Bleid
Bleid [blɛ][1] (en gaumais Blèy) est une section de la ville belge de Virton située en Région wallonne dans la province de Luxembourg.
Bleid | |||||
Administration | |||||
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Pays | Belgique | ||||
RĂ©gion | RĂ©gion wallonne | ||||
Communauté | Communauté française | ||||
Province | Province de Luxembourg | ||||
Arrondissement | Virton | ||||
Commune | Virton | ||||
Code postal | 6760 | ||||
Zone téléphonique | 063 | ||||
DĂ©mographie | |||||
Gentilé | Panî(e)s | ||||
Population | 500 hab. | ||||
GĂ©ographie | |||||
Coordonnées | 49° 34,15′ nord, 5° 37,6′ est | ||||
Localisation | |||||
GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
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C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977. La commune intégrait aussi les villages de Gomery, Signeulx et St-Remy.
Elle se trouve en Gaume, sous-région où la langue vernaculaire traditionnelle est le gaumais. Elle est située au croisement des routes Arlon-Virton et Aubange-Saint-Mard.
Toponymie
Anciennes graphies
- Belers (1220), Bellers (1222), Bley bie Mutzich (1470).
Étymologie
Plusieurs origines probables :
Origine celtique : « […] : Blé, bled, blad, blaed (celt) : production de la terre en herbes et en tuyaux (M. de Chevalet). Il s’agit d’un terrain produisant principalement des céréales. »[2]
Origine germanique : larris (germanique *hlœri ⇒ -lers) de Bilihar (germanique *bili saillant *hari armée) [3]
Blason populaire
Ses habitants sont connus sous le nom de Panîs (« paniers » en gaumais). Dans le passé en effet, le village était connu pour ses fabrications de paniers en osier, tradition que l'on retrouve encore à l'heure actuelle chez quelques passionnés gaumais.
Histoire
Antiquité
La localité de Bleid a vraisemblablement été créée au Bas-Empire, pour assurer la mainmise sur les terres à bons rendements agricoles de la région. Effectivement, le village s’implante dans des creux de plateaux, lits de vallées secondaires aux sols argileux, creusés par d’abondantes sources d’eau calcareuses et bordés par des replats fertiles majoritairement inclinés vers le sud et l’ouest. Le sol argileux est propice à la culture de céréales, présente majoritairement jusqu’à la transition agricole de la moitié du xixe siècle. La présence de plusieurs villas gallo-romaines témoigne de cette exploitation antique du sol.
« […] en 1857 lors de l'empierrement du chemin de Bleid à Gomery, l'entrepreneur des travaux demanda et obtint du directeur des propriétés du château de Bleid, l'autorisation d’exécuter des fouilles dans une pièce de terre à lieu-dit Les Aires [situé dans le champ derrière la Folie, sur les hauteurs entre la rue de Gomery et le bois du Mat] appartenant au château et où se trouvaient à l'ouest du village les ruines de constructions romaines, afin de se procurer les pierres nécessaires pour le dit empierrement ; il y plaça donc une escouade d'ouvriers qui mirent à découvert d'immenses pans de muraille, des pavés en mosaïque, des morceaux de futs de belles colonnes richement cannelées, des soubassements de colonnes ; au pied de ces murs on trouva de belles poteries romaines, des monnaies romaines, des ossements humains ; […]. Ah, quelle riche moisson d'antiquités il y avait à faire, mais malheureusement on ne cherchait que de la pierre et rien d'autre que de la pierre, l'on s'inquiétait fort peu du reste ; quelques-uns de ces débris furent transportés au château, mais lorsqu'il fut vendu, ils furent jetés au vent. »[4]
« A l’est de Bleid à lieu-dit Sarazin [situé directement à gauche de la route de Mussy en sortant du village], il se trouve aussi les vestiges de constructions romaines, des pierres, des morceaux de pavés en mosaïque qui sont ramenés sur le sol par les charrues ; ces vestiges ne sont pas aussi importants que ci-dessus, néanmoins ce que l’on retrouve atteste l’origine romaine, ainsi que le nom du lieu-dit Sarazin, dont les anciens se servaient pour désigner un Romain. »[4]
Si ces villas ont bel et bien existé, il semble n’en subsister aucunes traces aujourd’hui.
En janvier 1890, M. de Prémorel rapportait aussi à l’institut archéologique du Luxembourg que des traces de constructions romaines (ciment et matières premières) subsistaient dans le château de Bleid, au niveau des fondations de la tourelle[5], ce qui n’a jamais pu être confirmé, mais qui pourrait indiquer un réemploi de pierre durant le Haut Moyen-Âge, période où le château est mentionné pour la première fois.
