Accueil🇫🇷Chercher

Bioluminescence Resonance Energy Transfer

Dans les années 1960, le Dr Osamu Shimomura mit en évidence un phénomène de bioluminescence existant chez un organisme marin, la méduse Aequorea victoria.

Quelques annĂ©es plus tard l’extraction et la purification d’une protĂ©ine bioluminescente, appelĂ©e aequorine, permit de dĂ©montrer son rĂ´le dans la luminescence naturelle de cet organisme. L’aequorine s’est rĂ©vĂ©lĂ©e ĂŞtre par la suite un complexe molĂ©culaire formĂ© d’une protĂ©ine de 21 kDa ou apo-aequorine possĂ©dant trois sites de haute affinitĂ© pour le calcium, d’oxygène molĂ©culaire et d’un chromophore, la coelenterazine (en).

Explications

Figure 1. La bioluminescence naturelle d’Aequoria Victoria. Mécanisme de production de lumière par le système Aequorine - GFP.

Lorsque trois ions calcium se lient Ă  l’apo-aequorine, il se produit un changement conformationnel permettant l’oxydation de la coelenterazine en coelenteramide (en) qui se trouve alors dans un Ă©tat excitĂ©. Le complexe ainsi formĂ© est aussi appelĂ© : blue fluorescent protein. En effet, in vitro, la rĂ©action se termine par la libĂ©ration d’une molĂ©cule de CO2 et l’émission d’une lumière bleue avec un pic Ă  469 nm (nm = nanomètre)[1]. Cependant, in vivo, la bioluminescence de certaines cellules de la mĂ©duse n’est pas de couleur bleue mais verte. En 1974 fut Ă©tablie l’existence d’un transfert d’énergie de l’aequorine vers une protĂ©ine isolĂ©e Ă  partir du mĂŞme organisme, la GFP (Green Fluorescent Protein). L’excitation de la GFP par l’aequorine au cours du transfert d’énergie est responsable d’une Ă©mission dans le vert avec un pic Ă  510 nm[2] (Figure 1).

Par la suite d’autres organismes prĂ©sentant des mĂ©canismes de bioluminescence semblables ont Ă©tĂ© identifiĂ©s. Parmi ces organismes, Renilla reniformis (pensĂ©e de mer) possède une enzyme de 36 kDa, la Renilla lucifĂ©rase, qui catalyse l'oxydation de la coelenterazine (lucifĂ©rine) en prĂ©sence d’oxygène mais sans nĂ©cessitĂ© d’un cofacteur (calcium). In vitro, cette rĂ©action catalytique produit une lumière bleue avec un pic d'Ă©mission Ă  480 nm[3]. Comme pour l’aequorine, la prĂ©sence d’une GFP chez Renilla Reniformis permet un transfert d’énergie qui se traduit par une Ă©mission dans le vert Ă  510 nm.

Utilisation du BRET en biologie

Figure 2. La technologie BRET.A. En fonction du type de substrat dĂ©gradĂ©, la Rluc (Renilla LucifĂ©rase) Ă©met dans le bleu Ă  480 nm (Coelenterazine H, BRET1) ou Ă  395 nm (DeepBlueC, BRET2). La YFP (BRET1) est excitĂ©e Ă  480 nm et Ă©met Ă  530 nm alors que la GFP2 (BRET2) absorbe Ă  395 nm et Ă©met Ă  510 nm. B. Spectres d’émission du donneur et de l’accepteur en BRET1 et en BRET2.

L’identification puis le clonage des protéines impliquées dans un processus naturel de BRET (cf. ci-dessus) ont permis d’adapter ce système à l’étude des protéines en cellules vivantes. La particularité du BRET vient de la nature du donneur. En effet, il s’agit d’une molécule luminescente, la coelenterazine, dont l’excitation est déclenchée par une enzyme, la Renilla Luciferase (Rluc). Comme pour le FRET, l’accepteur du BRET peut être une protéine fluorescente comme la GFP ou la YFP. Pour l’instant, le BRET est limité à des applications au format fluorimètre. En effet, l’analyse microscopique du signal de BRET est rendue difficile par la faible intensité d’émission de la Rluc.

