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Cartel des chevaliers templiers

Le Cartel des chevaliers templiers (en espagnol Los Caballeros Templarios[1]) est une organisation de narcotrafic mexicaine basĂ©e dans l'État mexicain du MichoacĂĄn et composĂ©e Ă  l'origine de ce qu'il restait du cartel La Familia Michoacana[2] - [3]. Dominant le MichoacĂĄn pendant plusieurs annĂ©es, le groupe est considĂ©rablement affaibli depuis sa guerre de 2013 contre les groupes d'autodĂ©fense communautaires formĂ©s par des habitants de l'État. L'organisation est depuis embourbĂ©e dans des conflits mineurs l'opposant Ă  des groupes criminels rivaux[4].

Cartel des chevaliers templiers
Image illustrative de l’article Cartel des chevaliers templiers
L'un des logos des Chevaliers Templiers

Date de fondation 2010
Lieu MichoacĂĄn, Mexique
Années actives 2010-2017
Activités criminelles Trafic de drogue, kidnapping, extorsion, meurtre, blanchiment d'argent
Alliés Cartel du Golfe, Cartel de Sinaloa, Cartel Beltrån Leyva
Rivaux Cartel de Jalisco Nouvelle Génération, Los Zetas, La Familia Michoacana, Cartel de Juårez, MS-13, Groupes d'autodéfense communautaire, Armée zapatiste de libération nationale

Histoire

Fondation et essor

AprĂšs l'annonce de la mort prĂ©sumĂ©e de Francisco Montes et de Nazario « El Chayo » Moreno GonzĂĄlez, dirigeants du cartel de La Familia Michoacana, le 9 dĂ©cembre 2010, une scission s'opĂšre au sein de l'organisation. Certains des cofondateurs du cartel, dont Nazario Moreno GonzĂĄlez (en fait toujours vivant), les frĂšres Fred et Frank Montes, Servando « La Tuta » GĂłmez MartĂ­nez et Dionisio Loya Plancarte, forment un groupe dissident baptisĂ© les Caballeros Templarios (Chevaliers Templiers en français)[5]. Ils sont suivis par une grande partie des membres de La Familia Michoacana et Moreno GonzĂĄlez prend la tĂȘte du nouveau cartel, secondĂ© par « La Tuta »[6]. JosĂ© de JesĂșs MĂ©ndez Vargas garde pour sa part la direction de La Familia, dĂ©sormais grandement diminuĂ©e et en lutte pour le contrĂŽle du MichoacĂĄn[7].

L'Etat mexicain du MichoacĂĄn, fief du Cartel des Chevaliers Templiers
L'Etat mexicain du MichoacĂĄn, fief du Cartel des Chevaliers Templiers

Comparable Ă  une secte Ă  certains Ă©gards, le cartel des Templiers endoctrine ses membres selon un code, qui leur dicte de « combattre et mourir » pour le groupe, et prĂ©tend remplir une mission divine[4]. Ce mode opĂ©ratoire est hĂ©ritĂ© de celui de La Familia, qui avait dĂ©jĂ  recours Ă  la religion pour maintenir la cohĂ©sion de ses troupes[8]. L'organisation parvient Ă  prendre le total contrĂŽle des opĂ©rations gĂ©rĂ©es auparavant par La Familia Michoacana (aujourd'hui disparue), dans les Etats du MichoacĂĄn, de Guerrero, l'État de Mexico ou encore de Morelos.

L'emprise des Templiers sur le Michoacån leur assure un rÎle important dans le trafic de cocaïne et de méthamphétamine, qui transite par le port pacifique de Låzaro Cårdenas. Faute d'accÚs direct à la frontiÚre américaine, ils doivent cependant collaborer avec d'autres groupes criminels pour acheminer leur marchandise vers le nord. L'extorsion, sous la forme d'une « protection » prélevée auprÚs des commerces de la région, constitue une autre source importante de revenus pour l'organisation[2] - [9].

