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Calendrier de l'Égypte antique

Le calendrier de l'Égypte antique (également appelé calendrier nilotique) était basé sur les fluctuations annuelles du Nil et avait pour objectif la régulation des travaux agricoles au cours de l'année. Les Égyptiens auraient défini l'année comme « le temps nécessaire pour une récolte ». L'hiéroglyphe signifiant « année » représenterait une jeune pousse avec un bourgeon (renpet).

Ce calendrier serait apparu au dĂ©but du troisième millĂ©naire avant notre ère ; il serait donc le premier calendrier solaire connu de l'histoire. Il aurait Ă©tĂ© utilisĂ© au temps de Chepseskaf, pharaon de la IVe dynastie. Les textes des pyramides mentionneraient dĂ©jĂ  l'existence du jour additionnel. Le papyrus Rhind serait le premier texte Ă©gyptien Ă  mentionner les 365 jours de l'annĂ©e civile Ă©gyptienne.

Descriptif

Le calendrier égyptien était basé sur le cycle solaire et la récurrence annuelle du lever héliaque de Sirius ainsi que la crue du Nil, aux alentours du solstice d'été du calendrier grégorien, peu après la « fête de la Goutte, ou Nocta ». L'année était divisée en trois saisons en fonction de la crue du Nil et de son impact sur l'environnement[1] :

SA
x t
Akhet (Akhit) « Inondation » (3ḫ.t)
pr
r
t
ra
Peret (Perit) « Émergence (des terres) » (pr.t, décrue du Nil, germination, saison fraîche)
Smwra
Chémou (Shemou) « Chaleur » (šmw, été, saison des récoltes et de leur taxation)

Les douze mois étaient groupés en trois saisons de quatre mois : les tétraménies :

  • la première (sha) correspondait au dĂ©but de l'inondation du Nil, qui, astronomiquement, coĂŻncidait avec le lever hĂ©liaque de l'Ă©toile Sirius (Sothis) ;
  • la seconde (per) Ă©tait celle des semailles ;
  • la troisième (shemou) Ă©tait celle des moissons[2].

Ce calendrier était loin d'être parfait ; il restait « vague », car l'année s'y trouvait plus courte d'un quart de jour, ce que les Égyptiens n'ignoraient pas. Cependant, malgré son incommodité, il fut conservé sous la pression des traditions pendant plusieurs millénaires. Le besoin d'intercaler un jour tous les quatre ans se fit néanmoins sentir en 238 avant notre ère, sous Ptolémée III Évergète (246 à 222), motivant un décret qui précisait : « Pour que les saisons se succèdent d'après une règle absolue et conformément à l'ordre du monde, un jour supplémentaire sera intercalé tous les quatre ans entre les cinq jours épagomènes et le nouvel an »[2].

Pour obtenir l'année solaire de 365 jours, on a ajouté aux 360 jours cinq jours épagomènes à la fin du calendrier, entre le dernier jour de la saison Shemou et le premier jour de la saison Akhet. Ces jours épagomènes auraient été considérés comme jours de naissance des grands dieux d’État qui étaient, dans l'ordre, Osiris, Horus l'Ancien, Seth, Isis et Nephtys.

Chaque mois était découpé en trois périodes de dix jours, les décades. Les journées avaient une durée de vingt-quatre heures.

