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Camille Gutton

Camille Antoine Marie Gutton, né le à Nancy et mort le à Paris, est un physicien français, pionnier de l'étude de la radioélectricité et de ses applications.

Camille Gutton
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
Activité
Enfant
Henri Gutton (d)
Autres informations
A travaillé pour
Télécom Paris
École nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace (en)
École supérieure d'électricité
Membre de
Distinctions

Biographie

Jeunesse et premiers travaux

Camille Gutton naît dans une famille bourgeoise de Nancy. Après des études au lycée de Nancy, il est reçu en 1892 à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm à Paris et y entre l'année suivante, après son service militaire. Il y côtoie ses aînés Jean Perrin et Paul Langevin. Il en sort agrégé de physique, en 1896[1].

La mĂŞme annĂ©e, Camille Gutton entre au laboratoire de la facultĂ© des sciences de Nancy, dirigĂ© par RenĂ© Blondlot, oĂą il fait des expĂ©riences sur la propagation des ondes hertziennes et sur l’application de ces propriĂ©tĂ©s Ă  la rĂ©solution de problèmes d’intĂ©rĂŞt purement scientifique. Ces rĂ©sultats font l’objet de sa thèse de doctorat soutenue en 1899 et intitulĂ©e Recherches expĂ©rimentales sur le passage des ondes Ă©lectriques d’un conducteur Ă  l’autre. Cette publication est remarquĂ©e par Henri PoincarĂ©, qui en fait un rapport positif[2]. Camille Gutton Ă©tudie Ă©galement les propriĂ©tĂ©s des hypothĂ©tiques rayons N, qui n'auront finalement aucune validitĂ© scientifique.

Camille Gutton est nommé maître de conférences à la chaire de physique de la faculté des sciences de Nancy en 1902. En 1906, après la mort d'Ernest Bichat (qui était de sa famille), il devient professeur, face à son rival Albert Turpain. Il enseigne également à l’Institut d’électrotechnique, récemment créé, ce qui lui permet d'orienter ses recherches vers des applications plus pratiques. De 1909 à 1914, il reprend ses travaux de laboratoire et fait notamment la comparaison directe de la vitesse de la lumière et des ondes hertziennes utilisant à cet effet la biréfringence des cellules de Kerr.

Première guerre mondiale

Au début de la Première Guerre mondiale, Camille Gutton est mobilisé à 42 ans comme simple « sapeur mineur » à Toul. Heureusement, on remarque ses qualités de physicien, et il rejoint l'Établissement Central de la Télégraphie Militaire dirigé par Gustave Ferrié, pionnier de la TSF et futur général, à Paris, fin 1915. Il est chargé d’étudier les possibilités de la lampe à trois électrodes. Rapidement, Camille Gutton conçoit et met au point des postes émetteurs récepteurs utilisables aux armées pour les transmissions terrestres et les liaisons aériennes. On lui doit ainsi d’avoir pu établir en 1917, pour la première fois dans le monde, des liaisons radiophoniques entre deux avions et entre un avion et le sol.

La rĂ©ussite de ces transmissions dĂ©clenche le lancement de la production en sĂ©rie de matĂ©riel radiophonique. Camille Gutton est chargĂ© de suivre ce lancement et accomplit ainsi un travail d’ingĂ©nieur en contact direct avec les ateliers de fabrication. Ces instruments sont immĂ©diatement adoptĂ©s par les armĂ©es alliĂ©es, anglaises et amĂ©ricaines.

À cette époque, Camille Gutton donne également des cours aux officiers des armées alliées chargés des transmissions. Ces cours prononcés devant l’élite mondiale des radiotélégraphistes contribuèrent grandement à sa réputation et furent publiés après la guerre et avec les remaniements nécessaires dans un livre intitulé Télégraphie et Téléphonie sans fil qui eut un grand succès.

Après 1918

Démobilisé, Camille Gutton reprend ses fonctions à la faculté des sciences de Nancy qui devient l’un des centres mondiaux d’étude et de recherche sur toutes les applications des ondes hertziennes et devient, avec son assistant Émile Pierret, le précurseur de « la course vers les hyperfréquences » assurant la voie aux grandes réalisations qu’accomplit, dans les décennies suivantes, la technique des hyperfréquences.

En 1930, Camille Gutton est appelĂ© par le gĂ©nĂ©ral FerriĂ© pour qu'il reprenne la direction du Laboratoire national de radioĂ©lectricitĂ©, bientĂ´t installĂ© dans de nouveaux locaux Ă  Bagneux. L'organisme est dès lors civil et rattachĂ© au ministère des Postes, TĂ©lĂ©graphes et TĂ©lĂ©phones qui se substitue Ă  l’Établissement Central de la TĂ©lĂ©phonie Militaire.

Dans le nouveau genre de travail que Camille Gutton accomplit Ă  cette Ă©poque, les mĂ©thodes prĂ©cises de mesure jouent un grand rĂ´le : il met au point celles des frĂ©quences, des inductances, des capacitĂ©s et des rĂ©sistances. Il perfectionne aussi la vĂ©rification des rĂ©cepteurs, l’étude des parasites, des tubes Ă©lectroniques, l’essai des isolants Ă  hautes frĂ©quences et dirige en outre d’autres recherches parmi lesquelles les plus importantes sont celles qui se rapportent Ă  la propagation des ondes hertziennes dans les hautes couches de l’atmosphère.

