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Catastrophe de Schweizerhalle

La catastrophe de la Schweizerhalle s'est dĂ©clarĂ©e le dans la zone industrielle « Schweizerhalle Â» près de Bâle, en Suisse, lorsqu'un entrepĂ´t de l'ancien groupe chimique Sandoz (devenu Novartis en 1996) a pris feu[1]. Les pompiers tentent de limiter le sinistre avec plus de 15 000 m3 d'eau, un volume qui dĂ©passe largement les 50 m3 du bassin de rĂ©tention. L'excĂ©dent, un mĂ©lange rougeâtre d'eau, de pesticides, de dĂ©rivĂ©s du mercure ainsi que d'esters phosphoriques, se dĂ©verse dans le Rhin, menant Ă  une catastrophe Ă©cologique, l'Allemagne, la France et les Pays-Bas sont touchĂ©s. La pĂŞche est interdite pendant six mois dans les zones contaminĂ©es.

Effort de nettoyage après l'incendie.

L'eau du Rhin Ă©tait Ă©galement contaminĂ©e par un colorant rouge, non toxique. Des nuages de fumĂ©e nausĂ©abonde se sont propagĂ©s dans la ville de Bâle et les sirènes d'alarme ont Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©es. Près de 1 200 personnes consultent un mĂ©decin pour des difficultĂ©s respiratoires et oculaires, ou pour des vomissements.

Ces produits chimiques ont causé une mortalité massive de la faune sauvage en aval, tuant entre autres une grande partie de la population d'anguilles d'Europe dans le Rhin, bien que la situation se soit ensuite rétablie en quelques années.

Une semaine après la catastrophe, 10 000 Bâlois manifestent contre l'industrie chimique, principal employeur de la rĂ©gion.

L'incident a contribuĂ© Ă  l'adoption par le Conseil fĂ©dĂ©ral suisse d'une ordonnance sur la protection contre les accidents majeurs[2]. Fin , Sandoz verse pour un total de 43 millions de francs suisses de dĂ©dommagements en Suisse, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas[3].

Le déroulement de l'accident

L'incendie a pris naissance dans un bâtiment oĂą 1 351 tonnes de produits chimiques Ă©taient entreposĂ©es. L'incendie a Ă©tĂ© dĂ©couvert Ă  0 h 19, les 160 pompiers se sont limitĂ©s Ă  protĂ©ger les bâtiments environnants de la propagation des flammes ; ces dernières atteignaient 60 mètres de haut et on pouvait les voir de loin de nuit[4].

À 3 h 43 du matin, les autorités ont ordonné que la population des communes voisines (dont Muttenz et Bâle) soit avertie par une sirène d'alarme générale, que des annonces par haut-parleur soient faites pour garder portes et fenêtres fermées et écouter les informations à la radio. La fermeture des autouroutes A2 et A3 et l'interruption des liaisons ferroviaires vers Bâle ont entraîné l'arrêt de la circulation jusqu'à environ 7 h du matin.

L'incendie n'a pas causĂ© de dommages humains, Ă  l'exception de trois personnes atteintes d'asthme qui ont Ă©tĂ© soignĂ©es Ă  l'hĂ´pital ; dans les jours qui ont suivi, plus de 1 250 personnes ont dĂ» ĂŞtre traitĂ©es pour irritation respiratoire. Un rĂ©servoir de phosgène Ă  cĂ´tĂ© du dĂ©pĂ´t a Ă©tĂ© Ă©pargnĂ© par l'incendie.

Avec l'eau d'extinction qui s'Ă©coule (entre 10 000 m3 et 15 000 m3) environ 30 tonnes de pesticides, en particulier les insecticides disulfoton, thiomĂ©ton, parathion et fĂ©nitrothion (avec une demi-vie de 30 Ă  50 jours) sont versĂ©s dans le Rhin : ils y ont provoquĂ© une forte mortalitĂ© des poissons jusqu'au Rhin moyen, en particulier l'extermination sur 400 km de l'ensemble des anguilles d'Europe (environ 150 000 individus). Une concentration maximale de 25 ÎĽg/l de disulfoton a Ă©tĂ© mesurĂ©e Ă  Karlsruhe. Les installations hydrauliques en aval du Rhin n'ont Ă©tĂ© informĂ©es que le .

Le , l'analyse d'Ă©chantillons d'eau a montrĂ© que 400 kg d'atrazine, un herbicide, avaient Ă©tĂ© dĂ©versĂ©s dans le Rhin par l'entreprise chimique voisine Ciba-Geigy en mĂŞme temps que l'eau d'extinction contaminĂ©e du site Sandoz qui avait polluĂ© le Rhin.

Après quelques mois, le système dynamique des cours d'eau et les organismes s'étaient remis de la catastrophe, mais l'immigration d'espèces exotiques, ayant un effet défavorable sur l'équilibre écologique, était fortement favorisée. Le colorant rouge qui se répandit dans le Rhin, malgré son effet colorant important, ne fut en lui-même pas dangereux.

Mesures prises

L'incident a contribué à l'adoption par le Conseil fédéral suisse d'une ordonnance sur la protection contre les accidents majeurs[2]. Elle prévoit que les entreprises qui stockent des substances dangereuses dans le bassin versant d'un cours d'eau international doivent prévoir pour leur entreprise des mesures de protections techniques et organisationnelles[5]. Cet accident reste une référence de réflexion pour l'Office Fédéral de l'Environnement (OFEV)[6] - [7].

