Cabildo de CĂłrdoba
Le cabildo de Córdoba est un bâtiment historique sis dans le centre de la ville argentine de Córdoba.
Type | |
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Destination initiale |
Cabildo colonial (à l’époque espagnole) ; hôtel de ville et hôtel de police (après l’indépendance) |
Destination actuelle |
Musée municipal, office de tourisme, salles de spectacle |
Style |
Style colonial espagnol ; néoclassicisme (premier étage) |
Construction |
1588 (bâtiment primitif) ; 1733 (corps de bâtiment principal actuel) ; décennie 1880 (remaniement de la façade et extension) |
Patrimonialité |
Monument historique national (d) () |
Coordonnées |
31° 24�nbsp;59�nbsp;S, 64° 11�nbsp;04�nbsp;O |
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Commencé de construire au début du XVIIe siècle pour accueillir les services administratifs propres au cabildo colonial, il subit par la suite, dans les quatre siècles qui suivirent, nombre de remaniements déterminés par les nécessités de chaque époque, la plus importante de ces transformations datant du milieu du XVIIIe siècle.
Le bâtiment, classĂ© Monument historique, l’un des derniers Ă©difices de ce type Ă subsister en Argentine, prĂ©sente sur le bord occidental de la plaza San MartĂn, la place centrale de la ville, oĂą il cĂ´toie la cathĂ©drale, une façade large de quinze travĂ©es avec arcades, Ă deux niveaux, de style colonial espagnol mâtinĂ© de nĂ©o-classicisme. L’Argentine une fois indĂ©pendante, il servira â€?après avoir hĂ©bergĂ© Ă l’époque espagnole l’administration coloniale â€?comme maison d’arrĂŞt, commissariat de police, hĂ´tel de ville, et Ă l’heure actuelle (2017), comme centre culturel, office de tourisme et musĂ©e municipal.
Histoire
Les premiers alcades et rĂ©gidors Ă avoir Ă©tĂ© nommĂ©s après la fondation de la ville de CĂłrdoba en 1573 durent d’abord tenir leurs sĂ©ances de travail dans leurs propres logis, avant qu’il ne fĂ»t dĂ©cidĂ© en 1588 de faire Ă©difier un bâtiment spĂ©cialement affectĂ© Ă l’administration. Les terrains qui sur le plan de la ville Ă©taient destinĂ©s Ă accueillir l’hĂ´tel de ville et s’étendaient au bord de la Grand’Place (Plaza Mayor, actuelle Plaza San MartĂn) Ă©taient toujours, quinze annĂ©es après, en attente d’utilisation. Après la crĂ©ation de l’édifice, celui-ci fut appelĂ© Cabildo de Justicia y Regimiento de CĂłrdoba (« rĂ©gimiento » au sens de rĂ©gir, administrer) et deviendra l’institution oĂą se traiteront toutes les matières municipales : lois, prix des produits, enseignement, santĂ©, sĂ©curitĂ© et justice. Y fut Ă©galement amĂ©nagĂ© le bureau du gouverneur et de ses ministres. Après lâ€?a href="Guerre_d%E2%80%99ind%C3%A9pendance_de_l%E2%80%99Argentine.html" title="Guerre d’indĂ©pendance de l’Argentine">indĂ©pendance du pays, et une fois mise en place la municipalitĂ© de CĂłrdoba en 1857, les fonctionnaires de l’hĂ´tel de ville y prirent leurs quartiers, avant qu’au dĂ©but du XXe siècle le bâtiment ne fĂ»t rĂ©amĂ©nagĂ© en commissariat principal de la police provinciale et qu’il ne devĂ®nt en 1989 le centre culturel et musĂ©e municipal.
