Boredoms
Boredoms (ăăąăă ăč, Boadamusu), Ă©galement connu sous le nom de Vâredoms, est un groupe de rock japonais, originaire d'Osaka. Le groupe est officiellement formĂ© en 1986, bien qu'il existe des enregistrements maisons expĂ©rimentaux datant de 1982. La grande variĂ©tĂ© de leur production rend difficile tout classement dans un genre musical, mais on les qualifie gĂ©nĂ©ralement de noise rock, ou bien japanoise, bien que certains enregistrements rĂ©cents les rattachent plutĂŽt au courant minimaliste, Ă l'ambient et Ă la percussion tribale.
Autre nom | Vâredoms |
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Pays d'origine | Japon |
Genre musical | Noise rock[1], rock indépendant, rock psychédélique[2] |
Années actives | Depuis 1986 |
Labels | WEA Japon, Commons, Shimmy Disc, Reprise Records, Birdman Records, Vice Records, Very Friendly Records, Earthnoise, Selfish Records, Trans Records |
Site officiel | www.boredoms.jp |
Membres |
Yamantaka Eye Muneomi Senju Yojiro Yoshimi P-We |
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Anciens membres |
Ikuo Taketani Tabata Mara Hosoi Makki Sasarato Yoshikawa Toyohito Hiyashi Hira Seiichi Yamamoto Hasegawa Chu Atari EDA God Mama |
La formation repose actuellement sur une base rythmique omniprĂ©sente et lancinante Ă trois batteries, habillĂ©e de façon diverse (guitares saturĂ©es Ă l'extrĂȘme, quelquefois utilisĂ©es comme instrument de percussion, cris gutturaux et tribaux, machines Ă©lectroniques etc.).
Biographie
Formation et débuts
Boredoms est formĂ© au dĂ©but de l'annĂ©e 1986, Ă l'initiative de Yamantaka Eye, Ă l'Ă©poque leader de Hanatarash, formation bruitiste et conflictuelle d'inspiration dadaĂŻste[3], rĂ©putĂ©e pour ses spectacles destructeurs et sans considĂ©ration pour la sĂ©curitĂ© du public. L'hĂ©ritage de Hanatarash est trĂšs prĂ©sent dans les premiĂšres incarnations de Boredoms, qui rĂ©unissaient les anciens membres d'un groupe que Eye avait formĂ© avec le batteur Ikuo Taketani, le guitariste Tabata Mitsuru (connu sous le nom de Tabata Mara), le bassiste Hosoi Hisato, et le chanteur Makki Sasarato, dĂ©nommĂ© Acid Makki and Combi and Zombie[4]. Ă cette Ă©poque, le son du groupe est caractĂ©risĂ© par des hurlements d'une extrĂȘme violence, profĂ©rĂ©s dans une langue imaginaire[5], des explosions bruitistes situĂ©es quelque part entre le punk rock et la no wave. Ils enregistrent la chanson "U.S.A.", pour une compilation sur cassette[4] ; Yoshikawa Toyohito, un ami de Eye, remplace Taketani Ă la batterie peu de temps aprĂšs[3]. AprĂšs le dĂ©part de Sasarato pour des questions de divergences artistiques et le remplacement de Hosoi par Hira Ă la basse, le groupe change officiellement de nom pour Boredoms, en rĂ©fĂ©rence Ă une chanson des Buzzcocks intitulĂ©e Boredom[4] (Boredom signifie « ennui » en anglais).
Le groupe Ă©tant parvenu Ă une relative stabilitĂ©, Eye et Tabata enregistrent le premier EP officiel, Anal by Anal, au milieu de 1986. Au dĂ©but de l'annĂ©e suivante, Tabata quitte le groupe (il rejoindra plus tard Zeni Geva), et se trouve remplacĂ© par Seiichi Yamamoto Ă la guitare. En , le groupe sort son premier LP, Osorezan no Stooges Kyo. Le jeu de batterie de Yoshikawa Ă©tant jugĂ© insatisfaisant, ce dernier passe aux percussions et le groupe fait appel Ă Yoshimi P-We (qui avait dĂ©jĂ participĂ© au projet connexe de Hanatarash, UFO or Die), devenant ainsi la premiĂšre femme Ă intĂ©grer le groupe. Yoshikawa quitte le groupe peu aprĂšs, remplacĂ© par Chew Hasegawa (actuel membre du groupe de doom Corrupted), puis par Kazuya Nishimura (connu sous le nom de scĂšne Atari). Le son du groupe Ă cette Ă©poque est une sorte de punk abrasif et dissonant, rĂ©sultat d'un intense travail en studio ; Eye cite Sonic Youth et Funkadelic comme influences, entre autres[6]. Ce style, extrĂȘme et sans aucun motif discernable, amĂšne certains critiques Ă ranger le groupe dans une musique pure nihiliste ; la singularitĂ© du disque confĂšre toutefois Ă Boredoms une certaine popularitĂ© dans le milieu de la musique underground[3].
