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Caméra Gaumont Biographe

Le Biographe est une caméra inventée par Georges Demenÿ, un ancien collaborateur du chercheur scientifique Étienne-Jules Marey, et achetée par Léon Gaumont en 1896 dans le but avéré d’en vendre des exemplaires aux riches amateurs de photographie animée.

BIOGRAPHE
Marque Comptoir général de photographie (Léon Gaumont)
Modèle Biographe
Visée Visée par tube optique à travers la pellicule
Format 58 mm perforé
Chargement Magasins sĂ©parĂ©s coplanaires Ă  galette de 20 mètres

Histoire

Lorsque Louis Lumière met au point sa machine Ă  vues photographiques animĂ©es, le CinĂ©matographe, il n’est pas sans savoir que l’industriel amĂ©ricain Thomas Edison, aidĂ© par un Ă©lectricien spĂ©cialiste, William Kennedy Laurie Dickson, a dĂ©jĂ  produit « entre 1891 et 1895, quelque soixante-dix films[1] » tournĂ©s avec la pellicule photographique de 70 mm de large, inventĂ©e en 1888 par John Carbutt et commercialisĂ©e par George Eastman (Kodak), que l’équipe d’Edison a coupĂ©e dans sa longueur en rubans de 35 mm de large et dotĂ©e de perforations dont le modèle est alors dĂ©posĂ© en brevets dans le monde entier. « Edison fit accomplir au cinĂ©ma une Ă©tape dĂ©cisive, en crĂ©ant le film moderne de 35 mm, Ă  quatre paires de perforations par image. »[2] C’est pour ne pas entrer en contrefaçon des perforations rectangulaires Edison, dont les dimensions sont très prĂ©cisĂ©ment indiquĂ©es, que les frères Lumière utilisent la mĂŞme pellicule Eastman, ici aussi coupĂ©e dans sa longueur, mais avec des perforations rondes, une de chaque cĂ´tĂ© des photogrammes. DemenĂż choisit au dĂ©part de ne pas perforer sa pellicule de 58 mm de large, inventant un système de came battante (un doigt mĂ©tallique actionnĂ© par une came excentrique tire la pellicule par friction). Ce procĂ©dĂ© a l’inconvĂ©nient de dĂ©placer la pellicule en pas inĂ©gaux, et la projection est pour l’opĂ©rateur une vĂ©ritable acrobatie afin de rattraper le cadrage des images.

DemenĂż, ruinĂ©, vend sa machine Ă  LĂ©on Gaumont. Ils dĂ©cident de rĂ©guler le dĂ©roulement de la pellicule en la perforant Ă  raison de quatre trous rectangulaires par image. Comme le format n’est pas le 35 mm, Edison ne pourra pas intenter un procès. Les perforations s’engrènent dans les dents d’un dĂ©biteur (plus tard, il y en aura deux) dont la rotation entraĂ®ne la pellicule dans un mouvement continu. La partie intermittente du dĂ©placement, celle qui permet d’impressionner les photogrammes, l’un après l’autre, Ă  la fenĂŞtre de cadrage du film qui reçoit l’image formĂ©e par l’objectif, est encore assurĂ©e par une came battante qui n’agit pas sur les perforations mais directement sur le ruban pelliculaire en le poussant pas Ă  pas. Ce système n’est pas au point : la prĂ©cision des dimensions des images laisse Ă  dĂ©sirer, et lĂ  encore le projectionniste va devoir ĂŞtre attentif Ă  tout moment pour rattraper le cadrage. Un tel procĂ©dĂ© ne peut satisfaire la clientèle et Gaumont prendra de lui-mĂŞme l’initiative d’adopter le système Ă  griffes qu’ont dĂ©jĂ  mis au point et utilisĂ© les Lumière.

Description du Biographe

Le mécanisme est abrité dans un boîtier en bois. Le bois fait partie de l’histoire de la photographie et son esthétique, autant que la simplicité de son travail, va l’imposer dans le matériel de prise de vues cinématographique jusqu’à la fin des années 1920. Le Biographe est dit « inversible » car, ainsi que le Cinématographe, on l’utilise aussi bien pour filmer que pour projeter. « Je fais usage de l'appareil tant pour la prise des images négatives que pour la projection des images positives agrandies au moyen d'une lanterne électrique ou oxhydrique. Dans ce cas, le résultat obtenu est d'autant plus saisissant que les images projetées : 1° sont plus lumineuses, 2° se succèdent plus rapidement devant l'œil, 3° y demeurent immobiles pendant un temps plus long et 4° sont séparées par une éclipse moins obscure et moins prolongée. »[3] Dans le couloir du film, la pellicule est stabilisée verticalement par des patins en velours. Le mouvement est bien entendu impulsé par une manivelle. Comme l’appareil Lumière, le Biographe est équipé d’une boîte contenant la pellicule vierge, et d’une boîte séparée et elle aussi démontable, pour rembobiner la pellicule une fois l’exposition faite.

Entre 1896 et fin-1897, au moins 150 films vont ĂŞtre produits par Gaumont grâce au Biographe 58 mm, dont au dĂ©but les films dirigĂ©s par Alice Guy. Il sera ensuite remplacĂ© par une camĂ©ra au format 35 mm, « au pas dit amĂ©ricain, c'est-Ă -dire Ă  4 trous par image, pas qu’ont adoptĂ© tous les fabricants de bandes cinĂ©matographiques. »[4]

Références

  1. Laurent Mannoni, "Lexique", in Libération numéro spécial, supplément au no 4306 du 22 mars 1995, célébrant le 22 mars 1895, année française de l’invention du cinéma, page 3.
  2. Georges Sadoul, Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours, Paris, Flammarion, , 719 p., p. 11.
  3. « G. Demenÿ, brevet du 15 juin 1896. » https://www.cinematheque.fr/fr/catalogues/appareils/collection/camera-reversible-film-35-mmcnc-ap-17-1281-1-9.html, consulté le 10/05/2020.
  4. « La Mise au Point », n° 1, novembre 1897, p. 8.https://www.cinematheque.fr/fr/catalogues/appareils/collection/camera-reversible-film-35-mmcnc-ap-17-1281-1-9.html, consulté le 10/05/2020.

Articles connexes

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