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Bientraitance

La bientraitance est une notion utilisée dans le domaine de l'éthique. Elle peut s'appliquer aux enfants, aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux victimes d'accidents et de catastrophe, à des prisonniers, à des animaux domestiques, d'élevage, de zoos ou cirques…

Cette notion recouvre un ensemble d'attitudes et de comportements positifs et constants de respect, de bons soins, de marques et manifestations de confiance, d'encouragement et d'aide envers des personnes ou des groupes en situation de vulnérabilité ou de dépendance (tout particulièrement les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les malades patients n'ayant plus toute leur faculté de compréhension[1]).

La bientraitance peut ĂŞtre de type physique, moral, financier, sexuel ou psychoaffective.

L’ANESM (2008) définit la bientraitance en tant que démarche collective pour identifier l’accompagnement le meilleur possible pour l’usager, dans le respect de ses choix et dans l’adaptation la plus juste à ses besoins. Il s’agit d’une recommandation-cadre : la bientraitance figure au premier plan du programme de travail de la Haute Autorité de Santé (HAS) consacré à la qualité des établissements et services médico-sociaux. Les recommandations développées dans le document exposent les points d’accord sur les valeurs et perspectives de travail qui se rattachent à cette notion de bientraitance. Cette recommandation bénéficie ainsi du statut particulier de recommandation-cadre au regard des productions de l’Agence qui, toutes, s’y réfèrent. En effet, la définition des principes fondamentaux de la bientraitance et de ses applications constitue le fondement de toutes les bonnes pratiques professionnelles que l’ANESM est amenée à valider ou à élaborer. Pour la mise en œuvre de cette bientraitance, l’ANESM a identifié quatre axes repères : 1. L’usager co-auteur de son parcours de soin ; 2. La qualité du lien entre professionnels et usagers ; 3. L’enrichissement des structures et des accompagnements grâce à toutes contributions internes et externes pertinentes ; 4. Le soutien aux professionnels dans leur démarche de bientraitance. Ces repères ont été repris et traduits sous la forme d’une Charte de Bientraitance à destination du monde scolaire afin d'améliorer le confort d'apprentissage. Il s'agit alors spécifiquement de "bientraitance pédagogique"(Loton, 2020).

Éléments de définition

La bientraitance est une attitude (des parents ou proches ou tuteurs, du personnel d'encadrement d'une structure à vocation médicale, sociale ou psychosociale), qui - au-delà d'actes matériels et affectifs inclut à l'égard d'un individu ou d'un groupe l'autonomisation des personnes ou groupes concernés

  • le respect de la personne (de l'animal le cas Ă©chĂ©ant) dans sa dignitĂ©, sa singularitĂ©, ses besoins physiques et affectifs, ses rythmes et de son histoire (y compris carences affectives, blessures narcissiques, traumatisme de viol, etc.)[2].
  • une attention portĂ©e au refus et Ă  la non-adhĂ©sion de l'interlocuteur considĂ©rĂ© ou du groupe considĂ©rĂ©
  • la valorisation de l’expression et de l'autonomisation des personnes ou groupes concernĂ©s
  • une dĂ©marche proactive et continue d’adaptation Ă  l'autre, malgrĂ© les variations Ă©ventuelles du contexte
  • une volontĂ© et des actes crĂ©ant et entretenant un environnement et des conditions de vie favorisant le bien-ĂŞtre et l'enrichissement de la personne, notamment en favorisant et sollicitant respectueusement et rĂ©gulièrement la participation, l'expression des souhaits des usagers[3].
  • une attention portĂ©e Ă  la sĂ©curitĂ© et au sentiment de sĂ©curitĂ© de l'autre, Ă  sa santĂ© physique et morale, ce qui implique d'intervenir en cas de violence (pour — dans le cas des services sociaux et mĂ©dico-sociaux — « contenir la personne qui l’exerce envers les autres (...) et interroger les passages Ă  l'acte violents Ă  la lumière de la vie de l’institution et du parcours de l’usager » (...) en restant « neutres et sans jugement de valeur Ă  l’égard des relations entre l’usager et ses proches » (Voir page 27 du guide[3] dĂ©jĂ  citĂ©).
  • une volontĂ© et des actes crĂ©ant et entretenant un environnement et des conditions de vie favorisant le bien-ĂŞtre et l'enrichissement de la personne, notamment en favorisant et sollicitant respectueusement et rĂ©gulièrement la participation, l'expression des souhaits des usagers et des professionnel(le)s.

Ceci requiert aussi un soutien aux professionnels dans leur démarche de bientraitance (écoute, formation, promotion d'une réflexion éthique, soutien matériel, gouvernance adaptée...)

La Bientraitance est une attitude qui a pour particularité de partir des besoins et des désirs de l'autre dont on s'occupe et qui est en position de vulnérabilité. La Bientraitance amène donc les professionnels, et donc les institutions à s'adapter aux personnes vulnérables et non l'inverse. Cette dynamique demande donc aux institutions d'être suffisamment Claires, Cohérentes, Congruentes et Conséquentes afin de sécuriser les personnes qu'elles accueillent.

