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Canéphores

Canéphores est une paire d'huiles sur toile, peintes par Georges Braque en 1922, dans une période considérée par le critique d'art, Douglas Cooper, comme « les grandes années de Braque[1] », pendant lesquelles le peintre a réalisé une série de nus très appréciés par la critique et les collectionneurs d'outre-Atlantique et d'outre-Manche.

Canéphores
Artiste
Date
Type
Huiles sur toile
Dimensions (H Ă— L)
180,5 Ă— 73,5 cm
Localisation

Cette série, qui commence avec les Canéphores, comporte notamment :

Les deux tableaux Canéphores sont conservés au Musée national d'art moderne de Paris[3].

Contexte

Le galeriste Paul Rosenberg, impressionné par la variété des travaux de Braque, commence par lui acheter une aquarelle pour sa collection personnelle, puis il devient son marchand et décide de le propulser sur le marché de l'art. Il finance les recherches du peintre, encourage sa production et lui commande des œuvres pour lui-même[4].

Les CanĂ©phores provoquent des Ă©motions chez les admirateurs du peintre (Alberto Giacometti parle de « sensation ineffable[5] Â»). Mais elles n'ont pas connu un vif succès lors de leur prĂ©sentation au Salon d'automne de 1922 : boudĂ©es par la critique qui ne comprend pas les changements d'orientation du peintre, peu apprĂ©ciĂ©es des collectionneurs en France, la sĂ©rie des nus, dont les CanĂ©phores font partie, va pourtant ouvrir Ă  Braque les portes des États-Unis grâce Ă  la stratĂ©gie de Rosenberg, qui balaie toutes ses hĂ©sitations en proposant les toiles Ă  des prix très Ă©levĂ©s et qui les vend bien[6].

En 1925 le docteur G. F. Reber « se jette » sur les deux Canéphores qu'il paie au prix fort. Reber est un collectionneur passionné qui avait réuni, jusque dans les années 1920, essentiellement des peintures du XVIIIe siècle et des impressionnistes. Il change de direction par la suite et recherche les cubistes et post-cubistes. Installé à Lausanne, au château de Béthusy, il constitue une immense collection dont il devra se défaire à partir de 1929, ruiné par la crise financière de 1929. Il avait noué des liens étroits avec Carl Einstein, qu'il a présenté à Braque, et qui est devenu un des plus fervents exégètes de Braque[6].

Selon Bernard Zurcher : « La place des Canéphores dans l'œuvre de Braque doit être réévaluée dans la mesure où elle fait partie d'une importante série de nus féminins qui rassemble environ trente tableaux[7] », dont la localisation n'est pas encore intégralement connue et répertoriée.

Les Canéphores du Centre Pompidou ont été léguées au Musée national d'art moderne en 1965, par la baronne Eva Gourgaud, née aux États-Unis, épouse du baron Gourgaud.

Description

L'ensemble des CanĂ©phores comprend CanĂ©phore 1, huile sur toile (180,5 Ă— 73 cm), MusĂ©e national d'art moderne (Paris)[8], CanĂ©phore (Braque) . Et CanĂ©phore 2, huile sur toile (180,5 Ă— 73,5 cm), MusĂ©e national d'art moderne (Paris)[9], CanĂ©phore (Braque). Les deux tableaux de la paire sont de mĂŞme dimension, ils traitent du mĂŞme sujet, de manière lĂ©gèrement diffĂ©rente : la première CanĂ©phore a un seul bras levĂ©, la deuxième porte son panier Ă  deux mains.

Austères au premier abord Ă  cause de leur traitement chromatique dans les tons de marron et de gris, ces porteuses d'offrandes (« canĂ©phore » est un terme de la Grèce antique) vĂ©hiculent un tendresse particulière qui se retrouve dans plusieurs nus fĂ©minins de l'artiste. Avec leurs formes pleines et leurs lignes ondulantes, les CanĂ©phores rappellent Les Grandes Baigneuses, d'Auguste Renoir[10]. Par le jeu des tons sourds et des couleurs vibrantes il se dĂ©gage de ces figures fĂ©minines une sorte de moelleux dĂ» aux effets frĂ©missants de la touche « pommelĂ©e Â» (en forme de pomme), qui souligne le mĂ©tier du peintre, sa capacitĂ© Ă  ne pas dĂ©pendre du sujet reprĂ©sentĂ©, mais de rester dans des formes indĂ©cises que le critique d'art, Paul Fierens[11], a dĂ©crites ainsi :

« Un certain flottement du contour n'enlève pas à l'œuvre son caractère immuable. C'est émouvant, c'est périlleux […] Muses de son art et symbole d'une perfection qui n'est que pureté, quelques figures féminines intelligentes et pensives que l'on a pu comparer aux nymphes séquanaises de Jean Goujon, ont fait tardivement leur apparition dans l'œuvre de Georges Braque[12]. »

De cette période subsistent encore des études dessinées sur carnet quadrillé, selon la méthode de Braque, ce qui lui permettait de mettre au carreau ces figures beaucoup plus naturalistes qui s'éloignaient très nettement du cubisme synthétique. Les figures féminines réapparaîtront de nouveau au début des années 1930[13].

Notes et références

Annexes

Bibliographie

Article connexe

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