Avec le cartel de Sinaloa et le cartel du Golfe, les Templiers forment un éphémÚre gang commun connus sous le nom de « Cårteles Unidos » (ou « Cartels unis » en français) ou « La Resistencia ». Ce groupe composé de tueurs bien entraßnés est voué à éliminer les membres du cartel rival de Los Zetas, alors en train de s'implanter dans les territoires anciennement tenus par la Familia Michoacana, dans les Etats de Michoacån et Jalisco. Les Templiers affrontent en outre le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération, un groupe criminel en pleine ascension dans la région.

Visite de Benoßt XVI et « narco-banderoles »

En prĂ©vision d'une visite de l'ancien pape BenoĂźt XVI Ă  la fin mars 2012, dans l'État mexicain de Guanajuato[10], le Cartel des Templiers installe 14 banderoles sur des ponts des villes de LeĂłn, San Miguel de Allende, Irapuato, Salamanque, Yuriria, MoroleĂłn et Uriangato, s'engageant Ă  ne provoquer aucune violences lors de la visite papale[11] et enjoignant ses rivaux du Cartel de Jalisco Ă  en faire autant[12]. Les banniĂšres, mises en place le 17 mars et tĂ©moignant de la dimension religieuse de l'organisation, portent le message : « Le cartel des Chevaliers Templiers ne prendra part Ă  aucun acte guerrier, nous ne sommes pas des assassins, bienvenue au pape. »

Des banniÚres similaires auraient été signées par les rivaux des Templiers, le Cartel de Jalisco Nouvelle Génération[13].

DĂ©clin

En 2013 et 2014, de violents affrontements opposent les Templiers et les groupes d'autodéfense communautaire, des milices composées de civils armés dont le but affiché est d'expulser le cartel du Michoacån[14]. Les méthodes agressives des autodefensas, conjuguées à l'appui des autorités et au soutien de la population, affaiblissent significativement les Templiers[15] - [16].

Nazario Moreno Gonzålez meurt le 9 mars 2014, lors d'un échange de tirs avec la police, dans sa ville natale d'Apatzingån. Cet événement confirme les rumeurs selon lesquelles il n'était en fait pas mort en 2010 et dirigeait bien les Templiers[17]. Quelques semaines plus tard, un autre chef du groupe, Enrique « El Kike » Plancarte, est tué lors d'une fusillade avec les autorités[2].

Le 27 fĂ©vrier 2015, Servando « La Tuta » GĂłmez, chef survivant des Templiers, est arrĂȘtĂ© par la police fĂ©dĂ©rale mexicaine[18]. Plusieurs de ses associĂ©s sont Ă©galement pris et de nombreuses propriĂ©tĂ©s sont saisies par le gouvernement mexicain[19]. La Tuta est condamnĂ© Ă  55 ans de prison en 2019[20].

L'un des derniers dirigeants du groupe, Ignacio RenterĂ­a Andrade, alias « El Cenizo », est arrĂȘtĂ© Ă  son tour en 2017, ce qui achĂšve de fragiliser les Templiers[2].

Largement diminués par leurs défaites face aux autodefensas et par la perte de leurs leaders historiques, les Templiers sont aujourd'hui relégués à un rÎle secondaire. Ils n'ont cependant pas disparu du Michoacån et se sont alliés à leurs anciens ennemis du Cartel de Jalisco Nouvelle Génération pour survivre[4].

Idéologie et symbolique

Le cartel des Templiers s'est bĂąti sur un code de conduite strict proche de celui qui rĂ©gissait La Familia, sous la fĂ©rule de Nazario Moreno GonzĂĄlez[4] - [8]. Un livret, dĂ©corĂ© de chevaliers portant des lances et des croix et rĂ©sumant ce code, est remis aux membres du cartel et mĂȘme Ă  des civils extĂ©rieurs Ă  l'organisation, lors d'une campagne visant Ă  convaincre la population des bonnes intentions du groupe. Comptant 22 pages, il s'intitule Le Code des Templiers du MichoacĂĄn et contient les rĂšgles du groupe[21], calquĂ©es en partie sur celles des Templiers mĂ©diĂ©vaux. Un livre similaire, basĂ© entre autres sur les thĂ©ories de l'Ă©vangĂ©liste amĂ©ricain John Eldredge, Ă©tait dĂ©jĂ  remis aux membres de La Familia quand elle Ă©tait active[22].

