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Canal de Selby

Le Canal de Selby est un canal de dĂ©rivation long de 10 km comportant deux Ă©cluses. Il permet d'Ă©viter les laisses de l'Aire dans le Yorkshire. Il relie le village de West Haddlesey Ă  Selby, oĂą il rattrape la rivière d'Ouse. Il a Ă©tĂ© inaugurĂ© en 1778, et offrit jusqu'en 1826 le principal dĂ©bouchĂ© Ă  la liaison Aire and Calder Navigation, date Ă  laquelle il fut relĂ©guĂ© par l'ouverture du canal latĂ©ral entre Ferrybridge et Goole. L'ouverture du second canal provoqua le dĂ©clin industriel de Selby, malgrĂ© la persistance d'un trafic vers York.

Canal de Selby
Selby Canal
Illustration.
Le canal de Selby Ă  l'amont de la porte de garde de l'Ouse
GĂ©ographie
Pays Drapeau de l'Angleterre Angleterre
DĂ©but West Haddlesey
Fin Ouse du Yorkshire Ă  Selby
Traverse Yorkshire
Caractéristiques
Longueur 10 km
Altitudes DĂ©but : m
Fin : m
Maximale : 9 m
Minimale : 4 m
Gabarit plaisance
Mouillage 1,05 m
Infrastructures
Écluses 2
Histoire
Année début travaux 1774
Année d'ouverture 1778

Les actionnaires d’Aire and Calder Navigation avaient obtenu en 1828 la permission des autoritĂ©s pour approfondir le canal, mais les citoyens de Selby firent en sorte qu'on vote une loi au Parlement. Depuis l'agrandissement des Ă©cluses en 1885, le canal n'a plus Ă©voluĂ© jusqu'Ă  sa cession Ă  British Waterways en 1962. Avec l’Ouse, le canal forme la voie de plaisance qui traverse la ville d’York, et le nombre de plaisanciers est en augmentation continue. Bien qu'elle ne fĂ®t pas Ă  l'origine partie du canal, la section de rivière canalisĂ©e entre l'Ă©cluse de Dole Bank et la porte de garde de Haddlesey est aujourd'hui rattachĂ©e au Canal de Selby, ce qui porte la longueur de la liaison Ă  19 km avec quatre Ă©cluses.

Histoire

Creusement du canal

Ă€ la fin des annĂ©es 1760, l'Ă©tat de la liaison fluviale Aire and Calder Navigation laissait Ă  dĂ©sirer, et l'on examina plusieurs solutions pour la court-circuiter en tout ou partie. Les gĂ©rants du canal de Leeds Ă  Liverpool avaient dĂ©jĂ  confiĂ© Ă  John Longbotham les Ă©tudes de tracĂ© d'un canal entre Leeds et Selby, malgrĂ© la dĂ©fiance des investisseurs de la StĂ© Leeds and Liverpool. Le canal projetĂ© Ă©tait long d'Ă  peine plus de 37 km, avec dix Ă©cluses, un aqueduc de dix arches franchissant l'Aire Ă  Hunslet, et un tunnel de 365 m de longueur Ă  Fairburn. Les frais de construction, estimĂ© Ă  59 468 ÂŁ, furent rassemblĂ©s en l'espace de deux mois, et l'on prĂ©senta un projet de loi au Parlement en dĂ©cembre 1772. La commission parlementaire trouva beaucoup d'avantages au projet de Leeds et Selby, et apprĂ©cia la correction hydraulique de l'Aire, mais pour autant elle refusa de statuer[1].

Pour sortir de cette impasse, Aire and Calder préféra à l'élargissement de l'Aire canalisée, une desserte par Selby ; William Jessop, au service de John Smeaton, calcula les terrassements nécessaires à un canal entre Haddlesey et Selby, canal qui nécessiterait la construction d'une écluse à Selby, avant la confluence avec l'Ouse, et une porte de garde à Haddlesey. Au printemps 1774, le Canal de Leeds à Selby reçut l'appui de Leeds and Liverpool co., et un projet concurrent fut présenté au Parlement. Le projet de Leeds and Selby fut délaissé au profit de celui d’Aire and Calder, qui fut lancé par une loi du Parlement[2] le 14 juin 1774[3].