L'annĂ©e de la crĂ©ation de ce calendrier, le premier jour de la saison Akhet correspondait approximativement au dĂ©but de l’inondation. Pour les Égyptiens, la montĂ©e des eaux Ă©tait un Ă©vènement majeur : d’une part, elle mettait fin Ă  la saison sèche, et d’autre part, la qualitĂ© des rĂ©coltes dĂ©pendait de son importance : une crue trop faible pouvant entraĂ®ner une famine alors qu'une crue trop forte pouvait causer des inondations dĂ©vastatrices. La montĂ©e des eaux intervenait peu de temps après le lever hĂ©liaque de l'Ă©toile Sothis (Sirius) dans le ciel Ă©gyptien. L'apparition de l'Ă©toile constituait un repère indispensable pour le paysan Ă©gyptien qui ne pouvait se fier au calendrier civil en raison d’un dĂ©calage de plus en plus important au fil des annĂ©es entre l’annĂ©e civile de 365 jours et l’annĂ©e solaire, annĂ©e de 365 jours 1/4. Ce dĂ©calage Ă©tait donc d’environ un jour tous les quatre ans. Cependant, tous les 1 460 ans, il y avait Ă  nouveau concordance entre les calendriers civil et solaire, le lever hĂ©liaque de Sothis coĂŻncidant de nouveau avec le premier jour de la saison Akhet. Cette pĂ©riode de 1 460 ans est appelĂ©e pĂ©riode sothiaque par les astronomes ; elle permet d’établir la chronologie de l’histoire pharaonique, car les Égyptiens ignoraient les dates absolues. Quelques documents mentionnent Ă  quels moments de l'annĂ©e civile a eu lieu le lever hĂ©liaque de l'Ă©toile Sothis (dont un notĂ© au dĂ©but du Nouvel Empire). Par des calculs astronomiques, on peut dĂ©finir au jour près le moment du calendrier oĂą le lever hĂ©liaque a eu lieu, mais ce système ne fonctionne que si le calendrier Ă©gyptien n'a pas connu de rĂ©formes. De plus, selon la latitude d'observation, le lever ne se fera pas au mĂŞme moment.

Avant mĂŞme l'Ă©poque oĂą, grâce Ă  Champollion, on a pu lire les hiĂ©roglyphes, on connaissait l'existence de cette pĂ©riode de 1 460 ans :

  • Censorinus affirme qu'en l'an 139, le jour du lever de Sirius tombait le « 1er ThĂ´t » et qu'alors dĂ©butait une pĂ©riode qu'il appelle « Grande AnnĂ©e » ; on en dĂ©duit donc les dates des autres concordances = 139, -1321, -2781, -4241, etc..
  • L'astronome ThĂ©on de Smyrne Ă©crit que « du pharaon MĂ©nophrès jusqu'au dĂ©but du règne de DioclĂ©tien (284), il s'est passĂ© 1605 ans » ; en Ă´tant 1605 de 284, on obtient -1321, date qu'il donne comme le commencement d'une pĂ©riode sothiaque.

Par la suite, on a trouvé la mention de cette période de 1460 ans sur d'autres documents :

  • Sur le dĂ©cret de Canope, dĂ©couvert en 1865 par Lepsius et Ă©tudiĂ© par Parker, on y lit qu'en l'an 9 de PtolĂ©mĂ©e III Évergète, donc en 238 avant notre ère, le lever hĂ©liaque de Sirius tombait le premier jour du 2e mois de šmw.
  • Au verso du papyrus mĂ©dical Ebers, on trouve un calendrier qui donne une date sothiaque et une liste de fĂŞtes associĂ©es.

Les astronomes grecs empruntèrent leur calendrier civil aux Égyptiens et, avec quelques modifications, il fut utilisé jusqu'à la fin du Moyen Âge.

Les mois de l'année à l'époque des Ptolémées

Les douze mois de l'année, à l'époque des Ptolémées sont :

Saison Mois[3]
Akhet 19 juillet au 17 août : Thout (Thot) ou (Djehouty)
18 août au 16 septembre : Phaophi (Pa n Ipt, celui de Karnak, Amon)
17 septembre au 16 octobre : Athyr (Hathor) ou (Hout Horo)
17 octobre au 15 novembre : Khoiak (kA Hr kA)
Peret 16 novembre au 15 décembre : Tybi (tA aAbt, l'offrande)
16 décembre au 14 janvier : Méchir ou Mekhir (pA n mxrw, celui de Mekher)
15 janvier au 13 février : Phaminoth ou Phamenoth (pA n ImnHtp, celui d'Amenhotep)
14 février au 15 mars : Pharmouti (pA n Rnnwtt, celui de Rennoutet)
Chémou 16 mars au 14 avril : Pachon ou Pakhon (pA n xnsw, celui de Khonsou)
15 avril au 14 mai : Payni (pA n int, celui du ouadi)
15 mai au 13 juin : Epiphi ou Epiph (ip ipi, fĂŞte de Ipipi)
14 juin au 13 juillet : MĂ©sori ou Mesore (mswt Ra, naissance de RĂŞ le 19[4])

Les jours épagomènes du 14 au 18 juillet étaient considérés comme jours de naissance des grands dieux d’État qu'étaient, dans l'ordre, Osiris, Horus l'Ancien, Seth, Isis et Nephtys.

