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Beechcraft Twin Bonanza

Le Beech Model 50 Twin Bonanza est un avion bimoteur de grand tourisme et d’affaires monoplan à aile basse cantilever lancé au début des années 1950 pour offrir à la clientèle Beechcraft un bimoteur moins gros et moins coûteux que le Beech 18. Produit jusqu’en 1963 malgré une concurrence croissante à partir du milieu des années 1950, il fut largement utilisé par l’US Army sous l'appellation L-23 Seminole comme avion de liaison puis d’observation du champ de bataille. C’est également à la demande de l’US Army que fut développée une version à fuselage agrandi qui donnera le Beechcraft Queen Air.

Model J50 Twin Bonanza
Image illustrative de l’article Beechcraft Twin Bonanza
J50 Twin Bonanza

Constructeur aéronautique Beechcraft
Type Bimoteur d'affaires
Premier vol
Mise en service 1952
Nombre construit Voir texte
Motorisation
Moteur 2 IGSO-480-A1B6 de 320 ch
Dimensions
Envergure 13,81 m
Longueur 9,61 m
Hauteur 3,46 m
Surface alaire 25,83 m2
Nombre de places 1 + 5
RĂ©servoirs 872 litres
Masses
Masse Ă  vide 2 023 kg
Masse maximum 3 310 kg
Performances
Vitesse de croisière 359 km/h à 3 600 m
Vitesse de croisière maximale 378 km/h à 4 630 m
Plafond 8 885 m
Vitesse ascensionnelle 6,45 m/s
Distance franchissable 2 655 km

Origine et description sommaire

Le développement du Model 50 fut lancé en afin d’offrir un appareil intermédiaire entre le bimoteur Beech 18 et le monomoteur Model 35 Bonanza[1]. Plus gros et plus lourd que le Bonanza, dont il conservait de nombreux éléments, mais offrant une capacité réduite de moitié par rapport au Beech 18, cet avion ne pouvait prétendre être une simple version bimoteur du Bonanza malgré son nom.

En fait le nouvel appareil conservait du Bonanza la voilure, les deux plans venant se greffer de part et d'autre d'une nouvelle section centrale comprenant une section de voilure trapĂ©zoĂŻdale coiffĂ©e par les moteurs. Le profil de l'ensemble Ă©voluait du NACA 23014.1 Ă  l'emplanture au NACA 23012 en bout[2], avec un dièdre positif constant de 7°. Le bord de fuite Ă©tait entièrement mobile, les ailerons encadrant des volets Ă  fente, et la totalitĂ© du carburant Ă©tait logĂ© dans l'aile : 2 rĂ©servoirs de 166 litres entre le fuselage et les moteurs et deux rĂ©servoirs de 87 litres dans les panneaux externes[3].

Plus gros que celui du monomoteur, le fuselage pouvait loger confortablement six passagers, installĂ©s sur trois fauteuils cĂ´te Ă  cĂ´te devant et une banquette triplace derrière[3], le pilote pouvant occuper soit le siège central soit le siège gauche, ajustables et dotĂ©s tous deux de pĂ©dales de commande d’empennage, la commande de vol pouvant basculer d'un poste Ă  l'autre[3]. La pointe avant Ă©tait pourvue d'un compartiment Ă  bagages (capacitĂ© : 45 kg) complĂ©tant la soute arrière (capacitĂ© : 90 kg), accessibles des portes situĂ©es Ă  droite, tout comme la porte 'type automobile' donnant accès Ă  la cabine, un escalier escamotable Ă©tant situĂ© en arrière du bord de fuite.

La construction était entièrement métallique, le revêtement étant tenu par des rivets à tête noyée, et l'ensemble reposait sur un train tricycle escamotable.

