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Brunet (acteur)

Jean-Joseph Mira, dit Brunet, né le à Paris[1], rue Aubry-le-Boucher, et mort le à Fontainebleau[2], est un acteur comique et directeur de théâtre français.

Brunet
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nationalité
Activités
Parentèle
Marie Mira (d) (petite-fille)

Biographie

D’un père maître boulanger qui joignit, quelques années plus tard, la perception d’un bureau de loterie rue Mauconseil à son commerce, neveu du carme Dom Mira, inventeur de l'eau de mélisse des Carmes[3], le jeune Mira reçoit l’éducation que tout enfant d’honnêtes bourgeois recevait à cette époque, c’est-à-dire qu’on lui enseigne la lecture, l’écriture, et les quatre premières règles de l’arithmétique. Il a pour condisciple Talma, qui devait lui aussi illustrer la scène française un jour. Le petit Mira montre, dès son enfance, un goût assez prononcé pour le spectacle, et il parait quelquefois lui-même en comédie bourgeoise. Sa pensée n’avait pas franchi l’horizon du comptoir paternel lorsque, la suppression des loteries ayant restreint les ressources de sa famille, Joseph Mira résout de tirer parti de son talent d’amateur en demandant à la profession de comédien des moyens d’existence.

Brunet-Mira

Il obtient, non sans avoir eu Ă  combattre une vive opposition, le consentement de ses parents, sollicite et, après avoir adoptĂ© le pseudonyme de Brunet (en mĂ©moire de Mademoiselle Montansier, dont le nom vĂ©ritable Ă©tait Marguerite Brunet), il s’engage dans une troupe de comĂ©diens ambulants qui se rend Ă  Mantes. VĂ©ritable reflet du Roman comique, l’emploi qui lui est dĂ©volu dans cette association, est des plus humbles : Brunet cumule, avec les rĂ´les accessoires, les fonctions de copiste, de souffleur, voire au besoin d’allumeur de chandelles. Un vieux comĂ©dien nommĂ© la Rotière, traversant Mantes, a l'occasion de voir jouer Brunet, dont il devine le talent futur. ArrivĂ© au Havre, oĂą l’avait amenĂ© son engagement, il parle du jeune acteur comique, des services qu’il rend, et rĂ©ussit Ă  dĂ©cider le directeur du théâtre Ă  l’admettre au nombre de ses acteurs.

Deux ans après, Brunet rejoint Rouen, qu’il quitte en novembre 1795, pour entrer dans la troupe de Mademoiselle Montansier, où il débute, dans le Désespoir de Jocrisse, par le rôle principal, que Baptiste Cadet avait établi avec un très grand succès. Lorsque cette salle est fermée en vertu du décret de 1807, Brunet, qui avait suivi la fortune de Mademoiselle Montansier au théâtre de la Cité, devient acquéreur d’un quart de propriété dans la nouvelle salle du Théâtre des Variétés qu’on venait d’élever sur le boulevard Montmartre.

Peu d’acteurs ont montrĂ© une si grande activitĂ© : il Ă©tablit plus de six cents rĂ´les. Le naturel et la franchise de son jeu le rendirent justement populaire. Il excellait Ă  rendre les types de la bĂŞtise : Jocrisse, Cadet-Rousselle, Innocentin, Agnelet, mais son talent Ă©tait d’une souplesse qui lui permit d’heureuses tentatives dans un rĂ©pertoire variĂ©. On le vit, Ă  cinquante ans, produire, sous le costume fĂ©minin, l’illusion la plus complète dans le rĂ´le de Cendrillon. Quoiqu’il se montrât un des administrateurs les plus actifs du Théâtre des VariĂ©tĂ©s dont il Ă©tait l’un des administrateurs, jamais ses devoirs d’acteur ne souffrirent de ce cumul. Il Ă©tait infatigable et, hormis le jour de sa fĂŞte, qu’il consacrait Ă  sa famille, il se serait fait scrupule d’être une seule soirĂ©e sans paraĂ®tre devant le public. On a prĂ©tendu qu’il portait si loin la conscience de sa profession, que dans les Couturières, vaudeville de DĂ©saugiers, oĂą il n’avait Ă  dĂ©biter que quelques mots hors de la vue des spectateurs, il allait jusqu’à revĂŞtir le costume du rĂ´le. Le fait est controuvĂ©. Ce qui est plus positif, c’est que, s’étant chargĂ© dans le mĂŞme ouvrage d’imiter les aboiements d’un chien, il ne voulut, pendant plus de trente reprĂ©sentations, abandonner Ă  personne le droit d’aboyer : il ne cĂ©da que devant un enrouement. Ceci peut assurĂ©ment passer pour de la bizarrerie, pour de la puĂ©rilitĂ©, mais un fait plus concluant vient Ă  l’appui de la sollicitude qu’il apportait aux intĂ©rĂŞts des auteurs et de ses camarades. Dans l’ÉgoĂŻste par rĂ©gime, comĂ©die oĂą Potier jouait le rĂ´le principal, Brunet tint Ă  se charger d’un simple accessoire, n’ayant, pour ainsi dire, qu’une lettre Ă  porter. Ceci afin que l’exĂ©cution de la pièce n’eĂ»t point Ă  souffrir de l’inexpĂ©rience ou de la maladresse d’un figurant.

Brunet resta, malgré l’affaiblissement de sa mémoire, attaché au théâtre des Variétés jusqu’en mai 1830, époque à laquelle il céda sa part dans la direction à M. A. Dartois, et continua son service comme pensionnaire pendant dix-huit mois encore. Il fit une rentrée le , et donna quelques représentations. Le , à l’âge de soixante-quinze ans, il reparut sur la scène, et joua jusqu’à sa représentation de retraite, le . Ce fut sa dernière parution en public. Cet acte de faiblesse ne laissa pas d’inspirer un sentiment pénible à ceux qui, voyant un vieillard caduc se battre les flancs pour provoquer le rire, ignoraient que c’était afin de remédier à des malheurs de famille qu’il était venu, septuagénaire, redemander au théâtre des ressources que le théâtre n’eût pu lui refuser sans ingratitude. En effet, après avoir acquis dans l’exercice de sa profession une fortune assez considérable, des événements désastreux étaient venus le frapper dans son bien-être et dans ses affections.

Sa fille épousera Armand-François Jouslin de La Salle[4] et son fils Antoine Joseph Mira (1794-1848), marié à la comédienne Mme Valérie, sera administrateur de l'opéra de Fontainebleau[5]. La fille de ce dernier épousera Léon Vaudoyer, puis l'avocat Henri Singer (fils de l'industriel et philanthrope David Singer).

Notes et références

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 36/51.
  2. Acte de décès à Fontainebleau, n° 33, vue 14/78.
  3. Eugène Hugot, Histoire littéraire, critique et anecdotique du théâtre du Palais-Royal: 1784-1884, 2016
  4. Le Ménestrel : Musique et théâtre, 2000
  5. Revue et gazette musicale de Paris, 1848

Bibliographie

  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie gĂ©nĂ©rale, t. 7, Paris, Firmin Didot frères, 1857, p. 616-8.
  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littĂ©ratures, Paris, Hachette, 1876, p. 332.
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