Après Schweizerhalle, tous les États riverains du Rhin se sont assurés que les entreprises situées dans le bassin versant du fleuve avaient amélioré les mesures de sécurité. Depuis lors, les accidents ont fortement diminué sur le Rhin.

Suites de l'accident

La lutte contre l'incendie de la Schweizerhalle a entraîné l'infiltration de grandes quantités d'eau d'extinction polluée, ce qui a entraîné une pollution directe des sols et des eaux souterraines sur le site.

Fin , Sandoz verse pour un total de 43 millions de francs suisses des dĂ©dommagements en Suisse, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas[3].

L'assainissement qui a suivi a eu lieu en Ă©troite consultation avec les autoritĂ©s de surveillance compĂ©tentes, l'Office pour la protection de l'environnement et l'Ă©nergie Bâle-Campagne (Amt fĂĽr Umweltschutz und Energie, AUE BL), mais seulement deux des trois objectifs d'assainissement fixĂ©s ont Ă©tĂ© atteints[8]. La rĂ©Ă©valuation de l'AUE BL dans le cadre de la loi sur les sites contaminĂ©s du , prĂ©vue par l'ordonnance sur les sites contaminĂ©s adoptĂ©e en 1998, conclut qu'aucune autre mesure d'assainissement n'est nĂ©cessaire puisque les concentrations d'oxadixyl mesurĂ©es aujourd'hui n'atteignent que 0,2 % de la valeur limite lĂ©galement dĂ©finie. En outre, l'AUE BL conclut que les puits d'eau potable de Hardwasser (de) et de la commune de Muttenz ne sont pas menacĂ©s. Selon la loi suisse sur les sites contaminĂ©s, le site de l'accident de la Schweizerhalle est un site contaminĂ© nĂ©cessitant une surveillance : des documents prĂ©parĂ©s par Sandoz pour une compagnie d'assurance montrent que 8 700 kilogrammes de pesticides partiellement hautement toxiques et 134 kilogrammes de mercure sont laissĂ©s comme rĂ©sidus de feu[9] ; selon l'Office fĂ©dĂ©ral de l'environnement, le sol contaminĂ© a Ă©tĂ© excavĂ© et lavĂ© sur 11 m et le site couvert par une plaque en bĂ©ton[10].

Sculpture Tables de marché de Bettina Eichin dans le cloître de la cathédrale de Bâle consacré a la catastrophe.

En 2016, des traces du pesticide oxadixyl sont encore détectables au sol ; d'après la direction de l'Office bâlois pour la protection de l'environnement et l'énergie, ce sera le cas pour un certain temps encore. Début 2017, une réévaluation du danger posé par le site de l'incendie est effectuée en vertu de la loi sur les responsabilités héritées du passé afin de décider si d'autres polluants doivent être mesurés et si des mesures supplémentaires d'assainissement du sol peuvent être nécessaires[10].

À la suite de l'accident, Sandoz a reconnu la nécessité d'améliorer la base d'information sur les risques et a développé l'un des premiers systèmes de gestion de la durabilité, maintenant connu sous le nom de doCOUNT 2.0 Sustainability Performance Management Suite[11]. Pour commémorer la catastrophe, les tables de marché en plastique de Bettina Eichin (de) se trouvent dans le cloître de la cathédrale de Bâle.

Les ministères compétents des États riverains du Rhin, en collaboration avec la Commission internationale pour la protection du Rhin, ont lancé le Programme d'action pour le Rhin, une institution d'alerte des riverains du Rhin[12].

Notes et références

  1. « L'incendie de Schweizerhalle marquait les consciences il y a tout juste 30 ans », sur rts.ch, (consulté le ).
  2. « 814.012 Ordonnance du 27 février 1991 sur la protection contre les accidents majeurs (Ordonnance sur les accidents majeurs, OPAM) » [PDF], sur admin.ch, (consulté le ).
  3. « La catastrophe de Schweizerhalle, 25 ans après », sur RTS, (consulté le ).
  4. (de) « Der Grossbrand Schweizerhalle 1986 », sur Online-Heimatkunde Muttenz (consulté le ).
  5. « Fiche application de l'OPAM - canton VD » [PDF], sur vd.ch, .
  6. Office fédéral de l'environnement OFEV, « Schweizerhalle, 30 ans après », sur www.bafu.admin.ch (consulté le ).
  7. Office fédéral de l'environnement OFEV, « Schweizerhalle, un incendie à l’origine de la prévention des accidents majeurs », sur www.bafu.admin.ch (consulté le ).
  8. (de) « Fakten zum Thema Schweizerhalle », sur AUE BL (version du 27 novembre 2015 sur Internet Archive).
  9. (de) Franz Schmider, « Giftwolke über dem Dreiländereck », sur Badische Zeitung, (consulté le ).
  10. (de) sda, « Boden ist immer noch belastet », sur Badische Zeitung, (consulté le ).
  11. (de) « doCOUNT: macht aus Daten Informationen » (version du 18 mars 2018 sur Internet Archive).
  12. (de) « Der Rhein - 30 Jahre nach Sandoz », sur Internationale Kommission zum Schutz des Rheins (version du 31 octobre 2016 sur Internet Archive).
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