Un lancement retardé par la Guerre de Corée

ÉquipĂ© de deux moteurs 6 cylindres Ă  plat Lycoming GO-435-C2 de 260 ch entrainant chacun une hĂ©lice bipale Beech Model B200-116 Ă  vitesse constante (une Beech Model 214-101 Ă  variation automatique de pas fut testĂ©e durant les essais en proposĂ©e en option), le premier des deux prototype (N3992N) effectua son premier vol le . Le le constructeur annonça que cet appareil, qui totalisait dĂ©jĂ  plus de 200 heures de vol[2] allait effectuer une tournĂ©e d’évaluation sur les bases de l’US Air Force. Lorsque la FAA dĂ©livra le certificat de navigabilitĂ© (5A4) au Model 50 le le cap des 500 heures Ă©tait passĂ© depuis un mois. Le prototype Ă©tait alors en cours d’évaluation par l’US Army Ă  Fort Bragg, en Caroline du Nord. Si l’on en croit Ralph Harmon[1], chargĂ© du dĂ©veloppement de cette famille d’appareils, le prototype du Model 50 s’est Ă©crasĂ© durant un vol de dĂ©monstration alors que Claude Palmer, pilote dĂ©monstrateur de Beechcraft, effectuait un atterrissage Ă  pleine charge après avoir franchi une ligne d’arbres de 15 m de haut. Le pilote et ses passagers sortirent tous indemnes de l’accident, ce qui impressionna favorablement l’US Army. Mais il est Ă©galement possible que l'US Army Aviation ait tout simplement Ă©tĂ© attirĂ©e par un avion dont l'US Air Force ne voulait pas, donc dont l'acquisition Ă©tait plus facile pour ses besoins en CorĂ©e. Quoi qu'il en soit quatre Model 50 furent immĂ©diatement commandĂ©s comme avions de liaison sous la dĂ©signation YL-23, suivis de 55 L-23A dont la livraison fut classĂ©e prioritaire. La clientèle civile dut donc attendre 1953 pour prendre livraison du Twin Bonanza[1].