Les nouveaux membres doivent jurer d'aider les pauvres et les faibles, de lutter contre le « matĂ©rialisme, l'injustice et la tyrannie[2] », de respecter les femmes et les enfants, de ne pas tuer pour de l'argent et de ne pas consommer de drogues. Le cartel va mĂȘme jusqu'Ă  dĂ©clarer obligatoire le dĂ©pistage de ses membres[23]. Bien que le cartel a excusĂ© des actes criminels officiellement interdits par son code Ă©thique, la violation de ce code peut thĂ©oriquement valoir la peine de mort au membre fautif.

Lors de leurs cérémonies d'initiation, les membres portent des heaumes médiévaux en plastique soulignant leur filiation idéologique à l'Ordre du Temple[2]. L'imagerie de l'ordre guerrier au sens large, qu'il s'agisse de tuniques barrées d'une croix rouge ou de boucliers croisés peints sur les véhicules et les bùtiments appartenant au cartel, est largement reprise par les Caballeros Templarios[22].

En plus de conférer une certaine discipline aux membres du cartel, l'idéologie des Templiers, conjuguée à des gestes de charité ou encore des banquets donnés en l'honneur des notables du Michoacån, vise à gagner le soutien des populations locales[24]. L'idée est de se présenter en mouvement social et religieux, pour dépasser l'image négative d'un groupe criminel exclusivement motivé par le profit[22].

Références

  1. EDT, « Mexican drug dealers play a role in why your avocado is more expensive », Newsweek,
  2. (en-US) InSight Crime, « Knights Templar », sur InSight Crime, (consulté le )
  3. (es) « Surgen cuatro narcogrupos en 2011; El Chapo, capo mås poderoso », sur Excélsior, (consulté le )
  4. (en-GB) Falko Ernst, « 'The training stays with you': the elite Mexican soldiers recruited by cartels », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. « One capo falls, others move in - Mexico Unmasked » [archive du ] (consulté le )
  6. (es) « La Empresa que originó a Los Templarios », sur www.milenio.com (consulté le )
  7. Ávalos, « Familia Michoacana »,
  8. (en) « Teetotal Mexican drugs cartel claims divine right to push narcotics », sur the Guardian, (consulté le )
  9. (en) « Living in terror under Mexico's Knights Templar cartel », sur www.aljazeera.com (consulté le )
  10. (en) « Pope's visit to Guanajuato puts spotlight on magical Guanajuato », The Washington Post,‎ (lire en ligne)
  11. « Con mantas, Templarios dan bienvenida al papa y prometen tregua durante su visita », Proceso,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  12. (es) Luis Prados, « El narco pide una tregua durante la visita del Papa a MĂ©xico », El PaĂ­s,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. (es) « Caballeros Templarios le dan la bienvenida al Papa », Terra Networks,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. « Mexique: les milices d'autodéfense se retournent contre le gouvernement », sur Le Point, (consulté le )
  15. (en) « Mexico's Wild West: vigilante groups defy president to fight cartels », Reuters,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  16. « Mexique: Apatzingan reprise au cartel des Chevaliers du Temple », sur RFI, (consulté le )
  17. « Confirman muerte de 'El Chayo' », sur www.milenio.com (consulté le )
  18. (en-GB) Jo Tuckman, « La Tuta captured: Mexico's flamboyant primary teacher turned drug kingpin », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consultĂ© le )
  19. (en) « Mexico Captures Most Wanted Drug Lord Still At Large », sur HuffPost, (consulté le )
  20. (en-US) « Cartel ex-boss ‘La Tuta’ sentenced to 55 years in Mexico », sur The Seattle Times, (consultĂ© le )
  21. « Mexican drug cartel distributes ethics guide », Stephanie Garlow, GlobalPost (consulté le )
  22. (en-US) « Mexico cartel's code of conduct: Don't use drugs », sur www.cbsnews.com (consulté le )
  23. (en-US) « Patterned After the Knights Templar, Drug Cartel Issues "Code of Conduct" », sur Fox News, (consulté le )
  24. (en) « Saint, knights and crystal meth; Mexico's bizarre cartel », Reuters,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
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