La compagnie Aire and Calder employait Jessop comme ingĂ©nieur consultant, l'ingĂ©nieur chargĂ© des opĂ©rations Ă©tant John Gott. James et John Pinkerton Ă©taient les principaux entrepreneurs, et le chantier dĂ©marra Ă  la fin de l'hiver 1774-75. On organisa une grande cĂ©rĂ©monie d'inauguration (elle coĂ»ta quelque 20 000 ÂŁ) Ă  Selby le 29 avril 1778[4]. La ville connut un regain de prospĂ©ritĂ© avec l'ouverture du canal[5], qui court-circuitait la route de Hull : un bureau de pĂ©age contrĂ´lait le trafic vers la mer du Nord. MalgrĂ© son succès commercial, le canal connut plusieurs problèmes : sur une section de km, il se formait rĂ©gulièrement des atterrissements de sable limoneux, qu'il fallait draguer pour dĂ©gager le chenal, et Elias Wright, l'ingĂ©nieur en poste depuis 1797, rapporte que sa profondeur n'Ă©tait plus alors que de 1,05 m, si bien qu'il fallait empiler des planchettes supplĂ©mentaires au dĂ©versoir de Haddlesey pour maintenir le mouillage[4]. Avec l'augmentation du gabarit des chalands, la faible profondeur du canal devint de plus en plus contraignante.

Agrandissement

La nouvelle voie navigable, quoique de même longueur que la Basse-Aire canalisée, raccourcissait le parcours entre Leeds, Wakefield et le terminal maritime de Hull, et surtout entre Leeds et York[2]. Le port d’Airmyn, sur la Basse-Aire, fut abandonné fin 1779, tandis qu'à Selby, on aménageait 3,2 ha de terrain pour y aménager le port fluvial et ses entrepôts. Les quais furent aménagés en 1781 et en 1782, avec un comptoir, un atelier d'accastillage, un poste de calfatage, une grue et un dépôt pour les cordages usagés. Puis en 1787 on les équipa de deux grues : l’une côté canal et l’autre côté rivière, et en 1788 il fallut recruter un second éclusier du fait de l'accroissement du trafic[6]. Dix ans plus tard encore, John Foster construisit à Selby une forme de radoub payante, où l'on répara désormais la plupart des péniches de la compagnie Aire and Calder[7].

Jusqu'Ă  l'ouverture du canal, Selby Ă©tait le port fluvio-maritime le plus amont de la vallĂ©e de l'Ouse. Bien que certaines barges parvinssent Ă  remonter le canal jusqu’à l'Ouse Ă  York, ou jusqu'aux ports de la Humber et de la Trent, ce trafic restait limitĂ© aux charbonniers : les autres cargos Ă©taient dĂ©viĂ©s par Selby. Les plus gros sloops, goĂ«lettes et bricks de la Humber, dont certains jaugeaient jusqu'Ă  200 tonneaux, acheminaient les marchandises plus loin dans l'hinterland. Vers 1800, le trafic se montait Ă  quelque 335 500 tonnes, tandis que les industries d'accastillage : corderies, les voileries et les arsenaux Ă©taient florissants. De 1801 Ă  1821, la population de Selby passa de 2 861 Ă  4 097[8] habitants. Les dividendes versĂ©s par Aire and Calder Navigation Ă  ses actionnaires grimpaient rĂ©gulièrement, passant de 11 625 ÂŁ en 1777 Ă  32 000 ÂŁ en 1791 ; ils s'expliquent par la diversification du fret, qui comportait dĂ©sormais les balles de laine et de lin, ainsi que des denrĂ©es[9].

En amont de Haddlesey, quatre cinquièmes du trafic passaient par Selby, le reste trafiquant sur la Basse-Aire. L’ingénieur George Leather, en 1822, remarquait que la voie navigable entre Goole et Selby, si elle était mieux aménagée que l'Aire, restait limitée par un gabarit insuffisant du canal, par le fait qu'il n'y avait qu'une écluse à la jonction du canal et de la rivière, et l'absence de docks convenables à Selby[10]. Entretemps, Les opérateurs d'Aire and Calder étaient confrontés aux projets de canaux de dérivation concurrents : ainsi, un projet de canal d'Aire à Dun lancé en 1817, pour relier Knottingley à Newbridge par la vallée de la Dutch, avec un embranchement vers Doncaster par le Don canalisé ; ou encore le canal de Went et Wakefield, reliant le Canal de Barnsley à Cold Hiendley, au Don en amont de Newbridge. Pour briser la concurrence, Aire and Calder Co. proposa un canal de dérivation entre Knottingley et Goole, avec une option par Bank Dole pour maintenir la connexion au Canal de Selby : ce projet, présenté au Parlement à la fin 1819, fut modifié pour assurer la survie de la basse Aire canalisée et du Canal de Selby, et pour laisser des chances égales aux nouveaux canaux et aux anciens[11].