Le BRET est un processus qui dĂ©pend entre autres, de la distance sĂ©parant le donneur de l’accepteur. Ainsi, lorsque la Rluc et la YFP se trouvent Ă  proximitĂ© (d < 10 nm), un transfert d’énergie peut avoir lieu entre les deux molĂ©cules avec l’émission d’une fluorescence caractĂ©ristique Ă  530 nm (Figure 2). L’excellente compatibilitĂ© de ces deux molĂ©cules en fait un couple très utilisĂ© pour l’étude des interactions protĂ©iques. Pour cela, les protĂ©ines d’intĂ©rĂŞt sont fusionnĂ©es Ă  la Rluc ou la YFP avant d’être exprimĂ©es dans la cellule. En absence de toute interaction, l’ajout de coelenterazine sur des cellules co-exprimant les deux protĂ©ines recombinantes se traduit par un spectre d’émission avec un pic centrĂ© Ă  480 nm. Toutefois, si les deux protĂ©ines sont en interaction un deuxième pic caractĂ©ristique du BRET apparaĂ®t aux environs de 530 nm. Ce pic correspond Ă  l’émission de la YFP excitĂ©e par le transfert d’énergie provenant de la rĂ©action enzymatique.

ExpĂ©rimentalement, le BRET est dĂ©terminĂ© ratiomĂ©triquement en divisant l’émission de l’accepteur Ă  530 nm par l’émission du donneur Ă  480 nm. Ce mode ratiomĂ©trique permet d’éliminer les variations de signal dues Ă  des fluctuations de la lumière Ă©mise (interfĂ©rences optiques des milieux, variations du nombre de cellules, volume de l’essai…). De plus, l’utilisation d’une enzyme pour exciter le donneur luminescent (coelenterazine) permet de s’affranchir d’une source excitatrice extĂ©rieure Ă©vitant ainsi les problèmes de photoblanchiment des GFP, d’effet de filtre des milieux Ă  la longueur d’onde d’excitation du donneur ou encore de l’excitation croisĂ©e de l’accepteur. Enfin, les taux d’expression relatifs des molĂ©cules peuvent ĂŞtre quantifiĂ©s sĂ©parĂ©ment en mesurant la luminescence du donneur Ă  480 nm et la fluorescence de l’accepteur Ă  530 nm.

Cependant, comme pour le FRET, le signal sur bruit d’un essai en BRET est significativement affectĂ© par le recouvrement des spectres d’émission du substrat de la Rluc et de la YFP. Pour cette raison, une version amĂ©liorĂ©e du BRET, nommĂ©e BRET2 a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e[4]. Dans cette version, un analogue de la coelenterazine, le DeepBlueC, est utilisĂ© comme substrat de la Rluc (Figure 2). Ce substrat se caractĂ©rise par une Ă©mission de fluorescence significativement dĂ©calĂ©e de 480 Ă  400 nm. Un accepteur nommĂ© GFP2 a Ă©tĂ© spĂ©cialement dĂ©veloppĂ© afin de prĂ©senter un pic d’excitation Ă  400 nm et un pic d’émission Ă  510 nm. Ainsi, la rĂ©solution spectrale du BRET2 est significativement amĂ©liorĂ©e par rapport au BRET classique avec une sĂ©paration presque complète des spectres d’émission (dĂ©placement de Stokes de 115 nm en BRET2 et de 50 nm en BRET standard). Le rapport dĂ©terminĂ© dans le BRET2 (510 nm / 400 nm) prĂ©sente par consĂ©quent un bruit de fond nĂ©gligeable. NĂ©anmoins, l’utilisation du DeepBlueC comme substrat de la Rluc donne un rendement quantique (rapport du nombre de photons Ă©mis sur le nombre de photons absorbĂ©s par une molĂ©cule) beaucoup plus faible que celui de la coelenterazine. La nĂ©cessitĂ© d’avoir un lecteur sensible pour le BRET2 est une limite Ă  l’utilisation de cette technologie.

L’approche BRET a été particulièrement utilisée pour analyser l’oligomérisation (association de protéines) et l’activation des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG). Plus sensible que le FRET CFP/YFP et adaptable au format microplaque, le BRET est un outil de choix pour l’étude des protéines en cellules vivantes. Toutefois, comme pour le FRET, cette technologie ne permet pas de discriminer aisément le signal de BRET provenant des interactions entre les protéines de surface du signal provenant des protéines retenues dans les compartiments intracellulaires.

Notes et références

  1. Shimomura et Johnson, 1969
  2. Morise et al., 1974
  3. Matthews et al., 1977; Wampler et al., 1971
  4. Bertrand et al., 2002; Jensen et al., 2002; Vrecl et al., 2004

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.