La bientraitance est un concept générique. Elle peut être considérée comme antinomique de la notion de handicap, considérée dans sa dimension sociale et relationnelle. La bientraitance est tributaire d’un contexte relationnel. Elle ne signifie pas absence de facteurs de maltraitance. Il ne s’agit donc pas de deux concepts qui se présentent en opposition l’un par rapport à l’autre.

La bientraitance est un processus et non un état[4]. Elle peut être apparentée au concept de qualité de vie et contient comme ce dernier concept, des aspects objectivables et des aspects subjectifs.

Il faut sans doute parler plutôt de foyer bientraitant car la bientraitance apparaît comme un espace-temps physique et dynamique et :

  • liĂ© au contexte particulier dans lequel les relations se nouent ;
  • inscrit dans le temps et l'histoire ;
  • complexe car alimentĂ© par plusieurs variables se situant Ă  diffĂ©rents niveaux (Ă©thique, relationnel, technique ou pratique) en constante interaction.

Identifier l’espace bientraitant peut se faire au travers l’observation d’une série d’indicateurs, eux-mêmes constitutifs de dimensions interagissant entre elles.

La bientraitance rĂ©sulte de l’interaction entre trois dimensions :

  1. la dimension du projet, résultant de la confrontation plus ou moins explicite des besoins de l’ensemble des acteurs de la situation donnée. Il s’agit bien d’une confrontation, inévitable, des besoins s’articulant autour de conflits d’intérêts. Le projet s'inscrit nécessairement dans le temps. Il procède d’une attitude préventive.
  2. l'exploitation par des personnes, en fonction de leurs propres représentations de leurs rôles et fonctions, des ressources identifiées comme telles. Parmi ces ressources, on trouve le réseau social constitué, les compétences de chaque acteur, le savoir qui circule entre eux.
  3. les actions très concrètes menées par les uns et les autres, sommées aux relations entre ces mêmes acteurs et qui qualifient ainsi la nature des interactions existantes.

Ces trois dimensions interagissent, se renvoient l'un Ă  l'autre, et constituent un espace de « traitance Â». C’est ainsi que nous proposons une lecture dynamique en trois temps correspondant aux Ă©tapes d’analyse des discours.

Réfléchir la bientraitance signifie avant tout de prendre conscience de la valeur et de l’importance relative de chacune de ces trois dimensions et de s’interroger sur les logiques présidant à leurs interactions.

Bénéfices

Quand la bientraitance concerne une personne (enfants, personnes âgées, personnes handicapées...), elle permet d'apporter à celui qui la reçoit un Bien-être. Autre bénéfice, indirect, de la bientraitance est de procurer également ce bien-être au soignant (infirmière, aide-soignant, médecin, psychologue, cadre de santé...). Comme l'expliquent les témoignages dans le reportage Vers des pratiques bientraitantes[5], la bientraitance assure une meilleure condition morale de la personne pris en charge mais également une sérénité pour le soignant.

Contexte légal

Dans le monde

En France : trois textes juridiques récents sont concernés :

  • la loi no 2002.2 du rĂ©novant l'action sociale et mĂ©dico-sociale ;
  • la loi no 2005-102 du pour l'Ă©galitĂ© des droits et des chances, la participation et la citoyennetĂ© des personnes handicapĂ©es ;
  • la loi no 2007-293 du rĂ©formant la protection de l’enfance.

Évaluation

Elle a fait en France l'objet d'un guide de bonnes pratiques publié par l'ANESM (Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux) en juin 2008[3].

Références

  1. « Des soignants rendent aux malades d’Alzheimer leurs vies oubliées » Le Monde, .
  2. Canali, Marie et Anne-Marie Favard. « Maltraitance et bientraitance. Entre carence et blessure narcissique » Empan, no 54, mars 2004, p. 158-164.
  3. Guide de bonnes pratiques en bientraitance (ANESM ; Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux), Juin 2008 (PDF, 51 pages).
  4. Detraux,J.-J. & Di Duca,M., « De la bientraitance des familles et des professionnels. Enjeux et modélisation », Informations sociales, no 112,‎ , p. 58-69.
  5. Reportage vidéo d'Arnaud Lefèvre. « Vers des pratiques bientraitantes » shooting ducks prod, décembre 2009.
  6. Déclaration des droits des personnes handicapées.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Debitu, Catherine, Lelouey-Boinet, Christine et al. « La bientraitance, un plus au quotidien : accompagner, Ă©duquer, animer » CREAI Bretagne, Ă€ propos de…, Dossier no 7, octobre 2004.
  • Gabel, Marceline, JĂ©su, FrĂ©dĂ©ric et Manciaux, Michel. (Sous la direction). Bientraitances, mieux traiter familles et professionnels. Paris : Fleurus, 2000.
  • Peille, Françoise. La bientraitance de l’enfant en protection sociale. Paris : A. Colin, 2005.
  • Rapoport, Danielle. La bien-traitance envers l’enfant. Des racines et des ailes. Paris: Belin, 2006.
  • Revue francophone de GĂ©riatrie et de GĂ©rontologie « Dossier bientraitance et accompagnement » no 133, mars 2007.

Liens externes

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