Compétition

Une loi du Parlement vint autoriser, le 30 juin 1820, la construction d'une nouvelle voie et de ses ouvrages d'art[3]. Suivirent en 1821 l'autorisation d'Ă©tablir un bassin de virement et une Ă©cluse Ă  Goole, et une augmentation du gabarit, portant le mouillage de 1,83 m Ă  2,15 m. John Rennie, l'ingĂ©nieur chargĂ© du projet, mourut en 1821, et l'annĂ©e suivante, son successeur, George Leather, reprit les plans de l'Ă©cluse de Goole, avant de dĂ©placer en 1824 la tĂŞte de jonction Ă  Ferrybridge[12]. MalgrĂ© la traversĂ©e inaugurale des directeurs entre Ferrybridge et Goole le 28 juillet 1825, le canal n'Ă©tait pas achevĂ© : l'ouverture au fret fut proclamĂ©e le 20 juillet 1826, en partie Ă  cause d'une sĂ©cheresse qui obligea Ă  diffĂ©rer la mise en eau[13]. Les navires pouvaient encore rejoindre le Canal de Selby par l'Ă©cluse de Dole Bank, mais la compagnie Aire and Calder prĂ©fĂ©ra dĂ©tourner son trafic vers l'Ă©cluse de Goole plutĂ´t que les docks de Selby, et peu Ă  peu les chargeurs et les armateurs transfĂ©rèrent leur activitĂ© lĂ -bas, dĂ©clenchant le dĂ©clin de Selby[14].

Thomas Telford apporta de nouvelles amĂ©liorations Ă  la voie navigable Calder vers Wakefield, tandis que George Leather procĂ©dait au recalibrage de l'Aire canalisĂ©e vers Leeds. Un navire jaugeant 100 tonneaux pouvait dĂ©sormais rallier les deux destinations. Ces travaux furent ratifiĂ©s par une loi du Parlement[14] votĂ©e le 19 juin 1828[3], en annexe de la programmation des travaux d'approfondissement du Canal de Selby (profondeur portĂ©e Ă  1,50 m), que la compagnie espĂ©rait rĂ©aliser en rehaussant les vannettes des barrages de Haddlesey et de Beal ; mais comme cette pratique Ă©tait illĂ©gale (elle Ă©tait susceptible d'aggraver les crues, ce qui fut confirmĂ© lors d'un jugement des Quarter Sessions), les opĂ©rateurs commencèrent par faire Ă©largir et approfondir le canal. Cela, pourtant, mĂ©contenta les habitants de Selby, et au terme d'un nouveau procès ils forcèrent la compagnie Ă  entreprendre des travaux de confortement en 1832 et en 1833 : le remplacement de la porte de garde au dĂ©bouchĂ© vers l'Ouse, l'ancienne Ă©tant ruinĂ©e. Les nĂ©gociants de Malton et de York signèrent sans succès une pĂ©tition en faveur d'un approfondissement supplĂ©mentaire du canal en 1833. la jetĂ©e partiellement en ruines de Selby fut reconstruite en 1836, permettant l'accostage de cargos entièrement chargĂ©s[15].

Le déclin

MalgrĂ© le transfert de l'essentiel du trafic d’Aire and Calder par l'embranchement de Goole, il subsistait un fret avec York sur le Canal de Selby. La ville de Selby connut un lent dĂ©clin, malgrĂ© une Ă©phĂ©mère reprise entre 1834 et 1840 liĂ©e Ă  l'ouverture de la ligne Leeds and Selby Railway, et jusqu'Ă  l'ouverture de la ligne ferroviaire de Selby au terminal maritime de Hull[16]. L’agrandissement des Ă©cluses (24 m par m, avec un mouillage de 1,80 m) des voies principales gĂ©rĂ©es par Aire and Calder, pour permettre le transit des barges, fut achevĂ© en 1873, et l'on reconstruisit les Ă©cluses du canal de Selby entre 1885 et 1886 : il s'agissait notamment de l’écluse de Dole Bank et de l’écluse de Beal, sur l'ancien lit de l'Aire, ainsi que de l'Ă©cluse de garde de Haddlesey et l’écluse de Selby[17]. La liaison fluviale Aire and Calder restait florissante, bien que l'on n'entende plus parler du canal de Selby Canal après 1900.

