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Ceija Stojka

Ceija Stojka, née le à Kraubath an der Mur (Autriche) et morte le à Vienne (Autriche), est une écrivaine et artiste peintre autrichienne d'origine rom, rescapée du génocide rom durant la Seconde Guerre mondiale[1] - [2].

Ceija Stojka
Ceija Stojka Ă  Vienne en 2008.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  79 ans)
Vienne
Nationalité
Activités
Fratrie
Mongo Stojka (d)
Parentèle
Harri Stojka (neveu paternel)
Autres informations
Lieux de détention
Distinction
Berufstitel Professor (d)

Biographie

D'abord connue pour ses témoignages sur la déportation des roms et sinti d'Autriche, elle-même étant rescapée du camp de concentration d'Auschwitz, de Ravensbrück et de Bergen-Belsen, elle s'est lancée de manière discrète dans la peinture dans les années 1990. L'essentiel de son œuvre est découvert de manière posthume[3].

Ceija Stojka est née en Autriche en 1933, cinquième d'une fratrie de six enfants dans une famille de marchands de chevaux rom d'Europe Centrale, issue des Lovara. Sa famille est contrainte de se sédentariser à la suite de l'Anschluss en 1938. Déportée à l'âge de dix ans avec sa mère Sidonie et d'autres membres de sa famille, elle survit à trois camps de concentration, Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen. Après la capitulation de l'Allemagne, Ceija et sa mère rejoignent Vienne. Elle y vend des tapis et des tissus en porte-à-porte ou sur les marchés jusqu'en 1984. Elle a trois enfants.

C'est seulement quarante ans plus tard, en 1988, Ă  l’âge de 55 ans, qu'elle ressent le besoin et la nĂ©cessitĂ© d'en parler ; elle se lance dans un important travail de mĂ©moire et, bien que considĂ©rĂ©e comme analphabète, Ă©crit plusieurs ouvrages poignants, dans un style poĂ©tique et très personnel, qui font d'elle la première femme rom rescapĂ©e des camps de la mort Ă  tĂ©moigner de son expĂ©rience concentrationnaire, contre l'oubli et le dĂ©ni, contre le racisme ambiant. 

Son témoignage ne s'arrête pas aux textes qu'elle publie (quatre livres entre 1988 et 2005), et qui très vite lui attribuent un rôle de militante, activiste pro-rom dans la société autrichienne. À partir des années 1990, elle se met à peindre et à dessiner, alors qu'elle est également autodidacte dans ce domaine. Elle s’y consacre dès lors corps et âme, jusqu’à peu de temps avant sa disparition en 2013.

Son œuvre peinte ou dessinée, réalisée en une vingtaine d'années entre 1988 et 2012, sur papier, carton fin ou toile, compte plus d'un millier de pièces. Ceija peignait tous les jours, dans son appartement de la Kaiserstrasse à Vienne.

On note deux axes dans son travail pictural :

  • la reprĂ©sentation, sans omettre les dĂ©tails, des annĂ©es terribles de guerre et de captivitĂ© endurĂ©es par sa famille et par son peuple. Près de 500 000 Roms ont Ă©tĂ© assassinĂ©s sous le rĂ©gime nazi[4] ;
  • en parallèle, elle peint des paysages colorĂ©s idylliques, Ă©vocations des annĂ©es d'avant-guerre, quand la famille Stojka, avec d'autres Roms, vivait heureuse et libre en roulotte dans la campagne autrichienne.

