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Catastrophe de Honda Point

La catastrophe de Honda Point est la plus importante perte en temps de paix de navires de la Marine des États-Unis. Dans la soirée du samedi , sept destroyers d'une flottille de quatorze navires de la classe Clemson circulant à 20 nœuds (37 km/h), se sont échoués à Honda Point, sur la côte nord du canal de Santa Barbara au large de Point Arguello (en) sur la côte du comté de Santa Barbara dans ce qui est depuis 1957 la Vandenberg Air Force Base, en Californie. Deux autres navires s'étant échoués ont pu se dégager. Vingt-trois marins sont morts dans la catastrophe. Les navires échoués ne furent pas remis en service et durent être mis à la ferraille.

Prise de vue aérienne des navires échoués.

Historique

Deux des navires échoués.
Le capitaine Edward H. Watson en 1915. Ayant perdu toute chance de promotion, il devient commandant adjoint du 14e district naval Ă  Hawaii, oĂą il resta jusqu'Ă  ce qu'il quitte le service actif en novembre 1929.
Route prévue par la flottille et route effectivement prise.

Durant l'Ă©tĂ© 1923, la Battle Fleet basĂ©e dans l'ocĂ©an Pacifique effectue d'importantes manĹ“uvres navales au large de San Francisco. DĂ©but septembre, celles-ci se terminent et le Destroyer Squadron 11 (DESRON 11) comptant quatorze de ses dix-neuf destroyers de la classe Clemson (96 m, 1 300 t., Ă©quipage de 120 Ă  130 hommes) qui lui sont affectĂ©s[1] retourne vers son port d'attache, la base navale de San Diego. Le capitaine Edward H. Watson commandant l'escadron depuis 1922[2] et qui a sa marque sur le USS Delphy (DD-261) profite de cette croisière pour poursuivre l'entraĂ®nement des Ă©quipages.

Le samedi 8 septembre, les destroyers se trouvent dans les eaux du cap Arguello et du cap Conception, non loin de la ville de Lompoc au nord du canal de Santa Barbara. Il s'agit d'un endroit relativement dangereux, souvent brumeux et agité, parsemé d'écueils, des rochers affleurant à la surface de l'eau qui se découvrent à marée basse ; son surnom, datant de la colonisation espagnole, est Quijada del Diablo, la Mâchoire du Diable.

Malgré cela, le commandant fait effectuer par ses navires des exercices de navigation de groupe. Il les place d'abord sur trois colonnes (chacune des divisions de destroyers, la 31e, 32e et 33e formant une colonne). Ensuite, un peu avant 18 h 15, il leur donne l'ordre de se former sur une ligne unique derrière son vaisseau amiral. Les quatorze navires évoluent désormais sur une file s'étendant sur une longueur de km. Le brouillard s'épaissit bientôt et chacun suit le navire que le précède, à vingt nœuds, en se fiant à l'estime du chef du file.

Certains commandants, cependant, ne sont pas tranquilles. la navigation à l'estime nécessite de bien connaitre sa vitesse et sa direction réelle. Or, à l'époque, il subsiste une incertitude d'un ou deux nœuds sur l'estimation de la vitesse. Quant à la route réelle, on n'en est sûr que lorsqu'on connaît parfaitement l'influence des courants, ce qui n'est pas le cas dans ces parages. Le USS Delphy, toutefois, est confiant : il s'appuie sur les relèvements de nouveaux radiophares, dont la précision n'a pourtant jamais été testée.

La flottille fait route au 150 en longeant la côte. Après avoir doublé le cap Conception, Watson change de route et se dirige vers l'est pour prendre le canal de Santa Barbara. Mais il vire trop tôt et le Delphy se jette sur les rochers de la Mâchoire du Diable. Watson commet alors une seconde erreur. Persuadé d'avoir heurté l'île San Miguel, il donne l'ordre à tous ceux qui le suivent de dégager sur la gauche afin de pénétrer dans le canal et d'éviter de faire comme lui. Cet ordre a pour effet de précipiter à la côte les navires qui le suivent.

Le tableau est le suivant : le Delphy est empalé sur les rochers. Arrive ensuite le SP Lee, il frôle le Delphy et va s'échouer le long du rivage. Le troisième est le Young qui s'éventre au sommet d'une roche et prend une très forte gîte, plusieurs marins sont précipités à la mer et se noient. C'est ensuite le tour du Woodbury, du Nicholas, du Fuller puis du Chauncey. Les sept derniers parviennent par miracle à éviter le désastre. Le Delphy, qui tente vainement de se déséchouer, se casse en deux.