Au mois de janvier 1948, la concession du canal prit fin, et la gestion du canal fut reprise par la British Transport Commission, dans le cadre des nationalisations d'après-guerre. Il s'ensuivit plusieurs changements, jusqu'à la reprise par British Waterways Board en 1962, aujourd'hui British Waterways[18].

La navigation de plaisance

Le pont de Paper House Bridge sur le Canal de Selby

Jusqu’en 1985, l'Ouse de Goole jusqu'en amont de York était gérée par Ouse and Foss Navigation Trust, mais elle fut alors transférée aux British Waterways[19]. Le Canal de Selby devint ainsi un tronçon de la voie navigable desservant York, et en 2006, plus de 2000 bateaux empruntaient l'écluse de Selby chaque année, soit plus du double du trafic de 1988. Aujourd'hui le canal esrt presque exclusivement fréquenté par des navires de plaisance[20]. Le chemin de halage a été en partie inclus dans la promenade équestre de Selby[21].

Le canal permet le transit de navires d'une longueur maximum de 24 m, une largeur au bau de m, un enfoncement de 1,20 m et un tirant d'air de m[22]. Bien qu'elle ne fasse pas historiquement partie du Canal de Selby, l'ancienne section de l'Aire entre les Ă©cluses de Bank Dole et de Beal jusqu'Ă  la porte de garde de West Haddlesey est considĂ©rĂ©e comme rattachĂ©e, ce qui porte la longueur totale de l'infrastructure Ă  18,8 km en quatre Ă©cluses[23]. Etant donnĂ©e l'influence des marĂ©e encore sensible sur l'Ouse Ă  Selby, l'Ă©cluse n'est manĹ“uvrable qu'Ă  certaines heures, et un Ă©clusier est de service lorsque le passage est possible. La manĹ“uvre de l'Ă©cluse est entièrement motorisĂ©e[24].

Notes et références

Notes

  1. Hadfield 1972, p. 31–32
  2. Hadfield 1972, p. 33
  3. Priestley 1831, p. 5
  4. Hadfield 1972, p. 34
  5. Nicholson 2006, p. 104–105
  6. Hadfield 1972, p. 37
  7. Hadfield 1972, p. 123
  8. Hadfield 1972, p. 37–39
  9. Hadfield 1972, p. 43
  10. Hadfield 1972, p. 129
  11. Hadfield 1972, p. 131–132
  12. Hadfield 1972, p. 132
  13. Hadfield 1972, p. 138–139
  14. Hadfield 1972, p. 141
  15. Hadfield 1972, p. 148–149
  16. Hadfield 1973, p. 314
  17. Hadfield 1973, p. 373
  18. Hadfield 1973, p. 383
  19. Edwards 1985, p. 271
  20. Nicholson 2006, p. 105
  21. « Selby Horseshoe Walk », sur Selby District Council (consulté le )
  22. Cumberlidge 2009, p. 52
  23. Nicholson 2006, p. 104
  24. Nicholson 2006, p. 108

Bibliographie

  • (en) Jane Cumberlidge, Inland Waterways of Great Britain, Imray Laurie Norie and Wilson, (rĂ©impr. 8e), 418 p. (ISBN 978-1-84623-010-3)
  • (en) Charles Hadfield, The Canals of Yorkshire and North East England (Vol 1), David and Charles, , 506 p. (ISBN 0-7153-5719-0)
  • (en) Charles Hadfield, The Canals of Yorkshire and North East England (Vol 2), David and Charles, (ISBN 0-7153-5975-4)
  • (en) Nicholson, Nicholson Guides, vol. 6 : Nottingham, York and the North-East, Harper Collins, coll. « Nicholson Guides », (ISBN 978-0-00-721114-2)
  • Joseph Priestley, « Historical Account of the Navigable Rivers, Canals, and Railways of Great Britain »,
  • (en) Lewis A Edwards, Inland Waterways of Great Britain, Imray Laurie Norie and Wilson, , 6e Ă©d. (ISBN 0-85288-081-2)
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