Popularité grandissante
En 1988 et 1989, Eye sympathise avec les membres de Sonic Youth et travaille Ă diverses reprises en tant que chanteur avec le projet avant-gardiste de John Zorn, Naked City[3]. AprĂšs la sortie de l'album de Boredoms Soul Discharge aux Ătats-Unis, le groupe, qui connaĂźt un succĂšs grandissant, signe avec Warner Bros. Records au Japon, et aux Ătats-Unis avec sa filiale Reprise Records. Avec la sortie de l'album Pop Tatari, acclamĂ© par la critique et gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme l'un des plus Ă©tranges albums jamais sortis chez un major[7], Boredoms prend la route et effectue une tournĂ©e aux cĂŽtĂ©s de Sonic Youth en 1992, avec Nirvana pour huit spectacles consĂ©cutifs fin octobre et dĂ©but , et Brutal Truth en 1993[8]. Au cours de cette mĂȘme pĂ©riode, le groupe est sollicitĂ© par Steve Albini pour participer Ă une compilation qu'il prĂ©pare. Peu de temps aprĂšs, Eye collabore de nouveau avec John Zorn pour le premier disque sorti sous son label Tzadik Records, un maxi publiĂ© sous le nom de Mystic Fugu Orchestra.
En 1994, au summum de sa popularitĂ© aux Ătats-Unis, le groupe est sollicitĂ© pour jouer sur la grande scĂšne du festival itinĂ©rant Lollapalooza, Ă l'occasion de la sortie de son album Chocolate Synthesizer. Ce dernier remporte un succĂšs considĂ©rable pour un groupe expĂ©rimental ; il est rĂ©trospectivement classĂ© 72e dans le classement des meilleurs disques des annĂ©es 1990 du magazine Alternative Press[9]. Au dĂ©but de 1994, Yoshikawa rejoint le groupe au chant et aux percussions mais le quitte Ă nouveau en fin d'annĂ©e ; il est remplacĂ© par EDA, prĂ©sentĂ© au groupe par le bassiste de Pavement, Mark Ibold. Reprise met fin au contrat qui le liait au groupe[10], et c'est Birdman Records qui distribue le maxi Super Roots dans un premier temps.
En 1998, Boredoms sort le maxi Super Go!!!!!, et le LP Super ĂŠ ; on remarque une inflexion dans le style du groupe, qui s'Ă©loigne des sonoritĂ©s atonales et bruitistes des dĂ©buts en introduisant des nappes d'effets le rapprochant de l'electronica, et une meilleure Ă©laboration des morceaux rappelant le rock psychĂ©dĂ©lique. Il est dĂ©crit comme un « tumultueux space-sludge »[11], Super ĂŠ a souvent Ă©tĂ© rapprochĂ© du krautrock des annĂ©es 1970. et en particulier du groupe Can[3] - [12]. Peu de temps aprĂšs sa sortie initiale, limitĂ©e alors au Japon, Super ĂŠ reçoit les louanges de la presse musicale internationale et est reconnu comme un chef-d'Ćuvre de musique progressive et avant-gardiste[13]. L'album est classĂ© 44e dans le classement des 100 meilleurs albums des annĂ©es 1990 de Pitchfork[14].
En 1999, le groupe sort Vision Creation Newsun au Japon. On remarque une nouvelle évolution dans le son, qui combine des thÚmes de space rock, déjà explorés dans Super Roots et Super Ê, avec des inspirations beaucoup plus primitives et brutales[15]. Il inclut des paysages sonores psychédéliques, des « synthés cosmiques »[16], des rythmiques complexes d'inspiration tribale, des « célébrations cathartiques de bruit »[15] ; Eye fait un usage trÚs personnel de différentes machines électroniques et de techniques de turntablism. L'album est souvent considéré comme le travail le plus achevé du groupe jusqu'à présent ; les critiques l'ont décrit comme la combinaison du punk rock haché et ultra rapide de leurs débuts avec un nouveau son « toujours aussi intense et hilarant, mais plus beau et plus expansif »[17]. Par la suite, Eye supervise une série d'albums remix des anciennes productions de Boredoms par des DJs. Plus tard, Eye sort Rebore, vol. 0 en 2000, formé de remixes de sa propre conception. Boredoms semble avoir été mis en suspens pendant quelques années, ne publiant aucun disque et ne réalisant aucun concert, tandis que ses membres participaient à divers projets parallÚles ou travaillaient avec d'autres groupes[4] - [3].
