Caspar de Robles
Caspar de Robles et de Leyte, dit Gaspard di Robles (Porto, 1527 - tué au combat à Anvers, 5 avril 1585) ou le chevalier de Billy (d'un village d'Artois), est stadhouder de Frise, Groningue et de Drenthe au début de la Guerre de quatre-vingts ans.
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Origines
Caspar est le fils du chevalier João Lopes de Robres, de l'Ordre du Christ, et de Maria de Leyte. Son pÚre a quitté sa terre de Robres pour s'établir au palais (palacio) Robres de Porto. Dona Maria est vraisemblablement la nourrice du roi Philippe II d'Espagne. Caspar épouse Jeanne de Saint-Quentin, dame de Billy, en 1558, et obtient ainsi le titre et la terre de Billy, au sud de Lille.
Une promotion rapide
Le colonel de Robles est stationnĂ© Ă Bruxelles lorsqu'il apprend par le duc d'Albe que Louis de Nassau vient de vaincre le stadhouder d'Arenberg Ă la bataille de Heiligerlee[1] et que le comte Adolphe de Nassau (1540-1568) comme le comte d'Arenberg y ont Ă©tĂ© tuĂ©s[2]. De Robles reçoit l'ordre de se porter Ă Groningue avec 5 rĂ©giments. Le duc d'Albe le suit et, fort de 5 000 hommes, remporte la bataille de Jemmingen oĂč Louis de Nassau trouve la mort. Robles est laissĂ© avec ses hommes Ă Groningue, et il entreprend d'y Ă©tablir une citadelle calquĂ©e sur celle d'Anvers, en dĂ©tournant les eaux de l'Ems et des Wadden pour l'enceindre de fossĂ©s. Charles de Brimeu, comte de Meghem, est nommĂ© au poste de stathouder en remplacement du comte d'Aremberg mais il meurt en janvier 1572 et Gilles de Berlaymont, seigneur de Hierges, lui succĂšde. Le 26 juin 1572, Robles est nommĂ© gouverneur militaire de Hierges.
Confronté aux fléaux climatiques
Caspar de Robles reste dans la mĂ©moire collective comme le principal responsable du dĂ©labrement des digues de protection des cĂŽtes de Hollande. C'est un fait qu'au cours de son mandat (1569-1576), la rĂ©gion n'a pas connu moins de dix violentes tempĂȘtes ou raz-de-marĂ©e. La plus violente fut celle de la Toussaint 1570 : elle ravagea la cĂŽte nord-ouest de l'Europe, de la Flandre au Danemark, et il n'est pas jusqu'Ă la Frise ni le Groningue qui n'eussent Ă dĂ©plorer des victimes.
Le secteur le plus durement touchĂ© est le bailliage des Vijfdeelen, entre Makkum et Het Bildt. L'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, les conseillers frisons avaient dĂ©cidĂ© l'abrogation de la corvĂ©e : tous les travaux de digue seraient mis dĂ©sormais en adjudication. La corvĂ©e est ainsi remplacĂ©e par un impĂŽt en argent, mais, les paysans de la rĂ©gion Ă©tant incapables de le verser, ils continuent eux-mĂȘmes de rĂ©parer, ou du moins colmater, les trous apparus dans les digues.
Or, une inégalité de fait s'est instituée entre les contribuables, car les habitants du polder sont trois fois moins imposés que ceux de l'arriÚre-pays. Le stathouder de Robles est nommé le 15 mars 1572 président d'une commission d'arbitrage, mais, envoyé fréquemment en mission en Frise, il ne parvient jamais à trouver de compromis.
La fortification des cĂŽtes
Sous la direction de l'intendant des digues Ruurd van Roorda, la rĂ©paration est presque achevĂ©e en 1572, lorsque l'assaut des Gueux de la mer en Frise interrompt les travaux. Furieux, Robles fait arrĂȘter le maĂźtre d'Ćuvre, suspect de sympathie pour les factieux, et ne le libĂšre qu'en avril 1573. La tempĂȘte estivale d'aoĂ»t 1573 ruine le chantier et le secteur des Vijfdeelen n'est plus rĂ©parable : on dĂ©cide d'endiguer plus en amont.
Les Gueux de la mer contrĂŽlant le Zuiderzee en octobre 1573, une attaque contre Harlingen n'a plus rien d'improbable. C'est probablement la raison pour laquelle Robles s'active Ă Harlingen une partie de l'annĂ©e 1574 : il donne au chantier une organisation militaire, afin d'Ă©viter la rĂ©volte des 3 000 ouvriers. La qualitĂ© des travaux en souffre et, en juin 1574, De Robles rend la maĂźtrise d'Ćuvre Ă Ruurd van Roorda.