Tous les modèles civils

  • Model 50 : Outre deux prototypes (c/n H-1/2) cette dĂ©signation recouvre une prĂ©sĂ©rie de 9 avions[4] (c/n H-3/11) rĂ©alisĂ©e en 1952[2], dont deux exemplaires furent exportĂ©s (BrĂ©sil et Mexique) et 4 livrĂ©s Ă  l’US Army comme YL-23. Moteurs Lycoming GO-435-C2 de 260 ch. Un de ces appareils (c/n H-7 volait toujours en 2010.
  • Model B50 : Apparue en 1953, la première version de sĂ©rie comportait un certain nombre de modifications permettant d’accroitre la masse maximale au dĂ©collage et un vitrage de cabine agrandi. CertifiĂ© le , ce modèle fut construit Ă  99 exemplaires (c/n CH-12/110), dont un certain nombre pour l’exportation.
  • Model C50 : ÉquipĂ© du nouveau moteur Lycoming GO-480-F1A6 de 275 ch qui faisait passer la vitesse de pointe Ă  338 km/h, cette nouvelle version fut certifiĂ©e le . Beechcraft espĂ©rait ainsi concurrencer l’Aero Commander 560, et 250 appareils sortirent d’usine entre fin 1954 et dĂ©but 1956 (c/n CH-111/360). C'est la version la plus construite. Cet avion Ă©tait vendu 69 950 U$D (dĂ©part Wichita) en 1955 avec une instrumentation de base complète, Ă©quipement de vol sans visibilitĂ© inclus[3]. Le seul Twin Bonanza utilisĂ© par l'USAF fut un C50 (c/n CH-123) qui reçut la dĂ©signation XL-23C.
Jojo, le Twin Bonanza D50 de Jacques Brel dans l'espace Jacques Brel Ă  Atuona
Un D50E accidenté après un atterrissage d'urgence près de Labège
  • Model D50 : Apparu en 1956, ce modèle se distinguait par ses moteurs GO-480-G2C6 de 295 ch entrainant des hĂ©lices tripales Hartzell et diffĂ©rentes modifications de dĂ©tail. 154 exemplaires (c/n DH-1/154) furent construits avant remplacement sur les chaines par le D50A dĂ©but 1957. 6 exemplaires (c/n DH-77/82) furent livrĂ©s Ă  l'US Army comme L-23E.
  • Model D50A : CertifiĂ© le , cette version recevait deux Lycoming GO-480-G2D6 de 285 ch, mais surtout la capacitĂ© de carburant Ă©tait portĂ©e Ă  681 litres grâce Ă  deux rĂ©servoirs supplĂ©mentaires, proposĂ©s en option tout comme un radar mĂ©tĂ©o[5]. 44 exemplaires construits (c/n DH-155/198).
  • Model D50B : 38 exemplaires (c/n DH-199/236) avec un nouvel escalier passager et une soute bagages revue.
  • Model D50C : 64 exemplaires (c/n DH-237/300) avec escalier d'accès Ă  la cabine intĂ©grĂ©e Ă  la porte, 3 rangĂ©es de sièges, air climatisĂ© et soute bagages modifiĂ©e en raison de la rĂ©organisation de la cabine.
  • Model D50E : 47 appareils (c/n DH-301/347) commercialisĂ©s Ă  partir de 1961 avec deux moteurs GO-480-G2F6 dĂ©veloppant 295 ch Ă  3 400 tr/min au dĂ©collage et 285 ch Ă  3 100 tr/min en rĂ©gime continu. Ce modèle se distinguait extĂ©rieurement par une pointe de fuselage allongĂ©e, une vitre supplĂ©mentaire Ă  gauche et un nouveau dessin, plus anguleux, de la vitre arrière droite.
  • Model E50 : La certification pour ce modèle Ă  moteurs compressĂ©s GSO-480-B1B6 de 340 ch autorisant une masse au dĂ©collage plus importante fut obtenue le , alors que l’US Army avait pris en compte ses premiers exemplaires dès janvier 1957 sous la dĂ©signation L-23D. 70 exemplaires (c/n EH-1/70) ont Ă©tĂ© construits.
  • Model F50 : 25 appareils (c/n FH-71/93 et FH-95/96) construits en 1958 avec des moteurs GSO-480-B1B6 de 320 ch. Un exemplaire (c/n FH-94) fut modifiĂ© sur chaine en G50.
  • Model G50 : 24 appareils (c/n GH-94 et GH-97/119) construits en 1959 avec IGSO-480-A1A6 de 340 ch, rĂ©servoirs agrandis, masse au dĂ©collage relevĂ©e.
  • Model H50 : Version 1960, toujours Ă©quipĂ©e de IGSO-480-A1A6 mais avec quelques amĂ©liorations, en particulier de nouveaux saumons de voilure amĂ©liorant les performances sur un moteur[5]. 30 exemplaires construits (c/n HH120/149).
  • Model J50 : CertifiĂ© le et commercialisĂ© en 1961. ÉquipĂ©s de moteurs Ă  injection Lycoming IGSO-480-A1B6 de 340 ch et de nouveaux rĂ©servoirs portant la capacitĂ© de carburant Ă  872 litres, ce modèle affichait des performances nettement amĂ©liorĂ©es, mais 27 seulement furent livrĂ©s (c/n JH-150/176), la conception de l’appareil et son allure commençant Ă  dater.

Beechcraft L-23 Seminole

Si l'US Army a désigné sous cette appellation les Model 50 Twin Bonanza qu'elle a achetés, elle a ensuite demandé des modifications au modèle de base. Le L-23F (devenu U-8 Seminole en 1962) correspond en réalité au modèle civil Queen Air. Le Beechcraft L-23 Seminole doit donc être considéré comme un bimoteur dérivé du Twin Bonanza et fait donc l'objet d'un article séparé.