Centre d’un grand domaine du Bas-Empire, les terres autour du village étaient sans doute protégées par une unité de cavalerie qui y résidait de façon permanente, ce qui aurait pu donner le nom du village : Belers, du germanique « armée saillante »[6].
Aussi, l’œil averti pourra toujours apercevoir, dans certains champs fortement inclinés dans les environs du village, de grandes lignes horizontales souvent mises en valeur par les ombres provoquées par le soleil couchant, vestiges d’anciennes cultures en terrasse sans doute originaires de cette époque antique. Ce type de relief peut encore être visible sous le chemin des côtes qui mène à la croix St-Jean, à droite de la route qui mène à Bakèse, au lieu-dit « d’zous l’hôt », sur les pentes orientées au nord, qui tombent vers le Bois de Bleid ; et encore dans les champs à droite de la route montant vers Mussy, sur un versant du Magenot.
Moyen-Ă‚ge
Le village de Bleid apparaît pour la première fois aux yeux de l’Histoire en 1222, soit durant le Haut Moyen-Âge. Le château et une partie de la dîme sont remis par donation de Conan de Mussy à l’Abbaye d’Orval en 1229, ce qui est confirmé par écrit par Thiéry, archevêque de Trêves.
En 1314, l’Abbaye d’Orval revend ses privilèges sur Bleid à l’Abbaye de Clairefontaine, avant d’être cédé à de nombreuses reprises à des seigneurs locaux. Une première église a été apparemment construite vers 1200[4].
Première Guerre mondiale
Le 22 août 1914, le village est un des premiers points de contact entre l’Armée allemande et l’Armée française en Belgique. Venant de Mussy-la-Ville, des éléments de l’avant-garde de la 4e Armée du Duc de Würtemberg, commandé par Erwin Rommel (7e compagnie du 124 IR) qui n’est alors que sous-lieutenant, attaquent le village tenu par le 101 R.I.F., mené par le commandant Laplace.
Les combats qui ont lieu sont liés à la bataille d’Ethe. Ici, le but de la manœuvre allemande est de couper les voies de replis et d’appuis du sud au gros des troupes françaises engagées entre Ethe et Saint-Léger, les objectifs sont Gomery et Gévimont et plus généralement, Virton.
Le combat se fait maison par maison et les attaquants doivent mettre le feu à plusieurs fermes afin d’en chasser les défenseurs, ce qui sinistre une grande partie du village. Une fois le village tombé au main des Allemands, après le sacrificie du commandant Laplace et de ses hommes, les combats se déportent vers le bois du Mat, au nord, vers Gévimont.
Après la bataille, les civils seront réquisitionnés pour enterrer les nombreux morts français et allemands. Les Allemands feront d’ailleurs construire un cimetière en demi-cercle avec plusieurs terrasses à l’orée du bois du Mat.
Ce baptême du feu marque Rommel qui innove pour l’occasion des techniques de combat improvisées modernes (basées sur l’initiative et le mouvement) qui formeront la base de sa réflexion stratégique future[7].
Bibliographie
- Collectif Région wallonne (Namur), Le Patrimoine Monumental de la Belgique : Wallonie : 21 Luxembourg : Arrondissement de Virton, Editions Pierre Mardaga, Liège, 1995, p366.
- Jespers Jean-Jacques, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et Ă Bruxelles, Editions Racine, Bruxelles, 2005, p143.
- Loreaux Emmanuel, Toponymie de la commune de Bleid, UCL, Louvain-La-Neuve, 1975
- Rommel Erwin, L’infanterie attaque.
- Tandel Emile & co., Les Communes Luxembourgeoises : Tome III, L’Arrondissement de Virton, Publications de l’Institut Archéologique du Luxembourg, Imprimerie F. Bruck Arlon, 1890, pp.69-101.
Notes et références
- Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Louvain-la-Neuve, Peeters, (lire en ligne), p. 105.
- Emile Tandel & co., Les Communes Luxembourgeoises : Tome III, L’Arrondissement de Virton, Arlon, l’Institut Archéologique du Luxembourg, , p. 71
- Jules Herbillon, Les noms des communes de Wallonie, Bruxelles, Crédit communal, coll. « Histoire » (no 70),
- Emile Tandel & co., « « Extrait de la notice de M. Laurent, secrétaire communal à Bleid (décembre 1888) » », Les Communes Luxembourgeoises : Tome III, L’Arrondissement de Virton,‎ , p. 74
- Tandel Emile & co., « « Notice de M.de Prémorel, de Bleid (janvier 1890) » », Les Communes Luxembourgeoises : Tome III, L’Arrondissement de Virton,‎ , p. 79
- Jean-Jacques Jespers, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et Ă Bruxelles, Bruxelles, Racines, , p. 143
- (de) Erwin Rommel, Infanterie greift an,