Bataillon Dnipro
Le bataillon Dnipro, également connu sous le Dnipro-1 (ukrainien : Батальйон «Дніпро»), surnommé aussi le bataillon Kolomoïsky, est une unité paramilitaire spéciale formée de volontaires ukrainiens. Il est placé sous le commandement du ministère de l'intérieur d'Ukraine et est intégré aux forces spéciales de polices par l’État-major ukrainien. Ce bataillon est chargé de lutter contre l'insurrection armée pro-russe à l'Est.
Bataillon Dnipro Батальйон «Дніпро» | |
Création | |
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Pays | Ukraine |
Allégeance | Ministère de l'Intérieur d'Ukraine |
Type | Bataillon de volontaires |
Fait partie de | Patrouille de Police spéciale |
Surnom | Bataillon KolomoĂŻsky |
Guerres | Guerre du Donbass |
Commandant | Yuriy Bereza |
Organisation
Création
Alors que l’État Ukrainien est en faillite et que de nombreux soldats de l'armée nationale ont déserté[1], et aussi pour pallier une armée ukrainienne désorganisée et peu motivée, dont les appelés du Donbass ne sont plus envoyés combattre dans l'est du pays, par crainte qu’ils ne changent de bord[2], le 13 avril 2014, au lendemain des référendums de Louhansk et de Donetsk, le ministre de l'intérieur du gouvernement par intérim Arsen Avakov décide de former des milices armées spéciales, afin de lutter contre le désordre à l'Est. Les actions de combat qui sont menées sont dénommées « opérations antiterroristes », afin de souligner l'illégalité de ces référendums populaires et de ne pas négocier avec les insurgés pro-russes de l'Est.
Financement
Le bataillon Dnipro est financé par l'oligarque Ihor Kolomoïsky à hauteur de 10 millions $ pour monter l'unité[3] d'où le surnom de bataillon Kolomoïsky[4].
Ihor Kolomoïsky offre des récompenses à ceux qui remettent des armes aux autorités, notamment 1 500 dollars pour un AK-47[5], l'arrestation d’un rebelle pro-russe vaut 10 000 dollars et la libération d'un bâtiment occupé par les séparatistes, 200 000 dollars[6].
Ihor Kolomoïsky offre même un million de dollars à celui qui assassinera le député pro-russe et ancien candidat à la présidentielle ukrainienne du 25 mai 2014, Oleg Tsarev[7].
Commandement
Le commandant de l'unité Yuriy Bereza[8] est depuis les élections législatives, un membre du parlement ukrainien pour le Front populaire; il a été placé 10e sur la liste des parties de l'élection.
Volodymyr Parasyuk a également été élu au parlement lors de ces élections en remportant la circonscription électorale de Yavoriv avec 56,56% des voix
Un proche collaborateur de l’ancien secrétaire Andriy Paroubiy, membre du conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, confie que « ni le gouvernement, ni le commandement militaire ne font confiance aux bataillons de volontaires »[9].
Opérations
Exactions
Le 11 mai 2014, le bataillon Dnipro tente d'interdire le référendum[10], un photographe de guerre français a pris en photo des radicaux de Pravy Sektor qui forment le bataillon Dnipro mené par Andriy Denisenko, chef de Pravy Sektor pour la région de Dniepropetrovsk, saccageant le bureau de vote dans la ville de Krasnoarmiysk pendant le référendum. Les miliciens néonazis ont blessé à bout portant une personne et tué deux autres personnes, toutes trois sans armes. Selon le photographe de guerre Jérôme Sessini « Ce n’est pas une certitude, mais à leur attitude générale et à leurs gestes très précis, j’ai eu la nette impression - disons à 95% - qu’il y avait des mercenaires américains ou formés par les Américains parmi eux »[11].
Le , Amnesty International rapporte que des unités bloquent l'aide humanitaire destinée aux populations des zones contrôlées par les séparatistes. Selon Amnesty International, les bataillons Aidar, Donbass et Dnipro-1 ont bloqué le convoi d'aide humanitaire parce qu'ils « croyaient que la nourriture et les vêtements allaient finalement tomber entre de mauvaises mains et qu'ils seraient vendus au lieu d'être donnés ». Denis Krivosheev, le directeur d'Amnesty International en Europe et Asie Centrale souligne qu'utiliser la faim contre les populations civiles est un crime de guerre[12].
À la suite du changement de direction de Ukrnafta pour cesser la mainmise illégale de l'oligarque[13], Kolomoisky envoie des hommes du bataillon Dnipro-1, pour occuper le siège de l'entreprise publique Ukrnafta[14] afin de s'approprier la société d'état. Cette action conduira le président Porochenko a limoger Kolomoïsky de son poste de gouverneur[15] - [16].
Voir aussi
Notes et références
- AFP, « Des pro-Russes affirment avoir déserté l'armée ukrainienne », Libération, (consulté le )
- « Ukraine. Les volontaires en terrain conquis », L'Humanité, (consulté le )
- (en) Vijai Maheshwari, « The Town Determined to Stop Putin », The Daily Beast,‎ (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) Alan Cullison, « Ukraine's Secret Weapon: Feisty Oligarch Ihor Kolomoisky », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
- Roland Rossier, « L’oligarque « genevois » qui défie Poutine », TDG,‎ (ISSN 1010-2248, lire en ligne, consulté le )
- « Des citoyens à Donetsk pour dire non à la Russie », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- Louis Imbert, « Les subtils équilibres d’Igor Kolomoïski, nouvel homme fort du Sud-Est ukrainien », sur www.lemonde.fr,
- (en-US) « Ukraine soldiers to government: we're coming for you next », sur news.yahoo.com (consulté le )
- Sébastien Gobert, « La gueule de bois de l’armée ukrainienne », sur Libération.fr, (consulté le )
- Laurent GESLIN, « Dans l’est de l’Ukraine, vote et bruit de bottes », Libération, (consulté le )
- Alfred de Montesquiou, « Exclusif Paris Match - Ukraine: Révélations sur la tuerie de Krasnoarmeïsk », PARIS MATCH, (consulté le )
- (en) « Eastern Ukraine: Humanitarian disaster looms as food aid blocked », sur www.amnesty.org (consulté le )
- Hélène Despic-Popovic, « Opération mains propres en Ukraine », Libération, (consulté le )
- « Ukraine : la guerre des oligarques », sur Marianne, (consulté le )
- Le Figaro avec Reuters, « Ukraine: Porochenko licencie un gouverneur », (consulté le )
- Le Monde avec AFP et Reuters, « Limogeages en série pour soupçons de corruption en Ukraine », Le Monde,‎ (lire en ligne)