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Birao (mythologie basque)

Birao est un Jeinu (Génie) de la mythologie basque qui s'approprie une personne ou un animal en vertu d'une imprécation formulée à l'aide du nom de la personne ou de l'animal en question[1]. Birao signifie en basque « malédiction, gros mot, blasphème » .

Description

Il Ă©tait courant de dire que le Birao entrainait la mort des personnes.

On croyait que le Birao introduisait des esprits maléfiques appelés gaixtoak (mauvais, au pluriel) dans le corps des personnes visées. Dans certains villages on croit qu'il existe dans la journée un moment particulier pour cela: la malédiction formulée y est à ce moment-là, d'une efficacité totale.

Les malédictions jetées par des génies finissent toujours par s'accomplir, c'est ce que l'on croit de façon générale.

Parfois, pour l'imprécation, on s'en remet a un objet. Ainsi, en offrant une pièce de monnaie tordue à un saint on exprime de façon concrète que l'on souhaite le mal pour quelqu'un[2].

Croyances

Les noms sont des signes, généralement les premiers signes ou représentations, images sonores des choses. Ces dernières, selon les croyances populaires basques, sont étroitement liés à leurs noms : ils ont tous des noms, disent les gens. Et inversement, tout nom répond à quelque chose : izena duan guztia omen da est couramment affirmé, ce qui revient à dire qu'il n'y a pas de nom qui ne corresponde à une réalité, de sorte qu'en dehors de notre monde conceptuel et de ses objets, rien n'existe[3].

C'est un compromis entre cette croyance et la foi chrétienne que la phrase, ou le dicton populaire lié à la force magique et aux vertus de la sorcellerie : Direnik, ez da sinistu bear; ez direla, ez da esan bear[4] ("Il ne faut pas croire qu'elles existent; mais il ne faut pas dire qu'elles n'existent pas[5]")

Il est naturel que dans les cercles où la conception magique du monde est acceptée, on croit qu'en agissant sur les noms il est possible d'influencer les choses elles-mêmes. C'est pourquoi il est répandu au Pays basque la croyance que la malédiction (Birao, Birau) jetée sur un nom atteint par conséquent l'objet qu'il désigne[3].

Cette forme de magie est, fondamentalement, la même que celle qui apparaît fréquemment enregistrée dans les documents médiévaux et qui était couramment pratiquée par les païens avant le christianisme. Ainsi Macrobe, dans Saturnales, lib. III, dit que les Romains veillaient à ce que le dieu tutélaire de Rome et le nom latin de sa ville restent inconnus afin qu'ils ne soient pas l'objet d'évocation magique par leurs ennemis. Il révèle lui-même les formules avec lesquelles les Romains évoquaient les dieux tutélaires des villes qu'ils tentaient de conquérir. De nombreux faits dans lesquels la vertu magique des noms est reconnue sont consignés dans le livre "Die magischen Heil-und Schutzmittel aus der unbelebten Natur" de S. Seligmann (Stuttgart, 1927).

Grâce au livre-objet, le Birao accomplira l'imprécation que l'un souhaite à l'autre, soit la mort.

LĂ©gende

À Sare, on appelle Birao et Otoitzgaxto ce genre d'anathème qui, en vertu de la force magique ou Adur, apporte des maladies ou des malheurs à la personne ou à l'animal nommé dans la malédiction. Seul celui qui l'a maudit peut le guérir. C'est pourquoi on dit que la personne atteinte d'une malédiction souffre longtemps et met longtemps à mourir, car Dieu ne peut pas la recevoir avant que son maudit ne lève l'anathème[3].

Un jeune homme venu d'Andoain s'est récemment disputé avec un fermier d'Ataun. Lorsqu'il a découvert qu'il souffrait d'un lumbago, il lui a dit: "Tu en souffres à cause de la malédiction que je t'ai jetée à plusieurs reprises ces jours-ci[3]."

Notes et références

  1. José Miguel Barandiaran (trad. Olivier de Marliave, préf. Jean Haritschelhar, photogr. Claude Labat), Mythologie basque [« Mitología vasca »], Toulouse, E.S.P.E.R, coll. « Annales Pyrénéennes », , 120 p. [détail des éditions] (ISBN 2907211056 et 9782907211055, OCLC 489680103)
  2. Les génies dans la mythologie basque, Abarka.
  3. (es) Antropología sur Auñamendi Eusko Entziklopedia
  4. Bertan > Corsarios y piratas > Versión en francés: Les croyances, gipuzkoakultura.net
  5. Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010)

Bibliographie

  • JosĂ© Miguel Barandiaran et traduit et annotĂ© par Michel Duvert, Dictionnaire illustrĂ© de mythologie basque [« Diccionario Ilustrado de MitologĂ­a Vasca y algunas de sus fuentes »], Donostia, Baiona, Elkarlanean, , 372 p. [dĂ©tail des Ă©ditions] (ISBN 2903421358 et 9782903421359, OCLC 416178549)
  • Anuntxi Arana (trad. Edurne Alegria), De la mythologie basque : gentils et chrĂ©tiens [« Euskal mitologiaz : jentilak eta kristauak »], Donostia, Elkar, , 119 p. (ISBN 9788497838214 et 8497838211, OCLC 698439519)
  • Jean-François Cerquand, LĂ©gendes et rĂ©cits populaires du Pays Basque : Recueillis dans les provinces de Soule et de Basse-Navarre, Bordeaux, AubĂ©ron, (1re Ă©d. 1876), 338 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2844980937 et 9782844980939, OCLC 68706678, lire en ligne)
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