DerniÚres activités
Des rumeurs affirmant que le groupe s'Ă©tait sĂ©parĂ© circulent, mais une nouvelle formation plus rĂ©duite et nommĂ©e Vâredoms refait surface en 2003[18], composĂ©e de Yamantaka Eye au chant, Izumi Kiyoshi (qui avait jouĂ© sur Vision Creation Newsun et Super ĂŠ) au synthĂ©tiseur, et Yoshimi P-We, Nishimura et EDA Ă la batterie et aux percussions[4].
MalgrĂ© ces changements, leur musique se rapproche toujours des rythmiques tribales prĂ©sentes sur Vision Creation Newsun. Le groupe publie ses enregistrements aux Ătats-Unis par l'intermĂ©diaire de Vice Records depuis son Ă©viction de chez Reprise. Ă l'exception de Super Roots 2, tous les disques de la sĂ©rie Super Roots sont rĂ©Ă©ditĂ©s chez Vice[19]. Ă la fin 2004, la formation sort son premier album depuis quatre ans, Seadrum/House of Sun, dont la plus grande partie a en fait Ă©tĂ© enregistrĂ©e avant son bref hiatus. Ă cette occasion le groupe quitte Warner et signe sur le petit label japonais Commmons[4]. Bien que ce disque ne soit pas accueilli avec le mĂȘme enthousiasme que certaines productions prĂ©cĂ©dentes, il reçoit globalement un accueil positif, avec un score total de 73 % sur Metacritic[20]. EDA quitte plus tard le groupe et est remplacĂ© par Yojiro Tatekawa.
Au dĂ©but de 2007, le groupe sort Super Roots 9, le premier exemplaire de la sĂ©rie Super Roots depuis 1999, enregistrĂ© en concert le soir de noĂ«l 2004, ce qui en fait le second live officiel du groupe aprĂšs le Wow 2 de 1993. En mai de la mĂȘme annĂ©e, le groupe joue trois concerts sous le nom de Vâredoms avec Sonic Youth au Japon[21]. Au cours de concerts rĂ©cents, Eye utilise un nouvel instrument baptisĂ© « Sevener » ou « Sevena »[18] - [22], constituĂ© de sept manches de guitares suspendus qu'il utilise comme des percussions.
En 2011, Boredoms jouent de nouveaux morceaux au festival All Tomorrows Parties I'll Be Your Mirror de Tokyo. Six batteurs jouent en cercle avec Eye. Le groupe est aussi choisi par Jeff Mangum des Neutral Milk Hotel pour jouer au All Tomorrow's Parties en mars 2012 organisé à Minehead, en Angleterre[23].
En juin 2015, Boredoms joue une autre série Boardrum au Barbican Centre de Londres pour l'événement Station to Station: A 30-Day Happening de Doug Aitken[24]. La performance fait participer Eye, Yoshimi, Tatekawa, Masuko, et de nombreux autres batteurs et guitaristes entourés par 88 percussionnistes tous jouant des cymbales[25].
Style musical et influences
Tout au long de sa carriÚre, Boredoms a parcouru un spectre musical étendu. Au départ un amoncellement de hurlements incompréhensibles, le groupe a peu à peu intégré des éléments venus du free jazz et de la musique électronique, avec un goût toujours prononcé pour des rythmiques trÚs élaborées, dans la lignée d'autres groupes japonais comme Ruins. Leur musique reste inclassable, si « on a pu décrire Boredoms comme un croisement entre les Residents et les Beastie Boys »[5], une constante de leur production reste sa violence exceptionnelle, qui en fait l'un des groupes « les plus extrémistes de l'avant-garde expérimentale »[5].
Aucun de leurs albums n'a Ă©tĂ© distribuĂ© en France, oĂč ils ne sont donc disponibles qu'en import[5]. Son univers musical est incontestablement marquĂ© par les explorations sonores de Christian Vander et la multitude de talentueux musiciens qui lâont accompagnĂ©. Curieusement, câest un nom en rĂ©fĂ©rence Ă une esthĂ©tique musicale trĂšs diffĂ©rente que le groupe retiendra puisque Boredoms est une rĂ©fĂ©rence au cĂ©lĂšbre titre Boredom du groupe punk anglais Buzzcocks. Boredoms a su trouver un public plus large que celui des musiques underground expĂ©rimentales en puisant son inspiration dans des styles jazz rĂ©pĂ©titifs aux reflets psychĂ©dĂ©liques. Durant les annĂ©es 1980 quelques amateurs de rock et de no wave trouveront dans ce kalĂ©idoscope musical un vif intĂ©rĂȘt et quelques musiciens cĂ©lĂšbres des annĂ©es 1990 (Nirvana ou Sonic Youth) citeront Boredoms comme une rĂ©fĂ©rence musicale de premier plan. Le groupe est aujourdâhui encore actif, avec un effectif rĂ©duit et sous le pseudonyme de Vooredoms.
Discographie
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1992 : Pop Tatari (WEA Japan)
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1994 : Chocolate Synthesizer (WEA Japan)
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1998 : Super Ae (WEA Japan)
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2000 : Vision Creation Newsun (WEA Japan) Les titres des chansons sont représentés par des symboles:
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2004 : Seadrum/House of Sun (WEA Japan)
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Notes et références
- (en) Deusner, Stephen M., « Any Other Person's Noise: The Boredoms », The Washington Post, (consulté le )
- Moorman, Trent., « The Boredoms Revel in Rhythm, Numerology for 88 BoaDrums », Rolling Stone, (consulté le )
- (en) « Boredoms biography », Vice Records (version du 11 octobre 2007 sur Internet Archive).
- Kevin Hainey, « Boredoms: The Art of Noise », Exclaim!, (version du 12 mai 2007 sur Internet Archive).
- Michka Assayas, Dictionnaire du rock, Ăditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 2000, (ISBN 2-221-09224-4) p. 203.
- Burma, Mike, Browbeat Magazine: BOREDOMS
- (en) Ned Raggett, « Pop Tatari », AllMusic (consulté le )
- (en) Andrew Parks, « Boredoms: Not Boring at All », Theme Magazine, (version du 6 février 2009 sur Internet Archive).
- (en) Greg Brady, « Alternative Press Magazine's "The 90 Greatest Albums of the 90s" », List of Bests, (version du 26 septembre 2007 sur Internet Archive)
- (en) « Outside the Box », Metropolis Tokyo (version du 26 septembre 2007 sur Internet Archive).
- « BOREDOMS - Super à », Boomkat.com (consulté le )
- Ruben Dario, « BOREDOMS â Super ĂŠ », ProgArchives, (consultĂ© le )
- (en) Kareem Estefan, « Boredoms - Super Ae », On Second Thought, Stylus Magazine, (consulté le )
- Brent DiCrescenzo, « Top 100 Albums of the 1990s », Pitchfork, (version du 7 mars 2008 sur Internet Archive)
- (en) Brandon Wu, « Boredoms: Vision Creation Newsun », Ground and Sky, (version du 8 juin 2007 sur Internet Archive)
- (en) Jeff Fitzgerald, « The Boredoms - "Vision Creation Newsun" », Aural Innovations, (consulté le ).
- (en) Dave Heaton, « Boredoms: Vision Creation Newsun », PopMatters (consulté le ).
- (en) Michael Alan Goldberg, « Boredoms », Seattle Weekly, (consulté le ).
- (en) « Who says we can't put out 6 Boredoms records? », Vice Records blog, Vice Records, (consulté le ).
- (en) « Seadrum/House of Sun », Metacritic (consulté le ).
- Pichfork Media: Sonic Youth Tour Japan with Vooredoms (Boredoms)
- Thrill Jockey: Boredoms biography
- (en) ATP curated by Jeff Mangum
- (en) « Station to Station: A 30 Day Happening. A project by Doug Aitken », barbican.org.uk (consulté le ).
- « Barbican Newsroom - Artform Press Releases: Barbican announces a range of new music dates for 2015-16 incl. Boredoms, The Moog Concordance, JLCO » (consulté le ).
- (ja) Boredoms [VâRedoms
Liens externes
- (en) Site officiel
- (en) Boredoms sur Discogs