Publications

Écrits

  • Wir leben im Verborgenen. Erinnerungen einer Rom-Zigeunerin, 1988. Paru en français sous le titre Nous vivons cachĂ©s. RĂ©cits d’une Romni Ă  travers le siècle, traduction Sabine Macher, Éditions Isabelle Sauvage, 2018.
  • Reisende auf dieser Welt, Picus Verlag, 1992.
  • Ceija Stojka : Bilder & Texte 1989-1995, Éd. Patricia Meier-Rogan, 1995.
  • Träume ich, dass ich lebe? Befreit aus Bergen-Belsen, Picus Verlag, 2005. Paru en français sous le titre Je rĂŞve que je vis ?, traduction Sabine Macher, Éditions Isabelle Sauvage, 2016.
  • Auschwitz ist mein Mantel, Ă©ditions Exil, Vienne 2008. Paru en Ă©dition bilingue français/allemand sous le titre Auschwitz est mon manteau, et autres chants tsiganes, traduction François Mathieu, prĂ©face de Murielle Szac, Ă©ditions Bruno Doucey, 2018.
  • Le tournesol est la fleur du Rom, illustrations d'Olivia Paroldi, Ă©ditions Bruno Doucey, 2020.

Peinture

  • Meine Wahl zu schreiben - ich kann es nicht (Ceija et Nuna Stojka), 2003.
  • Lith Bahlmann et Mathias Reichelt, Ceija Stojka : Sogar der Tod hat Angst vor Auschwitz, 2014.
  • TOT, Le Dernier Cri, 2017.
  • Ceija Stojka, collection Paroles d'artiste, Fage Éditions, 2017.

Musique

  • Me Diklem Suno, 2000. Albums de chants romani de dialecte lovari interprĂ©tĂ©s par Ceija Stojka.

Exposition

En 2018, La Maison rouge (Paris) présente (du 23 février au 20 mai 2018[n 1]) pour la première fois en France une exposition monographique de cette artiste[7] - [8]. Les commissaires en sont Antoine de Galbert et Xavier Marchand. Un catalogue est édité à l'occasion de l’exposition (Ceija Stojka, une artiste rom dans le siècle)[6].

Notes et références

Notes

  1. Avant cette exposition, plus étoffée, une partie des œuvres a été exposée à Marseille à la Friche Belle de Mai[5] - [6] . Voir aussi la revue de presse de l’exposition à Marseille en 2017 [lire en ligne].

Références

  1. « À la rencontre de Ceija Stojka, écrivain, peintre », Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. STANDARD Verlagsgesellschaft m.b.H., « Autorin und Malerin Ceija Stojka gestorben », derStandard.at,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Florence Aubenas, « Ceija Stojka : à la découverte d’une artiste rom et déportée », lemonde.fr, (consulté le ).
  4. Le nombre exact de victimes n’a jamais été déterminé.
  5. Lorraine Rossignol, « Rescapée des camps, Ceija Stojka a peint quarante ans plus tard l’horreur du nazisme », sur Télérama, (consulté le )
  6. Eric Tariant, « Le travail de mémoire de Ceija Stojka », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  7. Valérie Oddos, « Ceija Stojka à la Maison rouge : la mémoire d'une artiste rom rescapée des camps », sur Franceinfo, (consulté le )
  8. Wilma Ladopoulos, « Ceija Stojka, une artiste rom dans le siècle », Hommes & migrations, no 1327,‎ , p. 177–179 (ISSN 1142-852X, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (fr + en + de) Ceija Stojka : une artiste rom dans le siècle = a Roma artist in the century (catalogue d'exposition, Paris, La Maison rouge), Fage, (ISBN 978-2-84975-496-2)
  • Ceija Stojka. Esta ha pasado, Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, 2019 (ISBN 978-848026-606-2)
  • Ceija Stojka. The Paper is Patient, Paraguay Press, 2021 (ISBN 978-2-918252-70-2)

Filmographie

  • MĂ©moires tsiganes, l'autre gĂ©nocide - Les Tsiganes dans l'Europe de la Seconde Guerre mondiale, documentaire Ă©crit par Henriette AssĂ©o et rĂ©alisĂ© par Juliette Jourdan et Idit Bloch, Production Kuiv - MĂ©moire MagnĂ©tique Productions Ceija Stojka figure parmi les tĂ©moins du gĂ©nocide prĂ©sentĂ©s dans le film.

Liens externes


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