Robles ne parvient jamais Ă donner aux digues la hauteur de douze pieds qu'il a fixĂ©e, et en 1575, la Chambre basse arrĂȘte la hauteur dĂ©finitive Ă 10 pieds, afin d'apaiser les contribuables. Les habitants de la digue intĂ©rieure, satisfaits, font Ă©riger une borne monumentale (le Stenen Man), dessinĂ© par deux conseillers de la Cour.
Gouverneur de Frise
De Robles a quelque peine à réprimer le soulÚvement de la Frise, car contrairement à la Hollande, il n'y a dans cette province nordique que de petites villes, souvent non fortifiées. Il regroupe donc ses troupes dans les forts de Leeuwarden, Harlingen et Stavoren. à Dokkum, la population a fait venir les Gueux de la Mer, ennemis jurés des Espagnols. En représailles, de Robles met la ville à feu et à sang : cet épisode reste dans l'histoire néerlandaise comme la « furie wallonne de Dokkum. » Les places de Bolsward, Sneek et Franeker, qui se sont déjà déclarées pour le prince d'Orange, se rendent alors aux troupes royales.
Au SiĂšge de Haarlem, il vient appuyer Fadrique Ălvarez de Toledo avec moins de 1 000 soldats wallons, est lui-mĂȘme blessĂ© d'un tir de mousquet le 23 mai 1573. Au mois de novembre 1573, il est nommĂ© stathouder de Frise, Groningue et Drenthe.
Au fil des annĂ©es, De Robles en vient Ă se faire dĂ©tester : alors que ses soldats ont des retards de solde, lui-mĂȘme demande une rĂ©compense au duc d'Albe pour son zĂšle. En 1576, il se rend Ă Groningue, oĂč un Ă©missaire des RĂ©publicains, François Martini Stella, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© pour subversion en faveur de la pacification de Gand. De Robles le fait torturer, mais n'en tire rien d'autre qu'il est « venu convoquer l'Ă©chevin pour une convocation gĂ©nĂ©rale[3]. »
Stella parvient Ă soudoyer ses gardiens et, faisant fond sur leur colĂšre, fait mĂȘme prĂȘter serment d'allĂ©geance Ă toute la garnison envers les Ătats-GĂ©nĂ©raux de Hollande. C'est ainsi que Robles est arrĂȘtĂ© par ses propres hommes le 23 novembre 1576.
Caspar de Robles meurt au siĂšge d'Anvers (1585). Les Espagnols ont construit un pont de bateaux pour bloquer l'Escaut et affamer la ville. Les assiĂ©gĂ©s tentent en vain de forcer le blocus, jusqu'au moment oĂč ils envoient deux brĂ»lots, les vaisseaux Fortuin et Hoop. L'explosion fait au moins 800 morts chez les soldats espagnols, dont le gĂ©nĂ©ral de Robles, Ă©crasĂ© contre un pieu[4].
Notes et références
- (nl) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en nĂ©erlandais intitulĂ© « Caspar de Robles » (voir la liste des auteurs).
- F. Boersma, Caspar de stenen man, Soesterberg, , 104-109 p.
- M. Gachard, « Correspondance du duc d'Albe sur l'invasion du comte Louis de Nassau en Frise », Comptes-rendus de la commission royale d'histoire de Belgique, impr. Hayez, vol. XV,â , p. 227
- Jan Wagenaar, Vaderlandsche historie., vol. 7, Isaak Tiron, , p. 126
- (nl) J.P. Sigmond, Zeemacht in Holland en Zeeland in de zestiende eeuw, Verloren, , 431 p. (ISBN 908704349X), p. 222
Bibliographie
- J. Buisman, Duizend jaar weer, wind en water in de lage landen, vol. 3 et 4 (Franeker 1998 et 2000)
- Kees Draaisma, Een nieuwe kijk op Caspars dijk, It Beaken 79 nr. 1/2 (Leeuwarden 2017) pp. 35-71 en 83-85
- Kees Draaisma, Hoe herdenken we Caspar de Robles in 2026? De hardnekkigheid van wetenschappelijke consensus It Beaken 81 n°1/2 (Leeuwarden 2019) pp. 63-94
- J.J. Woltjer, Friesland in hervormingstijd (Leyde, 1962) pp. 214â226
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :