Bof génération
À l'origine, l'expression bof génération désigne en France les personnes nées entre 1960 et 1965[1] déçues par l'après Mai 1968 et la fin des Trente Glorieuses, d'où leur nom[2]. L'expression a été publiée pour la première fois en 1978 dans un article du Nouvel Observateur.
Depuis, son sens a pu être généralisé à d'autres personnes d'âges différents ne croyant également plus à la politique et contestant la société actuelle[2].
Définition du concept
L'expression « bof génération » apparaît pour la première fois dans un article de Josette Alia de 1978, intitulé « La « bof » génération » et publié dans le Nouvel Observateur[3]. Il s'agit d'une enquête sur les aspirations des jeunes, dirigée par Josette Alia en partenariat avec l'entreprise de sondage Sofres, qui met en évidence la dépolitisation de la jeunesse[4]. L'interjection « bof » provient, selon certaines sources, du film Bof… Anatomie d'un livreur sorti en 1971 et faisant l'éloge de la paresse comme droit[5].
À partir de là, la bof génération désigne collectivement un groupe social, composé d'individus plutôt jeunes, qualifiés par les institutions en place de « désabusés, incapables de trouver la passion dans un monde sans émotion, [...] peu engagés en politique »[2] - [6]. La définition de ce groupe social se fait en opposition avec la « génération 1968 » qui a exprimé des rêves de société idéalisée lors du mouvement contestataire de Mai 1968[2]. Pour autant, elle possède également une dimension subversive, en écho au mouvement de la Beat Generation, dont l'œuvre fait souvent référence à un certain désenchantement du monde, et avec le punk rock et son slogan, « No Future »[7].
Postérité de l'expression
Étant donné un contexte de crise perpétuelle depuis les Trente Glorieuses, l'expression « bof génération » a pu s'étendre également à des personnes de tranches d'âge ultérieures à celle initiale.
Pour certains, au cours des années 2000, le terrain de la critique sociétale a basculé de la rue à internet et ainsi transformer la bof génération en « LOL génération » qui utilise un humour désabusé en ligne pour passer ses messages engagés[2].
Pour d'autres, la bof génération a évolué en « beauf génération » sa version auto-satisfaite[8]. C'est notamment l'idée exprimée à travers l'expression « OK boomer » qui blâme les baby boomers (1945-1965) en général, desquels fait notamment partie la bof génération initiale[9] - [10].
Notes et références
- « Bof génération, bof-génération », sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (consulté le )
- Monique Dagnaud, « De la BOF génération à la LOL génération », sur Slate, (consulté le )
- Josette Alia, Marie Müller et Alain Chouffan, « La « bof » génération », Le Nouvel Observateur, no 727, , p. 18
- Sébastien Schifres, « Le Mouvement autonome en Italie et en France (1973-1984) », sur sebastien.schifres.free.fr, Mémoire de Master II non publié, (consulté le )
- Pierre Mayol, Les enfants de la liberté, Paris, L'Harmattan, (lire en ligne), p. 44
- Cette définition reprend en partie les paroles de la chanson Bof Génération de Renaud Hantson, sur l'album Des Plaies et des Bosses, sorti en 1994.
- François Reynaert, « Souvenirs de la bof génération », Le Nouvel Observateur, , p. 18 (lire en ligne)
- Vicky Chahine et al., « 15-24 ans : l'anti « bof génération » », sur Madame Figaro, (consulté le )
- Jean-Michel Normand et Nicolas Santolaria, « « OK Boomer » : le cri de ralliement d'une génération », sur Le Monde, (consulté le )
- Guillaume Lohest, « « Ok Boomer » ou la déchirure d'une insoutenable vision du monde », sur Mediapart, (consulté le )