L'étoile Sirius (Sothis, Sépédet, Sopdet)

Le plafond du Ramesséum de Ramsès II indique que l'étoile Isis-Sépédet (Sothis) et son lever héliaque annonçait l’arrivée de la crue et marquait le début de l’année égyptienne[5]. Certains transcrivent Sépédet par Sopdet.

Le zodiaque de Dendérah (daté de l'époque ptolémaïque, autour de 50 avant notre ère) représente l'étoile Sirius-Sothis sous la forme d'un bovidé. Par rapport au cercle extérieur, elle se place au-dessus du personnage correspondant au premier décan[6]. Certains y voient le dieu Ré.

Date actuelle dans le calendrier nilotique

Notes et références

  1. Besa Akantheia, « Le calendrier égyptien et la problématique du nouvel an », Lune Bleue,‎ (lire en ligne).
  2. André Blanc (historien, chargé de recherche au CNRS), Les calendriers, Paris, Les Belles Lettres, , pages 17-18.
  3. Les noms des mois sont donnés en langue copte avec leurs équivalents hiéroglyphiques du Nouvel Empire.
  4. Sottas, Henri, « Le papyrus démotique inédit de Lille n°3 et la notation des jours épagomènes, lu à la séance du 26 mars 1920 », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 64, no 3,‎ , p. 223–231 (DOI 10.3406/crai.1920.74313, lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  5. (en) « Corpus de textes », sur projetrosette.info (consulté le ).
  6. https://astrologievulgarisee.files.wordpress.com/2012/04/zodiaque-de-denderah-alexandre-n-isis-80.jpg Tableau explicatif du musée du Louvre.

Annexes

Bibliographie

  • François Chabas, Le Calendrier des jours fastes et nĂ©fastes de l'annĂ©e Ă©gyptienne, Paris, ;
  • Edouard Malher (traduit de l'allemand par Alexandre Moret), Études sur le calendrier Ă©gyptien : dates calendĂ©riques, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne)
  • R. A. Parker, The Calendars of Ancient Egypt, Studies in Ancient Oriental Civilization, Chicago, ;
  • Rolf Krauss, « Sothis und Monddaten: Studien zur astronomischen und technischen Chronologie Altägyptens », Hildesheimer Ă„gyptologische Beiträge, no 20,‎ ;
  • AndrĂ© Blanc (historien, chargĂ© de recherche au CNRS), Les calendriers, Paris, Les Belles Lettres, (lire en ligne) ;
  • Leo Depuydt, Civil Calendar and Lunar Calendar in Ancient Egypt, Louvain, ;
  • Anne-Sophie von Bomhard, Le calendrier Ă©gyptien : Une Ĺ“uvre d'Ă©ternitĂ©, Londres, Periplus Publishing London, , 105 p. (ISBN 1-902699-04-1) ;
  • GrĂ©gory Lanners, « Le jour de l'An en Égypte ancienne », Toutankhamon Magazine, no 25,‎ fĂ©vrier / mars 2006, p. 46-48 ;
  • Alain Barutel, L'Astronomie de pharaon, Paris, Les Ă©ditions Chapitre.com, (ISBN 979-10-290-0403-2) .
  • Jean-Paul Parisot, Calendriers, Encyclopædia Universalis (lire en ligne Accès limitĂ©)
  • AndrĂ© Blanc, L'Homme emprisonne le temps : les calendriers, Paris, Les Belles Lettres (1re Ă©d. 1986) (ISBN 9782251370422)

Articles connexes

Liens externes

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