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Biguine

La biguine est un style musical associé à une danse, originaire de Saint-Pierre en Martinique.

Attestée au moment de l'abolition de l'esclavage (1848[1]), elle est considérée comme un des ancêtres du jazz par les musiciens américains.

Assez connue en France métropolitaine dans l'entre-deux-guerres et dans l'après-guerre, elle reste aujourd'hui très présente dans les Antilles françaises, soit sous sa forme traditionnelle, soit comme source d'inspiration pour des artistes qui la font évoluer.

Son nom est particulièrement illustré par un morceau de jazz de Cole Porter, Begin the Beguine.

Histoire

Origine du mot

Le nom de la biguine viendrait pour certains auteurs du verbe embéguiner[2].

On le trouve sous la forme « béguine » dans un article de M. Monchoisy, « Les Antilles Françaises en 1893 » (La Revue des deux Mondes, [3].

L'âge d'or en France métropolitaine (1920-1950)

La biguine suscite un grand engouement en France métropolitaine dans la période de l'entre-deux-guerres, alors qu'elle est interprétée dans les dancings de Paris par des artistes antillais tels qu'Alexandre Stellio, particulièrement au moment de l'Exposition coloniale internationale de 1931[4], puis dans l'après-guerre. La période de l'Occupation (1940-1944) est en revanche peu propice à l'expression des artistes antillais.

Sa célébrité atteint son apogée lorsque le compositeur de jazz Cole Porter, habitué de la vie parisienne, l'honore par le morceau bien connu Begin The Beguine (paroles et musique de Cole Porter), qui n'est cependant pas un rythme de biguine, mais un rythme de jazz : « when they begin the beguine, it brings back sounds of music so tender, it brings back sounds of tropical splendor » (« quand ils entonnent la biguine, elle fait surgir la sensation d'une musique si tendre, elle fait renaitre des impressions de splendeur tropicale »).

Sa popularité décline au cours des années 1970, du fait de l'arrivée des rythmes cubains et haïtiens, notamment la cadence rampa et le compas.

Liens avec le jazz

La biguine possède de nombreux traits communs avec le jazz de la Nouvelle Orléans et a pu influencer son développement[5].

Ceci explique qu'à leur arrivée à Paris, de nombreux musiciens antillais comme Ernest Léardée, Robert Mavounzy, Al Lirvat et Emilien Antile ont intégré sans la moindre difficulté le jazz à leur répertoire, musique jouée au même titre que la biguine dans les « bals nègres » de l'époque.

Au contraire, le clarinettiste martiniquais Alexandre Stellio (1885-1939), qui popularise la biguine à Paris de 1929 à 1939, a toujours été un farouche défenseur de la biguine traditionnelle telle qu'on la jouait à Saint-Pierre.

Une tradition encore vivante aux Antilles

Aux Antilles françaises, elle continue d'être un style honoré voire prestigieux. Dans les bals populaires, elle est généralement interprétée comme elle l'était à son âge d'or. Mais de nombreux artistes l'actualisent en lui apportant de nouvelles sonorités.

Le groupe Malavoi est une référence parmi les musiciens inspirés par la biguine, avec une composition proche de celle de l'orchestre cubain Aragon, où les instruments à cordes ont une place prépondérante. La reprise par le groupe d'un titre de Léona Gabriel, Asi Paré, avec Edith Lefel, a été très populaire dans les années 1990.

Guy Vadeleux ou Gisèle Baka sont aussi souvent cités parmi les artistes actuels pratiquant une musique proche de la biguine traditionnelle.

En danse, le ballet Pomme-Cannelle de Basse-Pointe s'est forgé une renommée mondiale par ses spectacles de danses traditionnelles martiniquaises, en particulier de biguine, avec une authenticité, tant dans les habits que dans les pas, qui fut souvent appréciée des spectateurs.

Le film Biguine, avec Micheline Mona et Max Télèphe, qui retrace l'histoire d'un couple de musiciens de biguine, connut un grand succès aux Antilles françaises lors de sa sortie en 2004. La bande originale contient quelques morceaux célèbres, interprétés par Micheline Mona.

Ces nombreuses références sont représentatives de l'intérêt et de l'attachement que portent les Martiniquais à ce genre qui est un des éléments important de leur patrimoine culturel. Des spectacles de biguine sont donnés lors des manifestations culturelles organisées par les mairies, les écoles, les centres culturels, les associations ou les particuliers, sensibilisant ainsi toutes les générations à cet aspect de leur tradition.

Les grands noms de la biguine

Notes et références

  1. Jacqueline Rosemain, La Musique dans la société antillaise
  2. « Biguine », dans Anthologie des musiques de danse du monde.
  3. « Les Antilles en 1893 », cité par Jean-Pierre Meunier dans le livret de l'ouvrage Anthologie des musiques de danse du monde, 2011.
  4. Frédéric Negrit, Musique et immigration dans la société antillaise
  5. Jacqueline Rosemain, La Musique dans la société antillaise.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jacqueline Rosemain, La Musique dans la sociĂ©tĂ© antillaise : 1635-1902, Martinique, Guadeloupe, Paris, L'Harmattan, (ISBN 2-85802-685-8 et 9782858026852, OCLC 16572451, lire en ligne)
  • FrĂ©dĂ©ric Negrit, Musique et immigration dans la sociĂ©tĂ© antillaise
  • Anthologie des musiques de danse du monde, Paris, FrĂ©meaux et associĂ©s, 2011

Articles connexes

Liens externes

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