Première phase (1588 à fin XVIIe)
La décision de réaliser un cabildo à Córdoba fut prise en 1588[1], et la même année furent acquis les premiers lots de bois d’œuvre pour la construction de l’édifice. Comme la ville manquait de fonds, on résolut d’affecter à cette fin les recettes des amendes infligées aux citoyens de la ville, lesquels s’en acquittaient pour une part en argent, pour une autre en nature, par la fourniture de portes et de poutres ou d’autres matériaux. Les membres du cabildo décidèrent en de cerner d’une clôture l’un des terrains susmentionnés. Cependant, les travaux seront une nouvelle fois retardés par suite de l’intervention du procureur de la ville, le capitaine Antonio de Alfaro, qui estimait que l�a href="Ermitage_(religieux).html" title="Ermitage (religieux)">ermitage Saints-Tiburce-et-Valérien, l’église paroissiale et les canalisations publiques étaient plus urgents. Finalement, après quelques années, le bâtiment fut achevé de construire, et se dressait à côté de l’église paroissiale. Ses murs étaient en pisé, son toit fait de paille, et ses portes n’étaient pas consolidées.
Dès 1606, les membres du cabildo, jugeant le bâtiment peu solide et trop exigu, décidèrent la construction d’un autre, qui aurait à comprendre, outre les salles de séance, des cellules et des dépendances. Afin d’édifier le nouveau corps de bâtiment et de transformer celui existant, les autorités eurent recours à une mesure tendant à ce que les citoyens de la ville mettent à disposition, pour effectuer les travaux, leurs Indiens et serviteurs, et à ce que le bois de charpente nécessaire soit acheté au moyen d’une taxe sur le vin vendu au détail. Fait curieux, le seul maçon de la ville, un dénommé Bernardo de León, commit un délit et fut incarcéré, en raison de quoi les travaux durent être interrompus. En , on s’assura les services d’Alonso de Encinas, chargé de diriger les travaux pour une période d’un an, et que l’on convint de payer quatre-vingts pesos. Un mois plus tard furent requis les services du charpentier Miguel de Bideaure, rémunéré 260 pesos, en plus de la fourniture de bois et de clous, et de manœuvres indiens pour l’aider. Comme Bernardo de León, toujours en prison, était seul à savoir cuire des briques et des tuiles, le procureur Juan Nieto proposa de demander son élargissement sous caution, ce qui fut agréé. On l’engagea sous contrat pour 190 pesos, mais il ne put, étant donné sa situation, travailler en toute liberté ; comme il manquait encore plusieurs fenêtres et portes, un escalier, et que plusieurs pièces restaient à maçonner et à blanchir, et qu’en outre les toitures n’étaient pas achevées, l’on résolut de solliciter le vice-gouverneur, le capitaine Luis de Abreu de Albornoz, de permettre au prisonnier de quitter le périmètre de la prison et de circuler dans toute la ville. Du reste, pour hâter les travaux, deux autres charpentiers furent embauchés. Avant la fin de 1610, le cabildo était terminé, et comprenait trois pièces et une cellule au rez-de-chaussée, et deux pièces et une salle au premier étage[2].
Deuxième phase (fin XVIIe à début XIXe)
Dans les décennies suivantes, la paille des toitures fut remplacée par des tuiles coloniales (romaines) et les murailles de pisé firent place à des murs de brique, de chaux et d�a href="Argile.html" title="Argile">argile. En 1649, l’on commença à construire une nouvelle cellule, terminée cinq ans après. Cependant, avec le passage du temps, le corps de bâtiment se détériora, y compris les geôles, donnant lieu plus d’une fois à des évasions de prisonniers. Ne disposant pas des finances nécessaires à la remise en état de l’édifice, on adressa vers la fin du XVIIe siècle une missive au roi pour le solliciter d’apporter un remède à cette situation, tout en s’efforçant par tous les moyens de réparer la prison publique. L’on parvint finalement à réunir quelques fonds au moyen d’impôts et de souscriptions, si bien qu’en 1733 l’on put entamer la construction du corps de bâtiment actuel, avec pour maître d'ouvrage l�i>alcade José Moyano Oscariz.
En 1784, au moment où le cabildo n’était pas encore achevé, arriva à Córdoba le premier gouverneur intendant, don Rafael Núñez, marquis de Sobremonte, dont l’un des soins sera de mener les travaux à bonne fin. Il disposa que dans la galerie derrière les arcades du rez-de-chaussée des échoppes fussent installées pour la vente de tissus, de vins et d’épices, à l’effet de quoi il fit fermer les arcades et élever des cloisons. En 1786, il confia l’exécution des travaux à l�a href="G%C3%A9nie_militaire.html" title="Génie militaire">ingénieur militaire Juan Manuel López, sous la direction de qui on procéda à la construction de l’escalier principal et d’une galerie de quinze arcades, ainsi qu’aux divers remaniements que conféreront à l’édifice son caractère colonial définitif. Pour permettre aux reclus et aux condamnés d’assister à la messe, on ajouta à l’ensemble une chapelle, qui sera rendue accessible au public quelques années plus tard.