Utilisateurs

Civils

Si le Twin Bonanza a été principalement utilisé pour les déplacements d'entreprise, quelques compagnies aériennes ou entreprises de transport à la demande ont aussi exploité ce bimoteur :

  • Air Cape :
  • British United Airways : Au moins un F50[6].
  • Carco Air Services : Cette compagnie basĂ©e Ă  Albuquerque, Nouveau-Mexique, bĂ©nĂ©ficiant d'un contrat avec la Commission Ă  l’Énergie Atomique amĂ©ricaine, a reçu quelques Model 50 dès [7].
  • Connellan Airways :
  • East African Airways : 3 appareils commandĂ©s pour livraison dĂ©but 1952 par la compagnie multinationale[8].
  • Leeward Islands Air Transport : 4 appareils.
  • Lufthansa : 2 appareils ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour l’entrainement des pilotes.
  • Nicholas Skyways : Cette compagnie australienne exploitait toujours le VH-CDE en 1969[9].
  • Spernak Airways : Compagnie indienne de l’Alaska utilisant un D50 (N3694B) en 1974[10].
  • TOA Airways : Exploitait toujours un appareil (JA5095) en 1969[10].
  • Windward Islands Airways : 4 appareils, dont un (PJ-WID, c/n DH-22) Ă©tait toujours en service en 1978[11].

Militaires

Quelques utilisateurs militaires se sont approvisionnés sur le marché civil:

  • Drapeau du Chili Chili :5 C50 (c/n CH-355/359) et 6 D50 (FAC916/917 et FAC991/994) au moins ont Ă©tĂ© livrĂ©s Ă  la Force aĂ©rienne chilienne pour l’Escuela de Especialidades.
  • Drapeau de la Colombie Colombie : Un D50 (c/n DH-72) livrĂ© en 1956 Ă  l’Escadron de Transport 412 (Grupo 41) de Barranquilla.
  • Drapeau de la Jordanie Jordanie : Un F50 (c/n FH-80), qui a reçu le serial B104.
  • Drapeau de la Suisse Suisse : Les Troupes FĂ©dĂ©rales d’Aviation (Forces aĂ©riennes suisses) ont pris en compte trois E50 (c/n EH-56/58) qui ont Ă©tĂ© immatriculĂ©s A711/713[12] puis T711-713 et utilisĂ©s de 1957 Ă  1989[13]
  • Drapeau de l'Uruguay Uruguay :
  • Drapeau des États-Unis États-Unis : L'US Army utilisa plusieurs de ces sous la dĂ©signation de L-23 Seminole devenus en 1962 des U-8 Seminole. Plusieurs L-23D ont Ă©tĂ© transformĂ©s en RL-23D (puis RU-8D en 1962] et utilisĂ©s pour de la surveillance aĂ©rienne.

Sources

  1. Phillips
  2. AJ Pelletier p. 105
  3. Flight décembre 1954
  4. Flight no 2212 du 15 juin 1915 p. 694
  5. AJ Pelletier p. 107
  6. Flight no 2688 du 16 septembre 1960 p. 76
  7. Flight no 2248 du 22 février 1952 p. 223
  8. Flight no 2238 du 14 décembre 1951 p. 746
  9. K Wixey p. 57
  10. K Wixey p. 58
  11. G Endres, World Airline Fleets 1978. Airline Publications, Hounslow (1978) (ISBN 0 905117 40 9)
  12. K Wixey p. 60
  13. Schweizer Luftwaffe Militärische Kennungen. Schweizer Armee/Luftwaffe, Eidgenössisches Departement für Verteidigung, Bevölkerungsschutz und Sport VBS 01/09/2010

Références

  • (en) A.J. Pelletier, Beech Aircraft and their predecessors. Naval Institute Press, Annapolis, Maryland (1995). (ISBN 1-55750-062-2).
  • (en) Edward H. Phillips, Beechcraft - Pursuit of Perfection, A History of Beechcraft Airplanes. Flying Books, Eagan, Minnesota (1992). (ISBN 0-911139-11-7).
  • (en) Maurice A. Smith, Twin Bonanza in the Air. Flight no 2397 du p. 934/937
  • (en) Ken Wixey, Images of Aviation, Beechcraft. Tempus Publishing, Brimscombe Port (1999). (ISBN 0 7524 1617 0)
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