne d'enceinte, ou muraille extérieure, est en fait constituée d'une barbacane au tracé irrégulier. Comme la muraille intérieure, cette enceinte a conservé son parapet original dans sa quasi-totalité, mais les merlons ont disparu. Le mur est percée de meurtrières, accentuant le caractère défensif du bâtiment. L'état de conservation est inégal selon les secteurs, tout n'ayant pas encore fait l'objet de travaux de restauration. Le fossé qui entoure la barbacane est pour sa part comblé sur une partie de son extension, occupé par les cours des maisons adossées à la forteresse, sur le flanc de la colline le moins escarpé, du côté du centre historique.
Les matériaux de construction sont assez sommaires, ce qui peut en partie expliquer la dégradation rapide du monument au cours des siècles. Les fondations de la forteresse sont en pierre crue, tandis que les corps de bâtiment sont essentiellement composés de tapial, un mélange similaire au pisé, mêlant de la terre à des éclats de pierre et de céramique, le tout étant renforcé à la chaux. La pierre de taille n'a été utilisée que pour consolider les angles des tours. Les bâtisseurs ont eu recours à la brique pour les encadrements de portes ou de fenêtres.
Protection
Le château fait l’objet d’un classement en Espagne au titre de bien d'intérêt culturel depuis le [5].
Notes et références
- Source : Ministère espagnol de la culture.
- Source : ROMERO MORAGAS, Carlos, El Castillo de Mairena del Alcor, Patronato provincial de urbanismo de Sevilla, 1989, consultable en ligne sur le site de la Mairie de Mairena del Aljarafe.
- Source : Castillosnet.
- Source : Mayrena.com.
- Base BIC du ministère espagnol de la Culture sous le nom Castillo et le n° de référence RI-51-0008154.