Les secours s'organisent aussitôt depuis les destroyers indemnes, quelques navires de pêche et la terre ferme. Ils permettent de sauver les équipages à l'exception de 3 marins du Delphy et de 20 du Young. Une centaine de marins furent blessés et vingt d'entre eux durent aller à l'hôpital[3].

Suites de l'accident

Dans un premier temps, on attribue l'accident aux grands dĂ©sordres ocĂ©anographiques qui ont perturbĂ© l'ocĂ©an Pacifique Ă  la suite du sĂ©isme du au KantĹŤ. Pour confirmer cette interprĂ©tation, on cite le bateau Ă  vapeur amĂ©ricain SS Cuba de 3 100 tonnes qui s'est mis Ă  la cĂ´te de l'Ă®le San Miguel le matin mĂŞme[4].

Les commandants de chaque navire sont jugés par une cour martiale qui ne retient pas cette explication et prononce de lourdes sanctions contre les officiers responsables de la flottille. Il leur est reproché un manque de prudence caractérisé, compte tenu des dangers de la côte, des incertitudes sur la vitesse des navires et la fiabilité des relèvements radio. Les sept épaves sont vendues quelques mois plus tard et conduites à la démolition[5].

Bateaux impliqués

Le USS S. P. Lee (DD-310) avant son Ă©chouage.

Les navires perdus :

  • USS Delphy (DD-261), Ă©tait en tĂŞte de colonne. Il s'est Ă©chouĂ© sur le rivage Ă  20 nĹ“uds. Après son Ă©chouage, il dĂ©clenche sa sirène qui alerte quelques-uns des navires dans la colonne, les aidant Ă  Ă©viter la tragĂ©die. Trois hommes sont morts. Il y avait un civil Ă  bord du Delphy. Eugène Tumen, un expert du Japon au DĂ©partement d'État des États-Unis, Ă©tait Ă  bord en tant qu'invitĂ© du capitaine Watson, qu'il avait d'abord rencontrĂ© au Japon.
  • USS S. P. Lee (DD-310), Ă©tait quelques centaines de mètres derrière. A vu le Delphy arrĂŞter brusquement, et se tourna vers bâbord (Ă  gauche) en rĂ©ponse. Il s'encastra dans la cĂ´te.
  • USS Young (DD-312), n'a fait aucune tentative pour changer sa trajectoire. Il dĂ©chira sa coque sur des rochers submergĂ©s et a chavirĂ© sur son flanc droit en quelques minutes. Vingt hommes sont morts.
  • USS Woodbury (DD-309), a virĂ© Ă  tribord, mais s'est heurtĂ© Ă  une roche au large des cĂ´tes.
  • USS Nicholas (DD-311) a virĂ© de bord et a Ă©galement atteint un affleurement rocheux.
  • USS Fuller (DD-297), Ă©chouĂ© juste Ă  cĂ´tĂ© du Woodbury.
  • USS Chauncey (DD-296), fait une tentative de sauvetage de marins du Young. S'est Ă©chouĂ© Ă  proximitĂ©.

Légers dommages enregistrés :

  • USS Farragut (DD-300) qui après s'ĂŞtre Ă©chouĂ© est parvenu Ă  se dĂ©gager seul.
  • USS Somers (DD-301), lĂ©gèrement endommagĂ©.

Les navires ayant évité les rochers :

  • USS Percival (DD-298)
  • USS Kennedy (DD-306)
  • USS Paul Hamilton (DD-307)
  • USS Stoddert (DD-302)
  • USS Thompson (DD-305)

Notes et références

  1. (en) Stephen Svonavec, « The United States Fleet July 1, 1923 », sur Fleet Organisation Web Site (consulté le )
  2. « Captain Edward H. Watson, USN, (1874-1942) », sur Département de la Marine des États-Unis, (consulté le )
  3. « Casualties », sur Point Honda Memorial (consulté le )
  4. (en) Edwin Edwin, Norddeutscher Lloyd, Bremen, 1857-1970: History, Fleet, Ship Mails., Cordillera Pub. Co., (ISBN 9781895590142), p. 172
  5. Guy Le Moing, « Fortunes de mer », Marines & Forces navales, no 111,‎ , p. 73-74 (ISSN 0998-8475)

Liens externes

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