En , les armoiries du roi d'Espagne fixées au balcon central furent remplacées par l�a href="%C3%89cu_de_l'Argentine.html" title="Écu de l'Argentine">écu de l'Argentine. En 1822, le bâtiment devint le palais de gouvernement de la province de Córdoba.
Troisième phase (XIXe à aujourd’hui)
À la fin du XIXe siècle, en particulier dans les premières années de la décennie 1880, sous le gouvernorat provincial de Miguel Juárez Celman, le bâtiment subit plusieurs extensions : si au rez-de-chaussée les caractéristiques propres à l’architecture coloniale espagnole furent préservées, le premier étage au contraire fut doté d’éléments néoclassiques et une tour fut ajoutée au milieu de la façade ; cette tour, qui se composait de deux niveaux �l’un consistant en une salle destinée à recevoir une horloge publique, l’autre construit à claire-voie et couronné de frontons sur ses quatre côtés � et qui était coiffée d’une flèche en forme de pyramide à quatre faces[3], fut démolie en 1912[4], pour des raisons sans doute plutôt politiques qu’architectoniques[5]. En outre, l’édifice fut transformé en un ensemble clos par la construction d’ailes latérales de part et d’autre, donnant naissance à deux cours intérieures.
Durant une longue période, jusqu’en 1992, le cabildo servit de commissariat principal de police. L’aile qui donne sur le passage Santa Catalina, où le Departamento de Informaciones (DDI) de la police provinciale a eu ses locaux pendant de nombreuses années, servit sous la dictature militaire, de 1976 à 1983, de centre clandestin de détention, où nombre de détenus furent torturés et assassinés[6].
État actuel
En 2010, au moment du bicentenaire de la révolution de Mai, le cabildo de Córdoba avait gardé intacte sa galerie coloniale de 15 arcades. Un ouvrage de mosaïque posé sur le pavement représente les silhouettes du Cabildo et de la cathédrale adjacente, de laquelle il n’est séparé que par la pittoresque ruelle Sainte-Catherine (Pasaje Santa Catalina). L’édifice possède deux cours intérieures, une grande et une plus petite.
Le Cabildo héberge le Museo de la Ciudad et son exposition permanente d’objets archéologiques urbains (c’est-à -dire de la vie quotidienne et de l’histoire de Córdoba) et d’œuvres d’art de différents courants. Le bâtiment a également été rendu apte à accueillir des représentations de théâtre, des concerts, et des spectacles de chant et de danse. L’on peut y visiter l’ancienne geôle souterraine et le Salon rouge, où le maire avait coutume autrefois de recevoir les visiteurs illustres.
Situé au n°30 de la calle Independencia, le Cabildo fut déclaré Monument historique par décret nº 90.732 du . Il est depuis le siège du secrétariat à la Culture de la ville de Córdoba.
Source
- (es) Carlos Vigil, Los Monumentos y lugares históricos de la Argentina, Editorial Atlántida,
- (es) Federico G. Bordese, La torre del Cabildo de Córdoba (Revisionismo histórico) : Segunda edición, Cordoue, Estvdios Politécnicos de América, ediciones, (ISBN 978-987-27-5780-9, lire en ligne)
Notes et références
- F. Bordese, La torre del Cabildo de CĂłrdoba, p. 7.
- F. Bordese, La torre del Cabildo de CĂłrdoba, p. 11.
- F. Bordese, La torre del Cabildo de CĂłrdoba, p. 16.
- F. Bordese, La torre del Cabildo de CĂłrdoba, p. 43.
- F. Bordese, La torre del Cabildo de Córdoba, p. 46 etss. L'auteur soupçonne que cette démolition fut motivée par l’hostilité du nouveau gouverneur à l’égard de son prédécesseur Celman.
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