Durant cette période, Camille Gutton, devenu grand spécialiste des lampes triodes et des communications radioélectriques, assure également sur ces sujets d’importants enseignements à l’École supérieure d'électricité, à l’École supérieure des PTT et à l’École supérieure d’aéronautique.

En 1947, Louis de Broglie le choisit comme candidat pour le prix Nobel de physique, finalement remporté par Edward Appleton. Gutton lui-même, invité par le comité Nobel en 1931, avait proposé le nom de Gustave Ferrié[3].

À la fin de sa vie, Camille Gutton vit à Saint-Nom-la-Bretèche.

Les ondes « ultra courtes » et la naissance du radar

Camille Gutton et son Ă©lève et assistant Émile Pierret entreprennent en 1927 des Ă©tudes et des expĂ©rimentations sur les conditions de propagation d’ondes totalement inusitĂ©es qualifiĂ©es d’ Â« ultra courtes », c’est-Ă -dire du domaine encore largement inconnu des ondes dĂ©cimĂ©triques dont ils peuvent dĂ©duire qu’un obstacle qui reçoit de telles ondes en rĂ©flĂ©chit une part suffisante pour que sa prĂ©sence puisse ĂŞtre dĂ©tectĂ©e.

En 1933, le fils de Camille, Henri Gutton (1905-1984), directeur du dĂ©partement de recherche physique de la CSF, faisant rĂ©fĂ©rence aux observations de son père Ă  la facultĂ© de Nancy, propose Ă  Maurice Ponte, directeur des recherches gĂ©nĂ©rales de la CSF, d’entreprendre des expĂ©riences nouvelles et originales de rĂ©flexion en ondes « ultra courtes » dans le but d’évaluer la faisabilitĂ© d’un système de « dĂ©tection des obstacles », Ă  savoir le futur radar[4]. Maurice Ponte approuve ce projet et en confie le programme de travaux Ă  Henri Gutton. Six ans plus tard, en mars 1939, les rĂ©sultats des recherches d’Henri Gutton donnent lieu Ă  une journĂ©e officielle de dĂ©monstration et sont un succès concrĂ©tisĂ©, notamment, par deux innovations majeures : l’introduction, dans l’émetteur, du magnĂ©tron M-16 et le fonctionnement en impulsions.

Ces avancées déterminantes, communiquées aux alliés anglo-américains en mai 1940, sont immédiatement adoptés par eux, leur conférant très vite une supériorité incontestable sur l’adversaire dans les airs, sur terre et sur mer.

Distinctions

  • L’AcadĂ©mie des sciences attribue Ă  Camille Gutton : en 1918, le Prix Henri Becquerel ; en 1922 le Prix Kastner-Boursault.
  • En 1928, « Correspondant de l’Institut ». Section de Physique et Â« Correspondant de la SociĂ©tĂ© Royale de Bohème ».
  • En 1932, Membre du Conseil de l’Observatoire de Paris.
  • En 1933, « Correspondant du Bureau des Longitudes ».
  • En 1937, « Membre de l’AcadĂ©mie des Sciences ».
  • Camille Gutton Ă©tait commandeur de la LĂ©gion d'honneur

Principaux ouvrages

  • GĂ©nĂ©ratrices de courant et moteurs Ă©lectriques. Dunod, Ă©diteur
  • TĂ©lĂ©graphie et tĂ©lĂ©phonie sans fil, Armand Colin, 1921.
  • Radiotechnique gĂ©nĂ©rale, J.-B. Baillière et fils, 1926.
  • La lampe Ă  trois Ă©lectrodes. Presses universitaires de France, 3e Ă©dition, 1929.
  • Leçons de RadioĂ©lectricitĂ©. Eyrolles, Ă©diteur
  • Lignes tĂ©lĂ©phoniques, MĂ©morial des Sciences Physiques, Gauthier-Villars, 1934

Sources

  • Notice sur les travaux scientifiques de Camille Gutton (Étienne Chiron Éditeur), 1934.
  • JubilĂ© Scientifique de Camille Gutton cĂ©lĂ©brĂ© dans la Salle des Congrès du Ministère des P.T.T. (10 juin 1944).
  • Notice nĂ©crologique sur Camille Gutton par Maurice Ponte (SĂ©ance du 28 octobre 1963).
  • Le Radar, 1904-2004, (histoire d’un siècle d’innovations techniques et opĂ©rationnelles) par Yves Blanchard (THALES – Ellipses).

Notes et références

  1. Louis de Broglie, « Notice sur la vie et l’œuvre de Camille Gutton », Lecture faite à l'Académie des sciences,‎ (lire en ligne)
  2. Henri Poincaré, « Doc. 2-62-5 : Rapport sur la thèse de Gutton », sur henripoincarepapers.univ-nantes.fr, Scott A. Walter, (consulté le )
  3. (en-US) « Nomination Archive. NobelPrize.org. Nobel Prize Outreach AB 2023 », sur NobelPrize.org, (consulté le )
  4. Maurice Guierre, Les Ondes et les Hommes, Histoire de la Radio, Julliard, 1951, p. 183-194en ligne sur le site de radar France

Liens externes

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